Pendant des décennies, les nations africaines ont lutté pour la restitution d'innombrables oeuvres d'art volées pendant l'ère coloniale afin d'être exposées dans des musées occidentaux. Bénédicte Savoy met en lumière cette histoire largement méconnue. Elle s'appuie sur de nombreuses sources inédites pour révéler que les racines de cette lutte remontent bien plus loin que ne l'indiquent les débats récents, et que ces efforts ont été menés par une multitude de militants et dirigeants des nations nouvellement indépendantes.
Peu après 1960, lorsque dix-huit anciennes colonies d'Afrique ont accédé à l'indépendance, un mouvement en faveur du rapatriement des oeuvres a été lancé par les élites intellectuelles et politiques africaines. L'autrice retrace ces combats et examine aussi comment les musées européens ont tenté de dissimuler des informations sur leurs collections.
En expliquant pourquoi la restitution est essentielle à toute relation future entre les pays africains et l'Occident, ce livre pose les éléments du débat autour de ces questions cruciales pour le présent et l'avenir.
"Au musée, voir en même temps les objets là où ils sont, et là où ils ne sont plus, c'est-à-dire dans les régions où ils ont été pris. Jouir de la beauté et du savoir accumulés dans nos villes pendant des siècles, mais en jouir en toute connaissance de cause, en ayant à l'esprit les conditions de collecte des objets dans des contextes économiques, militaires, épistémologiques asymétriques. Rendre visibles, pour mieux les maîtriser, les contradictions internes et les tensions flagrantes qui travaillent l'idée même de musée depuis son origine.
Prêter beaucoup d'attention, dans ce contexte, aux regards et aux voix des dépossédés", B. S.
Les guerres ont toujours entraîné des spoliations d'objets et de trésors au détriment des pays vaincus. La France quant à elle a été particulièrement active au cours de ses conquêtes coloniales au XIXe siècle. On compte actuellement dans les collections publiques françaises au moins 88 000 objets provenant de l'Afrique subsaharienne.
Malgré de nombreuses réclamations de pays africains depuis les indépendances, l'État français n'a pas jugé bon d'évoluer sur cette question, arguant de l'inaliénabilité du patrimoine national. Jusqu'au discours du 28 novembre 2017 du président Emmanuel Macron à Ouagadougou, qui annonça la mise en oeuvre dans un délai de cinq ans de « restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ». Il confia alors à Felwine Sarr et Bénédicte Savoy la mission de consulter les spécialistes en Afrique et en France, et de mener une large réflexion sur ce sujet. Le fruit de cette mission est le présent ouvrage.
Il raconte les spoliations à travers l'histoire mondiale, évalue la part de la France, dresse un premier inventaire des oeuvres spoliées, fait le récit des tentatives des pays africains pour se réapproprier leur patrimoine, analyse les questions juridiques qui se posent, et énonce un certain nombre de recommandations pratiques pour la mise en oeuvre des restitutions, un des chantiers les plus audacieux de ce XXIe siècle.
Un ouvrage passionnant, qui fera date. Car le mouvement de restitution du patrimoine vise non seulement à redonner accès aux Africains à leurs oeuvres, mais aussi à fonder une nouvelle ère dans les relations entre l'Afrique et la France, à écrire une nouvelle page d'histoire partagée et pacifiée.
La somme totale sur les plus grands historiens de l'art au pays de Goethe. Le livre : De Wilhelm von Bode, le créateur des plus grands musées berlinois, à Wilhelm Worringer, incomparable théoricien du style gothique, des historiens du rococo frédéricien à ceux du Bahauss, de l'histoire culturelle de Burckhardt aux ambitions anthropologiques de Warburg, cette somme exceptionnelle propose un parcours unique à travers une discipline qui occupe outre-Rhin une place aussi centrale que la littérature et la philosophie. Au confluent de la métaphysique, de l'esthétique, de la philologie, les historiens de l'art allemands ont irrigué toutes les branches des sciences humaines, particulièrement en France. Panofsky, Winkelmann, Wölfflin, Meier-Graefe, Raphael, Riegl, Einstein : témoins fascinants d'un foisonnement culturel aux prises avec les tragédie de l'Histoire, théoriciens, collectionneurs, muséographes, défenseur des avant-gardes, hommes de plume et de conviction engagés dans les batailles esthétiques de leur temps par amour de l'art. Voici la somme totale sur ces esprits libres dont les fulgurances continuent d'interroger notre époque.
L'ouvrage ici présenté est le catalogue accompagnant l'exposition « Les frères Humboldt, L'Europe de l'Esprit» organisée par Paris Sciences & Lettres (PSL) qui se tiendra du 15 mai au 30 juin 2014 à l'Observatoire de Paris. Le catalogue présente les frères Guillaume et Alexandre de Humboldt, intellectuels des Lumières allemandes, leur travail, leurs influences et leur postérité, au travers de cinq sections qui retracent les grands thèmes de l'exposition: « Matrix : racines familiales et actualité de l'Antique », « Res Publica : Révolution, Régénération », « L'Europe et le Monde: l'Autre comme horizon », « Morphologies : la partie et le tout » et « Savoir partager! (savoirs partagés) ». Au-delà de la documentation des pièces exposées (reproductions de cartes, d'écrits et d'objets), le catalogue est un ouvrage théorique qui inclut une dizaine d'essais rédigés par d'éminents spécialistes. Des encadrés rédigés par Laurence Bobis, Directrice de la bibliothèque de l'Observatoire, permettront aussi de faire le point sur des questions biographiques, politiques ou scientifiques particulières.
Destiné au grand public, aux visiteurs de l'exposition et à un public initié, l'ouvrage s'inscrit dans le prolongement de l'exposition et vise à mettre en avant les valeurs d'innovation, d'universalisme et d'ouverture au monde défendue par les frères Humboldt. Brillants esprits, l'un scientifique, l'autre littéraire, leurs travaux font montre de leur profond humanisme ainsi que de leur vision d'une Europe unie, fondée sur le progrès du savoir.