Un beau matin, sans crier gare, Gaspard, le Cher Ami Chat de Thomas, se surprend en train de parler. Il parle en prose, et même en vers. On aurait pour moins la tête à l'envers. En lisant l'histoire absolument vraie du chat-parleur au terrible secret, on verra comment le noble Gaspard parvint à surmonter cet étrange avatar. Chat-malin, chat-poète, et génie des matous, modèle des amis, modèle des époux, Gaspard le beau parleur gardera-t-il son secret jusqu'au bout?
Invités par le général Dourakine à passer une semaine de vacances, M. et Mme Petit-Minet laissent les Enfants à la Maison à la garde du grand-père, bien trop occupé à dormir pour veiller sur eux. Mais voici qu'un vent de folie se met à souffler dans leur tête. Hermine, Jules, Éric et Jacques vont-ils démonter la maison tout entière ? Elle va devenir un véritable champ de bataille, jusqu'au jour où les objets décident de se révolter...
Claude Roy expliquait qu'il n'écrivait pas pour les enfants mais avec eux et par eux. D'ailleurs, il a commencé à écrire pour lui, quand il était petit alors qu'il s'ennuyait parce qu'on l'envoyait trop tôt au lit. Il s'inventait des histoires, des chansons, des poésies. Plus tard il a continué pour ses propres enfants, tous les enfants, «et pour l'enfant qui (j'espère) est en chacun de nous».
«Les premiers textes littéraires de Claude Roy sont des poèmes, que publient Pierre Seghers dans Poésie 40, et Max-Pol Fouchet dans Fontaine. C'est à Alger, en 1942, que paraîtra son premier livre, les poèmes de L'Enfance de l'Art. Cependant, après Un seul poème, en 1954, Claude Roy, sans cesser d'écrire des poèmes, cessera (en apparence) d'en publier. L'apparence ici est, encore une fois, trompeuse. L'oeuvre de Claude Roy, et la conception qu'il se fait de la poésie, rejoint à la limite celle de Cocteau intitulant Poésie tous ses livres, et les répartissant en Poésie de roman, Poésie de théâtre, Poésie de critique. La poésie de poèmes réunie dans ce recueil embrasse des poèmes écrits pour la plupart entre 1939 et 1953. Entre la drôle de guerre et la fin de la guerre froide. Si on préfère des références littéraires, entre la publication du Crève-coeur et la mort de Paul Éluard. Si on veut des références sociales, entre la Résistance et la mort de Staline.» Pierre Gaidais et Jacques Roubaud.
«À la lisière du temps : cette phrase est un défi à la raison. Bien que nous ne sachions pas si le temps a eu un commencement et s'il aura une fin, nous savons qu'il n'est pas un terrain ni un bois, une étendue où l'on distinguerait un ici d'un là-bas. Le temps n'a pas de côtés. Certes, il possède un avant, un après et un maintenant, mais nul ne peut se situer à la droite du 5 octobre 1843, ni à la gauche de cet instant même. Pourtant, devant le sourire de réprobation du professeur de philosophie, Claude Roy hausse les épaules et s'enfonce dans les corridors du temps. Ils sont transparents et interminables. Claude Roy marche lentement, les yeux entrouverts, lucide et somnambule ; il va par un chemin sinueux fait de tournants et de bifurcations, de raidillons et de pentes, de tours et de retours. Profusion de répétitions et de réitérations, d'espaces blancs et en friche, de places fermées et de murs qui sont des miroirs illusoires où se reflètent des figures non moins illusoires. Ces figures ont l'intensité des images qui peuplent le rêve, de même que leur fragilité. Elles apparaissent, disparaissent, réapparaissent, se transforment, s'illuminent, s'évanouissent en brume. Cristallisations de temps, elles durent ce que dure un battement de paupières, elles sont d'ici et de là-bas, elles vivent dans le temps présent et dans un autre temps qui s'écoule, dans un là-bas qui ne se trouve nulle part, je veux dire : ici même.» Octavio Paz.
