Lire Au pied du Sinaï (1898), paru trois mois après le « J'accuse » de Zola, c'est découvrir un Clemenceau insoupçonné : non le redoutable tribun radical, ni même le brillant éditorialiste de L'Aurore, mais un écrivain, tour à tour ethnologue et conteur, satirique et fraternel, parti à la rencontre du monde juif.
C'est aussi s'aviser qu'avant même de s'engager dans la cause dreyfusarde, « le Tigre » entendait répliquer à l'antisémitisme effréné de son temps, en peignant des types humains attachants - de l'opulent baron Moïse au miséreux Schlomé le batailleur - et des cohortes pathétiques de Juifs galiciens, pauvres parmi les pauvres.
C'est mesurer enfin la prégnance troublante, au tournant du siècle, de représentations ambiguës et de préjugés raciaux jusque sous la plume d'un ardent humaniste.
Une introduction de Philippe Zard, professeur de littérature comparée, replace ces récits dans le contexte de l'époque.
Ce livre est le témoignage humain, exceptionnel, de l'extraordinaire amitié entre un homme d'état et un peintre de génie, entretenu par une éblouissante correspondance. Entre Clemenceau et Monet, c'est une quête commune de la lumière, à travers l'oeil de Monet et son pinceau, qui règle leur vie et le besoin qu'ils ont l'un de l'autre (" Peignez, peignez toujours, jusqu'à ce que la toile en crève. Mes yeux ont besoin de votre couleur et mon coeur est heureux "), jusqu'à ce que la vieillesse et la cécité conduisent le peintre à s'accrocher à Clemenceau et à son énergie comme à une planche de salut. Son Claude Monet est à la fois l'hommage personnel que sa piété amicale a voulu rendre à l'artiste qui lui avait procuré tant de joie esthétique et au novateur dont l'exemple lui semblait devoir être conservé. C'est à l'instigation de Clemenceau que Monet offrira ses célèbres Nymphéas à la France. Clemenceau est souvent venu rendre visite à l'artiste de Giverny. Cet essai biographique raconte l'amitié entre deux caractères d'exception.
Le 28 septembre 1865, le steamer l'Etna arrive en baie de New York en provenance de Liverpool. Débarque au Pier 44 un jeune médecin français de vingt-quatre ans, Georges Clemenceau, sans objectif précis. Il restera finalement aux Etats-Unis quatre années, durant lesquelles il est « notre correspondant aux Etats Unis », pour le journal Le Temps. Les 100 articles que publie alors Clemenceau ont été jugés si remarquables par les Américains qu'ils sont, en 1928, pour soixante-quatorze d'entre eux, traduits en anglais et publiés. American Reconstruction 1865-1870 and the impeachment of President Johnson devient immédiatement une référence et le reste jusque aujourd'hui.
Tirés des archives pour la première fois, ces 100 articles de Clemenceau sont rassemblés et mis à la disposition des lecteurs, en français - leur langue d'origine - et dans leur entièreté. Ils sont introduits par Bruce Ackerman et présentés par Patrick Weil et Thomas Macé et montrent qu'en se confrontant à la démocratie et à la politique américaine Clemenceau pensa une politique qui eut un grand impact sur le cours de la démocratie en France.
Clemenceau mourut le 23 novembre 1929, après avoir achevé son ultime ouvrage qui parut quelques mois plus tard. Grandeurs et misères d'une victoire n'est pas seulement un texte de circonstance répondant aux attaques dont le « Tigre » avait fait l'objet pour son action durant la Grande Guerre. Il s'agit à la fois des mémoires et du testament politique d'un prodigieux lutteur, d'une réflexion informée et passionnée sur le drame de la guerre et de la paix, sur la profondeur de l'engagement et la solitude du pouvoir. C'est dire, en cette année de commémoration de Verdun, que ce livre vibre d'une intensité saisissante.
Le testament du « Tigre ».
