Tout comme les travaux de Darwin, la révolution provoquée par la découverte de la double hélice, en 1953, tient à l'ordre de grandeur vertigineux des possibilités combinatoires. Le vivant que nous connaissons n'est qu'une infime partie de ce qui est concevable. Ces ADN qui n'existent pas, et qui pour beaucoup d'entre eux n'ont jamais existé, posent la question majeure de la rencontre fortuite de molécules artificielles avec l'existant. Cette problématique, unique dans l'histoire, interroge la notion de providence qui est en balance avec celle de précaution. Au-delà des religions, bien des scientifiques ont une vision providentielle du progrès technique. C'est le cas en biologie de synthèse lorsque des chercheurs procèdent à des « essais pour voir », mais la résilience de la nature n'a pas été façonnée pour réagir à des artefacts. C'est une des raisons pour laquelle il est facile de la mutiler mais impossible de la refaire. Si la biologie est pertinente pour prendre soin du vivant existant, le blanc-seing que les chercheurs se donnent pour l'inventer est infondé. Et on peut postuler les risques qui ne tarderont plus à apparaître désormais, depuis que des jumelles génétiquement modifiées sont nées en catimini en Chine.
L'interprétation, parce qu'elle ressemble à des croyances, a été écartée de la science moderne, en tout cas négligée, au profit de la déduction et la généralisation. Pourtant l'histoire des sciences nous montre son rôle permanent tant dans les sciences humaines que de la nature. C'est elle qui relance la fécondité dans les moments de compréhension difficile.
Le positivisme, qui reste une référence majeure dans les pratiques actuelles, est responsable de cette situation. Il cherche les commandements auxquels se soumet la nature. Cependant, après la période de conquête, nos inquiétudes sur l'environnement appellent une science plus ouverte, plus compréhensive des éventualités. Nicolas Bouleau montre que le coeur du problème est d'utiliser dans la science les matériaux interprétatifs que sont les craintes. Prolongeant et concrétisant les idées de Jonas, il décrit le travail d'élaboration de craintes désintéressées par une enquête sur un être supposé, comme par exemple l'agent de transmission de la maladie de la vache folle. L'ouvrage porte plus largement sur la façon de penser l'éventuel dans les relations des humains avec leur contexte.
Que signifient vraiment les cours des marchés financiers mondiaux dont les variations incessantes occupent les écrans ? Reflètent-ils, comme les banques et les institutions l'affirment, la valeur de biens et de services soumis à la loi de l'offre et de la demande ? Ce qui est rare serait cher ? Ce qui est abondant, bon marché ? Et si dans le monde financier ce principe était tout simplement un leurre ?
Mathématicien de renom, fin connaisseur des marchés financiers, Nicolas Bouleau explique comment la finance néolibérale n'a cessé depuis trente ans de perfectionner de manière prodigieuse ses techniques de spéculation. L'usage de moyens informatiques très sophistiqués et l'application de théories mathématiques parmi les plus pointues imposent des cours d'une très grande volatilité qui prétendent refléter la santé économique de la planète et fournir des indications fiables pour sa gouvernance... alors qu'il n'en est rien. Le signal-prix a tout simplement disparu, les agents économiques sont contraints au business as usual. Dans son habit mathématique qui la protège des regards indiscrets, la finance ne voit rien de l'épuisement des ressources ni de la montée des inégalités.
Sortir de l'impasse d'un mode de gouvernement polarisé sur le cours des marchés mondiaux exige des institutions nouvelles, locales et internationales : en mobilisant des méthodes scientifiques attentives aux tendances grâce à des indicateurs non financiers, elles peuvent informer sur la situation réelle de la planète et de ses habitants, pour que les acteurs aient les moyens d'agir en connaissance de cause.
The Mathematics of Errors presents an original, rigorous and systematic approach to the calculus of errors, targeted at both the engineer and the mathematician.
Starting from Gauss's original point of view, the book begins as an introduction suitable for graduate students, leading to recent developments in stochastic analysis and Malliavin calculus, including contributions by the author. Later chapters, aimed at a more mature audience, require some familiarity with stochastic calculus and Dirichlet forms. Sensitivity analysis, in particular, plays an important role in the book. Detailed applications in a range of fields, such as engineering, robotics, statistics, financial mathematics, climate science, or quantum mechanics are discussed through concrete examples. Throughout the book, error analysis is presented in a progressive manner, motivated by examples and appealing to the reader's intuition.
