Poursuivant la mise en valeur par l’IMA des 1001 facettes de la culture arabe et de sa créativité, « Habibi, les révolutions de l’amour » présente des œuvres récentes autour des identités LGBTQIA+. Autant de nouveaux regards, exprimant avec force les interrogations sociales, personnelles et esthétiques qui traversent la création contemporaine.
Les libraires de l'IMA vous propose une sélection d'ourage autour des identités et des amours dans le monde arabe. Comment les identités sexuelles et de genre sont-elles représentées dans la création contemporaine ? Comment circulent-elles ? Quelles stratégies esthétiques déploient-elles pour décrire et confronter les sociétés ? Photographie, peinture, vidéo, performance, littérature, animation…: la parole aux artistes, et à leur récit singulier qui dessine leurs doutes et leurs fragilités.
Comme dans de nombreuses autres régions du monde, des luttes se jouent dans le monde arabe pour pouvoir exprimer librement son identité de genre et sa sexualité. Les soulèvements populaires de ces dernières années ont profondément bouleversé les sociétés et ont permis une amplification du militantisme LGBTQIA+. Les artistes, qu’ils se trouvent dans le monde arabe ou dans les diasporas, participent à leur manière à ce mouvement. Ils questionnent, témoignent, se battent en créant des œuvres bouleversantes, intimistes ou exubérantes, de résilience ou de lutte, sentimentales ou politiques, qui explorent leurs identités mais également leurs secrets, leurs émotions, leurs souvenirs et leurs rêves. Dans un monde où la présence des LGBTQIA+ n’est pas toujours acceptée, voire sanctionnée, l’exposition montre les territoires explorés par ces artistes : l’intime, le quotidien, le rapport au corps, l’engagement.
À travers ces récits qui se jouent des règles et de la norme, il est aussi question de l’émancipation individuelle, de la liberté des corps, de la liberté d’exister dans sa différence et de la liberté d’aimer. En cela, les artistes exposés à l’IMA dépassent les genres, et touchent à l’universel.
« Je m'appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la dernière. Celle à laquelle on ne s'est pas préparé. Française d'origine algérienne. Je suis musulmane. Une Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Cette banlieusarde qui observe les comportements parisiens. Je suis une menteuse, une pécheresse. Adolescente, je suis une élève instable. Adulte, je suis hyperinadaptée. J'écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. L'amour, c'était tabou à la maison, la sexualité aussi. Lorsque Nina a débarqué dans ma vie, je ne savais plus du tout ce dont j'avais besoin et ce qu'il me manquait. »Ici l'écriture cherche à inventer l'impossible : comment danser dans une impasse jusqu'à ouvrir une porte là où se dressait un mur. Virginie Despentes.Une bombe à fragmentation qui ausculte avec finesse et passion la question de l'identité. Clémentine Goldszal, Elle.Un premier livre d'une grande puissance. Nathalie Crom, Télérama.Prix Les Inrockuptibles 2020 catégorie premier roman.
Djamil est le fils unique de Hajji, riche propriétaire musulman de la région d'Abadan, père également de nombreuses filles. Le jeune homme jouit d'une formation scolaire, un privilège dans son milieu social, hérite du violon de son grand-père et caresse en secret le rêve de devenir danseur. Durant une fête de noces, il fait la connaissance de Nadji, dont il tombe follement amoureux. La vie des deux garçons, en butte à leur famille et à toute la société, bascule, en pleine révolution islamique, dans une errance de près de deux ans qui s'achève par un retour à la case départ, en pleine guerre entre l'Irak et l'Iran, et... à la prison.Postface de Christophe Balaÿ.Un très beau roman. La littérature, quand elle est ainsi juste et limpide, fait passer comme rien d'autre la réalité d'un pays. Et cela dans une douceur désarmée, une sincérité nue. Le Point.Une poignante histoire d'amour, de mort et d'exil. Le Monde des livres.Traduit du persan par Christophe Balaÿ.
