Notre foyer était triste, et c'est pourquoi tout petit déjà je préférais vivre dans la rue plutôt que chez moi. Cette tristesse, c'était d'abord la Torah qui en était responsable : elle remplissait le moindre recoin de la maison et pesait lourdement sur l'humeur de tous. C'était plus une maison d'étude qu'un chez-soi : une maison de Dieu, plus qu'une maison d'hommes. D'un monde qui n'est plus évoque avec tendresse et précision les souvenirs d'enfance d'Israël Joshua Singer. Ces Mémoires nous emportent dans l'atmosphère pittoresque du shtetl de Lentshin, non loin de Varsovie, où s'est réfugiée - sous la houlette du père d'Israël Joshua Singer, le rabbin Pinahs Mendel - une communauté de Juifs paysans expulsés de leurs villages par la police russe. À travers le regard de l'enfant, on plonge dans un quotidien pétri de croyances et de rituels où le mauvais oeil attend au coin de la rue. On découvre les secrets de chacun, l'austérité de la vie au shtetl, mais aussi les déchirements identitaires et les discriminations qui bouleversent les communautés juives polonaises en ce début de XX? siècle. D'un monde qui n'est plus, écrit par l'un des plus grands maîtres de la littérature yiddish, demeure, au-delà de sa valeur historique, un témoignage unique.
Dans la grande tradition du roman familial La Famille Karnovski retrace le destin de trois générations d'une même famille juive après qu'au début du siècle dernier l'aïeul, David Karnovski, las des traditions, décide de s'émanciper en quittant son shtetl de Grande Pologne pour rejoindre la société juive assimilée de Berlin. Adepte de Mendelssohn et de ses idéaux, il cherche à inculquer à son fils Georg Moïse les valeurs de la haskala : «juif parmi les Juifs et allemand parmi les Allemands». D'année en année, les Karnovski s'ancrent un peu plus dans la culture de leur pays d'élection. Et pourtant, chaque épisode de la vie de cette famille questionne sa place dans leur société d'adoption. Alors que la peur et les humiliations s'installent, qu'adviendra-t-il de Jegor, le petit-fils né dans l'Allemagne nazie d'un père juif et d'une mère aryenne ? Publié en 1943 alors que les nazis massacrent les communautés juives en Europe, le roman de Singer, inédit en français, est hanté par cette tragique conjoncture et par la volonté, qui traverse son oeuvre tout entière, de démêler le complexe destin de son peuple.
Le soldat Benyomen Lerner a décidé de s'enfuir du front pour revenir dans sa ville natale, Varsovie. C'est en qualité de spectateur qu'il assiste désormais aux ravages du premier conflit mondial. Personnage ambigu et complexe, constamment tiraillé entre la peur et le goût pour l'action, Lerner erre de nombreuses journées dans la ville qui l'a vu grandir, une ville ravagée par la pauvreté et les combats incessants. Il enchaîne les petits boulots clandestins, les combines entre réfugiés et déserteurs de guerre. Très vite, il se fait remarquer pour ses qualités de leader et son charisme. Les semaines passent... Varsovie est maintenant sous l'emprise allemande. Lerner travaille d'arrache-pied à la reconstruction du pont de Praga. Dans ce camp où les conditions de travail sont terribles, il parvient à organiser une mutinerie avec l'aide de ses camarades polonais et russes pour finir par s'enfuir à nouveau au moment où plusieurs épidémies meurtrières se propagent dans Varsovie.
Singer dresse ici un portrait sidérant de réalisme du quotidien des habitants de Varsovie sous l'occupation allemande. Et Lerner, tour à tour déserteur et héros, lâche et victime, se retrouve le plus souvent malgré lui profondément engagé dans chacune de ses actions et tentatives de rébellion. De (er et d'acier est un roman poignant, unique, enfin publié en France.
Habitant les quatre coins du monde, les personnages qui peuplent ces huit récits sont des gens simples, marginaux ou migrants, souvent doués d'une force et d'un charme mystérieux. Ainsi Pinhas Pradkin, jeune Juif pieux qui hante le port d'Odessa pour partir en Israël et qui se retrouve à la tête d'un régiment bolchevik en pleine guerre civile. Ou encore Raphaël, meunier chassé de son moulin pour n'avoir pas voulu transgresser l'interdiction de tuer. Ou Sholem Malnik, le peintre en bâtiments perdu dans New York... Leur point commun:ils ne sont pas maîtres de leur destin, se retrouvent à une place qu'ils n'ont pas choisie et demeurent nostalgiques des valeurs d'antan. Entre humour, tendresse et tragédie, avec sa coutumière finesse, Israël Joshua Singer, grand maître de la littérature yiddish, fait renaître un monde de ses cendres.
Histoire d'amours folles, absolues et pourtant condamnées, telle est la trame des deux plus célèbres romans d'israël joshua singer, yoshe le fou et les frères ashkenazi, réunis pour la première fois en un seul volume.
Dans le monde disparu des communautés juives de pologne, la passion amoureuse y est décortiquée avec un souffle romanesque et une modernité inégalables. vaste saga, les frères ashkenazi se déroule sur une cinquantaine d'années, dans la ville de lodz. obéissant à la pression familiale, la tendre et fragile dinelé a été contrainte d'épouser un des frères ashkenazi, alors qu'elle était éprise de l'autre.
Un imbroglio amoureux dont aucun ne sortira indemne. dans yoshe le fora, nahum, déjà marié, croise un jour le regard de la belle et farouche malka, la très jeune femme de son beau-père le rabbin. aussitôt c'est l'étincelle de l'amour. les deux jeunes gens ne résisteront ni au désir ni à la transgression. mais leur châtiment sera implacable: nahum deviendra un dibbouk, un corps errant habité par l'âme d'un esprit malin.