Recruté par le riche Mr Auseri pour surveiller son fils ivrogne, Duca Lamberti, ancien médecin, radié, devenu détective pour gagner sa vie et tenter de retrouver un statut à sa sortie de prison, comprend vite que la consommation d'alcool du jeune homme est le symptôme d'un mal plus profond. Il n'a pas supporté le suicide mystérieux de sa petite amie ; cette tragédie qui est en train de le détruire pourrait même à son tour l'acculer au suicide. Décidé à faire la lumière sur ce drame, Duca Lamberti met à jour une machination terrible, qui n'est pas sans lui rappeler l'affaire Montesi : l'assassinat en 1953 de Wilma Montesi, mannequin italien à l'origine d'un scandale qui impliquait la haute société romaine, s'adonnant à des orgies, mêlant drogue et prostitution, etc. Rien n'avait été en définitive prouvé et le meurtre demeura non élucidé.
Duca Lamberti, ancien médecin devenu détective privé, est chargé dans ce troisième volet de la tétralogie que Giorgio Scerbanenco lui a consacré d'une affaire criminelle sordide : une jeune enseignante a été torturée, violée puis assassinée dans sa salle de classe par ses propres élèves, une brochette de délinquants de treize à vingt ans inscrits à ses cours du soirs par l'assistance sociale. Duca doit donc se confronter avec non pas un suspect, mais onze, qui tous observent la même ligne de défense, aussi absurde qu'imparable : ils reconnaissent individuellement avoir été présents au moment des faits, mais chacun affirme qu'il n'a rien vu, que les autres l'avaient forcé à boire, qu'il était ivre, endormi ou trop terrorisé pour faire quoi que ce soit. Face à ce mur, d'autant plus exaspérant qu'à l'évidence tout est faux, Duca cherche un détail qui lui permette de comprendre qui a bien pu planifier tout ça. Car il n'est pas dupe : ce ne sont pas des gamins complètement déstructurés qui ont pu mettre au point si minutieusement une telle tactique...
Dans ce presque huis clos, d'autant plus étouffant qu'il donne à voir l'hypocrisie des méthodes policières, Scerbanenco s'interroge sur le poids de l'hérédité et la malédiction de certaines conditions sociales. Face à l'exclusion, ces enfants avaient-ils d'autre choix que la violence ? En même temps, comment parvenir à gérer, fût-ce avec la meilleure volonté du monde, les comportements les plus obtus, voire les plus stupides ? Un constat amer sur la responsabilité sociale : si vous dénoncez la faute, vous plongez le jeune dans un univers carcéral qui ne pourra que le rendre pire ; mais si vous ne le dénoncez pas, vous le laissez à la merci de son univers criminogène qui, lui aussi, le gangrène inéluctablement.
Dans une Milan torride et invivable, deux jeunes de banlieue, Duilio et Simona, rêvent de voir la mer. Seule la délinquance semble pouvoir leur permettre de concrétiser ce souhait. Ainsi, aidés par un complice minable, ils volent l'argent d'un garage ainsi qu'une voiture. Ils prennent la fuite en direction de ce bord de mer dont ils rêvent tant, mais au cours du cambriolage, Simona a été tuée. La vie de Duilio s'est brisée. Malgré tout, il continue sa route, pour que Simona même morte, puisse " voir " l'océan.
Parallèlement à ces deux destins tragiques, on croise l'histoire d'Edoarda, une jeune bourgeoise aisée, belle et généreuse, que tout semble destiner au bonheur. Néanmoins, vivre pour Edoarda, c'est s'acheminer vers une impitoyable vérité : il n'y a pas d'existence sans souffrance. C'est la rencontre avec Duilio, plongé dans un malheur plus profond que le sien, qui lui dessille les yeux sur sa propre condition, celle d'une jeune femme prise au piège absurde de l'existence.
Les Amants du bord de mer reflète toute la diversité des talents de Scerbanenco qui nous fait pénétrer dans des univers très variés avec une totale crédibilité. Bourgeoisie milanaise, jeunesse, gens du peuple, policiers composent la radiographie d'une Italie qui n'existe plus. Ce qui demeure intemporel en revanche, c'est le sens de la désillusion, l'inaptitude au bonheur durable, la déliquescence des valeurs, la puissance de l'amour, thèmes chers à l'auteur qui font de ce roman une oeuvre intense et attachante.
Milan, dans les années 1960. Duca Lamberti reçoit la visite d'Amanzio Berzaghi, employé sans histoires et ancien routier. L'homme est désespéré. Sa fille unique, qu'il élève seul depuis des années, a disparu. Cela fait cinq mois qu'il est sans nouvelles et il est à bout.
