En cette fin du mois d'août, on dénombre une moyenne de 10 féminicides par mois. Le féminicide est défini comme le meurtre d'une femme par son compagnon ou ex-compagnon, parce qu'elle est une femme. Les libraires dénoncent et alertent sur la recrudescence de ces crimes, notamment la librairie L'Instant (Paris 15). Sa libraire, Sandrine Babu, propose une sélection de livres traitant du sujet des féminicides, en essai et en littérature.
Ces quinze dernières années, plus de 2 000 femmes ont été tuées par leur (ex-)conjoint en France.
En 2020, 35 % des victimes de féminicide conjugal avaient subi des violences antérieures. Une défunte sur cinq avait porté plainte.
Entre 2015 et 2016, 82 % des plaintes et mains courantes déposées par des victimes de féminicide ont été classées sans suite. (Source : ministère de la Justice.) Laurène Daycard a été l'une des toutes premières journalistes à écrire sur les féminicides conjugaux pour les faire sortir des rubriques « faits-divers » et les réinscrire dans le récit social et politique des violences sexistes. Dans cette enquête à la première personne, l'autrice nous emmène à la rencontre de survivantes et de familles endeuillées, mais aussi auprès des auteurs de ces actes. En observant et en échangeant avec ces derniers, Laurène Daycard tente d'aller à l'origine des féminicides et propose une réflexion personnelle sur la notion de réparation.
Dans tous les pays du monde, à toutes les époques, des femmes ont été tuées parce qu'elles étaient des femmes.
L'historienne Christelle Taraud réunit dans ce livre les meilleures spécialistes mondiales de la question, des oeuvres d'artistes et d'écrivaines, des témoignages et des archives... pour comprendre le continuum de violences qui s'exerce contre les femmes depuis la préhistoire.
Un ouvrage essentiel et inédit, autant scientifique que politique.
Avec les contributions de Gita Aravamudan, Claudine Cohen, Silvia Federici, Rosa-Linda Fregoso, Elisa von Joeden-Forgey, Dalenda Larguèche, Patrizia Romito, Rita Laura Segato, Aminata Dramane Traoré et plus d'une centaine d'autres autrices et auteurs.
J'écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n'ont pas envie d'être protecteurs, ceux qui voudraient l'être mais ne savent pas s'y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés.
Parce que l'idéal de la femme blanche séduisante qu'on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu'il n'existe pas.
V.D.
En racontant pour la première fois comment elle est devenue Virginie Despentes, l'auteur de Baise-moi conteste les discours bien-pensants sur le viol, la prostitution, la pornographie. Manifeste pour un nouveau féminisme.
Cet ouvrage tente de rassembler en quelques chapitres les grands enjeux soulevés par Silvia Federici autour de la notion de sorcières et de chasse aux sorcières. Le public a connu (et reconnu) Federici à travers son magnum opus de recherche historiographique intitulé Caliban et la sorcière. Cet intérêt s'explique à la fois par la diversité des questions soulevées par l'autrice et par leur importance actuelle dans le débat public : en tournant notre regard sur les inquisiteurs du Moyen-Âge, Federici nous parle de la domination des femmes, de la genèse du capitalisme et du travail salarié, mais aussi de la privatisation des communs et de la destruction de la nature.
Depuis 2019, des messages féministes peints lettre par lettre sur des feuilles de papier habillent les murs des villes de France et du monde. Collages Féminicides Paris, mouvement de désobéissance civile autonome, sans leader et auto-organisé, est à l'origine de ce renouveau des modes d'action féministes.Ce livre illustré de tous nos slogans raconte notre combat, initialement parti de la lutte contre les féminicides puis pragmatiquement élargi à la lutte contre le sexisme la pédocriminalité, les LGBTQIA+phobies, le racisme et le validisme. À l'aube de la révolution féministe, une nouvelle génération militante se rassemble, lutte et s'organise afin de faire tomber le système patriarcal, colonial, capitaliste et écocidaire qui domine, exploite et détruit depuis des millénaires.
Un ouvrage inédit de l'autrice du formidable recueil intitulé «Peau». Dans ce court texte éloquent et poignant, Dorothy Allison revient sur son enfance marquée par un climat de violence en Caroline du Sud, mais surtout sur les femmes qui l'ont entourée et guidée dans sa trajectoire, elle qui fut la première femme de sa famille à rejoindre l'université. Illustré de photos de la famille de Dorothy Allison, cet ouvrage rappelle la démarche d'Annie Ernaux dans «Retour à Yvetot» et souligne à quel point les petites histoires d'une génération contribuent à créer une légende pour les suivantes.