« Avec un bel éclat, les deux discours qu'on va lire donnent à connaître, ramassé, le débat où s'affrontèrent, en un moment décisif, le camp des partisans de la colonisation et celui de ses adversaires : par les grandes voix de deux orateurs essentiels. La résonance de l'une sur l'autre démonstration était destinée, nous le savons maintenant, à évoluer en profondeur dans la suite des temps. Un demi-siècle plus tard, vers l'époque de l'exposition coloniale de 1931, apogée d'un grand dessein, Jules Ferry aurait rallié à ses thèses la majorité des Français, les générations qui avaient assimilé, sur les bancs de l'école, en face des cartes suspendues à côté du tableau noir et portant la couleur rose de nos emprises planétaires, la fierté que leur pays pouvait en tirer. Mais cent ans après, une fois qu'aurait soufflé le grand vent de la décolonisation, Clemenceau apparaîtrait, au contraire, comme celui dont la lucidité avait porté la conscience prémonitoire de l'illégitimité d'une domination de notre peuple sur d'autres qui n'en pouvaient mais...»
La baie de Rio de Janeiro.
« Une entrée triomphale dans cette mer intérieure cerclée de hautes montagnes, hérissée de rochers en bataille, égayée de plages riantes, fleurie d'îles mystérieuses, mêlant à l'ombre claire des hautes frondaisons tous les éblouissements du ciel et de la mer dans les voluptés du soleil. À quatre heures, je suis sur le pont. Brouillard, petite pluie fine, nous ne verrons rien du tout. Des pointes de rochers émergent tout à coup des vapeurs qui, brusquement, les dérobent à nos yeux. Nous naviguons dans un nuage. Deux forts, Sao Joao et Santa Cruz, gardent l'entrée pour la bonne théorie. Dans une des dernières révolutions, ils échangèrent des coups de canon pendant tout un mois avec le fort voisin de Villegagnon, sous les yeux des habitants de Rio qui venaient se ranger aux quais pour juger les coups. Ils sont en crise de paix à cette heure.
Plus loin, on nous signale la blanche silhouette du Minas Geraës, le formidable dreadnought qui depuis. mais n'anticipons pas. Puis ce sont les affreux clochetons de pâtisserie gothique dont l'empereur dom Pedro II crut devoir surmonter le plus ridicule palais dont jamais petite île fût déshonorée. »
Au soir de sa vie, retiré des affaires publiques, Georges Clemenceau éprouve le besoin de se confier. C'est à son ancien secrétaire, le romancier Jean Martet, fidèle parmi les fidèles, qu'il choisit de raconter ses souvenirs. Cinquante années de combats politiques, du Second Empire aux lendemains du traité de Versailles, de sa jeunesse étudiante dans le Paris des années 1860 aux secousses de la Première Guerre mondiale. Il en résulte un dialogue savoureux, publié pour la première fois à partir de 1929 - juste après la mort du grand homme.
Ces propos de Clemenceau fourmillent d'aperçus foudroyants sur le passé et l'actualité, de portraits terribles et cocasses. Gambetta, Poincaré, Foch, Briand, Jaurès sont, parmi beaucoup d'autres, la cible de ses boutades et de ses coups de griffe. La Grèce, l'Inde, la Chine portent ses rêves.
Le Tigre apparaît ici dans toute sa vérité. Sa culture est multiforme. Sa vision de l'humanité, à la fois sombre et enjouée, son scepticisme, sa gouaille, son humour font de ce dialogue une oeuvre vivante comme au premier jour.
La Grande Guerre fut, pour Georges Clemenceau, l'occasion d'écrire certains de ses articles et de ses discours les plus importants.
Mieux qu'aucun autre, il sut utiliser le verbe pour soutenir le moral des Français et les mener à la victoire. Lire aujourd'hui ces textes remarquables, écrits dans le feu de l'action "sur le vif" pour reprendre le titre de l'un des journaux les plus populaires de 14-18, c'est faire un voyage étonnant dans le passé, c'est découvrir la Première Guerre mondiale à travers les yeux de l'un de ses principaux acteurs : Georges Clemenceau.
Démosthène, naît dans une famille athénienne riche et commerçante, est l'un des plus grands orateurs attiques. Cicéron le considère comme le premier des orateurs grecs. La dénonciation du danger macédonien constitue la clef de l'oeuvre politique de Démosthène, dénonce avec vigueur les travers du système démocratique athénien. Il accuse les « politiques » d'asservir le peuple à leurs desseins, alors qu'auparavant le peuple lui-même était maître de son destin. Il se rapproche des démocrates modérés, et parfois, il se place parmi les radicaux en dénonçant l'égoïsme des riches Athéniens qui refusent d'armer des trières et des troupes. Démosthène répondit à la guerre par la guerre parce que la soumission à la force brutale ne peut donner qu'une paix d'avilissement.