«Un après-midi, couché dans l'herbe, je me suis trouvé nez à nez avec une sauterelle verte. On se connaît, m'a-t-elle dit. Nous avons déjà été présentés : tu avais dix ans. J'écrivis dans ma tête un bref haïku sur cette double rencontre. Je ne savais pas qu'elle allait me conduire peu à peu à écrire une épopée cosmogonique et philosophique en douze chants et en vers, sur le modèle (inconscient) du De natura rerum de Lucrèce, et dans la postérité (vite consciente) de la Petite cosmogonie portative de Raymond Queneau. Les conseils scientifiques, les critiques et les encouragements littéraires de celui-ci me furent infiniment précieux. Sais-tu si nous sommes encore loin de la mer ? tisse en un seul poème trois fils. L'histoire d'une planète où les eaux, en se retirant, ont donné vie à la vie. L'histoire personnelle d'un homme, dérisoire gouttelette détachée de la mer du temps avant de retourner s'y confondre. Et - sous forme d'une sorte d'accompagnement choral - l'histoire des paroles que l'humanité a chantées dans le noir, des questions qu'elle a posées dans le soleil, et des suppositions qu'elle a formées, à tout hasard et grande nécessité.» Claude Roy.
Dans son livre, Claude Roy trace le plus vivant et complet des portraits de son ami. « Le temps, écrit-il, a limé, aiguisé, le long visage qui avait déjà une finesse de sabre. Le profil est celui d'un grand oiseau majestueux et malicieux. Avec les années nous aurons vu Balthus nous présenter beaucoup de personnages variés sous le nom de Balthus. Nous l'avons vu, comme le diable se fait ermite, se faire terrien terré dans le vaste terrier du château-ferme de Chassy, être le signor conte et le seigneur-directeur de la Villa Médicis ; un dandy à la Baudelaire et un séducteur sous dix apparences. Vêtu de la robe austère d'un monastère japonais zen, nous l'avons connu abbé un peu empereur nippon. Balthus est tour à tour le magicien qui ourdit les mises en scène de l'imaginaire, le portraitiste qui dans le même temps s'efface en s'identifiant à ses modèles mais s'observe en train de s'effacer, le complice des rêveries de l'enfance et le poète aigu des jeunes plaisirs et des corps désirables. Il est enfin le contemplateur de la nature, ouvert aux rythmes de la terre, des eaux et de l'air. »
Les trois chèvres, Le gros cheval, L'oiseau futé : voici un florilège de poésies en forme de comptines qui font désormais partie du répertoire des écoliers et que l'on ne se lasse pas de redécouvrir.
Sa poésie est fervente et lumineuse.
Attentif à la marche du monde, Claude Roy chante l'amour, l'amitié, l'enfance, la vie. " Mon petit chat, mon gros minet, mon doux mouton, mon chatounet ", disait la mère à son bébé dans l'excès des diminutifs. Il ne faut pas trop s'étonner : enfant d'un amour excessif le petit se mit à miauler et la maman à ronronner.
Il a été désiré si fort, sa naissance est tellement extraordinaire, que tante Céline l'a baptisé Désiré Bienvenu. C'est un chat malin comme un singe, gai comme un pinson, amical comme un chien et délicat comme un chat. Mais les chats qui font le tout du monde en compagnie d'une vieille demoiselle, ça ne court pas les routes. Que dire alors d'un chat lauréat du prix Nobel de la pais ? L'histoire de Désiré est décidément étonnante. Un héros formidable pour un conte tendre et merveilleux, où l'on retrouve toute la fantaisie d'un grand auteur.
C'est sur le Pont des Arts, la plus légère passerelle de la Seine, que Charles Rivière fait la rencontre d'un passé perdu et retrouve la femme qu'il a aimée depuis l'enfance. Mais qu'a-t-il cherché d'autre toute sa vie, sinon à jeter avec son art, la musique, un pont sur lequel traverser le fleuve du temps ?Des années plus tard, Louise a disparu. Un après-midi, dans un jardin d'été, elle est pourtant là. Elle lui parle. Il lui parle, lui sourit, presse sa main. Ce n'est pas une revenante et si quelqu'un est revenu, c'est lui. Mais où est-il revenu ? Est-ce la réalisation de ce rêve qu'il a formé toute sa vie, à l'accomplissement duquel il a consacré son oeuvre de musicien - ce rêve qui n'était peut-être pas un rêve ?
Le Chariot de terre cuite est une pièce attribuée au légendaire roi-poète indien Çudraka. Écrite et représentée aux environs du VII? ou du VIII? siècle, «siècle d'or» de l'Inde de Gupta, elle reprend un thème qui court à travers toute la littérature indienne : celui de la prostituée au coeur pur, arrachée par l'amour au commerce de la courtisane. Les personnages et les situations se retrouvent pour la plupart dans les contes, romans ou épopées indiens, du pilier de tripots au voleur professionnel, du poète parasite au prince insolent. En un mélange hardi des genres et des tons, dan l'esprit du théâtre élisabéthain, Le Chariot marie la prose et le vers, la philosophie savante et le propos de rue, l'amour courtois et la trivialité grotesque, la préciosité et l'argot, la farce et le tragique. Travail érudit et oeuvre de poète, la version française de Claude Roy, tout en suivant scrupuleusement le dialogue, les caractères et le découpage de l'original sanskrit, éclaire et enrichit le texte de Çudraka par des emprunts organiques aux oeuvres des romanciers, des poètes et des dramaturges de son temps. Plus qu'une traduction, mieux qu'une adaptation, cette version est une restitution. Elle rend enfin aux lecteurs et à la scène française un chef-d'oeuvre universel, un grand classique millénaire, mais étonnamment moderne.