Aden, 1967. L'arrivée au pouvoir des socialistes révolutionnaires marque la fin du protectorat britannique. Pour la grande famille des Al-Solaylee, c'est le début d'un long exil à Beyrouth puis au Caire. Mohamed, ancien magnat de l'immobilier dépossédé de ses biens, tombe dans une dépression qui ne dit pas son nom, tandis que Safia, jadis bergère dans l'Hadramaout, entretient la famille jusqu'au moment du retour, inexorable, dans un Yémen transformé. Les mémoires de Kamal, dernier de onze enfants, ne retracent pas seulement l'itinéraire d'un jeune homme qui se découvre homosexuel dans un Moyen-Orient en voie de radicalisation, ils évoquent aussi le destin intolérable d'une famille restée là-bas, à l'autre extrême. L'étau ne cesse en effet de se resserrer dans ce Yémen postcolonial frappé de plein fouet par la crise du monde arabe, puis par la guerre civile et par la catastrophe humanitaire en cours. L'édition française est complétée par une postface de l'auteur. Lauréat Globe and Mail Best Book of the Year, Toronto Book Award, Canadian Booksellers' Top Pick for LGBT Books of the Year, Amazon.ca Best Book of the Year Finaliste Lambda Literary Award for Gay Memoir/Biography, Edna Staebler Prize for Creative Nonfiction, Hilary Weston Writers' Trust Prize for Nonfiction, OLA Forest of Reading Evergreen Award Sélection du CBC Canada Reads « One Book To Break Barriers ».
Ahmed a 40 ans, du vide dans son existence et des regrets dans le coeur. Marocain vivant à Paris, perdu entre deux pays, il est sans repère fixe ni amour sûr. Il écrit. À sa mère, morte cinq ans auparavant, pour régler ses comptes, crier sa colère et son homosexualité. À Emmanuel, l'homme qu'il a aimé pour le meilleur et pour le pire. Ahmed écrit pour comprendre, se libérer. Guérir ou s'arrêter ici...
Après Beyrouth, la trilogie, Barrack Rima retourne au Liban pour accompagner le lecteur dans sa ville natale, Tripoli. Le voyage que Rima nous propose ici est un retour intimiste à la dimension familiale et à l'enfance. Un voyage dans l'espace et dans le temps qui mêle rêves et réalités, dont le point de départ est un rêve d'enfant resté inexpliqué, et la destination, le besoin inassouvi de le démêler.
Pour accomplir ce retour aux origines, Rima choisit un taxi collectif. Ce moyen de transport en commun, si répandu au Liban, est un vrai microcosme grouillant de vie et de vies, où les passagers se partagent, le temps d'un parcours, non seulement une voiture mais aussi des histoires, devenant à la fois narrateurs et spectateurs. Cet espace public en mouvement devient ainsi le théâtre où les récits des uns et des autres nourrissent la quête de l'auteur.
L'exil, le sentiment d'étrangeté, la dimension de l'entre-deux, le masculin et le féminin, l'amour, la sexualité et la poésie, les interdits et les tabous - ceux fantasmés et ceux que l'on retrouve dans le répertoire de la poésie arabe classique -, sont parmi les nombreux sujets explorés à bord de ce taxi qui accompagne l'auteur dans sa recherche intime, au bout de son rêve d'enfant.
DÉRÈGLEMENTS.
Avec ce premier roman subversif publié à Londres, Ammar Abdulhamid tisse le destin de quatre personnages vivant à Damas : Hassan, fils d'un cheik local, déchiré entre le poids de ses obligations familiales et des pulsions sexuelles stimulées par une étrange et violente sensibilité au sang menstruel ; Wisam, malheureuse dans son mariage et découvrant dans l'homosexualité l'épanouissement et la tendresse ; Nadim et Kindah, couple d'intellectuels progressistes vivant sous la perpétuelle surveillance des autorités.
Dans un récit kaléidoscopique, où alternent fragments de journaux intimes, anecdotes et extraits de livres, l'écrivain s'immisce dans l'intimité et le quotidien de ses personnages, accompagne leurs ruses, leurs réflexions et leurs luttes. Il se livre de fait à une véritable radiographie de la société syrienne contemporaine, dont on découvre ici la face souterraine et effervescente. Mais Dérèglements peut aussi se lire comme un utile et joyeux manuel de survie en temps d'oppression.
- A Salé, au Maroc, un enfant court, tombe et se relève. Il rêve de cinéma, d'écriture, d'une vie qui le transporte loin de son quartier miséreux, de la violence, de ceux qui le considèrent comme le garçon efféminé. Au fil de ses souvenirs, de Salé à Marrakech, de Paris au Caire, Abdellah Taïa raconte ses chutes et ses renaissances : le viol évité, les hommes aperçus, les amants aimés. Des bribes du passé qui permettent à un " je " en pleine bataille identitaire de raconter sa culture arabe, celle qui, comme lui, tombe et renaît.
