Du 8 au 16 juin, la librairie Le monte en l'air (Paris 20e), connue pour sa terrasse estivale aux airs de place de village, vous invite à "rapailler" – autrement dit : ramasser, rassembler, chez nos voisins québecois – autour de la littérature de l'autre côté de l'océan. A découvrir : des romans, des essais, de la poésie, des passerelles avec le cinéma, et même des dégustations de bières montréalaises !
Édition définitive
Elle s'appelle Daã Née dans un couvent niché au coeur de la forêt boréale et construit par des femmes, elle grandit libre, loin du monde des hommes, parmi vingt-quatre religieuses. Elles règnent sur Cusoke, pays de roches et de glace où les codes sociaux sont réinventés. Enfant sauvage, Daã parle la langue d'Ina Maka, la Terre-Mère, dont elle apprend les cycles, les ordres et les lois.
Lui se prénomme Laure. Enfant albinos rejeté par les autres, fils d'ouvrier de la mine Khole Co, il voudrait se fondre parmi les visages noirs des mineurs. Mais après la mort de sa mère, son père lui rêve un destin meilleur que le sien, loin des galeries et de la misère assassine. Envoyé à la ville, il deviendra médecin malgré lui.
Tout oppose cette femme-forêt et ce garçon-translucide, deux marginaux qui aspirent, l'un à se faire accepter, l'autre à s'émanciper. Mais un jour leurs destins se croisent et l'amour les lie. Blanc Résine raconte leur histoire. Avec Laure, Daã ira vivre en ville, fera trois enfants. Mais jamais elle n'acceptera de se plier aux lois des hommes. Et cela a un prix.
Tout à la fois conte réaliste, drame romantique et fable féministe, Blanc Résine nous transporte dans un univers rude et troublant, au coeur de la nature, pour fouiller nos plus extrêmes sentiments : l'amour, le désir, la colère. Audrée Wilhelmy y déploie son lyrisme sauvage et son imaginaire avec une maturité et une maîtrise rares. Elle signe ainsi un livre inclassable, spectaculaire.
La lutte pour le territoire peut être belle. Riopelle y met tout son coeur, tout son art, contribue au Bivouac en plein bois comme à une dernière chance de sauver à la fois Gros Pin et une humanité en déroute. Pendant ce temps, à la Ferme Orléane, Anouk et Raph s'y attellent les deux mains dans la terre, portées par la possibilité d'une agriculture et d'un vivre-ensemble révolutionnaires... ainsi que la promesse de suffisamment de conserves pour retourner passer l'hiver au chaud dans leur tanière.
Mais là où certains voient une Nature alliée à protéger, d'autres voient une ressource à exploiter. Jusqu'à ce que le bois grince, que la terre craque.
Je divague. Un arbre me parle. Je pique vers lui, un hêtre de mon âge, pour flatter son écorce lisse. Toucher du bois. Mes bras sont raides comme des bâtons de ski. Je fais une prière tacite. Forêt, aide-moi.
Dans mon garde-robe , ce sont les mots d'une jeune fille qui cherche ses repères dans sa nouvelle réalité d'adolescente. Comment se définir alors qu'on voudrait être vue et se fondre dans la foule tout à la fois ? Que faire lorsqu'on désire grandir mais ne pas être témoin de son corps qui change ? Comment imaginer qui on sera demain tout en restant au plus près de l'enfance ? De la poésie jeunesse sensible.
"Quand je ne dis rien je pense encore" explore en poésie ces moments où la conversation s'interrompt et où les choses à dire restent en nous, parce qu'elles nous apparaissent trop incertaines ou trop particulières pour être partagées. Ces instants où ce qu'on pense se sépare de ce qu'on dit, où parfois notre visage dit des choses que nous préférerions garder pour nous, où il nous arrive de parler en retard.
Entre ce qui se manifeste en nous-mêmes, ce que nous montrons et ce qui est perçu se créent des écarts, que nous tendons toujours plus à taire qu'à expliciter. Chacune, chacun, se retrouvera dans la fragilité de ces instants si rarements nommés.
Cette anthologie présente le travail de 55 poètesses (165 poêmes) qui incarnent les mouvances de la poésie québécoise actuelle.
