Au soir d'une vie consacrée à l'exploration de l'âme humaine, Freud affirme que ceux qu'il désigne comme « animaux supérieurs », qui ont notamment connu une période de dépendance dans l'enfance, ont le même appareil psychique que l'homme. Cette affirmation est rendue possible grâce à une conception du psychisme plus profonde que celles qui lient inconscient et langage. Elle fait appel à l'histoire de l'évolution et pense une commune condition des êtres vivants, nés et mortels. Si Freud extrapole sa thèse de l'inconscient, du moi et du surmoi aux animaux supérieurs, ce n'est donc en rien par anthropomorphisme. Il s'agit plutôt d'un constat, désormais étayé par l'éthologie et la psychiatrie vétérinaire, qui décrivent des conflits intérieurs et traitent de psychopathologies.
Par-delà la pleine reconnaissance d'une vie consciente, la prise en compte de l'inconscient des animaux renouvelle notre compréhension philosophique du psychisme, aussi bien humain que non-humain.
Le code civil dispose de seulement deux catégories : celle des personnes et celle des choses. En janvier 2015, l'Assemblé nationale reconnaît l'animal comme un « être vivant doué de sensibilité ». Malgré cette modification, les animaux font toujours partie de la catégorie juridique des choses. Légalement, ces êtres existent pour servir l'humain, et non de manière intrinsèque. L'animal, comme l'esclave de la Rome antique, appartient à son maître. Il est « le bien d'un autre ». Face à la division entre les personnes et les choses qui gouverne le droit, quelle est la stratégie des défenseurs des droits des animaux ? Quel type de droits réclament-ils et sur quels fondements ? En deux courts essais, Florence Burgat montre comment la notion de « personne » permet de faire évoluer le statut juridique des animaux, vers un plus grand respect. Nul besoin de ressembler à un humain adulte autonome et responsable pour être juridiquement une personne.
La cause animale est un sujet d'actualité qui oppose deux visions pour lesquelles le statut et le droit des animaux sont très différents.
Cet ouvrage fait un état des lieux sur l'élevage, les expérimentations, la pêche, la chasse, la vente d'animaux, les zoos, le trafic d'animaux... et précise les moyens mis en oeuvre ou à mettre en oeuvre pour améliorer la condition animale. L'auteure compare la législation et les pratiques française en matière de droit des animaux avec l'Europe et l'internationale.
La révision bienvenue et nécessaire de l'anthropocentrisme se paye aujourd'hui d'une tendance à la confusion et à l'indistinction. Ce règne de l'indistinction franchit avec les plantes aimantes et souffrantes une limite que rien n'autorise à franchir. Les plantes ne souffrent pas ; la souffrance est une expérience vécue par un corps propre. Et elles ne meurent qu'en un sens très relatif. Théophraste, déjà, remarque qu'un « olivier qui avait été un jour complètement brûlé reprit vie tout entier, corps d'arbre et frondaison ». Or, mourir en un sens relatif n'est pas mourir, car la mort est la fin absolue et irréversible de tous les possibles. Un animal, ou un humain, est soit vivant soit mort.
L'inépuisable variété des plantes, la beauté de la moindre fleur sauvage au bord des routes, la magie de ce qui sourd d'une graine sèche, offrent l'image d'une vie tranquille, une vie qui ne meurt pas. Cette vie qui ne meurt que pour renaître est le contraire d'une tragédie.
Éblouis par les découvertes sur la communication chez les végétaux, nous avons tendance à tout penser sur le même plan. Florence Burgat propose une phénoménologie de la vie végétale qui met au jour la différence radicale entre ce mode d'être et le vivre animal et humain.
Mais qui est-il réellement, cet être qui partage ma vie ? Ce livre explore la vie commune avec un être, le chat, qui nous demeure pourtant inconnu, dont on se demande souvent : comment pense-t-il ? Il est composé de six brefs chapitres, portant chacun sur un thème (la vie en commun avec le chat, les rituels du chat, la communication, l'amitié, l'amour et la cruauté du jeu avec la souris), introduit par une citation choisie de grand auteur. Florence Burgat y mêle des réflexions théoriques, non doctorales, à des séquences vécues qui feront écho avec l'expérience de tous.
Pour les Occidentaux, l'Inde est le pays des vaches sacrées. Les bovins doivent donc y être respectés. Pourtant, ce pays est devenu, en 2012, le premier exportateur de viande bovine. Ce paradoxe invite à revoir une image quelque peu naïve de la façon dont on traite les animaux au pays de la non-violence, et les relations que l'Inde entretien avec le végétarisme, la non-violence, et la question du sacrifice.