By formalizing the intuitive concept of error and richly illustrating its scope for application, this book provides readers with a blueprint to apply advanced mathematics in practical settings. As such, it will be of immediate interest to engineers and scientists, whilst providing mathematicians with an original presentation.Nicolas Bouleau has directed the mathematics center of the Ecole des Ponts ParisTech for more than ten years. He is known for his theory of error propagation in complex models. After a degree in engineering and architecture, he decided to pursue a career in mathematics under the influence of Laurent Schwartz. He has also written on the production of knowledge, sustainable economics and mathematical models in finance. Nicolas Bouleau is a recipient of the Prix Montyon from the French Academy of Sciences.
L'économie contemporaine est dominée par les marchés financiers. Ils commandent le développement industriel et commercial. Ils imposent leur loi aux gouvernements. Quels principes les régissent? Leur fonctionnement demeure-t-il chaotique ou bien recèle-t-il une logique qu'on peut analyser et reconstituer en toute certitude? Si l'on pénètre dans les salles spécialisées à Paris, Tokyo ou bien Chicago, partout règnent les mathématiques. Vont-elles nous permettre de maîtriser enfin les marchés dont dépend l'économie tout entière?Mathématicien, Nicolas Bouleau est professeur à l'École des ponts. Il est lauréat du prix Montyon de l'Académie des sciences.
Comprendre le rôle économique que jouent les mathématiques est essentiel pour situer les enjeux de la formation des jeunes et des futurs ingénieurs. L'auteur montre que la recherche mathématique consiste à faire le travail inverse de celui d'un ordinateur. Cette intéressante image s'appuie sur les travaux les plus récents des logiciens. De plus, la modélisation, qui est devenue l'activité principale de l'ingénieur, permet d'utiliser les mathématiques directement, sans qu'elles soient la servante des disciplines traditionnelles.
Peut-être gardez-vous des mathématiques surtout des souvenirs d'hésitations et d'inquiétudes... Pourtant, de temps à autre, ne ressentiez-vous pas quelques joies ? L'étincelle de la compréhension ne vous a-t-elle jamais touché ? C'est que, de l'humain en mathématiques, il y en a plus qu'on ne croit : du plaisir parfois, de la frustration aussi – en tout cas, de l'inconscient beaucoup.
Avec la règle et le compas, outils venus de l'architecture, le mathématicien s'emploie à dire les constructions possibles et impossibles. Telle est la nature de sa quête permanente. Poursuivant son imaginaire, nourri de rêves peut-être indéchiffrables par la psychanalyse, il s'aventure sur des chemins nouveaux, défiant la discipline et ses maîtres, au risque d'une interprétation qui restera éventuelle, irrésolue, et peut mener au seuil de la déraison...
Dans ce livre, c'est l'apparition du sens mathématique qui est interrogée : le rôle de l'inconscient dans la découverte, le problème du langage ordinaire, le statut de l'amateur en science, un parallèle avec la création architecturale, les étranges recherches poétiques de Saussure, la fonction de l'exil (Cauchy), un voyage a Akademgorok et la masculinité de la science, autant de questionnements croisés qui cherchent à comprendre comment apparaît le sens, vérité installant sa lumière.
L'ambition philosophique ici n'est pas de relativiser la science mais, grâce au cas des mathématiques, moins pur qu'on ne le dit, de dégager ses ancrages dans la psychologie du sujet et la socialité du langage, et de pouvoir ainsi sonder l'épaisseur de sa sagesse.
Nouvelle édition. Préface d'Alain Bensoussan, président de l'INRIA Issu d'un enseignement à l'École nationale des ponts et chaussées, ce manuel de probabilités s'attache à établir la jonction entre une compréhension intuitive de situations concrètes et leur modélisation, au sein d'une théorie rigoureuse, jusqu'au traitement informatique. Les quatre premiers chapitres développent, par la pratique, l'intuition probabiliste ; la compréhension des concepts et l'acquisition des méthodes de simulation sont facilitées par l'absence de difficultés mathématiques. Les exemples et applications ainsi acquis permettent ensuite la mise en place des outils mathématiques nécessaires pour traiter en toute rigueur les théorèmes de convergence et le calcul conditionnel. Dans ce cadre, on peut alors aborder les méthodes de calcul numérique d'espérances et d'espérances conditionnelles. L'ouvrage comprend également l'étude de sources historiques et divers approfondissements vers la recherche. On y trouvera donc un exposé précis et complet des techniques de base où les développements et les applications s'enchaînent de manière harmonieuse avec de nombreux exercices et la présence permanente de l'informatique. Ce livre s'adresse aux étudiants et enseignants des écoles d'ingénieurs et des universités dans les filières mathématiques appliquées ou informatique ainsi que économie, télécommunications ou génie civil. Il intéressera également ceux qui s'occupent de problèmes de transports, de fiabilité, de sécurité et plus généralement de modélisation en contexte incertain.