Ouvrage de référence, ce livre propose de découvrir et de célébrer, dans une approche intersectionnelle et intergénérationnelle, une sélection d'oeuvres frondeuses d'un milieu en pleine effervescence.
21 grands noms de la scène poétique francophone se racontent. Ces lettres racontent leur parcours, leur intimité, leur place dans la société des lettres. Dans ces billets, mots d'humeur, mots d'ordre pour un nouvel ordre du monde, elles prennent le contre-pied d'un lyrisme classique. La femme n'est pas (seulement) Muse, mais Poète, Musicienne, Inspiratrice, Agente de son propre désir. Poésie verticale et adressée, ces lettres racontent les combats, les dialogues et les rencontres qui font de l'écriture une matière politique. Une chair à vif, une matière spirituelle inflammable, une sensualité sans contraintes. Dotées d'une virulence poétique radicale et troublante, ces lettres racontent une soif de partage, un désir de transmission, un rêve de l'autre, l'histoire d'une reconquête de soi.s.
Mouron des champs dit l'histoire de vies dures et empêtrées, de destinées de filles de fermiers, de pauvresses du bout du rang, de mères travailleuses infatigables aux désirs corsetés. Revitalisant brillamment le vocabulaire des parlers populaires, Marie-Hélène Voyer fouille les lieux de vie familiaux où se resserrent l'emprise de la domesticité et la violence de la contention. Cette poésie profonde et tassée comme un pain de mie porte la voix des mortes et met en lumière les encagements du passé.
Mouron des champs, suivi de l'essai Ce peu qui nous fonde, est l'occasion pour la poète de revenir sur la disparition de sa mère, cette femme de cendre qui s'effondre, sur les ombres qui planent depuis l'enfance et sur l'affranchissement que permet l'écriture.
Un souffle d'amour pour apprendre à vivre.
Il me faudrait tracer l'histoire / de mes vieilles vivantes / toutes leurs vies raboutées / elles et moi raccommodées / dans un livre / d'amertumes rieuses / et de joies sombres
Alain épouse Virginie en la crypte de l'oratoire Saint-Joseph. En apparence, c'est le plus beau jour de sa vie. Le marié est entouré de ses beaux-parents, de sa meilleure amie, de son cousin et de ses parents, qui ont quitté les guerres du Moyen-Orient pour le Québec, où ils se sont livré une autre sorte de guerre, familiale, intime, impitoyable : divorce, avocats, déchirements. La table est mise ce jour-là pour un désastre. Le mauvais oeil attend son heure. Car Alain va mal, de mal en pis, son corps et son esprit l'abandonnent, au moment même où un nom maudit resurgit des années noires du passé.
Un nom vite rejoint par une voix, un corps, une histoire.
Et tout ce qu'on a voulu oublier, tout ce qu'on a refusé de voir, tout ce qu'on a détesté vient réclamer son dû.
«Malgré tout, il faut bien écrire et persister. Redire la nécessité de préserver notre patrimoine bâti et notre patrimoine paysager, ces balises de notre mémoire extérieure qui irriguent notre mémoire intérieure. Dans cette éternelle province jalonnée de rivières et de clairières, de boisés et de chemins de traverse, de maisons tranquilles, de lieux de peines et de labeurs, il faut ruser toujours mieux pour résister aux attaques avalantes et aplanissantes des promoteurs qui ne pensent qu'à engloutir l'espace et le bien commun pour leur propre profit.
Il le faut, car tous ces lieux de ressouvenance dont on ne parlera bientôt plus, tous ces lieux sont à la base de ce que Jacques Ferron appelle notre «orientation», cette conscience aigüe du temps et de l'espace qui nous protège de l'aliénation.» Avec L'habitude des ruines, Marie-Hélène Voyer signe un texte magnifique sur le rapport trouble du Québec au temps et à l'espace. Elle y parle de nos démolitions en série, de notre manière d'habiter ce territoire en nous berçant trop souvent d'images empruntées. Elle pose ainsi une question fondamentale: peut-on bâtir ce pays sans le détruire et sans verser dans l'insignifiance? Son essai offre un plaidoyer pour ces lieux modestes qui forment l'ordinaire de nos vies et qui dessinent les refuges de nos espoirs et de nos solidarités.