Dans la défunte Yougoslavie comme dans la plupart des pays de l'ancien « bloc communiste », l'entrée dans la décennie 1990 fut une bifurcation historique majeure. Les nouveaux régimes en pleine mutation issus des premières élections pluralistes, en Europe de l'Est comme dans les républiques yougoslaves, devaient trouver leur place dans l'ordre mondial lui-même en recomposition. La crise yougoslave marque en Europe une transition d'une rare violence, d'une ère à une autre. Quelle mémoire, quelle compréhension en gardera-t-on ? Comment en sortir ? La stabilisation politique d'après-guerre dépend d'une certaine « vérité » historique et d'une capacité à reconstruire des solidarités socio-économiques. Sur tous ces plans, l'Union européenne élargie a et aura des responsabilités majeures. Voici plus de vingt-cinq ans que Catherine Samary sillonne la région pour en donner des clés de compréhension essentielles. Ce recueil regroupe des articles tels qu'ils ont été écrits au long de cette période d'éclatement de la fédération de 1991 à 2006, toujours à l'oeuvre aujourd'hui, avec leurs questionnements en temps réel... Ils ont en commun d'avoir cherché à mettre en évidence des interprétations du passé et du présent ouvertes sur d'autres possibles, rendant compte de points de vue et de résistances qui ont été étouffés au sein des sociétés concernées. Ce livre nous dit qu'il n'y a pas plus de fatalisme balkanique que d'impossibilité d'imaginer une autre Europe permettant à ses peuples de vivre mieux ensemble...
Tous les passés n'ont pas le même avenir, peut-on dire avec Daniel Bensaïd : Octobre 1917 ne se laissera pas facilement enterrer. Son immense legs, qu'il faut actualiser, est d'avoir « osé » mettre à l'ordre du jour la remise en cause de l'ordre existant - sans recettes, et non sans tragiques erreurs, en se confron- tant aux guerres et violences sociales des dominants, à l'échelle nationale et internationale. Or, cent ans plus tard, bien que l' « hypothèse communiste » semble écartée, bien des points communs nous rapprochent des enjeux d'Octobre.
L'hypothèse menchevique selon laquelle il fallait attendre d'un développement capitaliste les progrès sociaux et démocratique préparant l'avènement du socialisme n'est plus défendue par quiconque, la social-démocratie ayant préféré basculer vers l'ordre néo-libéral. Le capitalisme s'est à nouveau mon- dialisé d'une façon encore plus organique que jamais rendant impensable la « construction du socia- lisme dans un seul pays » - même si toutes les résistances doivent trouver un fort ancrage national. Une « troisième guerre mondiale » - sociale, et désastreuses pour l'environnement - se déploie depuis les années 1980, excluant tout choix démocratique, comme l'avait exprimé le slogan de Margaret Thatcher TINA « There Is No Alternative ».
Le mouvement de résistance né notamment au Chiapas et organisé depuis les années 1990 dans de multiples réseaux contre cette nouvelle mondialisation a pu espérer « changer le monde sans prendre le pouvoir ». Et il existe de multiples combats pour « fissurer » le capitalisme : des réseaux s'emparant des logiciels libres à ceux reliant les « villes rebelles ; des résistances impulsées par Via Campesina, à la Commune. On a aussi vu le retour de réponses étatistes ou « populistes de gauche » ainsi que l'appel de Hugo Chavez à penser un « socialisme du XXI e siècle ».
Ni renvoi dos à dos des pouvoirs nationalistes, ni condamnation exclusive du nationalisme serbe, ce livre analyse le partage dyssémétrique des responsabilités - y compris internationales face a la crise et à la guerre. Comment appliquer le droit à l'autodétermination sur un espace ethniquement mélangé ? Peut-il trouver d'autres issues que la suprématie territoriale ? L'auteur analyse ces vraies questions de démocratie sous-jacentes à la crise yougoslave.
L'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, sur ordre de Vladimir Poutine en février 2022, constitue un événement politique majeur. Elle pose des questions cruciales concernant la capacité des peuples à s'opposer aux guerres, aux régimes autoritaires et aux impérialismes. Dans ce livre, des chercheur.se.s spécialistes des transformations de l'Ukraine, de la Russie et de l'Europe de l'Est, engagé.e.s dans les combats altermondialistes, expliquent les histoires locales et globales, les nouvelles dynamiques économiques, sociales et géopolitiques, les résistances populaires qui éclairent les débats en cours et explicitent leurs enjeux.
Avec des contributions de Karine Clément, Denys Gorbach, Hanna Perekhoda, Catherine Samary et Tony Wood.