- Abdellah Taïa est né au Maroc en 1973. Il vit aujourd'hui à Paris. Il est l'auteur de Mon Maroc (Séguier), Le Rouge du tarbouche (Séguier) et de Maroc, 1900-1960. Un certain regard, co-écrit avec Frédéric Mitterrand. Son roman L'Armée du salut est disponible chez Points.
« Dans ce livre se mélangent humour et tristesse en un cocktail détonnant qui entraîne le lecteur dans une réflexion sur la condition des femmes et des homosexuels dans le monde arabe. Quatre jeunes femmes et un jeune homme s'expriment tour à tour dans le récit, leurs voix alternant pour dire les drames traversés. À travers les différents épisodes de leurs vies relatés de manière directe et vive, avec de nombreux dialogues, sont mises en relief les épreuves auxquelles sont soumis les jeunes dans une société traditionnelle où des règles sclérosées de bonne conduite et la peur du qu'en dira-t-on régissent les relations amoureuses. Pour les femmes, c'est le mariage obligé, aussi vite que possible, des fiançailles réussies comptant beaucoup plus qu'un succès aux examens. C'est aussi la soumission à la puissance paternelle, avec les risques d'abus de toute nature que cela comporte. Et c'est, bien sûr, la valeur de la virginité, jalousement conservée car c'est l'une des conditions de l'ordre social tel qu'il est conçu et observé dans une famille qui veut conserver son rang. Pour les hommes, c'est l'obligation de se comporter de façon virile, avec tout ce que cela représente d'hypocrisie pour ceux que leur orientation sexuelle écarte du mode de vie socialement requis. Le résultat de tout cela : beaucoup de souffrances, l'exil parfois quand on a contrevenu gravement aux impératifs familiaux, et même la mort quand la situation paraît sans issue. »
Marrakech, années 70. Un petit garçon intersexué est abandonné par sa mère et confié à ses grands-parents. Sa grand-mère, musulmane, et son grand-père, officier français à la retraite, se détestent et s'opposent sur tous les plans : principes, éducation, religion, sexualité... C'est la lutte du Coran contre "Les Fleurs du mal".
"Entre les jambes" est le récit de cette enfance écartelée entre fausses pudeurs et non-dits, mosquée et hammam, ivresses et amants, enfants des rues et prostitution forcée.
Dans un style de feu, qui rend hommage aux rues du Maghreb, Huriya montre comment les pièges et hypocrisies de la religion se referment sur les femmes, au point de transformer certaines victimes... en bourreaux.
Peu de romanciers arabes ont abordé le thème de l'homosexualité (Hoda Barakat, Alaa El Aswani, Rachid El-Daïf...) mais c'est sans doute le premier roman à l'explorer sous l'angle de la persécution, en s'inspirant d'un procès qui a scandalisé la société égyptienne en 2001 : celui de cinquante-deux hommes, raflés par la police dans une boîte de nuit, le Queen Boat, puis condamnés à de lourdes peines de prison pour «perversion sexuelle». À travers le témoignage de Hani, Muhammad Abdelnabi dresse le portrait d'une communauté gay qui oscille entre affirmation et dénégation.
Amour et sexe au Maghreb : le poids de la religion et des traditions.
À Tunis, à Alger ou à Marrakech, la révolution sexuelle n'a pas encore eu lieu. L'amour et le sexe y sont transgressifs, tabous, violents parfois, toujours compliqués. Comme si les hommes et les femmes creusaient leur propre tombe, complices ou témoins passifs de ces verrous qui les privent de plaisir.
Les confidences des jeunes filles, des femmes mûres et des hommes sont ici terribles, les frustrations immenses. Dans la rue, pas d'amoureux se tenant par la main. Certains se cachent jusque dans les décharges car les chambres d'hôtel sont interdites aux couples non mariés, le concubinage est mal vu et presque inexistant.
Les jeunes époux découvrent souvent le sexe lors de leur nuit de noces. Les déconvenues sont nombreuses, puisque la sexualité est souvent nourrie, pour les hommes au moins, de films pornographiques. Les homosexuels, hommes et femmes, se cachent, victimes d'une homophobie partagée par toutes les couches de la société. Au Maghreb, la pression de la société est écrasante, le contrôle social une chape de plomb : la réputation et la honte sont plus fortes que l'amour.