Années 80, dans la province argentine : trois crimes, trois affaires jamais élucidées qui prennent la poussière dans les archives de l'histoire judiciaire. Des «faits divers», comme on dit cruellement, qui n'ont jamais fait la une des journaux nationaux.
Les victimes sont des jeunes filles pauvres, encore à l'école, petites bonnes ou prostituées : Andrea, 19 ans, retrouvée poignardée dans son lit par une nuit d'orage ; María Luisa, 15 ans, dont le corps est découvert sur un terrain vague ; Sarita, 20 ans, disparue du jour au lendemain.
Troublée par ces histoires, Selva Almada se lance trente ans plus tard dans une étrange enquête, chaotique, infructueuse ; elle visite les petites villes de province plongées dans la torpeur de l'après-midi, rencontre les parents et amis des victimes, consulte une voyante. Loin de la chronique judiciaire, avec un immense talent littéraire, elle reconstitue trois histoires exemplaires, moins pour trouver les coupables que pour dénoncer l'indifférence d'une société patriarcale où le corps des femmes est une propriété publique dont on peut disposer comme on l'entend. En toute impunité.
À l'heure où les Argentins se mobilisent très massivement contre le féminicide (1808 victimes depuis 2008), ce livre est un coup de poing, nécessaire, engagé, personnel aussi. Mais c'est surtout un récit puissant, intense, servi par une prose limpide.
Le harcèlement de rue et les violences font partie du quotidien des femmes. Ce jour-là, j'ai dit non.
Un après-midi d'été, en juillet 2018, Marie Laguerre rentre chez elle, à Paris.
Un homme l'interpelle. Ce n'est pas le premier, le harcèlement de rue fait partie du quotidien des femmes. Mais ce jour-là, Marie Laguerre ne baisse pas les yeux. Lance un « Ta gueule ».
L'homme revient vers elle et la frappe.
Publiée, la vidéo de la scène sera vue près de 9 millions de fois. Marie Laguerre est devenue un symbole, presque malgré elle. En France, elle est l'une des figures qui s'inscrit dans le mouvement #MeToo. Avant, elle se serait peut-être tue.
Dans son livre, elle raconte comment la jeune fille qu'elle était est devenue féministe. Animée d'une rage utile, elle invite les femmes à ne plus se laisser faire. Pourquoi est-ce aujourd'hui une nécessité ? Et surtou
Le travail photographique, «I would like you to see me» réalisé par Arianna Sanesi, en 2015, sur le féminicide en Italie, alors que ce terme était pratiquement inconnu et que le phénomène était largement ignoré par les médias, est le point de départ de ce livre et de la rencontre entre les photographies d'Arianna et le texte des historien.nes Lydie Bodiou et Frédéric Chauvaud. Leur dialogue crée un éclairage indispensable pour qui veut comprendre comment les mots et les images proposent de nouvelles perspectives sur l'un des problèmes les plus importants de notre temps: le féminicide et les violences domestiques.
En France, les hommes représentent 84 % des auteurs d'accidents de la route mortels, 90 % des personnes condamnées par la justice, 86 % des mis en cause pour meurtre, 97 % des auteurs de violences sexuelles, etc.
Cette liste a un coût : direct pour l'État, qui dépense chaque année des dizaines de milliards d'euros en services de police, judiciaires, médicaux et éducatifs pour y faire face ; indirect pour la société, qui doit répondre aux souffrances des victimes.
Lucile Peytavin s'interroge sur les raisons de cette surreprésentation des hommes parmi les auteurs de violences et de comportements à risque, et tente d'estimer les conséquences financières de l'ensemble de ces préjudices. Quel est le coût des conséquences de la virilité érigée en idéologie dominante ? N'aurions-nous pas tous intérêt à nous comporter... comme les femmes ?!Lucile Peytavin a accompli une tâche colossale. Cosmopolitan.Éclairant. Le Huffington Post.
Si la violence conjugale est aujourd'hui reconnue comme une question de société légitime, il n'en a pas toujours été ainsi. C'est grâce aux mobilisations féministes des années 1970, qui définissent alors la violence dans le couple comme une violence faite aux femmes, produit des rapports de domination entre les hommes et les femmes, que ce phénomène sort de la dénégation sociale dans laquelle il était tenu. Comment une cause féministe devient-elle un problème public dont s'emparent les associations, les institutions internationales et l'État ?