L'épistémologie classique, celle du XXe siècle, s'est essentiellement occupée de physique. Dominique Bourg et Nicolas Bouleau proposent en revanche de distinguer trois types de sciences grâce à un critère précis pour chacune, compréhensible par tous : la science nomologique, à savoir la physique avec ses différentes échelles ; la science interprétative, celle qui se construit et s'enrichit par modélisations d'un secteur de la réalité ; et la science combinatoire, à savoir la chimie et la biologie moléculaire. Les mathématiques joueront un rôle décisif dans cette tripartition. La réponse à la question « qu'est-ce que la connaissance scientifique ? » nous conduira ensuite à mettre en lumière une intrication fondamentale et insurmontable entre connaissance et ignorance. Celle-ci a été dévoilée au sujet de l'arithmétique au début des années 1930. Les auteurs révèlent l'existence de cette même intrication dans la biologie moléculaire. Bien que fondées et opératoires, nos connaissances n'en sont pas moins partielles, et ce à jamais. Ce constat permet d'éclairer l'état écologique de la planète. Ce faisant, leur réflexion conduit leurs pas dans ceux de quelques mathématiciens autour d'Alexandre Grothendieck au début des années 70, qui ont été les premiers à tirer certaines des conséquences des limites à nos connaissances.
4 octobre 1994, Morin Heights (Canada) : 5 morts ;
5 octobre 1994, Cheiry (Suisse) : 23 morts ;
5 octobre 1994, Salvan (Suisse) : 25 morts ;
23 décembre 1995, Vercors (France) : 16 morts.
Voici enfin, à travers des témoignages inédits et des documents exclusifs, l'histoire de l'Ordre du Temple Solaire, dont la mort de 69 adeptes a stupéfié le monde.
Après deux ans d'enquête, en Suisse, en France, en Belgique et au Canada, trois journalistes racontent la vie - et la lente dérive - de cette secte apocalyptique. Une organisation, où la vie spirituelle, l'argent et le sexe se côtoient, dans un savant mélange d'ésotérisme et de crime.
Qui a tué et pourquoi ? Qui étaient les gourous Luc Jouret et Jo Di Mambro ? D'autres chevaliers de la mort sont-ils encore parmi nous ? Un nouveau massacre est-il à craindre ? Comment des dizaines d'hommes et de femmes, en quête de spiritualité, ont-ils pu entraîner avec eux leurs enfants dans la mort ?
De nouvelles révélations, jamais publiées, à verser au dossier.
A simplified approach to Malliavin calculus adapted to Poisson random measures is developed and applied in this book. Called the "lent particle method" it is based on perturbation of the position of particles. Poisson random measures describe phenomena involving random jumps (for instance in mathematical finance) or the random distribution of particles (as in statistical physics). Thanks to the theory of Dirichlet forms, the authors develop a mathematical tool for a quite general class of random Poisson measures and significantly simplify computations of Malliavin matrices of Poisson functionals. The method gives rise to a new explicit calculus that they illustrate on various examples: it consists in adding a particle and then removing it after computing the gradient. Using this method, one can establish absolute continuity of Poisson functionals such as Lévy areas, solutions of SDEs driven by Poisson measure and, by iteration, obtain regularity of laws. The authors also give applications to error calculus theory. This book will be of interest to researchers and graduate students in the fields of stochastic analysis and finance, and in the domain of statistical physics. Professors preparing courses on these topics will also find it useful. The prerequisite is a knowledge of probability theory.
La place qu'occupe la modélisation aujourd'hui dans les sciences et dans les techniques est-elle usurpée ? Les mathématiques, sur lesquelles reposent les modèles qu'élaborent les ingénieurs, sont-elles garantes d'une représentation utile et bénéfique de la réalité ? À quelles économies sont destinées les modélisations ? Pour quelles décisions ? Ce sont quelques-unes des questions sur la modélisation, tant dans sa nature cognitive que dans ses enjeux sociaux, que cet ouvrage aborde.