Ce livre raconte les histoires de ces amoureux. Des histoires vraies, non romancées, de ceux et celles qui tentent de s'aimer librement, de défier les conventions. Hommes, femmes, mariés ou célibataires, homosexuels, prostitués... parlent sans tabou d'amour et de sexe, livrent leurs histoires tragiques ou tragi-comiques - car il faut aussi beaucoup de ruse et d'inventivité pour s'aimer.
Oser parler de sexualité et d'amour dans le Maghreb, c'est dénoncer le conservatisme, le poids de la religion, le machisme d'une façon plus ouverte, radicale et sincère que ne pourrait le faire un discours politique.
Cet ouvrage vise à rendre compte d'une réalité longtemps occultée et déniée au Maghreb. Il questionne l'expérience homosexuelle sous l'angle des sciences sociales et tente d'éclairer les vécus des hommes et des femmes, des gays et des lesbiennes, aussi bien en terre d'islam qu'en terre d'immigration.
À partir d'analyses théoriques et de nombreux témoignages, l'homosexualité au Maghreb se dévoile et, à travers elle, se décèlent les mécanismes de contrôle social des sexualités, la construction de l'hétérosexualité comme modèle hégémonique et la dévalorisation des sexualités différentes.
Le livre décrit des trajectoires et des styles de vie, des stratégies de contournement de la norme et de maîtrise du stigmate, des formes de mobilisation et d'engagement militants. Il révèle que l'homosexualité est plus qu'une pratique sexuelle dite atypique, vouée à la dissimulation et l'invisibilité. Au-delà de la réalité homosexuelle approchée en Tunisie, en Algérie et au Maroc, l'ouvrage éclaire les modes de gestion sociale de l'altérité dans des contextes sociopolitiques en mutation.
Cet ouvrage pose un regard inédit sur la "crise sans fin" que traverse le monde musulman : il éclaire la faillite politique de ces pays par le culte de la virilité, qui affecte non seulement les rapports entre les sexes, mais aussi les relations des hommes entre eux et, fondamentalement, la vie en société. La virilité n'est pas appréhendée ici dans sa dimension érotique, mais dans sa portée politique. Une traversée qui s'ouvre dans l'Arabie préislamique et s'achève avec les talibans afghans, à la fin du XXe siècle, après s'être arrêtée sur l'empire des Steppes, l'empire ottoman, le puritanisme des wahhabites, la révolution khomeiniste, le destin de Saddam Hussein et les tribulations des hommes ordinaires au Maghreb.
Beyrouth, 30 ans après la fin de la guerre civile et quelques mois avant la catastrophe d'août 2020, Samar, jeune auteur de bande dessinée, entame un nouveau projet dont il peine à imaginer la suite.Entre rêves angoissés, souvenirs d'enfance, expériences amoureuses et déambulations dans le Beyrouth des artistes et des milieux queer, il raconte ses difficultés à vivre dans un contexte incertain qui le plonge dans un état d'appréhension permanente. À travers son regard anxieux, c'est le regard de toute une communauté que l'on suit dans une ville aux couleurs et aux humeurs changeantes.
Hshouma, signifie « honte » en dialecte marocain. Plus précisément, ce mot désigne l'ensemble des sujets tabous que l'on ne doit pas aborder en société ou en famille. Mi-projet artistique, mi-initiative éducative, cette bande dessinée se veut une tentative d'ébrécher les tabous liés au genre, à l'éducation sexuelle, aux violences faites aux femmes. Les femmes dessinées par Zainab Fasiki peuvent sembler provocantes et fatales, parfois même sarcastiques. Nues, en lingerie ou portant le voile, en ville ou au hammam, elles se moquent d'un masculisme hypocrite et effrayé par les corps, faisant ainsi fi des canons de beauté imposés par les autres. Ces dessins sont ainsi autant de manières de célébrer les corps et leur beauté, mettant à mal un des piliers sur lequel repose nos sociétés patriarcales, autant au Maroc qu'en Europe. Outre la beauté du trait, Hshouma est un livre important, qui milite pour la libération de la femme dans le monde arabe.
Cinq ans après la mort de sa mère, un jeune transgenre syro-américain, mal dans son corps, passe ses journées enfermé dans l'appartement qu'il habite avec sa grand-mère. Le seul moment où il se sent libre, c'est quand il réalise la nuit des fresques sur les immeubles du quartier. Une nuit, il découvre le journal abandonné d'une artiste syro-américaine, Laila Z, dont le passé se trouve être lié à celui de sa mère et de sa grand-mère. Plus surprenant, le journal lui révèle le destin de personnes homosexuelles et transgenres au sein de sa propre communauté. Réalisant qu'il n'a jamais été seul, il revendique officiellement un nouveau nom : Nadir. Alors qu'un nombre sans précédent d'oiseaux se regroupe dans le ciel de New York, Nadir tente de découvrir ce qui est arrivé à Laila Z.
