Dans une des compagnies salpêtrières perdues dans les vastes étendues délirantes du désert d'Atacama, on enterre Isabel, une prostituée, qui y travailla depuis l'âge de 11 ans. Henàn Rivera Letelier ancien mineur du salpêtre, nous raconte dans un style puissant et burlesque cet enterrement et la fin d'un univers à la fois désespéré et débordant de vitalité.
Elle s'appelle Golondrina del Rosario, elle joue du piano et enseigne la déclamation poétique, elle est toute délicatesse et sensibilité. Il s'appelle Bello Sandalio, il est roux et trompettiste de jazz dans les bordels de la région. Ils se sont rencontrés une nuit de passion, elle s'est donnée à lui...
Ils vivent dans une colonie minière du désert d'Atacama où l'on attend une visite présidentielle, mais la fanfare des "damnés de la terre", menée par le barbier anarchiste, prépare un autre type de réception.
L'auteur de La Reine Isabel chantait des chansons d'amour s'est donné pour tâche de chanter " son " désert « où les seules fleurs sont l'ombre des pierres » et d'en raconter l'épopée infernale à travers des personnages qui vont à l'essentiel : la vie et la mort, la douleur et la folie, la force de l'amour, des rêves et de l'utopie.
En 1907, de grandes grèves éclatent dans les mines de nitrate du désert d'Atacama, les mineurs entreprennent une grande marche à travers le désert en direction de la petite ville de Santa María de Iquique, où ils pensent négocier.
Leurs familles les accompagnent. Hernán Rivera Letelier aussi avec ces personnages dont il a le secret: Olegario le mineur amoureux de l'image féminine qui figure sur son paquet de cigarettes, Gregoria l'énergique veuve au grand coeur, Idilio l'amoureux du vent constructeur de cerfs-volants et la jeune Liria María. Tous ces protagonistes pleins de force et d'innocence traversent le désert et sont inexorablement entraînés vers le dénouement tragique et réel qui verra plus de trois mille d'entre eux impitoyablement massacrés à la mitrailleuse.
Hernán Rivera Letelier mêle épopée sociale et vies romanesques dans un récit à plusieurs voix magnifique et poignant. Amitiés, conflits, solidarité et amours en sont la trame. Il complète ici le cycle romanesque de cet univers prodigieux que fut le monde des mines d'Atacama, qu'il chante dans une écriture rude et magique qui n'appartient qu'à lui.
Domingo Zarate Vega a commencé par remarquer des formes apocalyptiques dans les nuages, puis par prédire de petites catastrophes. Après la mort de sa mère il s'est établi comme ermite dans la vallée d'Elqui, près du désert d'Atacama. Là il a découvert qu'il était rien moins que la réincarnation du Christ.
Lorsqu'en 1942 il apprend que dans la mine voisine de La Providencia vit une prostituée dévote de la Vierge du Carmen, nommée Magdalena, il part à sa recherche, pour en faire sa disciple et sa femme et prêcher avec elle l'imminente Fin du Monde.Il parcourt le désert hostile et ses sermons le font connaître dans les mines comme le Christ d'Elqui.
Fidèle à sa vocation de chantre du désert et de l'épopée du salpêtre, Hernán Rivera Letelier écrit ici un texte plein d'humanité, d'espoir et d'humour.
Elle devait s'appeler Malvarrosa mais, à cause d'une erreur de l'officier de l'état civil ou parce que son écervelé de père était trop soûl en allant la déclarer, elle finit par s'appeler Malarrosa.
Cette petite fille marquée par le destin dès sa naissance accompagne son père dans les bouges où se déroulent ses parties de cartes et parcourt avec lui les hameaux environnants au gré des rencontres pugilistiques entre Oliverio Trébol et les «champions» locaux.
Elle vit au milieu de personnages hauts en couleur, campés avec une truculence toujours teintée de tendresse : Saladino, père irresponsable et joueur poursuivi par la guigne, Oliverio Trébol dit Tristesburnes, le gros bras au coeur tendre, sans oublier Isolina del Carmen Orozco Valverde, l'institutrice d'âge canonique qui ne désespère pas de ramener tout ce beau monde dans le droit chemin.
Au fil des mois, ses vêtements masculins ne peuvent plus dissimuler les rondeurs naissantes de Malarrosa. Alors, avec une lucidité et une détermination extraordinaires, ce sera elle qui, pour la première fois, décidera de son destin.
Fidèle à sa vocation de chantre du désert et de l'épopée du salpêtre, Hernán Rivera Letelier a choisi pour toile de fond l'agonie de Yungay, un de ces innombrables villages du Nord qui ont disparu comme autant de mirages.
« A la maison, comme largent courait toujours plus vite que nous, quand un film arrivait à la Compagnie et que mon père le trouvait à son goût juste daprès le nom de lactrice ou de lacteur principal on réunissait une à une les pièces de monnaie pour atteindre le prix du billet et on menvoyait le voir.
Ensuite, en revenant du cinéma, je devais le raconter à la famille, réunie au grand complet au milieu de la salle à manger. » María Margarita a dix ans quand on découvre quelle a un talent tout particulier pour raconter les films : détails, mimiques, costumes, la petite sait si bien y faire quelle devient très vite une star dans son village. Désormais, elle sera Morgane Féduciné, la raconteuse de films.
" hernan rivera letelier est un conteur d'histoires chaleureux, qui nous rend notre capacité de rêver ".
Luis sepulveda il faudrait énumérer une à une les compagnies salpêtrières perdues dans ces vastes étendues délirantes ; il faudrait être un véritable homme du désert pour être digne de l'honneur de prendre une poignée de terre et la jeter sur cercueil de cette femme héroïque, de cette bienheureuse hétaïre du salpêtre connue dans tout le désert sous le nom de reine isabel ; une reine que nous avions tous fini par aimer comme on aime le désert, avec son âpre horizon de pierres et ses doux mirages bleus.
" h. rivera letelier a vécu dans le désert d'atacama et il raconte, dans un style puissant et burlesque l'enterrement de la reine isabel et celui d'un univers à la fois désespéré et débordant de vitalité. un inoubliable voyage dans une zone ravagée oú les prostituées sont les seules manifestations de la tendresse humaine.
Traduit de l'espagnol (chili) par bertille hausberg.
El Longino, le train longitudinal nord qui traverse le désert d'Atacama en quatre jours, s'arrête dans des gares fantômes perdues au milieu de paysages désolés. Il transporte des voyageurs en quête d'espoir qui mêlent leurs histoires et vivent de brèves rencontres incandescentes : un accordéoniste qui fuit le fantôme de la femme aimée, une voyante entourée de talismans et d'herbes magiques ; un aveugle qui vend des peignes et chante des boléros ; une femme en deuil à la recherche du cadavre de son fils ; un groupe de gitans bruyants ; une petite fille dont la vie va changer pendant le voyage ; un couple d'amoureux unis dans un interminable baiser ; un nain bavard à la recherche de son cirque. toutes ces vies précaires roulent dans le silence du désert le plus triste du monde.