Vous travaillez dans la confiance et dans la joie, c'est tout ce que je demande, d'abord parce que cela ne pourra qu'embellir votre vie, et parce que fous ferez sûrement des chefs-d'oeuvre de chefs-d'oeuvre. Je n'ai jamais eu qu'un but : vous en procurer les moyens. Si vous voyez mieux avec un oeil qu'avec deux, la main fera le reste. En avant, non pour la gloire, qui n'est rien, mais pour l'accomplissement du monstrueux artiste que vous êtes.
Je regarde les mouvements de couleur que j'ai appris dans vos tableaux, et je me dis qu'à la rigueur un peintre peut savoir peindre, mais que celui qui porte son tableau dans ses yeux n'a pas besoin de se faire bâtir des ateliers. Au mois d'avril, dans le jardin des Tuileries nous nous expliquerons sur la pratique d'une philosophie de la peinture.
Ces textes de Clemenceau au Sénat (L'église, la République et la Liberté) et dans la presse (« Toute la liberté », « La thèse de Jaurès », « Croire ou savoir », « L'école et la liberté ») argumentent contre l'influence de la religion dans une période où régnait encore le Concordat napoléonien. La loi de 1905 consistera principalement dans son abolition. Mais comme Clemenceau plaide également pour la liberté religieuse et celle de l'enseignement, ses textes ont bien préparé l'instauration de la laïcité. On constate au passage que les débats du parlement étaient alors des conférences de haute tenue intellectuelle.
Georges Clemenceau (1841-1929) fut anticlérical et anticolonialiste, briseur de grèves comme ministre de l'Intérieur, sénateur (1902-1920), président du conseil (1906-1909 et 1917-1920), puis comme président du conseil (1906-1909 et 1917-1920), il a joué un rôle qui lui a valu le surnom de « Père la Victoire » à l'issue de la Première Guerre mondiale.
Au soir de la pensée. T. 1 / Georges Clemenceau Date de l'édition originale : 1927 Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF.
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Au lendemain de l'Armistice de 1918, la première chose que fait Georges Clemenceau est de partir pour Giverny rendre visite à Claude Monet. Avant le début de la guerre celui que le « père la Victoire » surnomme « l'ange bleu » s'est mis en tête de peindre de « grandes décorations » comme il les appelle, les Nymphéas, une série d'environ 250 peintures à l'huile impressionnistes élaborées pendant les 31 dernières années de sa vie et représentant le jardin de fleurs et le bassin de nénuphars de la maison du peintre à Giverny. Depuis 1890 les deux hommes se sont rapprochés, ils sont unis par des combats communs pour L'Olympia de Manet comme pour le capitaine Dreyfus. Ils partagent une radicalité politique et artistique. Révolution contre l'académisme de la peinture et révolution républicaine.
Ce livre témoigne de cette amitié hors du commun. On y lit l'intimité croissante, et l'admiration mutuelle qui se tissèrent entre « le Tigre » et le peintre tout au long de leur vie. Un récit rare et passionnant basé sur la riche correspondance laissée par les deux hommes.
L'affaire Dreyfus est une affaire d'État devenue par la suite un conflit social et politique majeur de la Troisième République, survenu en France à la fin du XIXe siècle autour de l'accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, juif d'origine alsacienne, qui est finalement innocenté...
Blackboulé aux élections générales de 1893, Clemenceau n'est plus rien. Ne jouissant d'aucune fortune personnelle, n'étant pas disposé à exercer son métier de médecin, le chef radical se consacre entièrement au journalisme. Son quotidien, La Justice, faisant faillite, il devient rédacteur à L'Aurore en 1897 où, à partir de novembre, il commence d'écrire sur l'Affaire. D'abord persuadé, comme Jaurès et tant d'autres, de la culpabilité de Dreyfus, regrettant même presque son abolitionnisme dans un article de 1895 qu'il aura l'honnêteté intellectuelle de placer au début du premier volume, Clemenceau est convaincu par Lucien Herr de l'irrégularité du procès de 1894. Dès lors, chaque jour, sa plume va grincer, écorcher, trancher dans le vif et sans répit. On se souvient que c'est lui qui trouve le titre de l'article de Zola, « J'accuse », paru le 13 janvier 1898 ; on se souvient aussi qu'il participe à la défense de l'écrivain dans le procès que lui intente l'état-major, procès au terme duquel le jury, sourd à l'avertissement de Clemenceau (« Nous comparaissons devant vous. Vous comparaissez devant l'Histoire »), condamne Zola qui choisit l'exil. Henry s'est suicidé, Picquart est en prison et les dreyfusards ont enfin obtenu qu'on révise le procès de 1894. Ses articles, Clemenceau les a rassemblés tels qu'écrits dans l'urgence, dans la fièvre d'une affaire complexe aux multiples rebondissements...