«Au début de 1982, je fus menacé de me voir retiré mon permis de séjour sur la terre», écrit Claude Roy. Ce qui l'a amené à se demander si l'homme est capable de regarder la vérité en face. Et pas seulement à l'occasion d'une maladie. Le croyant inquiet qui se force à croire, le fanatique politique, l'amant qui ne veut pas voir qu'il n'est plus aimé, telles sont les mille stratégies ambiguës de l'homme, animal menteur qui a reçu la grâce, ou la malédiction, de pouvoir se mentir à lui-même.
«Tous les deux ou trois ans je verse sur la grande table le contenu des dossiers accumulés : pages de journal, carnets de voyage, portraits, poèmes à l'état naissant, textes inédits, articles édités, notes et croque-notes, coupures, etc. Je trie, je flaire, je hume, je cisaille, j'élimine, jette au feu.Cette fois-ci, j'ai épinglé quelques idées attrapées au vol, huit ou dix souvenirs qui valent qu'on s'en souvienne et quelques esquisses que j'ai envie de terminer.J'ai gardé encore quelques hypothèses sur le monde comme il ne va pas, quelques observations sur mon chat qui va où il veut, quelques notes de lecture sur des livres que j'aime et aimerais faire aimer, des odeurs de forêt en automne, des plongées dans mon espace du dedans et quelques passages à la surface agitée de cette planète. J'ai parsemé le tout de quelques cailloux blancs pris dans mes carnets, ces minimes que je trouverais prétentieux d'appeler des maximes. Et voilà le livre de bord 1992-1993 : un vieux Persan des années 1300 m'a donné le titre.»Claude Roy.
L'autre fut de passage sur terre il y a environ mille ans (1037-1101). L'un est de passage ici, actuellement. Il regarde en ce moment une vanesse, aux ailes décorées d'un subtil motif oriental. Le papillon bat des ailes sur le bord de la fenêtre à tabatière du grenier où l'on écrit et rêvasse. Que veut dire actuellement pour une vanesse, le temps d'un battement d'ailes ? Qu'est-ce que cela veut dire pour l'un ? Qu'est-ce que cela voulait dire pour l'autre ? Quand l'un, l'actuel, dit que l'autre est son ami, qu'est-ce que cela peut signifier ? Déjà l'amitié pour celui qui est là, qu'on peut regarder, écouter, toucher, sentir, ce n'est pas si facile à comprendre. Quant à l'amitié pour une trace, la sympathie pour une ombre, le plaisir pris à la présence d'un absent, est-ce un sentiment raisonnable ? Claude Roy.
«Est-il possible de prendre une vue d'ensemble de la naissance et du développement de ces activités humaines qui n'ont aucune fonction immédiatement vitale, qui ne concourent ni à la nutrition, ni à la reproduction de l'espèce, qui s'accomplissent dans une matière façonnée par l'homme, sous forme d'objets mobiliers, ou de monuments et de peintures immobiliers, dont l'utilité n'apparâit jamais immédiate, et qui éveillent autant de sentiments vagues que d'incertitudes de l'esprit : les arts plastiques ? Une hache, un grattoir ou une herminette nous disent ce que font les hommes pour chasser, se nourrir, se vêtir, se chauffer, se déplacer, etc. Une statue, une peinture ou un mégalithe nous disent ce que font les hommes, une fois nourris, vêtus, chauffés, etc. Pourquoi ? Peut-être : pour supporter d'être hommes ? Les castors font des barrages, les écureuils et les hamsters des provisions, les insectes des maisons. Mais l'homme, en plus, invente des règles et des jeux, s'invente des règles du jeu. Ce qui est défendu - les lois, les interdits, les morales - et ce qui fait plaisir - les arts - nous définissent parmi les autres êtres vivants. Décider que ceci est mal, estimer que ceci est beau, voilà, plus que le rire, le propre de l'homme.»Claude Roy.
