En 1969, traversant la Sierra Parima, où les conquistadors de jadis situaient la cité d'Eldorado, une photographe découvre les Yanomami, semi-nomades, chasseurs et agriculteurs sur brûlis, vivant en communautés dispersées dans la forêt tropicale humide d'Amérique du Sud. Elle les place au centre de son art, expérimente, tend son miroir à leur forêt, à leurs rêves. Puis les prédations, la violence, les épidémies surgissent. Ses clichés s'emplissent de fumée, alertent du mal que les Blancs font à cette terre ancestrale. Guidée par une petite communauté, elle laisse le monde des Blancs. Ensemble ils remontent à la source des fleuves. Là où tout se réinvente, vers la flamme où brûle l'essentiel.
Paliki sait-elle que la première expédition en forêt amazonienne d'où elle veut ramener des photos des Yanomami changera pour toujours sa vie ? En commençant par « voler » leur image, elle comprendra peu à peu qu'ils ont plus à lui apprendre et à lui donner que cet échange fugace, cadré dans le viseur d'un appareil photographique. Elle délaisse bientôt ses boîtiers pour aller vers eux, apprendre leur langue, leurs croyances, leur mode de vie, se fondre en eux et partager leur quotidien. Avant de choisir définitivement de rester avec eux, elle alertera le monde sur ce qu'il faut bien appeler la destruction massive d'une communauté humaine ainsi que celle de la forêt où ils vivent.
Vers la flamme, roman d'une intensité rare, nous parle de tout ce qui nous menace aujourd'hui et que nous voyons se produire sous nos yeux : la destruction de la forêt amazonienne, la relégation forcée des peuples qui l'habitent, la course au profit au détriment de l'harmonie des cultures, et surtout, la dégradation de notre rapport à la nature, entraînant l'inexorable destruction de la Terre.
À bord d'un grand voilier, un homme laisse derrière lui le ciel gris et bas de Belgique, les paparazzis, les salles de concert enfumées. Sur les îles Marquises, il veut devenir un autre et retrouver le paradis perdu de l'enfance. Mais il reste toujours le plus grand : Jacques Brel.
Roman biographique et onirique, Mourir n'est pas de mise redonne vie avec grâce et émotion aux quatre dernières années mythiques de Jacques Brel, entre grandes fêtes, vie solitaire, compositions, échappées sur mer ou dans les airs. Des années de beauté, de gravité, d'une vie réinventée, tel un conte merveilleux et cruel.
À Tibhirine, en 1938, des moines français s'installent dans un monastère perdu des contreforts de l'Atlas algérien. Les récoltes de leurs jardins sont généreuses et ils partagent avec leurs voisins les fruits qui s'y épanouissent - jusqu'à ce que les blessures béantes de l'Algérie ruinent cette harmonie.
Dans son deuxième roman, David Hennebelle revient sur la vie et la mort des moines de Tibhirine au cours de la décennie noire des années 1990. Il raconte avec grâce le quotidien ardent de ces chrétiens venus accomplir leur quête d'absolu en pays musulman. Des années d'engagement et de dévotion célébrées dans une ode aux paradis perdus, une peinture lumineuse bientôt noircie par l'aveuglement des hommes.
Par leur longévité - plus de quarante ans -, par le nombre des concerts - entre un et trois par semaine en moyenne -, par le faste des moyens humains et financiers et par la diversité des lieux qui les accueillirent (Versailles, Marly, Fontainebleau, Compiègne.), les concerts de la reine Marie Leszczynska furent incontestablement l'une des plus importantes structures permanentes de concerts de l'Europe du xviiie siècle.
Inscrits dans la continuité des concerts d'appartement institués sous le règne de Louis XIV, les concerts de la Reine programmèrent essentiellement des actes d'opéra exécutés indépendamment de la scène lyrique. Si le choix de mettre une oeuvre au programme des concerts de la Reine peut s'interpréter comme une démarche d'ordre artistique ou esthétique mettant en mouvement des acteurs multiples et conduisant à promouvoir un goût musical spécifique, on ne doit cependant jamais perdre de vue qu'il s'agissait d'abord d'un acte dont la portée était clairement d'ordre symbolique et politique. En ce sens, ces manifestations constituèrent un creuset totalement singulier dans le monde du concert au siècle des Lumières, creuset où l'affirmation d'une tradition nationale se conjugua avec l'émergence du concept nouveau de musique classique.
"Le génie est un astre sans partage et sans bonheur. C'est cela qui effraye la multitude qu'il n'habite pas. Lui n'était que musique. Il ne connaissait pas de musique gaie. Composer était à chaque fois plus nécessaire. C'était comme un tropplein qui se vidait, comme un barrage qui cédait. Après, il se sentait mieux. Il contemplait ses notes encore humides sur le papier." Paris, août 1767. Une intoxication aux amanites phalloïdes referme prématurément l'existence de l'un des plus grands musiciens de la France des Lumières. Fiction historique, Les Partitions Absolues remplissent librement les blancs d'une destinée aujourd'hui méconnue et mal connue : celle de Johan Schobert.
Le siècle des Lumières fut passionnément celui de la musique. Avec des motivations et des aptitudes diverses, des aristocrates fortunés protégeaient des musiciens, entretenaient des orchestres privés, acceptaient des dédicaces, contribuaient à élargir le marché de la musique ou affirmaient leur goût musical en remplissant leurs bibliothèques de partitions ou en se livrant eux-mêmes fréquemment à la pratique musicale.
Dans les salons, les galeries, les jardins, les théâtres, les musiciens et leurs protecteurs, les oeuvres et les instruments participaient tous de cet âge d'or du patronage musical aristocratique où la passion n'était jamais loin du calcul, où le faste côtoyait le précaire, où le neuf ne périmait pas l'ancien.
Auschwitz - Birkenau, été 1942. Dans l'antre monstrueux de la mort industrielle, des musiciens sont recrutés pour former un orchestre. La musique devient alors l'ornement du génocide : elle rythme la marche des déportés, s'invite pour les concerts du dimanche et s'offre aux dignitaires du camp lors de séances privées. À ces hommes qui la servent, elle accorde un sursis. Et quand l'orchestre des hommes de Birkenau se tait enfin, c'est dans la conscience meurtrie des survivants qu'elle prolonge sa résonance.