La fille d'Amanzio, Donatella Berzaghi, est une jeune femme de 28 ans un peu particulière : belle et séduisante, elle mesure près de deux mètres et pèse 95 kilos... C'est aussi une attardée mentale qui ne peut contrôler ses pulsions, attirée par tous les hommes qu'elle croise. À tel point que son père est obligé de la garder enfermée dans son appartement. Duca Lamberti commence à peine son enquête que le corps de Donatella est retrouvé calciné sous un tas de broussaille, dans un champ, près de Milan. Le père de la jeune fille est anéanti et Duca Lamberti jure de retrouver le ou les assassins de Donatella.
Le détective se lance sur la piste la plus probable : la prostitution. Débute alors une traversée du Milan interlope des années 60 avec ses réseaux clandestins de prostituées, ses petits maquereaux de pacotille venus du Sud de l'Italie et ses riches notables prêts à de folles dépenses pour accéder aux plaisirs interdits.
Emmanuela Sinistalqui, fille du comte Sinistalqui, arrive menottée à l'institut Colchetti qui est en fait une maison de rééducation pour filles perdues. Dans cet enfer d'inhumanité, elle trouve l'oreille compatissante de la doctoresse, qui appartient elle aussi à une famille aristocratique. Elle lui raconte son histoire. A la mort de ses parents, elle a été placée chez sa grand-mère, mais celle-ci reçoit chez elle des hommes qui font des avances à la jeune fille. Emanuela s'enfuit donc vers Rome où elle espère trouver protection chez Tonio, un garçon dont elle est amoureuse. Malheureusement ceux qui l'emmènent en voiture se révèlent être des braqueurs. Accusée de complicité, Emanuela tombe entre les mains de la police, puis de la justice. Elle va se battre pour retrouver sa dignité et sa liberté perdues.
Été 1960. Dans l'aube naissante, un jeune homme est étendu sur le sable d'une plage du nord de l'Italie. Poignardé à la gorge. Debout, une jeune femme contemple son cadavre.
« Ça devait arriver », pense-t-elle. Elle ramasse l'arme du crime, la jette à la mer, puis repart chez elle, en Allemagne. Les carabiniers trouvent le corps quelques heures plus tard. Le vent a déjà effacé les empreintes de pas sur le sable. Le sable ne garde rien en mémoire. Le sable ne se souvient pas.
Considéré comme le père du roman noir italien, grâce aux quatre enquêtes de Duca Lamberti, (Vénus privée, Ils nous trahiront tous, Les Milanais tuent le samedi et Les enfants du massacre, désormais tous disponibles en Rivages/Noir) l'auteur excellait dans ce roman publié en 1961, et véritable peinture sociale, à mettre en lumière le contraste entre une Sicile pauvre et arriérée, et une Italie du Nord bourgeoise et complexée.
Duca Lamberti reçoit une visite étrange et plutôt désagréable : on lui propose de gagner un beau pactole grâce à son ancien métier de médecin. Il lui suffirait de recoudre l'hymen d'une jeune femme qui doit bientôt se marier, et qui n'est plus vierge. Le visiteur se recommande de l'avocat Turiddu Sompani, ancien compagnon de cellule de Lamberti, personnage détestable dont il ne veut pas entendre parler. Sompani vient de mourir, et ce, exactement de la même manière dont étaient mortes les deux personnes à l'origine de son séjour en taule. Pourquoi se prévaloir de la recommandation d'un mort ? Et qui a pu se venger ainsi de Sompani ?
Marta a quitté Milan pour aller passer quelques jours seule, dans la petite maison de Paolo, non loin d'une lagune déserte en cette saison. Mais le lendemain, elle a la désagréable surprise d'être réveillée par deux policiers qui lui demandent ce qu'elle fait là. Ils lui apprennent que Paolo a été assassiné quatre jours plus tôt dans cette même maison. Marta n'avait pas vu les scellés qui condamnaient la porte.
Arrêtée, puis libérée, elle ne rentre pas chez elle. Elle continue en direction de la mer et retrouve deux amis, Rik et sa soeur Rossella. L'ombre du mort plane sur les trois jeunes gens qui, en faisant revenir le passé, ont l'impression de condamner irrémédiablement leur avenir. Dans le décor nostalgique de cette station balnéaire à la fin de l'hiver, les êtres se déchirent...
Les vérités enfouies et douloureuses, les destins gâchés, les illusions perdues sont les thèmes de ce troisième "roman de la mer" du grand maître Italien, porté par une écriture à la fois poignante et lumineuse.