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Fayard
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Cet essai débute comme un récit : à la mort de son père, Didier Eribon retourne à Reims, sa ville natale, et retrouve sa famille avec laquelle il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Observant avec sa mère des photos du passé, il revoit avec stupeur le monde ouvrier dans lequel il a grandi. Mais plutôt que de fuir à nouveau son milieu d'origine, il décide de se plonger dans son passé pour tenter de se le réapproprier. En reconstituant l'histoire de sa famille, l'auteur analyse la condition ouvrière des années 1950-60 et les expériences constitutives de cette appartenance de classe. Quel est le rapport des classes populaires à la culture, à la sexualité, au système scolaire ? Comment le vote communiste a-t-il fini par devenir un vote pour le Front national ? Evoquant son enfance et son adolescence, il analyse sa trajectoire de transfuge de classe, et le rôle qu'y a joué son homosexualité. Mais cet ouvrage est bien plus qu'une esquisse d'autobiographie. A la faveur de ce retour à Reims, Didier Eribon se redécouvre fils d'ouvrier, lui qui s'était toujours envisagé comme un enfant gay. Et de s'interroger : comment les catégories contemporaines de la politique fabriquent-elles les enfants que nous avons été ? En quoi la quasi-disparition du marxisme d'un côté, et, de l'autre, la force des mouvements culturels et sexuels prescrivent-ils aujourd'hui ce type de lecture de soi-même ? La politique ne transforme pas seulement le présent et le futur : elle transforme aussi notre passé, notre rapport à nous-mêmes et notre manière de nous définir. Si ce que nous sommes est institué par les théories politiques, il convient dès lors de rompre avec les théories qui découpent le monde selon des frontières uniques (de classes, de genre, de race, de sexualité) ou prétendent que certaines identités seraient plus « vraies » et plus importantes que d'autres. Didier Eribon propose donc d'élaborer une théorie du sujet qui nous permet de penser la multiplicité de nos expériences et d'être le sujet simultané de plusieurs politiques.
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Paru en octobre 2009, Retour a Reims a rencontré un écho considérable et suscité de très nombreux débats. C'est à partir de cet accueil et des questionnements qu'il a fait surgir que Didier Eribon entreprend aujourd'hui de reprendre et d'approfondir le récit et les réflexions qui s'entrecroisaient dans cet ouvrage. En ancrant toujours, bien sûr, sa démarche dans l'expérience vécue et dans l'exploration d'une mémoire personnelle et d'une histoire familiale dont il s'attache à restituer les significations sociologiques et politiques.La société assigne des places. Elle énonce des verdicts, qui s'emparent de nous et marquent nos vies à tout jamais. Elle installe des frontières et hiérarchise les individus et les groupes. La tâche de la pensée est de porter au jour ces mécanismes d'infériorisation et la logique de la domination sociale. C'est à un véritable renouvellement de l'analyse des classes, des trajectoires, des identités (le genre, la race...) et du rôle central et ambivalent des institutions (notamment le système scolaire, le droit, la politique...) dans leur fabrication que nous convie Didier Eribon. Avec pour horizon l'idée fondamentale que seule une démarche qui place au centre de ses préoccupations le problème des déterminismes inconscients par lesquels nos vies sont régies peut nous permettre, par-delà les incantations lancées par les intellectuels populistes qui saturent l'espace de la gauche radicale, d'ouvrir la voie à une politique de l'émancipation.Dans ce second volet, l'auteur de Retour a Reims nous donne un nouveau grand livre, appelé à vite devenir, comme le précédent, un classique des sciences sociales et de la théorie critique.
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Principes d'une pensée critique
Didier Eribon
- Fayard
- Histoire de la Pensée
- 11 Mai 2016
- 9782213703046
De Réflexions sur la question gay à Retour à Reims et à La Société comme verdict, Didier Eribon a placé au centre de son oeuvre plusieurs thèmes essentiels : la formation du sujet, l'inconscient et l'auto-analyse ; le système scolaire, les classes et les identités sociales ; les catégories de la politique et les mouvements sociaux ; la tradition critique... Les essais qui composent ce volume explicitent et systématisent le projet situé au fondement de ces investigations : celui d'élaborer une théorie radicalement historique et sociale des subjectivités individuelles et des groupes, de la logique de la domination et de la résistance.
Mêlant références théoriques et littéraires, cet ouvrage affronte et déploie toutes les implications d'une pensée réellement sociologique et politique. Il renouvelle ainsi la réflexion sur un ensemble de questions qui sont au coeur du débat à l'échelle internationale et se proposant de définir les conditions d'une pensée critique.
Didier Eribon est philosophe et sociologue, professeur à l'université d'Amiens. Il est l'auteur de nombreux livres, parmi lesquels Réflexions sur la question gay (Fayard, 1999), Une morale du minoritaire (Fayard, 2001), Retour à Reims (Fayard, 2009) et La Société comme verdict (Fayard, 2013). -
Tout au long de son oeuvre, depuis Réflexions sur la question gay, en 1999, jusqu'à Principes d'une pensée critique, en 2016, mais déjà dans l'ouvrage biographique qu'il a consacré à Michel Foucault en 1989, Didier Eribon s'est attaché à élaborer une théorie historique, sociale et politique de la subjectivité : il s'agit de comprendre comment les individus et les groupes sont produits comme des sujets assujettis par de multiples formes de domination, ce qu'il appelle les « verdicts sociaux », et comment ils peuvent résister aux pouvoirs et travailler à la transformation sociale.
Une telle démarche ne saurait se développer en se tenant simplement à l'écart de la doctrine psychanalytique. Elle doit entrer en conflit avec celle-ci, et mettre en question non seulement ses velléités normatives et ses tentations autoritaires, qui sont inscrites dans sa logique même, mais aussi son architecture notionnelle et sa conception du psychisme et de l'inconscient.
C'est à cet effort pour « échapper à la psychanalyse » que sont consacrés les essais rassemblés dans ce volume.
Didier Eribon est philosophe et sociologue. Il est l'auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Réflexions sur la question gay (Fayard, 1999, et Champs-Flammarion, 2012), Une morale du minoritaire (Fayard, 2001, et Champs-Flammarion, 2015), Retour à Reims (Fayard, 2009, et Champs-Flammarion, 2010), La Société comme verdict (Fayard, 2013, et Champs-Flammarion, 2014), Principes d'une pensée critique (Fayard, 2016, et Pluriel, 2019).