"Denis d'Aubigné est bien mort, ce 23 janvier à huit heures du matin, dans la cour d'un immeuble bourgeois d'une rue paisible du XVe arrondissement de Paris.
Vingt ans, sept étages." Pourquoi un jeune homme, qui - pense-t-on - a tout pour lui, met-il brutalement fin à ses jours ? Un père, une mère, une grande soeur et un petit frère cherchent à répondre à cette question déchirante : comment vivre sans Denis ? On ne sait rien de la mort, sauf qu'elle change des vies.
Octobre 39. Hannah et Suzon vivent dans le « petit Istanbul », un quartier populaire du XIe arrondissement de Paris. Elles s'aiment comme on s'aime à dix ans, d'une amitié solaire, loin des lâchetés, de la barbarie des adultes et du lent poison des familles. Quand la guerre éclate, Hannah, qui est juive, doit d'abord se cacher en province dans une pension tenue par des soeurs, avant de rejoindre la Turquie d'où sa famille est originaire. Suzon reste avec ses parents dans un Paris occupé.
Au retour d'Hannah, en 1945, la tragédie a frappé et décide du destin des deux amies. Pour Hannah, le journalisme, le grand reportage, la découverte du monde à l'heure de l'histoire en marche. Pour Suzon, la légèreté, les fêtes, une forme de vacuité, de perdition. La France se reconstruit dans l'euphorie d'une nouvelle jeunesse ivre de paix et de liberté. Mais des fantômes hantent le passé des deux amies. Un jour, Hannah découvre un terrible secret lié aux années noires. Suzon a-t-elle trahi leurs jeux et leur pacte d'enfance au point d'en faire, des années plus tard, des femmes étrangères l'une à l'autre ?