L'argent n'est pas seulement une réalité économique. Dépensé, donné, ou chèrement gagné on investit en lui sa vie, des valeurs psychologiques, morales ou politiques. Le livre se propose d'évoquer un certain nombres de lieux communs sur l'argent, pour traverser des bizarreries de nos comportements quotidiens. Loin des savantes analyses sur sa valeur, son utilité, sa stabilité, l'argent demeure notre fétiche moderne, il enclenche toujours un même rêve : demain, on rase gratis...
L'argent ferait-il le bonheur ? Nouvelle économie, fonds éthiques, investissements socialement responsables vont-ils construire une planète plus humaine et plus juste ? L'interrogation sur le pouvoir de l'argent n'a pas toujours été délaissée par l'investigation philosophique. Reprenant la tradition depuis Aristote, ce livre interroge des oeuvres qui ont conçu la monnaie comme une force communautaire et consensuelle.
la mondialisation des marchés financiers a transformé en profondeur les mécanismes du capitalisme classique.
or ce système, on le sait, est fragile : en bute à des comportements individuels déraisonnables, sinon collectivement irrationnels, les marchés peuvent à tout moment entrer en crise et l'économie s'effondrer. pour contrer cette menace, les financiers n'ont qu'un mot : la confiance. on parle ainsi de moraliser le capitalisme, d'éthique des marchés, puis on se prend à rêver de fonds éthiques et socialement responsables, de commerce équitable, de critères citoyens et environnementaux, au point que certains croient en la venue d'un capitalisme vertueux.
mais l'éthique et la confiance sont-elles vraiment les réponses au dysfonctionnement du système ?.
Aux quatre coins du monde, nous assistons à l'heure actuelle à des mouvements de contestation qui donnent matière aux réflexions sur les expérimentations, mises en récits, historiographies, théorisations des faits révolutionnaires. Comment penser au présent les ruptures et continuités de la première révolution prolétarienne ? Peut-on nouer des actes et des durées ? À quelles conditions nouer tempo de l'événement et temps longs du changement historique ? Comment lier micro-histoire et grands récits ?
1917/2017 : un peu plus de cent ans après la double révolution russe (celle de février et celle d'octobre), cet ouvrage propose un dépaysement théorique et géographique sur ce qui fait "événement" révolutionnaire.
Le parti pris des auteur-es a consisté à se décentrer du geste commémoratif pour ponctuer des perspectives issues des lieux où elles résonnent aujourd'hui entre espérances et ressouvenirs.
Politistes, philosophes, sociologues nous invitent à une circulation en "terrain révolutionnaire", au vif de l'enquête et de l'archive, de la mémoire et de l'actuel.
L'omniprésence aujourd'hui du thème de « la » violence renvoie à la difficulté grandissante, pour nous, de l'investir et de la saisir depuis un point d'extériorité aux reconfigurations que lui impriment les développements de l'ordre mondial. Dans l'économie de la violence généralisée, les violences de la sphère politique classique, étatique, se combinent de façon continue et discrétionnaire avec celle de la globalisation du capital : logiques d'exclusion internes et externes aux États, régions entières où la guerre est endémique, opposition en miroir du capital comme religion et d'une religion politisée en un sens catastrophique et réactionnaire. Mais plus crucialement, ce qui est en cause dans cette violence de la valorisation débridée, c'est son allure spécifique de contre-révolution sans ennemi, qui tend à reléguer toutes les aspirations qui lui sont hétérogènes vers un seuil impolitique. Les articles de ce numéro ne s'accordent ni sur l'appréhension de ces violences errantes, ni sur la façon de les traiter. Tous, cependant, tentent de différencier une violence autre sur fond des violences, directes ou indirectes, mais toujours brutales, qui nous sont faites par les reconfigurations actuelles du capital. Tous, par conséquent, rejettent l'hypothèse d'un état « d'absence de violence » dont nous aurions été exclus, que nous aurions à rejoindre, et qui n'est jamais qu'une rationalisation de la pacification de l'ordre, ou aujourd'hui de la « modernisation », le nom naturalisé de l'illimitation des logiques de valorisation. Pour celles-ci il n'y a plus désormais aucun dehors, comme le montre la virulence de la situation actuelle. Dans le prisme de l'illimité la pandémie n'est pas tant une catastrophe, ni même seulement un obstacle, c'est un élément nouveau à transformer en une occasion : l'occasion d'amplifier les procédures de contrôle et de privatisation des populations spécifiques au capitalisme algorithmique, couplée à l'occasion de capitaliser des « brevets », d'aggraver l'emprise sur le vivant. Comment élaborer la relation d'antagonisme à l'adversaire politique sans reproduire ou mimer la courbure étatique des institutions existantes (ni retomber dans les caricatures qu'en proposent le gangstérisme) ? La violence est inhérente à la subjectivation politique, elle en est une possibilité nécessaire, non pas une simple éventualité, mais un trait structurel. Car l'interruption directe de la loi, constitue une des épreuves de la subjectivation politique ; ce qu'occultent les théories qui conçoivent la subjectivation politique exclusivement comme un processus de symbolisation. De même, penser la violence du côté de la subjectivation politique implique d'explorer ses rapports à l'affect, au langage, à la colère, la ruse, au courage, sous peine de reconduire la coïncidence de la violence et de la haine. « Démolir ce qui existe, non pour l'amour des décombres mais pour l'amour des chemins qui les traversent et se fraient en eux. » (Benjamin)