A travers "les rêveurs", à la fois acteurs, personnages & fantômes, Christophe Pellet propose des incarnations sensibles d'êtres à la lisière de leur existence. Levant les masques sociaux et la barrière séparant le masculin du féminin, il met en balance deux mondes : la représentation, le monde d'autrefois, celui que l'on reconstitue sur les scènes de théâtre, où l'on ne fait que jouer un rôle assigné par la société ; celui de la présence, à soi et au monde, où s'opère une fusion avec son identité, en perpétuelle révolution et non imposée.
Processus vital dont il rend compte de manière performative à travers la création de "rôles" non genrés, non assignés. Ce nouvel opus est un appel poétique à la révolution des corps contre la binarité et le patriarcat. S'entrelacent aussi des thématiques qui parcourent toute son oeuvre : les réseaux sociaux ou toiles d'araignées qui emprisonnent l'image et vident l'être de sa substance vitale, la prolifération des écrans (surfaces de projection et destruction de l'intime) dans le monde contemporain, l'anéantissement de l'amour dans un monde traversé par l'inauthenticité des échanges et des représentations, et la difficulté à cerner la nature de son propre désir dans une société hétéronormée.
L'écriture poétique et cinématographique de Christophe Pellet revient sans cesse sur les questions les plus intimes ? qu'est-ce que l'amour ? le couple ? la sexualité ? Mêlant audacieusement théâtre, poésie et même cosmogonie, l'auteur explore dans «Aphrodisia» comment le mythe de l'amour peut survivre à nos sociétés contemporaines, à travers quatre figures, Yo, Nimrod, Klea, Kaspar, prises à différents stades de leur évolution.
Dans un pays d'Europe de l'Est ravagé par une guerre qui s'achève à peine, Dimitri, un garçon de huit ans grandit seul. Mira, sa mère, est partie travailler en France tandis que Sandor, son père, continue à faire la guerre dans un pays voisin. Livré à lui-même, l'enfant rêve la nuit de rejoindre les êtres qui lui manquent sur son skate. À l'école, sa copine Flora dessine des animaux sauvages et tient à le dessiner en renard, mais Dimitri préfère les loups. Un jour, Flora cède et le maquille. Alors, Dimitri se transforme en un véritable petit loup et s'enfuit dans la forêt... Pourquoi les parents sont-ils partis à l'étranger ? N'aimaient-ils plus leur enfant ? Ou les conditions de vie s'étaient-elles trop dégradées ? Et pour quelles raisons ? Ce texte poignant sur l'abandon et l'imagination, refuge de l'enfance, tente une réponse.
Composée en 1932, interdite dès 1933, comme nombre d'oeuvres d'Odon von Horvath, "Foi, amour et espérance" semble avoir été écrite pour notre temps. Dans l'Allemagne déchirée de l'entre-deux guerres, Elisabeth tente de survivre. Elle veut vendre, à l'avance, son corps à la science. Elle va se heurter à l'âpre domination des puissants et connaîtra la prison. C'est ce qu'Odön von Horvath désignait comme «la petite danse de mort» d'Elisabeth.
Plus encore que l'écriture, la femme Marguerite Duras est devenue le personnage central de la représentation. Corps de l'écrivain et corps de l'écriture, indissociables. Ce corps-là, trouble, en constante mutation, en recherche, dans le flou, le vide, les creux, les trous et le Rien, ce corps représenté dans toute sa perte, questionne aujourd'hui encore notre propre vécu, nos gouffres intérieurs, notre intimité. Un théâtre des voix : nul autre intermédiaire que cette voix, celle de l'auteur, devenue pensée, état sensible du corps tout entier. Elle nous dit que rien, jamais, n'est accessible, que seuls le Tout du monde, la Nature, le climat, nous sont donnés. Tout le reste - l'être au coeur de cette nature, de ce climat, l'être face à la mer - n'est que béance, supposition, doute.
Le théâtre de Marguerite Duras part de l'être humain et des sensations par lui éprouvées : alors, cet être humain devient personnage et avec lui seulement, et dans un second temps, survient la fable. Mais cet être humain initial, c'est déjà de la littérature, du théâtre et du cinéma : aucune histoire toute faite, aucune péripétie ne primeront jamais sur cet être-là.
