Entre cimetière et décharge municipale, au pied du mont Ararat, parmi les damnés de l'histoire, une allégorie époustouflante de l'Arménie d'aujourd'hui - ou de la condition humaine de toujours ? Quelque part entre Shakespeare, Beckett et Hrabal, une voix puissante, lyrique, théâtrale, iconoclaste pour un premier roman politique aux allures de sombre farce existentielle.
Aujourd'hui, l'Arménie donne l'impression de tout faire à l'envers, d'agir visiblement à l'encontre du bon sens, des urgences nationales et de ses intérêts. Quand il faut consolider, elle fragilise ; quand il faut croître en nombre, elle décourage les naissances ; quand il faut s'appuyer sur les cerveaux, elle les oblige à fuir ; quand il faut ouvrir le pays aux investisseurs, elle produit de la méfiance ; quand il faut libérer les consciences, elle les plonge dans l'obscurantisme ; quand il faut épanouir, elle infantilise ; quand il faut donner du travail, elle le vend ; quand il faut rendre la justice, elle crée de l'impunité ; quand il faut défendre le pays, elle assassine ses défenseurs ; quand il faut promouvoir la vérité, elle ment ; quand il faut sauver, elle tue... Et ainsi de suite. On n'en finirait pas de faire l'inventaire des noeuds dans lesquels trois présidents ont durement enserré les citoyens depuis l'indépendance du pays.
Ces contributions évoquent les ondes de chocs aux résonances multiples provoquées par la déflagration génocidaire de 1915. Le pluralisme des interventions permet des ouvertures, des percées inhabituelles, des rapprochements culturels. C'est moins l'austérité de l'histoire qui est ici convoquée qu'une quête de sens opérant dans toutes les directions possibles de l'esprit.