Rayyane est une adolescente koweïtienne née avec une déformation de ses organes sexuels, d'origine génétique, et qui vit depuis l'enfance avec le sentiment confus d'être un garçon.
"La sexualité queer demeure un sujet indicible et tabou dans les sociétés arabes. Ce livre met en conversation les récits de plusieurs romanciers d'origine maghrébine qui ont osé rompre l'intolérable silence à propos de l'homosexualité, comme Rachid O., Abdellah Taïa, Eyet-Chékib Djaziri, Nina Bouraoui et Hicham Tahir. Cette analyse déconstruit la figure problématique de l homosexuel à la fois controversée et le lieu de multiples discours soucieux de remettre en question le statu quo tout en dévoilant l inavouable. En offrant une lecture plurielle des récits littéraires queer, l auteur s'efforce de combler la lacune qui existe par rapport à l'analyse de la mise en scène de la sexualité queer dans des oeuvres littéraires et cinématographiques au Maghreb francophone. - - - - - - - "
Ce livre, construit autour d'Abdellah Taïa, lui donne la parole et parle de lui. Au fil d'un long dialogue, notamment avec Hassan Jarfi, père d'un garçon de 32 ans assassiné parce que gay, il y parle du Maroc, de la pauvreté, de l'homosexualité, la sienne et celle des autres qu'il veut rendre possibles. Il évoque aussi ses combats contre toutes les assignations sociales, en sorte que chacun soit libre d'aimer. Puis, la parole est donnée à des spécialistes en littérature contemporaine et en études de genre qui montrent comment cet écrivain de l'intime porte à l'écriture, pour les dénoncer, nos rapports de domination et nos jeux de pouvoirs. Il y a urgence, dans nos sociétés coloniales, postcoloniales ou encore marquées par l'orientalisme, à lire Abdellah Taïa. Il change nos regards et les porte dans le coeur des oubliés de l'Histoire, mais il rappelle aussi qu'écrire est un acte de libération de soi et des autres.
Depuis le soulèvement populaire de 2011 en Égypte, la problématique du genre a émergé sous différentes formes dans le cadre des mouvements protestataires - révolutionnaires, réactionnaires - et, plus largement, en lien avec les transformations sociales accompagnant ces vagues de mobilisation.
Alors que les relations entre les citoyens et les autorités étatiques ont été contestées, modifiées, puis repoussées dans une direction réactionnaire, comment les relations de genre ont-elles été mises en cause depuis 2011? Quels nouveaux imaginaires, nouveaux rôles et nouvelles identités ont été revendiqués? Et quelles mobilisations se sont construites face à la multiplication des violences sexistes dans l'espace public?
Des chercheuses, des expertes, des activistes proposent ici un éventail de regards scientifiques et analytiques sur ces luttes et ces mutations, sur l'expérience gagnée et le terrain perdu. À partir d'enquêtes de terrain approfondies, elles présentent des témoignages militants sur ces objets de recherche sensibles et parfois éphémères.
On savait depuis des siècles que l'homosexualité masculine était honorée ou pratiquée dans la culture arabo-islamique. Des voyageurs occidentaux l'avait évoquée, des romans ou des études l'ont parfois décrite ou y ont fait allusion, mais il n'y avait jamais eu jusqu'alors de recherche approfondie ou systématique sur le sujet. Par ce travail qui réunit un grand nombre de données issues de textes poétiques, théologiques, coraniques, historiques, juridiques et littéraires, Khaled El-Rouayheb comble une importante lacune de notre savoir sur l'érotisme masculin dans le monde arabo-islamique à l'aube de notre modernité. David M. Halperin. Le livre de Khaled El-Rouayheb est un très utile correctif aux interprétations de ceux qui ont ignoré, mal compris ou dénaturé les rapports de l'Islam prémoderne à l'homoérotisme. C'est de plus une contribution bienvenue à l'étude d'une période de ['histoire de la littérature arabe qui n'a pas toujours fait l'objet de suffisamment de recherches. C'est un travail éminemment recommandable, impudique, provocant et sérieux. Geert Jan Van Gelder.