En apparence, le problème de la violence conjugale paraît semblable partout : il s'agit de développer des lieux d'accueil pour les victimes de violence, de créer des lois pour rendre la violence illégitime et d'appeler à sanctionner ceux qui transgressent ces nouvelles normes sociales et juridiques. Cependant, les conditions institutionnelles, politiques et idéologiques diffèrent dans chacun des pays et le problème public y est traité selon des modalités distinctes. À travers la question des violences conjugales et en comparant le cas français et américain, Pauline Delage analyse avec acuité quelles sont, de part et d'autre de l'Atlantique, les formes légitimes de l'intervention publique dans le domaine de l'intime et des inégalités sexuées.
Le livre de Chloé Delaume est le récit d'une réminiscence. Il remonte le temps afin de faire voler en éclats un passé oppressant. Sa virulence a la puissance du cri. Véritable leitmotiv du roiman, la métaphore du sablier se propage, se ramifie : elle dessine la figure centrale et traumatisante d'un père «sédimentaire» et d'une «enfant du limon».Ni pathos ni complaisance. Mais la tentative, à l'âge adulte, de répondre au questionnement d'un enfant, tentative rendue possible par une certaine douceur de l'ironie. Tout passe par le prisme d'une langue singulière, débordante d'inventions. Le style est démesuré, tantôt lapidaire, tantôt abyssal. Les mots se bousculent, deviennent envahissants, jusqu'à donner une impression de fusion.
La tragédie a ému la France entière lorsque la presse a révélé qu'une jeune fille était morte brûlée vive, enfermée dans un local à poubelles d'une cité de la banlieue parisienne le 4 octobre 2002 par un jeune coq qui avait décidé de la « punir »: elle refusait d'obéir à son ordre de ne pas paraître dans SA cité.
Le livre raconte très précisément l'enchaînement des faits en reprenant les procès-verbaux de la procédure pénale, les expertises, et relate les audiences de la Cour d'assises de Créteil puis de Bobigny. Le récit des amies de Sohane est poignant.
Le drame de la mort de Sohane est entré dans l'Histoire : c'en était fini du compagnonnage aimable entre garçons et filles des cités partageant les mêmes ambitions sociales, place à Ni Putes Ni Soumises et à la marche des filles en février 2003.
Tout avait basculé et les tensions ont été de plus en plus vives jusqu'aux émeutes de 2005 mettant le feu aux banlieues. De nouveau seule la voix des garçons s'imposait aux médias. On connaît la suite.
Le livre codirigé par Jill Radford et Diana E.H. Russell, intitulé en anglais Femicide. The Politics of Women Killing, n'a jamais été traduit en français. Dans le présent ouvrage, une sélection de textes choisis par Lydie Bodiou et Frédéric Chauvaud, co-auteurs à l'Université de Poitiers, de plusieurs livres depuis 2014 sur l'histoire et l'actualité du féminicide, est présentée aux lectrices et lecteurs d'aujourd'hui, trente ans après sa première parution. Depuis 1992 les idées figurant dans cet ouvrage collectif vont cheminer à un rythme lent, mais la notion neuve et ambitieuse de femicide ou de féminicide va transformer les perceptions et les analyses des violences faites aux femmes, dans le couple mais aussi dans l'espace public, obligeant à revisiter les brutalités du passé comme celles d'aujourd'hui que plus personne ne peut ignorer.
Le récit d'un féminicide face à l'omerta du monde du rugby : l'affaire Marc Cécillon, ex-capitaine du XV de France. L'enquête et les faits sous un regard engagé, sensible, passionnant.
Nuit du 7 au 8 août 2004 près de Bourgoin-Jallieu, Isère. De quatre balles de 357 Magnum tirées à bout portant - devant une soixantaine de personnes, Chantal est tuée par son mari Marc Cécillon, ex-capitaine du quinze de France. Dans la mémoire collective, il reste de cette tragédie la chute d'une figure sportive bernée par les mirages du sport de haut niveau, un homme victime de ses démons, auteur d'un " crime passionnel ", avec ce que cette expression comporte de circonstances atténuantes.
De Chantal, en revanche, dont il fut si peu dit, qu'a-t-on retenu ?
