Parce que l'oeuvre est - dans une certaine mesure - inaccessible, et parce que l'expérience est un processus complexe, la production artistique nous donne la possibilité de créer de l'expérience à notre tour. Avec l'expérience, il y a une performance de la perception et de la compréhension qui transforme le rapport à l'objet de l'expérience. Ce qui aura été objet de l'expérience va se transformer en objet de connaissance. Le propre de l'expérience est-il de nous mettre devant un point de non-sens qu'il faudrait s'approprier ?
- Catalogue de l'exposition éponyme qui se déroule à Topographie de l'art, Paris 3e, du 18 avril au 13 juin 2020. - Les oeuvres de 12 artistes : Carolle Benitha, Sophie Ristelhueber, Catherine Rebois, Corinne Vionnet, Gaëlle Choisne, Adam Magyar, Juliana Borinski, Oleg Dou, Katrien de Blauwer, Danila Tkachenko, Gabrielle Gobeaud Bianco et Julien Bernard - Ces artistes explorent et expérimentent les limites de la photographie, mais aussi le rapport spécifique au temps. Creusant la surface et travaillant l'idée même de ce qui fait image, ils vont nous introduire chacun, de par leurs différents regards, à la réalité d'un temps, celui qu'on dit photographique, dans sa densité et son épaisseur. Mais le temps existe-t-il ? Et s'il n'était composé que d'inexistence... Le temps va ici nous interpeller, dans toute son épaisseur.
La photographie nous met dans une distance forcée. Elle s'organise dans sa réalité temporelle et met en scène le monde ou son monde. C'est un moyen de connaissance et de re-connaissance. Elle devient oeuvre car l'expérience est un jour dépassée, mais elle reste bien expérience de soi au travers d'une subjectivité qui se confronte et se ré-invente face à une réalité.
Ne pas avoir un corps, comme un objet que l'on tiendrait à sa disposition et que l'on pourrait à loisir domestiquer, mais être un corps.
Et peut-être n'être que cela.
Et vivre avec, s'en débrouiller, traîner avec soi blessures et fatigues, expérimenter plaisirs et désenchantements.
Jouer, aussi, avec d'improbables gestuelles.
S'aventurer au bord de la jouissance.
Ainsi va le travail de Catherine Rebois autour du corps :
Sans cesse réactivé, sans cesse mis à la question,obsessionnel et cependant distancé.
Le corps comme unique objet et fondement de la pensée. [.] Extrait du texte de Dominique Baqué