Palmarès des prix du roman gay
Prix du roman gay : Prélude à son absence de Robin Josserand aux éditions Mercure de France
Prix du roman gay étranger : Le rat d'égoût de Nuril Basri aux éditions Perspective Cavalière, trad. Étienne Gomez
Mention Spéciale du Jury : Monument Valley de Pascal Chapus aux éditions Arléa
Mention Spéciale du Jury romans étrangers : Au bord d'Angelo Tijssens aux éditions Julliard
Coup de cœur : L'Agapanthe de Raphaël Watbled aux éditions Le Poisson Volant
Prix d'honneur pour l'ensemble de son œuvre : Olivier Charneux
Prix du premier roman : Un été à M. de Robin Corminboeuf aux éditions Paulette éditrice et Cette histoire finit mal d'Ethan Sévenin aux éditions L'Amour des Maux
Prix de la maison d'édition : YBY éditions, éditions Haro et éditions Hors Champ
-
Prélude à son absence
Robin Josserand
Coup de cœur des libraires- Mercure De France
- 17 Août 2023
- 9782715262126
Je crois qu'il faut écrire avec la verve de l'adolescence, seulement nous raconter nous, Sven et moi, le tragique de cette histoire, mon désir sale, ambigu, mauvais. Il faut enfin écrire la grâce de cet amour dont il ne veut pas et qui l'encombre. Le narrateur, trente ans, travaille dans une bibliothèque. Lorsqu'il aperçoit Sven, il est subjugué. Ce jeune homme qui fait la manche assis par terre, le visage livide et émacié, lui fait penser à un jeune Glenn Gould fatigué. Ou à un animal sauvage. Le lendemain, Sven n'est plus là, laissant le narrateur mélancolique. Il réapparaîtra, disparaîtra de nouveau, acceptera l'hospitalité, pour fuir encore... Dans ce jeu de la séduction, c'est Sven qui mène la danse. Lorsqu'ils partent enfin ensemble à Groix, cela semble inespéré. L'île sera-t-elle le lieu du rapprochement des corps ? À la fois cru et romantique, sombre et lumineux, Prélude à son absence est un premier roman.
-
On est allés fureter dans Sabang Street, en bas de l'hôtel. Le trottoir, normalement réservé aux piétons, était bordé de marchands ambu- lants avec leurs éternels plats du soir qui baignaient dans l'huile. « Tu voulais quoi, déjà ? - Du mie goreng et du bakso. Tu veux pareil ? » j'ai demandé, surpris. Il a hoché la tête. On a continué, l'oeil sur les cartes. Tous les passants nous regardaient mais je m'en fichais. Les étrangers attirent les regards, rien de plus na- turel. Mais la différence qu'incarnait Eliot allait au-delà de l'ordinaire. Les gens qui nous voyaient passer avaient dans les yeux un mélange d'amour, d'admiration, de fascination et de crainte. Car il n'était pas seulement blanc : tout le monde le prenait pour une star. Encore une conséquence de notre histoire hollandaise et de l'influence du cinéma américain. À croire que ça agit sur nous inconsciemment ! J'ai eu envie de crier qu'Eliot portait des chaussettes trouées. Qu'il était comme tout le monde. Roni, jeune écrivain indonésien dont le premier roman a eu un éphémère succès, tombe amou- reux d'Eliot, un agent littéraire français invité pour un festival à Jakarta. Entre eux se noue une intimité ambiguë qui fait toute la matière de ce nouveau roman, écrit en partie en Europe où l'auteur part faire une tournée promotionnelle inattendue.
-
Avec ce texte à l'écriture tendue, toujours juste, Pascal Chapus nous donne un premier roman tout en nuances, où la perte et le deuil, loin d'être effacés, seront peut-être seulement le début d'autre chose.
Un motel, posé au milieu de nulle part mais proche de Monument Valley. Un homme y fait étape, lors d'un voyage dans l'Ouest des Etats-Unis durant lequel il essaie de faire un deuil que l'on devine difficile. Mais le lieu, dans son étrangeté, faite d'immobilité et de mystère, le retient. Il s'y installe tout naturellement, trouvant peu à peu sa place dans la petite " société " qui l'habite, à commencer par Monsieur Heartwood, le propriétaire et sa fille Lisa. Il y a aussi Madame Delcour, énigmatique Française installée là depuis plusieurs années, Anoki, l'Indien Navajo, et quelques clients de passage qui disparaissent comme ils sont arrivés. Au fil des jours, des habitudes se prennent. Lire l'oeuvre de James Hadley Chase, dont les romans garnissent à eux seuls la bibliothèque du motel, donner un coup de main au propriétaire en le remplaçant à l'accueil, chevaucher dans le désert, cuisiner à l'occasion, toutes ces choses aident Pascal à trouver un début d'apaisement. C'est comme si le motel, le désert qui l'entoure, toute cette beauté minérale et épurée, apportaient enfin une réponse muette au questionnement douloureux qui semble l'avoir jeté là. Mais l'équilibre est fragile. Dans une sorte de lente dramaturgie, le récit, tout en émotions contenues, nous mène vers un dénouement inattendu.