Tennessee Williams - comme F. Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway, Truman Capote et Carson Mac Cullers - est devenu un écrivain mythique. Une tradition américaine, avec sa part de gloire et de destruction, et son parfum de vie mondaine. Cet essai revient sur les origines de ce mythe et sa dégradation progressive jusqu'au drame final. Il donne quelques pistes pour la lecture de l'ouvre : son style particulier, profondément poétique et éloigné de tout réalisme, et ses thèmes récurrents, obsessionnels (avec de nombreux extraits traduits en français de textes encore inédits en Europe). La vie de Tennessee Williams est aussi largement abordée, indissociable de l'ouvre : chez Tennessee, vie privée et écriture sont intimement mêlées. Une vie chaotique avec toutes ses complexités. Je souhaite surtout que le lecteur ressente combien il en a coûté à Tennessee Williams d'être lui-même dans cet envoûtant parcours de vie et d'écriture ; le processus même de la création avec son pendant obscur : la destruction.
Dans la première partie (Encore une année pour rien), nous nous trouvons dans une petite ville au bord de l'océan. Julien et Norman ont plusieurs problèmes en commun : les femmes, les hommes et les rides. Le travail aussi. Mais ce qui les caractérise est surtout cette absence d'engagement : ce reniement de la passion, qu'elle soit grande ou petite, cette absence de nécessité (de devoir survivre) qui les rend impassibles, indifférents à eux-mêmes et à l'autre.
Changement de décor dans la deuxième partie. C'est une capitale européenne qui donne le ton. Et ça commence à faire mal. Julien a perdu Clarisse, elle est avec Jim. Il boit de la bière et a les pieds sur terre. Jim et Clarisse ne peuvent faire un bon couple et Julien un bon célibataire non plus. Nathalie veut un enfant et Julien fait l'affaire. En revanche, Nathalie réussit son parcours de bistrotière. Gérante puis propriétaire, elle est une femme moderne qui ne sait pas encore quel sera le prix à payer. Un pauvre jeune homme commet un meurtre mais c'est Julien qui s'en sent coupable. Et va donc en prison.
Plusieurs années plus tard, dans la troisième partie, nous nous retrouvons dans la petite ville au bord de l'océan. Clarisse et Nathalie vivent ensemble. Clarisse s'occupe de Nils, fils de Nathalie et de Julien. Et Nathalie gagne l'argent. Elle a ouvert des clubs pour lesbiennes qui rapportent beaucoup. La santé de Nils n'est peut-être pas des meilleures mais les deux femmes se sont façonné une « vie moderne », loin des contraintes de jadis, où chacune semble trouver son compte. Jusqu'au moment où Julien sort de prison.
Christophe Pellet est un fin observateur de l'évolution des moeurs : l'amour, semble-t-il, a changé de nature et plus rien ne marche comme avant. Son écriture fait ressortir la dramaturgie, les couleurs et les images du cinéma. Si, à ses débuts, le septième art a su tirer profit du théâtre, le théâtre semble maintenant avoir besoin du cinéma pour trouver une langue qui corresponde à la dramaturgie « universelle » du spectateur.
«Un doux reniement»et«Le garçon avec les cheveux dans les yeux»racontent la disparition d'un être aimé tout entier fait de mystère et de fragilité.«La conférence»est un long monologue à la verve bernhardienne.
Cela avait été une histoire plutôt libre avec Lucie.
Une histoire d'amour ? Qui a jamais su ce qu'était une histoire d'amour ? Tous ces écrits, tous ces films, ne diront jamais que tout et rien en même temps. Une histoire de frontière ? Il se souvint de Lucie au bord de la mer du Nord :
« Tu vois Paul, là-bas, cette petite barrière de bois au milieu des dunes ? C'est la frontière entre la Belgique et la France.
- Tu te mets d'un côté et moi de l'autre. Moi en France, toi en Belgique.
- Cela veut dire une frontière entre toi et moi Paul ? »
Les Disparitions nous projettent dans un monde futur où les écrans, qui jusque-là faisaient partie de la vie quotidienne, ont disparu. Un autre rapport à l'autre peut alors s'engager, rapport au corps de l'autre - rapport sexuel ou bien amoureux. Une spontanéité semble de nouveau possible, un investissement des corps et des âmes, un discours amoureux reprend cours. Mais la prise de conscience du corps souffrant aboutira-telle à une révolte politique ? Et pourquoi pas, à une véritable révolution ? Christophe Pellet nous renvoie à notre époque : il envisage le commerce amoureux comme un trafic pouvant jouer le jeu du pouvoir, par le désengagement, la perte de soi, avec ses rejets, ses idolâtries, ses viols. Il dénonce l'agitation commune autour d'une lumière chimique, qui éblouit et empêche toute réflexion.