Pourquoi mangeons-nous de la viande ? L'être humain a-t-il toujours été carnivore et est-il voué à le rester ? C'est à ces questions apparemment simples que Florence Burgat entreprend de répondre dans un ouvrage appelé à faire date : il s'agit d'une véritable somme sur la question de l'« humanité carnivore ».
Florence Burgat montre qu'on ne saurait se contenter de répondre, avec un haussement d'épaules, « parce que c'est bon » : la chair humaine est réputée aussi avoir bon goût, ce qui n'empêche pas l'anthropophagie de faire l'objet d'un interdit très largement répandu (mais lui-même non universel). Et il existe dans l'histoire et la préhistoire différents modes d'alimentation d'où la viande est absente ou marginale. Il faut interroger les mythes et les rituels, les soubassements anthropologiques de la consommation de viande - y compris un certain goût pour la cruauté, l'idée même de la mise à mort, du démembrement et de la consommation d'êtres vivants, par où l'humain éprouve sa supériorité sur les animaux. La découverte d'un principe d'équivalence au coeur de la logique sacrificielle (la substitution d'un végétal à une victime animale ou humaine) est ce sur quoi Florence Burgat prend finalement appui pour proposer une voie de sortie originale et montrer comment les viandes végétales et in vitro pourraient se substituer aux viandes animales que l'humanité a pris l'habitude de manger.
Dans notre vie quotidienne, nous côtoyons à tout moment les animaux. Non seulement, des chats ou des chiens partagent nos maisons, mais nous croisons, tout au long de nos journées, des poules, des lapins, des vaches, des rats, etc., de façon souvent très discrète : ces animaux se trouvent dans nos assiettes, bien sûr, mais aussi dans les vêtements et les chaussures que nous portons ou derrière les produits de beauté et les médicaments que nous utilisons.
Pourtant, nous refusons souvent d'admettre qu'il a fallu tuer, interrompre une vie individuée et désireuse de se poursuivre, pour pouvoir bénéficier de ces « produits finis ». En effet, la mise à mort est parfois insoupçonnable et contre-intuitive - comment deviner la présence de gélatine de porc dans un sorbet ou dans des bonbons ? - ou bien elle n'est pas visible car elle ne représente « qu' » une étape dans le processus de fabrication, comme c'est le cas pour toutes les substances testées sur les animaux.
À travers l'étude de gestes qui peuvent apparaître insignifiants - écraser le moucheron qui passe devant nos yeux, par exemple - ou de pratiques à bien plus grande échelle, comme l'élevage industriel et l'expérimentation animale, l'auteur nous pousse à nous questionner : que nous apprennent ces pratiques ? Sont-elles justifiables ? Pourquoi la reconnaissance du caractère sensible des animaux provoque-t-elle aujourd'hui de tels débats ?
Il faut modifier radicalement notre façon de parler des animaux et reconnaître l'évidence de la condition animale, ne plus penser uniquement par rapport à l'être humain ou par rapport à la nature.
Pour cela, l'auteur propose un parcours critique à travers les philosophies qui ont pensé l'animal.
Fl. Burgat montre comment l'existentialisme (Sartre et Levinas notamment), plus encore peut-être que la philosophie classique, a liquidé et interdit la question de l'animal. Elle explicite ces positions en développant le thème de l'organisme, non plus en tant que machine mais organisation, et démontre que le sens biologique est autre chose que l'ensemble des parties d'un animal, et qu'il fonde cette conscience animale dans l'angoisse dont les animaux sont atteints.
Elle questionne la condition animale, et s'interroge sur la subjectivité des animaux, mettant en évidence leur pensée, leur résistance, avant d'attaquer les traitements inhumains et indifférents qui leur sont souvent réservés, dont elle dénonce l'idéologie sous-jacente. Enfin, avec l'évidence de la pratique de l'art chez les animaux, l'auteur propose une réflexion sur le symbolique et sur la capacité à symboliser, montrant, pour conclure, que les animaux sont « sujets d'une vie ».
Une invitation à dépasser le cadre de la compassion pour fonder notre changement d'attitude sur la base d'une phénoménologie de l'existence animale, ce qui a des conséquences également sur notre façon d'appréhender la vie humaine.
Dire qu'un animal se comporte à l'égard de ce qui l'entoure qu'est-ce à dire ? Le comportement est constitué par un type de manifestations qui n'appartient qu'à certains vivants ; il forme un flux continu et spontané qu'une étude segmentée détruit nécessairement.