L'auteur a mené son enquête, des faits à ce qui fut rapporté dans la presse, lors des procès, en fouillant les ressorts du crime, et des féminicides en particulier. En recueillant enfin le témoignage de proches de Chantal qui la racontent.
Sensible, passionnant, engagé, ce livre est le premier récit sur une affaire qui a stupéfié tout un pays et le monde du rugby. Et un hommage à la voix de Chantal.
Berta Caceres a été exécutée par balles le 2 mars 2016 à La Esperanza, au Honduras. Elle menait une lutte contre la construction d'un barrage sur le fleuve Gualcarque, dont les eaux sont sacrées pour le peuple lenca. Une exécution portant la signature des escadrons de la mort, caractérisée par les opérations d'une armée entraînée à la plus brutale des répressions. Dans cette enquête aux multiples ramifications, Nina Lakhani fait la lumière sur ce féminicide politique en tirant le portrait d'une classe politique corrompue, inféodée aux intérêts croisés d'agences internationales, de groupes financiers, de secteurs de l'agroalimentaire et de cartels de drogue, déterminée à mater la résistance populaire/indigène aux mégaprojets extractiviste.
Depuis 1980, près de 1 200 Amérindiennes canadiennes ont été assassinées ou ont disparu dans une indifférence quasi totale. Proportionnellement, ce chiffre officiel et scandaleux équivaut à 55 000 femmes françaises ou 7 000 Québécoises.
Dans ce récit bouleversant écrit au terme d'une longue enquête, Emmanuelle Walter donne chair aux statistiques et raconte l'histoire de deux adolescentes, Maisy Odjick et Shannon Alexander. Originaires de l'ouest du Québec, elles sont portées disparues depuis septembre 2008.
Pour Michel Foucault, l'archive est plus large que des liasses de papier, des bandes cinématographiques, des objets matériels ou des traces évanescentes. Elle est constituée de faits de discours dans une culture mettant en exergue des « événements et des choses ». Les archives du féminicide sont des bribes du passé ou du présent qui sont d'ordinaire délaissées. Le sort réservé aux femmes battues, martyrisées, humiliées, tuées a longtemps été proche de celui destiné aux fous, aux malades incurables ou aux prisonniers. Les violences faites aux femmes peuvent être restituées par le recueil des témoignages existants - et nombre de femmes font preuve d'un courage remarquable - ou à solliciter. Dans une perspective pluridisciplinaire, mais avec une forte dimension historique, le présent ouvrage entend donner des éclairages nécessaires pour saisir le phénomène majeur qui secoue les sociétés contemporaines, bouleverse les perceptions des rôles sexués et ébranle la domination masculine pour mieux comprendre comment vivre ensemble et faire cesser le scandale du crime contre les femmes.
Avec les contributions de : Luana Azzolin, Marina Binet, Lydie Bodiou, Joceline Chabot, Aude Chatelard, Frédéric Chauvaud, Collectif Midi-Pyrénées pour les Droits des femmes, Pascale Drouet, Thomas Fadlallah, Antoine Follain, Margot Giacinti, Marie Dominique Gil, Marie-José Grihom, ehriban Imrak, Sylvia Kasparian, Marylène Lapalus, Claire Metz, Gwénael Murphy, Céline Perol, Charlotte Pichot, André Rauch, Nathan Rera, Giuseppina Sapio, Anne Thevenot, Fanny Tricot, Fabrice Vigier.
Selon l'Assurance maladie, 1 à 1,8 % de la population française est atteinte d'anorexie mentale, dont plus de 80 % de femmes, avec un pic chez les 13-17 ans. La boulimie touche 1,5 % des 11-20 ans, et l'hyperphagie, seul TCA touchant autant d'hommes que de femmes, concerne 3 à 5 % de la population française. Cet ouvrage complet aborde chaque aspect des TCA avec précision et sensibilité, afin de permettre aux lecteurs d'en comprendre les signes et le fonctionnement ; chaque partie explicative est suivie de conseils et d'un exercice pour détecter ou combattre l'un des symptômes de TCA (dysmorphophobie, anxiété, obsession des calories, vomissements post-prandiaux...).
Cette publication reflète les résultats d'une enquête de terrain, effectuée à Oran, capitale de l'ouest algérien. Il s'agit d'une investigation sur un thème abordé, pour la première fois, par les scientifiques algériens : les sérails Killers dans le monde, et plus particulièrement aux Etats Unis.Pour le cas de l'Algérie, l'universitaire, Nesrine Yezli, avait effectué, pendant la période difficile de la pandémie de la COVID19, des investigations portant sur la tuerie en série de la ville d'Oran où l'acteur du crime en série, utilisait une seule arme à savoir le pilon.