Entre douceur des êtres et rudesse de la vie, De passage, endormi relate la rencontre d'un groupe de jeunes gens dans une ville européenne. La quête de l'amant se raconte au fil des scènes, tout comme la quête de cette ville inconnue.
Thomas Blanguernon, dont nous avons fait la connaissance dans La Conférence, est de retour. Son amie Mireille et lui écrivent leur amitié au gré de leurs errances entre Paris et Berlin. Thomas a soif d absolu, dans ce monde qui en manque à tant d égards. De notre corps ne resteront que des cendres, voilà la certitude ultime qui coupe court à toute discussion. Mireille tempère les excès de son ami et donne à voir ce héros sous un nouveau jour. Comment retenir un ami ? Peut-on revenir en arrière et réécrire le fil de l histoire ? Dans ce très beau texte, Christophe Pellet raconte une amitié, une déchirure, au beau milieu de la faillite des entreprises et d une génération perdue. Il nous donne à lire le doute qui s insinue dans les individus touchés par la crise, car il n y a pas de plan de relance pour les plus vulnérables d entre eux. Christophe Pellet est l auteur d une quinzaine de pièces, éditées chez L Arche. Il a reçu différents prix parmi lesquels, en juin 2009, le Grand Prix de littérature dramatique pour La Conférence créée et interprétée par Stanislas Nordey en janvier 2011, au Théâtre du Rond-Point (Paris).
Vous êtes ensemble comment ? Une maladie mortelle ordinaire. Le caviste accepte la carte de crédit. Les dealers n'acceptent que du cash.
Au cours d'une projection à la Cinémathèque française, Anne est envoûtée par une image, celle d'un jeune acteur américain des années quarante.
Elle commence une enquête sur lui, une enquête qui couvrira toute une partie du vingtième siècle : de la chasse aux sorcières maccarthiste aux États-Unis à la chute du Mur de Berlin et à l'ouverture des archives de la STASI. Deux hommes parcourent cette enquête : l'obscur acteur Richard Hart, et le célèbre et engagé Bertolt Brecht. Tous deux vécurent au même moment, dans la même ville ; l'un traverse avec intensité la première moitié du siècle, l'autre, l'acteur dont l'image cinématographique nous a laissé les traces, se dissout en lui.
Les personnages se bousculent dans cette grande fresque comme des passants dans une gare. Le théâtre de l'histoire devient une salle des pas perdus. Il y a ceux, comme Brecht, qui ne se laisseront jamais manipuler, qui avancent droit devant eux, même s'ils se trompent. Et ceux, tel Hart, qui trahissent sans bien savoir pourquoi, agis par d'autres.
Mais Hart ne se réduit pas à cela. C'est aussi une image fascinante sur un écran. Voilà, après celle de la place de l'individu dans l'Histoire, l'autre grande question de Loin de Corpus Christi : comment expliquer la fascination qu'exercent sur nous les images et leur beauté ? Cela va d'un portrait de la Renaissance exposé au Louvre aux jeux vidéo d'aujourd'hui.
Christophe Pellet explore, dans ce nouveau texte vivifiant, son monde contemplatif : tel un patient, il en décrit au plus près les effets, les symptômes sur son corps et dans son âme. Il convoque Sade, Hugo, Pessoa, Bachelard, et confronte contemplation et action, qui sont indissociables de sa pratique d'écrivain : si oeuvre il y a, elle n'existe que par le désoeuvrement, désoeuvrement fondamental dont elle est née. La contemplation devient alors, dans ce retrait hors du « vivre ensemble », une force revendicatrice. Et subversive.
Pour une contemplation subversive est suivi de Notes pour un cinéma contemplatif et subversif, dans lesquelles Christophe Pellet interroge le cinéma comme discipline contemplative, une discipline qu'il affectionne et pratique en tant que réalisateur.
