À l'heure où l'on s'inquiète de l'avenir de la biodiversité, de nouvelles formes de vie éclosent chaque jour dans les laboratoires du monde globalisé. À mi-chemin entre le biologique et l'artificiel, les bio-objets sont les descendants des technologies in vitro qui ont permis de cultiver des cellules et des tissus vivants. Dotés d'une très grande plasticité, ils peuvent être congelés, modifiés, transplantés, transportés et échangés.
En quoi leur production croissante transforme notre rapport au vivant et à l'identité corporelle ? Quelles implications matérielles, économiques, sociales et culturelles sous-tendent leur prolifération ? À partir d'exemples tirés de la médecine reproductive, du génie génétique et d'une enquête menée auprès de chercheurs en bio-impression, ce livre fascinant analyse les imaginaires scientifiques, les pratiques et les espoirs mirobolants que soulève la production d'objets-vivants. Il rend visibles les ressorts épistémologiques, industriels et éthiques de ce qui est devenu une véritable économie de la promesse.
L'enjeu de cette étude originale est essentiel : les frontières entre vivant et non-vivant, sont de moins en moins opérantes pour comprendre un monde où la matière biologique est transformée en objet biotechnologique. Les frontières du corps humain et les barrières entre espèces, qu'on croyait immuables, deviennent malléables.
Une contribution passionnante à la réflexion sur la condition du vivant à l'ère de l'Anthropocène.
Sang, organes, cellules, tissus, embryons, etc. : le corps humain parcellisé est devenu la source d'une nouvelle plus-value. Dans la course mondialisée à l'innovation médicale, le vivant est soumis à trois opérations qui caractérisent ce qu'on appelle la bio économie : sa réduction au statut d'objet, grâce aux technologies de fragmentation du corps, le stockage des fragments grâce aux technologies de maintien du vivant in vitro, et leur commercialisation. Entre questionnement épistémologique et analyse sociologique, ce livre passionnant éclaire les enjeux économiques, politiques et éthiques de cette économie particulière. Ainsi s'attarde-t-il sur le recyclage des tissus humains (cordons ombilicaux, organes, etc.), en montrant que ce terme cache leur marchandisation. De même fait-il apparaître que derrière l'appel massif au don (sang, ovules, sperme) se développe une logique d'appropriation et de brevetage. La production de la vie elle-même, grâce à celle d'embryons et de cellules souches embryonnaires, nourrit une forme voilée d'exploitation du corps féminin. Et inévitablement, dans notre économie mondialisée, ce capital issu de la « valorisation » du corps parcellisé se nourrit des corps des plus démunis, avec la sous-traitance des essais cliniques vers les pays émergents, ou le tourisme médical. Une somme de découvertes en même temps qu'une réflexion éthique engagée.
Du structuralisme à la philosophie postmoderne de la déconstruction au systémisme, de claude lévi-strauss à jacques lacan, de gilles deleuze à jean-françois lyotard, une bonne part de la pensée européenne des cinquante dernières années a été souterrainement influencée par un ensemble de présupposés théoriques élaborés dans l'immédiat après-guerre avec ta naissance de la cybernétique.
Ce " paradigme cybernétique ", dont l'apparition est historiquement datée se fondait sur une toute nouvelle conception de l'humain et de la société en rupture avec l'héritage humaniste de la modernité. en général ignorée, ou passée sous silence, cette influence a profondément marqué le paysage intellectuel contemporain. c'est ce que l'auteur de ce livre, sociologue à l'université de montréal, met en évidence dans cet essai.
Il s'agit de reconstituer, avec précision, la généalogie d'un paradigme qui fut et demeure trés influent aussi bien sur le vieux continent qu outre-atlantique. a ce titre, le travail de céline lafontaine apparaît comme une contribution essentielle autant que neuve au débat contemporain. en replaçant dans son contexte historique l'apparition de ce qu'on appelle la postmociernité, cet essai surprendra sans doute.
C'est néanmoins un apport dont il sera désormais difficile de ne pas tenir compte, d'autant plus qu'il apporte un éclairage neuf sur l'imaginaire des technosciences.
En collaboration avec Daphné Esquivel Sada, Mathieu Noury et Sébastien Richard.
Après la révolution informatique et celle du génie génétique, nous voilà face à de nouveaux bouleversements technoscientifiques apportés par les nanotechnologies, soit par la conquête de l'infiniment petit.
Au-delà de leurs multiples applications réelles ou virtuelles, les nanotechnologies annoncent non seulement une nouvelle façon de concevoir et de manipuler la matière, mais aussi un nouveau mode d'organisation de la recherche et du rapport entre science, économie et société. Fondées sur un modèle interdisciplinaire, les nanotechnologies constituent en quelque sorte l'idéal type des technosciences contemporaines. Ainsi l'analyse sociologique du phénomène nano permet de dégager les enjeux sociaux, politiques et économiques du développement technoscientifique, mais aussi d'entrevoir les présupposés épistémologiques et les ressorts idéologiques qui le sous-tendent.
Glorifiées par leurs promoteurs, dénoncées par des groupes de citoyens et des militants écologistes, les nanotechnologies font désormais partie de notre paysage politique. Alors que s'amorce le débat public et que les questions s'amoncèlent au sujet des risques liés à la conquête de l'infiniment petit, très peu d'analyses sociologiques proposent un portrait d'ensemble du phénomène.
L'objectif de ce livre est précisément de présenter de manière synthétique les contours historiques, épistémologiques, politiques et économiques du phénomène nano, à partir du point de vue de vingt chercheurs de haut niveau oeuvrant dans ce domaine.
Faire reculer la mort, agir sur ces causes, en modifier les frontières, contrôler l'ensemble de ses paramètres, comprendre son processus afin de prolonger le plus longtemps possible la vie, voire dépasser les limites temporelles assignées à l'existence humaine, tels sont les objectifs poursuivis sans relâche par les autorités scientifiques et politiques, au point que la santé est devenue l'une des préoccupations majeures de nos sociétés. Repoussée dans la sphère intime, la mort se désocialise, entraînant de ce fait un effritement du lien social. La notion de « postmortalité » renvoie à ce nouveau rapport à la mort qui s'affirme aujourd'hui par la volonté affichée de vaincre techniquement celle-ci et, en quelque sorte, de « vivre sans vieillir ». C'est la description minutieuse de ce courant de pensée que propose le livre de Céline Lafontaine, dérangeant à bien des égards.
Poursuivant la réflexion amorcée dans L'Empire cybernétique, l'auteur élabore ici une synthèse critique des représentations et des pratiques liées à la postmortalité visant à ouvrir un champ de réflexion et de débat sur le statut de la mortalité dans notre société et ses conséquences pour l'avenir
Carnot, pêcheur, musicien, dont les souvenirs jaillissent, hachés, graves et précis, est l'un des derniers grands percussionnistes (tambourinaire, tambouyè) de la Guadeloupe.
Il raconte son vécu d'ouvrier agricole sur une habitation, sa vocation de musicien ; et dans une langue pleine de vie et de verve, il dialogue avec Marie-Céline Lafontaine, ethnologue guadeloupéenne passionnée, qui se consacre depuis plusieurs années à l'étude de la musique populaire de la Guadeloupe dans une relation de sympathie avec ceux qui en sont les acteurs, tel Carnot. Musicienne, Marie-Céline Lafontaine chante.
Elle chante la mémoire de son peuple. Voix mêlées. Voix qui ne veulent pas mourir. Petites marchandes de bonbons, la nuit, tambours, danseurs à la cadence impeccable, paroles, silence. Un document exceptionnel. Le premier de la Collection : Kàd yanm