«Est-il possible de prendre une vue d'ensemble de la naissance et du développement de ces activités humaines qui n'ont aucune fonction immédiatement vitale, qui ne concourent ni à la nutrition, ni à la reproduction de l'espèce, qui s'accomplissent dans une matière façonnée par l'homme, sous forme d'objets mobiliers, ou de monuments et de peintures immobiliers, dont l'utilité n'apparâit jamais immédiate, et qui éveillent autant de sentiments vagues que d'incertitudes de l'esprit : les arts plastiques ? Une hache, un grattoir ou une herminette nous disent ce que font les hommes pour chasser, se nourrir, se vêtir, se chauffer, se déplacer, etc. Une statue, une peinture ou un mégalithe nous disent ce que font les hommes, une fois nourris, vêtus, chauffés, etc. Pourquoi ? Peut-être : pour supporter d'être hommes ? Les castors font des barrages, les écureuils et les hamsters des provisions, les insectes des maisons. Mais l'homme, en plus, invente des règles et des jeux, s'invente des règles du jeu. Ce qui est défendu - les lois, les interdits, les morales - et ce qui fait plaisir - les arts - nous définissent parmi les autres êtres vivants. Décider que ceci est mal, estimer que ceci est beau, voilà, plus que le rire, le propre de l'homme.»Claude Roy.
Journaliste, critique, romancier, essayiste, grand voyageur, Claude Roy est un témoin de son temps à l'oeil vif et au coeur chaud. Ses Mémoires, qu'il intitule Moi je, font revivre l'avant-guerre, la guerre et l'occupation. C'est l'anatomie d'une époque, sous tous ses aspects : politique, moral, littéraire, aventureux. C'est aussi une éblouissante galerie de portraits : Gide, Giraudoux, et tant d'autres, sans oublier, bien sûr, l'auteur, dans tous ses âges.
«Quand il revint, Anna n'était plus là, ni sa valise. Elle avait laissé un mot : Je t'expliquerai un jour. Merci de tout. Love. Anna. Il descendit en courant au bureau de l'hôtel. Il y avait un train pour Paris à 18 h 36. Il était 18 h 34. Quand il arriva à la gare, le train était parti. Il ne revit jamais Anna.»
«Petit Poucet ayant passé la limite d'âge, j'avais tout de même laissé des tas de petits cailloux sur la route. Revenant sur mes pas, je les ai ramassés, j'ai essayé de les trier, de garder seulement les blancs, ou les noirs d'un beau noir, pas les gris. J'ai donné à mon éditeur ce bouquet de chemins en forme de cailloux, ces miettes de temps, tour à tour couverts, variables ou éclaircis. L'objet est gracieux, oblong, 10 x 19, et les couleurs subtiles de la couverture ont été dérobées à Paul Klee, larcin dont je m'accuse mais que je ne regrette pas.» Claude Roy.
Permis de séjour se terminait «bien». La fleur du temps reprend le fil des jours de Claude Roy là où le précédent journal l'avait suspendu. Quel usage l'écrivain a-t-il fait de sa prolongation de visa ? Il a continué à porter sur la vie un regard qui rend artificielle la distinction entre journal intime et choses vues, entre «vie intérieure» et «vues sur l'extérieur». Qu'il raconte un merveilleux voyage au Japon ou un nouveau et banal séjour à l'hôpital, qu'il analyse avec finesse les plaisirs de la nature, son travail de poète ou les expériences de la douleur, qu'il relate une promenade en forêt d'Île-de-France ou une flânerie sur le Bosphore, c'est toujours cet alliage rare d'une perspicacité compatissante et d'un humour bleu de nuit.
Le vent qui vole et vaLe vent commence des phrases ne sait pas les finirIl retombe Il réfléchit dans le silenceIl essaie de retrouver sa trace là où son souffles'élança Il prend une grande respiration fraîcheet recommence à galoper en s'ébrouant comme dans l'eauPuis il retourne au calme lent et se repose sans rien direLe vent va le vent vient Le vent souffle et se taitIl voudrait bien dormir mais n'y arrive pasLe vent est très vivant beau vent qui volequi vole et vole et va qui court aux quatre vents(Extrait de Lumière du couchant.)
New York, un été des années 50. Près de Queensboro Bridge et des quais, Léone règne nonchalamment sur une république précaire de personnes déplacées. Le plaisir de vivre avec Léone leur fait oublier le mal du pays. Douce et secrète, peut-être indifférente, se donnant aisément mais se livrant peu, Léone ne demande rien à personne. Jusqu'au jour où Pierre survient...