Avec ce texte à l'écriture tendue, toujours juste, Pascal Chapus nous donne un premier roman tout en nuances, où la perte et le deuil, loin d'être effacés, seront peut-être seulement le début d'autre chose. -
" Le goût du sang et l'odeur du plâtre humide. Un peu plus tôt dans la journée, avec un seau à moitié rempli d'eau tiède et une vieille éponge, tu as mouillé les bords du papier peint pour pouvoir le décoller plus facilement à la spatule - tout doucement, pour ne pas arracher un morceau de mur par accident. Le plâtre humide, son goût à l'arrière de ta langue, tu le sentiras encore souvent. Tu déménageras encore au moins neuf fois. Tout ce que tu possèdes à ce moment, tu le perdras. Tout ce qui te semble avoir de la valeur disparaîtra. Tu perdras peu à peu certaines choses de vue, tu en balanceras d'autres volontairement pour acheter de la nourriture ou des cigarettes ; d'autres encore, tu les brûleras, les donneras ou les abandonneras. Tu veux hurler mais tu n'y arrives pas car une main serre ta gorge. " Sur la côte belge, hors-saison, un jeune homme revient dans sa ville natale. Il retrouve celui qui fut son premier amour. Dans l'intensité des retrouvailles, refont surface les âpres souvenirs de l'adolescence, les doutes, les fragilités et la violence d'une mère.
-
Aix-en-Provence, 2005-2006. Un jeune homme désoeuvré promène son spleen et sa misère sentimentale entre son studio étriqué, un sex-shop et le parking souterrain où il travaille comme gardien. Un peu par hasard et par curiosité, il oriente sa quête de jouissance toujours frustrée vers le milieu gay. S'il a du mal à trouver ce dont il a besoin, il croise en revanche la route de ce qui semblerait être un tueur en série.
-
Le glorieux et le maudit : Jean Cocteau-Jean Desbordes, deux destins
Olivier Charneux
- Seuil
- Cadre Rouge
- 10 Mars 2023
- 9782021514216
Après la mort de Radiguet, Jean Cocteau rencontre un jeune provincial surdoué dont les textes et la personnalité le séduisent. Ils vont vivre sept ans ensemble. Lorsque Jean Desbordes le quitte, Cocteau écrira La Voixhumaine, déchirante transposition de leur rupture. De son côté, Desbordes poursuit sa carrière de romancier et dramaturge, avant de se détacher du monde culturel et mondain. Il se marie. La guerre éclate. Il s'engage dans la Résistance et deviendra un héros. Arrêté par la Gestapo, il refuse de donner ses compagnons et meurt sous la torture. Un livre militant, sur une figure injustement oubliée de l'histoire littéraire, de l'Histoire tout court. Et un nouveau regard sur Cocteau.
-
Le prix de la joie ; été 1963, l'affaire Charles Trenet
Olivier Charneux
- Seguier
- L'indefinie
- 28 Mai 2020
- 9782840497981
13 juillet 1963, Aix-en-Provence. Charles Trenet déjeune, comme à son habitude, en compagnie de beaux garçons dans la vingtaine. Vers midi, le silence et la gloire se déchirent. Trenet est inculpé pour « attentats aux moeurs sur mineurs du même sexe » : on l'accuse d'avoir employé un rabatteur dans le but d'organiser des « ballets bleus », soit des parties fines avec des hommes trop jeunes.
Pourquoi cette arrestation ? À l'époque, le statut des homosexuels échappe au droit commun et leur majorité sexuelle est fixée à 21 ans (contre 15 pour les hétérosexuels).
Dans ce roman écrit à la première personne du singulier, résultat d'une longue enquête, Olivier Charneux utilise le séjour en prison de l'artiste comme le lieu et le moment d'une incontournable introspection.
-
Tant que je serai en vie
Olivier Charneux
- Grasset
- Litterature Francaise
- 15 Janvier 2014
- 9782246810025
Quand, au début des années 1980, un mal étrange et encore innommé décima nombre d'homosexuels, Olivier Charneux vit mourir beaucoup de ses proches.
Bien qu'épargné par ce fléau, il chercha dans ce face-à-face avec la mort précoce des raisons de comprendre et d'espérer.
Jeune écrivain, il se tourna vers des « Phares » qui balisèrent alors son chemin de survie. Ces « Phares », pour lui, se nommèrent Racine, Pina Bausch, Marguerite Duras, Barbara, Violette Leduc, Jim Jarmusch, Christian Boltanski, Gus Van Sant, Nan Goldin, Coppola, Bram Van Velde, Hervé Guibert et quelques autres...
Avec eux, grâce à eux, il a surmonté le chaos.
Ces artistes lui ont surtout appris à aimer par temps de détresse.
Voici le livre qui détaille avec minutie cette aventure aussi douloureuse que lumineuse.