Pourtant, ce sont de brèves séquences comportementales isolées au laboratoire que l'on choisit d'étudier. Mais a-t-on encore affaire à un comportement ? Ne l'a-t-on pas ainsi réduit à l'un des éléments qui le composent : les mécanismes physiologiques, le programme génétique, les opérations cognitives, etc. ? Qu'est-ce qu'un animal empêché de se comporter, qui est-il ? On doit alors s'interroger sur les raisons de la prédominance des études de laboratoire et sur les bénéfices qui peuvent être tirés d'une telle production de connaissances.
Car ces méthodes décident notamment des conditions de vie de millions de mammifères et d'oiseaux destinés à la consommation. A l'opposé de cette perspective réductionniste, le comportement est compris par les approches phénoménologiques comme l'expression d'une liberté, une relation dialectique avec le milieu. Celles-ci imposent du même coup des conditions d'observation en milieu naturel. Comment, dès lors, élaborer une éthologie plus juste, tant du point de vue de la compréhension du comportement que de celui des besoins, au sens large, des animaux placés sous la domination de l'homme ?
Florence Burgat, philosophe, travaille actuellement au Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France. Les hommes entretiennent des relations contradictoires avec les animaux. D'un côté, ils les exploitent, les manipulent et les massacrent. D'un autre, ils se laissent volontiers parasiter, polluer, voire dominer par leurs animaux domestiques. Ils n'ont pas trouvé la bonne distance. Dans cet essai philosophique, Florence Burgat analyse comment, depuis l'Âge classique, l'homme a voulu se définir contre l'animal, comment il a recherché sa différence spécifique dans la non-animalité. S'arrogeant les facultés nobles - la conscience, la pensée, le goût esthétique, le sentiment moral - il en a privé l'animal. Il pouvait ainsi disposer à sa guise de cet être dépourvu de dignité. En contrepartie, l'homme a dû refouler sa propre animalité; notamment sa sexualité, ce qui a fait la fortune des psychanalystes. Florence Burgat ne se contente pas de ce constat négatif. Elle ouvre des perspectives. Elle poursuit la voie tracée par Jean-Jacques Rousseau suivant laquelle l'homme, comme l'animal, est un être sensible, donc qui souffre. Et elle esquisse une nouvelle morale sur cette base.
Les systèmes productivistes ont engendré une profonde mutation des conditions de vie des animaux : enfermement, augmentation de la taille du troupeau, réduction de la surface au sol et rupture précoce des liens sociaux. Ce qui caractérise avant tout l'animal, à savoir d'être vivant et sensible, n'a pas pour autant disparu. Comment dès lors escamoter la question de la légitimité des traitements auxquels il est soumis en élevage industriel ? Cet ouvrage collectif fait le point sur les conceptions de l'animal qui sous-tendent un tel système et explore la nature des recherches conduites au titre du bien-être animal. Il apporte en outre un éclairage sur les principales questions juridiques, éthiques et philosophiques qui entourent le statut des animaux.
La question de l'animal occupe une place singulière dans la philosophie occidentale moderne.
L'animal y est certes présent, mais à un titre bien particulier. Il désigne l'être privé de tous les attributs qui sont censés caractériser l'humain : l'âme, la raison, la conscience, le langage, le monde... Cette approche privative a notamment conduit à une lecture mécaniste de la vie animale. S'opposant à cette conception, les approches phénoménologiques ont ruiné les fondements philosophiques du mécanisme, mais aussi du vitalisme.
C'est en effet en partant de l'animal comme " corporéité animée ", et en considérant son comportement comme la manifestation de la vie en lui - d'une vie qui n'est ni l'arrière-plan ni la cause des phénomènes vitaux - qu'un tout autre regard s'est mis en place. La reconnaissance de la liberté et de l'inquiétude, du fait du mouvement spontané, de la perception et de l'émotion, distingue la vie animale de la vie végétale, et permet d'y voir l'émergence d'une condition existentielle.
Qu'est-ce que le droit animalier ? Ce corpus de textes et de décisions de justice concernant les animaux dans le droit positif, par conséquent distinct de la notion philosophique de droits des animaux, est éclairé par les sources qui ont contribué à son édification. Ses enjeux philosophiques, touchant entre autres à la spécificité de l'animal, au droit naturel, à la relation entre devoirs et droits, d'une part, et ses enjeux réflexifs sur le Droit en général, d'autre part, occupent la première partie. Les deux autres parties du livres s'attachent à une analyse détaillée des textes comme des décisions de justice selon les deux axes, opposés, qui nourrissent le droit animalier : un droit contre les animaux et un droit pour les animaux. L'examen du droit animalier révèle une profonde hostilité de l'homme à l'égard des animaux, aujourd'hui de plus en plus clairement remise en cause. Au-delà des aspects strictement juridiques, une contribution à l'anthropologie se dessine dans l'examen de la condition que le droit réserve aux animaux.