Extrait :
« Lorsque j'écris, je me compromets, je me commets et je révèle mes bas instincts. Il me faut nourrir mon écriture de mes désirs, mes déceptions, mes joies, de ce que je suis profondément. Rechercher la beauté, l'harmonie et l'élévation sans jamais perdre de vue la laideur, la discorde et la bassesse. Mais avant cela, il me faut à la fois faire le vide et être pleinement moi-même : alors je contemple le réel qui s'impose à moi. Je contemple : mon âme s'en va et mon corps est rendu à la matière. Ma contemplation s'efface : je redeviens un homme dépendant des lois, un homme dont l'âme ne se satisfait pas de ces lois. Alors, pour trouver ma place (être hors la loi ?), j'écris. »
C'est la fin de l'été. L'été des 16 ans. Flavien rappelle Clément, mais son téléphone sonne dans le vide. Pourquoi ne décroche-t-il pas ? Seule, sa soeur Josefina sait le faire apparaître en écoutant sa musique sur son téléphone avec le renard des neiges. Et elle voit dans sa chambre les lucioles briller, promesse d'un lendemain apaisé. Reste au garage un scooter bon pour la casse, et un forfait de portable à résilier. Que faire des souvenirs trop pesants ? Entre jour et nuit, rêve et réalité, Christophe Pellet ouvre un espace poétique où la disparition n'est jamais définitive. Accompagnée des dessins de Mirion Malle, cette fable onirique enlace avec tendresse le chagrin et raconte ce qui nous rattache aux absents, en acceptant de les laisser partir.
Opale est le monde des forêts. Le Clergé de la Lumière y fait régner un pouvoir assis sur la puissance des Pierres Magiques. Mais Darko est celui qui doit réaliser la Prophétie et faire revenir les Titans pour libérer les Cinq Royaumes... Aidé du barde Urfold, de la jolie jongleuse Sleilo et du monstrueux Ghorg, Darko est plongé dans une aventure où se joue le destin d'un monde... Une grande saga vivante, de la pure fantasy !
Avec son oncle, le vieux troubadour Urfold, et sa soeur la belle Sleïlo, Darko est un fugitif traqué par les Forces de la Lumière. Pourtant, c'est au coeur même des territoires sous la coupe des prêtres de la Lumière que Darko va tenter de s'emparer du grimoire de son ancêtre, Cohars l'Hérétique. Il faut qu'il parvienne à pénétrer dans la fabuleuse bibliothèque du Havre. Seul le savoir contenu dans le vieux grimoire pourra lui permettre de renverser la terrible dictature que les prêtres imposent aux cinq royaumes... Grande aventure, action, magie et humour, pour une histoire au graphisme extraordinaire, dans la grande tradition de la Fantasy classique. Les nouvelles couleurs sont éblouissantes : le tome 1 sera recolorisé à la sortie du tome 2.
Une grande saga vivante par le scénariste de Lanfeust ! De la pure fantasy ! Opale, le monde des forêts. Darko est l'élu de la prophétie, il est celui qui doit renverser les prêtres de la lumière et rétablir la justice. Accompagné de son oncle, le vieux baladin Urfold, de sa soeur, Sleilo, et de la très belle guerrière Tara, il fuit le Pontife Xarchias, juste après lui avoir dérobé le précieux grimoire, qui lui permettra de développer ses pouvoirs...
DARKO POURRA-T-IL DÉLIVRER LES CINQ ROYAUMES SANS L'AIDE DES TITANS?Darko est l'élu de la prophétie, celui qui doit libérer le monde de l'emprise maléfique des prêtres de la lumière et du nécroment Kamphre D'Yrkhone.Il devait retrouver les titans, mais ceux-ci sont morts et son ancètre Cohars a basculé, victime de la puissance d'une pierre noire.Pourtant, Sleilo semble parvenir à contrôler la puissance de cette pierre.
Toute la puissance de la prophétie de Cohars va se révéler dans cet album particulièrement spectaculaire qui voit le grand accomplissement du destin de Darko.Les démons ne cessent de surgir du Havre de la Lumière et s'infiltrent partout dans les Cinq Royaumes. Le puissant sorcier Kamphre lui-même ne peut endiguer le flot continu. Darko, Tara, Urfold et Sleilo entraînent les peuples des forêts à éradiquer ces démons, mais c'est au Havre que se trouve la porte à refermer. Darko décide de tout tenter, alors que Kamphre invoque le plus puissant des démons des cercles inférieurs...