Nick retourne au boulot après quelques semaines de congé. Sa collègue Julie Montpetit a insisté pour le ramener au poste. Comment lui résister ? Leur histoire ne leur paraît pas si lointaine qu'elle le devrait... Avec son équipe, Nick est appelé à se pencher sur le meurtre d'une mannequin. Aucune trace d'agression sexuelle ; pourtant, on a maquillé son visage et positionné son corps comme un pantin désarticulé pour faire croire à un viol. Parallèlement, le policier doit reprendre une enquête qui semble avoir été bâclée : l'assassinat d'une autre modèle provenant de la même agence... un hasard ? Sûrement pas. Jarvis se retrouve bientôt aux prises avec un tueur qui le déjoue et le surprend à chaque détour. Corruption policière, pédophilie, féminicides et traumatismes sont au rendez-vous dans ce thriller qui ne vous laissera pas une minute de répit.
Ciudad Juárez est devenue synonyme de violence extrême. Cette ville frontalière du nord du Mexique constitue non seulement l'un des principaux sites de la guerre sans merci que se livrent les cartels de la drogue mais elle représente aussi le lieu emblématique de ce qu'on appelle aujourd'hui le «féminicide». Plus d'un millier de femmes ont été tuées depuis 1993 dans cette ville de 1,3 million d'habitants. Toutes sortes d'hypothèses circulent sur ces crimes, mais un fait demeure : la plupart sont restés impunis. Le terme «féminicide» s'est peu à peu imposé comme un concept privilégié pour traiter de cette situation intolérable. Si le féminicide désigne la mort violente d'une femme pour la seule raison qu'elle est une femme, il est surtout inhérent à un État incapable de garantir le respect de la vie des femmes. Il met en cause la responsabilité de tous les paliers des institutions publiques dont les acteurs contribuent à maintenir l'impunité. C'est en effet cette situation d'impunité qui transforme les assassinats de femmes en féminicides. À la suite d'une lutte tenace des nombreuses familles de victimes et d'association de défense des droits humains, la Cour interaméricaine des droits de l'Homme a rendu un jugement en 2009 qui déclare le Mexique coupable de violer les droits des femmes, le système de justice mexicain étant négligent, inapte, complice et corrompu. C'est avec la rigueur du travail de terrain et la générosité du témoignage engagé que l'auteur, chercheuse et anthropologue féministe, tente de « comprendre l'incompréhensible ».
La femme d'un riche homme d'affaires belge est massacrée à son domicile. L'inspecteur Dan Galinno est chargé de l'enquête et ses soupçons par rapport au mari deviennent vite prégnants, d'autant plus que la première épouse de ce dernier était déjà morte dans des conditions suspectes.
Est-il vraiment coupable ? L'enquête s'annonce plus complexe que prévu. Une journaliste engagée écrit un article virulent sur le sujet Féminicides 2.0 avec pour but de mettre en corrélation le nombre de féminicides et le nombre d'inculpations.
Cet article provoque une manifestation exigeant la recherche de la vérité sans faux-fuyants. Elle vient en aide aux policiers, au péril de sa vie, et devient l'ennemie à abattre d'un groupe de masculinistes.
Dans l'immense majorité des sociétés, passées comme présentes, les femmes font l'objet de maltraitances avérées, de traitements iniques, et sont élevées dans une culture de l'infériorité. Les violences exercées contre elles, du mariage forcé aux coups répétés, sont des violences de genre qui induisent une sorte de banalité, voire d'impunité, conduisant au crime de sang. Le féminicide est un crime de haine contre les femmes en raison de leur sexe, pour ce qu'elles sont ou ce qu'elles représentent. Du continent asiatique auquel les filles « manquent » à l'Amérique du Nord, en passant par les pays européens qui tentent de légiférer ou des pays d'Amérique latine qui ont fait figurer la notion de féminicide dans leurs législations nationales, sans oublier l'Afrique et les organisations internationales, une prise de conscience s'est fait jour : le féminicide est un fléau universel et l'un des défis majeurs des sociétés du XXIe siècle. On tue une femme est un ouvrage pour dénoncer l'insoutenable et un outil permettant de penser, de comprendre et d'agir contre les féminicides.