Soon, jeune garçon dont la mère est professeur d'anglais, a perdu la parole.
Il vit enfermé dans un terrible endroit qui a pour nom Cristalimb.
Ni fenêtre, ni porte de sortie. Dans Cristalimb, les couleurs ont entièrement disparu.
Parviendra-t-il à s'en échapper ?
Les couleurs retrouveront-elles leur existence ?
Comment dissoudre les barreaux de la prison ?
Tirelire, le cochon qui aide à tenir la charcuterie, le chien Jean-Pierre ou le chat Pacha se font du souci pour lui.
Pour seule compagnie dans sa captivité, Mme Dame, la femme de ménage, fée modeste régnant sur les balais et le chiffon à poussière.
Et Splynn, une corneille particulièrement loquace.
C'est vrai qu'un peu de magie n'a jamais tué personne.
Jouer avec les mots et lire des contes non plus.
Un inspecteur teigneux et un psychiatre nonchalant. Un juge bigot, opposé à un carreleur serbe amoureux d'une putain algérienne. Ou encore, un gosse qui aurait mieux fait de se contenter de marquer des paniers au basket... Peccata mundi. Cinq histoires tragiques ou moqueuses, qui évoquent une réplique de la messe en latin : Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde, prends pitié de nous.
«Quand je l'ai lu dans le journal, je me suis dit : "Ma parole, c'est lui qui a fait ça oe" J'ai relu deux ou trois fois l'article, pour être sûre. Cette sale vermine. Jamais je ne lui pardonnerai. Il était évident que ça tournerait mal, un jour. Je me disais : "Tu verras, un de ces quatre matins, il cessera d'avoir la baraka et alors là, tu m'as comprise..." Il était venu à la banque quémander un crédit supplémentaire et m'avait invitée à prendre un verre. On faisait du tintouin, des fêtes. "Ta gueule, on baise", avait-il rétorqué à un voisin venu tambouriner contre la porte après minuit. Les gens ne comprennent pas, sont toujours là à espérer vous voir tomber. De la mauvaise graine. Mais quant à prévoir ce qui est arrivé... Non. D'autres choses, oui. Mais pas cette violence gratuite.»
Nous venions de nulle part, d'un trou noir mental appelé Algérie, nous étions louches, sans le sou, dénués de qualification particulière, des prolétaires ayant été sans le moindre égard jetés dehors de ce qu'ils considéraient être chez eux, ficelés dans le silence. A. R. Habitée par un insoluble questionnement à propos des origines, née du mauvais côté de la barrière, dans le camp des « colonialistes » où les siens ont été assignés à résidence par une histoire sans nuances, la narratrice tente de s'ancrer dans le terroir bordelais où sa famille a échoué en 1962, quelques années avant sa naissance. Peine perdue, les sols caillouteux du vignoble la ramènent aux déserts qu'elle n'a pas connus, la méfiance des paysans à l'incontournable question : « Comment peut-on être pied-noir ? » Son enfance déclassée, la mort de son père fauché sur une route, semblent inscrire son destin dans la tragédie. Mais nulle résignation chez ce « rapporteur en couettes » qui tout enfant décide d'échapper par les mots, les siens et ceux des autres, à la malédiction des origines. Mémorialiste fantaisiste et narquoise des humiliations subies, elle se lance dans l'apprivoisement mélancolique des malheurs alentour. Au cimetière du village, son lieu de prédilection, chaque pierre tombale des familles « bien françaises » révèle des drames et des dommages qui lui permettront de renouer le fil de sa propre vie. Très tôt, elle comprend que seule l'écriture pourra la sauver : s'inventant des généalogies - Hemingway et Beckett en guise de grands-pères -, elle plonge à corps perdu dans le creuset de l'imaginaire pour en extraire un éblouissant roman de formation. Ici le lent et patient apprentissage d'une terre et le pouvoir rédempteur de la littérature interrogent et dissolvent peu à peu le désespoir de vivre et la culpabilité.
Quels sont les rapports possibles entre une littérature traditionnellement contestataire, sociologique, et la religion ? Un auteur « noiriste » est-il nécessairement fâché avec la mitre et le goupillon ? La pompe ou au contraire l'humilité catholiques sont-elles en opposition avec la flamboyance électrique de certains écrits, voire même, avec l'efficacité en soi ? Les dévoreurs de
calotte ne font-ils qu'une bouchée de l'hostie ? Plus généralement, quelle place est à accorder à la foi dans la genèse et la construction d'une oeuvre ? Puisqu'elle permet de soulever des montagnes, peut-elle conjointement amener à bâtir des routes, des dispensaires et aider à la naissance de
tableaux, de livres en apparence très éloignés de ses préceptes oe
Peut-on aller au-delà des clivages attendus entre des écrivains réputés sans Dieu, provocateurs, violents, amateurs de jeux de langage sous adrénaline, qui torturent le style pour mieux le rendre à lui-même et des hommes de foi censément pleins d'onction, effrayés par la sexualité, offusqués par l'exposé de situations tordues, relatées sans fard, de façon éclatée, abrupte ? Sont-ils destinés à se regarder pour toujours en chiens de faïence oe
Quels liens entre des religieux, guidés dans la nuit sombre de l'existence par la promesse d'une résurrection en pleine lumière et des romanciers ayant les nerfs à vifs, qui s'attellent à débusquer l'obscurité du bout de leur stylo sans d'autre horizon que la matière, promise à une irrémédiable finitude et le réel, débarrassé de toute idée de divinité, de toute perspective d'arrière monde oe
En s'appuyant sur la vie et l'oeuvre pies d'un homme nourri par le message des évangiles, Roger de Traversay alias Romus, fondateur dans la région de Bordeaux d'un centre d'accueil pour enfants en difficulté, Annelise Roux, diplômée en sciences politiques, écrivain espiègle et tourmentée, « athée
mal convaincue » n'ayant d'autre mystique que l'écriture, brosse le portrait d'un homme de convictions et de chair et en profite pour s'interroger sur les ponts jetés entre ces rives.