La fatigue de l'être humain a bien des couleurs. Il en est de légères et de lourdes, de printanières et d'hivernales. Quelles sont celles de notre époque, anxiogène comme peu, où crises sanitaires et politiques s'enchaînent sans désemparer ? Point besoin d'être grand clerc pour constater qu'elles sont plus volontiers mauvaises que bonnes. Parce que rien n'est plus fatigant qu'une angoisse, plus défatigant qu'une joie, et que joies se font rares.
Mais Eric Fiat nous invite à ne pas désespérer de vivre aussi de bonnes fatigues. Le philosophe nous montre qu'il n'est pas impossible à un homme fatigué un mardi après-midi pluvieux de novembre d'aimer encore la vie. Et entonne une ode à la fatigue pleine de musique et d'humour : qui compose avec elle plutôt qu'il ne lutte contre elle pourrait-il s'en faire une amie ? Car la fatigue a une puissance de décantation qui peut révéler la beauté des visages que le temps a altérés.
Ce masque à la place de traits singuliers, cette bave qui lui venait aux lèvres, ce besoin d'affection bruyant qu'elle manifestait souvent, cette insigne maladresse : tout cela rebutait Yvonne plus que le général, et sa foi ne l'aidait pas comme elle aurait dû... Lorsque Charles et Yvonne se recueillirent devant sa tombe, il lui prit la main, se pencha sur elle et lui dit : « Vous voyez Yvonne, maintenant elle est comme tout le monde. » L'amour et le respect que portait le général de Gaulle à sa fille trisomique : une histoire, parmi tant d'autres que traite ici l'auteur, qui nous parle de misère, de respect et du sacré présent en tout être humain.Tous les hommes sont-ils dignes de la qualité d'être humain ?La dignité est-elle inaliénable ?Peut-on la perdre sous la pression de ce que nous subissons ?Est-elle affaire de circonstances, de génétique, de condition ?
Tous les hommes sont-ils dignes ? Ou seulement les meilleurs d'entre eux ? La dignité est-elle intrinsèque à la personne humaine ou peut-elle se perdre sous l'effet des conduites ou des situations ? Tous les hommes doivent-ils être respectés ?
A toutes ces questions, ce livre tente de répondre au travers de galeries de portraits de personnages réels ou imaginaires. Plus qu'une valeur universelle, la dignité est aujourd'hui une façon de vivre.
Comment redonner vie à ces deux notions, dont la désuétude fait penser à Baudelaire :
Vois se pencher les défuntes années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées, mais qui de ce fait méritent quelque égard, tant elles occupèrent les philosophes du passé ? Faut-il choisir entre le dualiste, qui s'écrit « j'ai un corps » et affirme la séparabilité de l'âme et du corps, et le moniste qui dit leur inséparabilité, et s'écrit :
« je suis mon corps » ?
Nous proposerons qu'entre le dualisme et le monisme il soit urgent de ne pas choisir, et que le corps se situe à la limite de l'être et de l'avoir - limite toujours mouvante, tant il est vrai qu'il est des moments du jour où il nous semble que nous avons un corps, et d'autres où il nous semble que nous sommes notre corps.
Car le corps en bonne santé, oubliable et silencieux, n'est pas le corps souffrant, inoubliable et auquel on est comme assigné.
Car le corps regardé n'est pas le même que celui qui ne l'est pas. De sorte qu'il ne faudrait pas prendre ce qui phénoménologiquement apparaît pour des réalités ontologiques !
Inspiré par les traditions aristotélicienne et chrétienne, cet essai se voudrait une contribution à une anthropologie résolument philosophique, et au fond une méditation sur la pensée de Pascal selon laquelle « l'homme n'est ni ange ni bête », ayant entre angélisme et bestialité « ses allées et venues ».
"Peut-on soigner sans aimer? Et aussi: peut-on aimer sans soigner? Bientôt surgit une foule de questions secondaires: Aimer, mais qu'est-ce qu'aimer? Qui aime-t-on? Une personne, un être, un objet de soin, le soin lui-même? Et qui est cette personne qui s'investit dans le soin, ou dans l'amour, ou dans le soin par amour, ou encore dans l'amour par le soin? Enfin, qu'est-ce que l'amour au juste? Un sentiment simple, humain, trop humain, ou une soif de l'absolu, de la transcendance, animant quelqu'un qui trouve dans le soin l'occasion de s'adonner à l'être, de rechercher l'extrême bien, d'approcher Dieu en somme?" Pour tenter de répondre à ces questions, Michel Geoffroy et Eric Fiat ont sollicité Jérôme Alric, Dominique Blet, Anne-Laure Boch, David Le Breton, Pierre Morel, Denis Oriot et Elisabeth Quignard qui ont contribué à cet ouvrage.
L'évolution des technologies a toujours soulevé des questions sociales et politiques majeures dans les sociétés.
Aujourd'hui, leur omniprésence et l'accélération de leur développement provoquent un bouleversement dans la construction et les fonctionnements de la subjectivité, les flux informationnels et sensoriels continus semblant ébranler les repères stables et les limites tangibles organisant l'espace et dans le temps.
En est-il cependant de même dans toutes les cultures ?
Il est peu contestable que les technologies contemporaines semblent déborder les individus ; que l'omniprésence d'images sur les écrans paraisse entraver la construction du sens, l'intelligibilité, jusqu'à empêcher les hommes de comprendre ce qu'ils font et le monde dans lequel ils vivent : que tout cela puisse induire en effet un déclin, voire un effacement des limites, avec effets majeurs sur la subjectivité, sur la personnalité contemporaine.
Pourquoi ? Parce que l'intériorité, l'espace intérieur, le for intérieur, ne sont pas donnés à l'homme avec la vie. Il faut qu'ils se construisent. Et cette construction n'est possible qu'à partir des dialectiques de la veille et du sommeil, du bruit et du calme, du visible et de l'invisible, du montré et du secret, de l'extime et de l'intime, du dehors et du dedans, du public et du privé, du collectif et du solitaire. Les nouvelles technologies ne tendent-elles pas à rendre difficiles ces dialectiques, puisqu'organisant un monde où l'espace du sommeil, du calme, de l'invisible, du secret, de l'intime, de la solitude se réduirait comme peau de chagrin ?
Parce qu'elle est à la fois morale (la vertu de réserve) et érotique (« elle fait le charme de l'amour comme le prix des abandons », disait Louise de Vilmorin), la pudeur est sans doute la plus troublante des vertus.
Deux philosophes s'emploient ici à en faire l'éloge, et pour cela sont conduits à s'interroger sur le sexe des anges et la vie amoureuse de Kant.
Valeur désuète et même ringarde ? Loin de là : véritable piment du désir, infiniment plus charmante que ses soeurs la pruderie, la décence, la honte et l'escartefiguerie, la pudeur est sans doute le sentiment le plus propre à l'homme, être fragile oscillant à jamais entre l'ange et la bête.