Au lendemain de l'Armistice de 1918, la première chose que fait Georges Clemenceau est de partir pour Giverny rendre visite à Claude Monet. Avant le début de la guerre celui que le « père la Victoire » surnomme « l'ange bleu » s'est mis en tête de peindre de « grandes décorations » comme il les appelle, les Nymphéas, une série d'environ 250 peintures à l'huile impressionnistes élaborées pendant les 31 dernières années de sa vie et représentant le jardin de fleurs et le bassin de nénuphars de la maison du peintre à Giverny. Depuis 1890 les deux hommes se sont rapprochés, ils sont unis par des combats communs pour L'Olympia de Manet comme pour le capitaine Dreyfus. Ils partagent une radicalité politique et artistique. Révolution contre l'académisme de la peinture et révolution républicaine.
Ce livre témoigne de cette amitié hors du commun. On y lit l'intimité croissante, et l'admiration mutuelle qui se tissèrent entre « le Tigre » et le peintre tout au long de leur vie. Un récit rare et passionnant basé sur la riche correspondance laissée par les deux hommes.
" L'idée des Nymphéas tenait Monet depuis longtemps.
Silencieux, chaque matin, au bord de son étang, il passait des heures à regarder nuages et carreaux de ciel bleu passer en féeriques processions, au travers de son " jardin d'eau et de feu ". D'une tension ardente, il interrogeait les contours, les rencontres, les divers degrés de pénétration dans le tumulte des fusées lumineuses. " C'est l'homme, l'ami, le peintre que George Clemenceau fait revivre dans cette étude sensible et pénétrante consacrée au grand travail de Claude Monet ; ces Nymphéas qui furent, à partir de 1899, son principal sujet d'inspiration et de recherche esthétique.
Ce morceau de nature recomposée, cette vibration de couleurs et de lumière capturée sur la toile, ce chef-d'oeuvre pictural sera d'ailleurs, à l'instigation même de Clemenceau, offert par l'artiste à la France en 1922. Aujourd'hui, le monde entier célèbre le maître de l'impressionnisme, le pionnier de l'abstraction qui sut percer " le miroir magique de la réalité " et changer notre regard sur les formes.
Ce livre qui est fort important pour les amateurs d'histoire et les admirateurs de Clemenceau est aussi une très belle et inattendue histoire d'amour. Clemenceau avait quatre-vingt-trois ans, Marguerite Baldensperger, femme d'un professeur célèbre, la quarantaine. Lorsque les circonstances les séparaient, ils s'écrivaient tous les jours. Ces lettres retracent la vie quotidienne du Tigre de 1923 à 1929 et Clemenceau s'y livre entièrement. L'histoire des sentiments entre ce vieillard et cette femme encore belle et jeune est empreinte de fraîcheur et de dévotion.
Publiée en 1895, la Mêlée Sociale rassemble une centaine d'articles de Georges Clemenceau, parus entre 1893 et 1895 dans son journal la Justice et dans la Dépêche. Mieux qu'une simple compilation, cet ouvrage, à la préface éblouissante, exprime la pensée politique, économique et sociale de Georges Clemenceau et énonce les grands principes de son action passée et à venir.
Commentant les faits divers dus à la misère, Clemenceau dépasse la compassion et réclame le pain, l'emploi et l'égalité pour toutes et pour tous. Exposant la lutte des mineurs, Clemenceau énonce sa conception de la lutte des classes, revendique le droit de grève et demande le renforcement des libertés syndicales. Condamnant le terrorisme anarchiste des années 1890, Clemenceau refuse toute entorse aux libertés et à la justice, et réaffirme son hostilité à la peine de mort.
En conséquence, la Mêlée sociale, est le livre indispensable pour rencontrer et comprendre celui qui deviendra, au siècle suivant, le Père la Victoire.