Ultime volume dans la saga du héros de Charyn Isaac Sidel. Depuis Marilyn la Dingue, roman dans lequel il était inspecteur à la Criminelle de New York, Isaac a fait son chemin. Il est devenu commissaire principal de la police, puis maire de New York. Et voilà que par un concous de circonstances, il se retrouve... à la Maison-Blanche, le candidat élu n'ayant pu être intronisé.
Un roman d'espionnage délirant, noir et grinçant. Une comédie du pouvoir qui résonne étrangement avec la "réalité" de la présidence Trump. L'écriture électrique et le talent de conteur de Jerome Charyn sont à l'oeuvre dans cette grandiose conclusion de la saga.
Version abrégée par l'auteur lui-même
En perdant son patron le «Superflic» accusé de corruption, Zyeux-Bleus s'est senti un peu paumé. On le charge de tâches idiotes, comme d'aller à Mexico rechercher les victimes du réseau de traite des Blanches organisé par la tribu des Guzmann, d'affreux débiles qui passent leur temps à croquer des sucres d'orge. Il se console en jouant au ping-pong et arpente les rues de la grande ville déboussolée, tragique et burlesque à la fois.
Rien n'arrête l'ascension du célèbre commissaire Isaac Sidel. Devenu maire de New York, le voici viceprésident des Etats-Unis, en attente d'investiture ! Heureusement (ou malheureusement) pour lui, il est beaucoup plus populaire que le président élu, Michael J. Storm, un affairiste qui traîne quelques casseroles.
Son succès suscite bien des jalousies et, de fait, un tueur à gages - le « Dieu » du titre - est chargé de l'éliminer. Mais il en faut plus pour déstabiliser Isaac qui peut toujours compter sur son fidèle Glock, sur des tripotées d'enfants (dont une surdouée qui confectionne de divins sablés au beurre), et sur sa capacité à tomber amoureux d'aventurières louches et flamboyantes. Surnommé « Isaac le Pur » il y a déjà bien longtemps, le vice-président n'a pas l'intention de laisser le Bronx en pâture aux requins.
Marilyn Monroe, la dernière déesse. Aujourd'hui une icône, hier une femme d'ombre et de lumière : sexy, éblouissante et drôle mais désespérée et tragiquement seule... Jerome Charyn retrace avec sensibilité le destin fulgurant et mystérieux de Norma Jeane Mortensen. La starlette métamorphosée en bombe sexuelle fascine l'Amérique puritaine des années 50. Marilyn Monroe est née. Son extraordinaire présence physique alliée à un sens inné de la comédie fait merveille. Les Hommes préfèrent les blondes, Sept ans de réflexion ou Certains l'aiment chaud témoignent de son subtil talent d'actrice et de chanteuse. Pourtant Hollywood ne lui donnera jamais les rôles dont elle rêvait. La princesse trop et mal aimée est retrouvée morte à son domicile dans la nuit du 4 au 5 août 1962. Elle a trente-six ans, pour l'éternité.
Après El Bronx, Jerome Charyn poursuit dans Citizen Sidel la saga d'Isaac qui, après des débuts comme inspecteur de police à New York, est devenu commissaire puis maire de la ville. Un personnage dont Charyn dit : « J'aime à le définir comme une sorte de Don Quichotte qui combat des moulins à vent auxquels sont accrochés des lames de rasoir et des bombes à retardement. » Voici donc le Don Quichotte en campagne électorale, colistier démocrate de J. Michael Storm, homme d'affaires aux multiples casseroles et roi du base-ball. Que celui qui est surnommé « Isaac le Pur » s'allie à un personnage aussi corrompu a de quoi surprendre, mais il ne désespère pas de redresser quelques torts et de faire triompher ses idéaux, même si sa tête est mise à prix, même s'il doit croiser le fer avec toutes sortes d'ennemis dans les rues de Manhattan, depuis le FBI qui lui met des bâtons dans les roues jusqu'à Margaret Tolstoï, amour de jeunesse et redoutable tueuse à gages.
«Elseneur n'était pas difficile à trouver. C'était un pays où un type du nom d'Hamlet avait jadis vécu. Holden avait lu la pièce au lycée. Il se rappelait que du poison y était versé dans l'oreille de quelqu'un. Et puis une princesse folle. Une reine qui aimait bien embrasser son fils sur la bouche. Un prince qui descendait les gens se trouvant sur son chemin. Hamlet était un flingueur, comme Sidney Holden...» Revoici donc Sidney Holden, le héros de Frog, le flingueur. Il est en semi-retraite quand Howard Phipps, quatre-vingt-douze ans, un des rois de la pègre new-yorkaise, vient solliciter ses services. Quelqu'un cherche à détruire l'empire Phipps. Holden sera chargé de le trouver. Il va devoir affronter des ombres, des souvenirs, des cauchemars et pas mal de coups fourrés avant de gagner l'amour d'une bien étrange «princesse».
Mais on sait qu'on ne raconte pas un roman de Charyn. Plus que d'une intrigue, c'est d'une danse loufoque et macabre qu'il s'agit, où il n'y a jamais ni justes ni méchants. On se laisse emporter, bousculer, enchanter...
Le Bronx vers le milieu des années 1940. C'est bientôt la fin de la guerre dont les échos parviennent jusqu'aux oreilles des enfants de la rue.Scènes de la misère quotidienne dans le New York de l'époque, scènes nuancées de poésie, parfois de nostalgie, scènes peuplées de personnages malheureux, aspirant à des jours meilleurs. Charyn décrit un univers envolé. En une suite de séquences, il fixe les images de son enfance : c'est le gosse élevé à Crotona Park, l'enclave judéo-polonaise, qui livre ici ses souvenirs.Cinq textes entre réel et imaginaire, cinq histoires pleines de tendresse et d'humour.
«Elle avait depuis longtemps l'habitude de tomber amoureuse de menteurs, de bandits et de braqueurs de banque... Mais jamais personne ne l'avait embrassée comme Don Rubben. Personne ne lui faisait autant frémir les jambes, ne savait engloutir son visage de cette façon...»Yolanda est en prison - une petite attaque à main armée qui a mal tourné. La police lui propose un marché : la liberté si elle l'aide à retrouver la trace de Ruben, son cousin dont elle était amoureuse à sept ans, devenu un des chefs du cartel de Medellin. C'est dans les rumbeaderos, les écoles de tango, qu'elle va le chercher parce qu'elle sait à quel point cette musique-là lui colle à la peau depuis toujours.Et il n'y a plus qu'à se laisser entraîner dans le tourbillon de la langue de Charyn, au fil d'aventures défiant l'imagination la plus enfiévrée.
L'un des écrivains américains les plus connus et les moins compris, ernest hemingway, continue de hanter notre siècle avec sa prose étrange et cristalline.
Né en 1899 dans une paisible banlieue de chicago, hemingway quitte très tôt le cocon familial pour s'engager à dix-huit ans comme ambulancier de la croix-rouge sur le front italien. son expérience de la guerre et sa rencontre avec la mort seront le point de départ d'une oeuvre prolifique, qui ne fut en fait qu'une longue autobiographie romancée. jeune prodige des lettres, il publie son premier roman à succès à vingt-sept ans et ne cesse dès lors de connaître la gloire.
De paris à key west, de madrid à cuba, cet homme qui aimait " chasser " les mots exorcisa la mort toute sa vie. jerome charyn nous invite à une relecture de cet expérimentateur de génie dont le talent fut peu à peu éclipsé par une célébrité trop médiatisée, de cet homme dévoré par son succès.
«Où t'en es-tu allé, Joe DiMaggio ? Une nation entière tourne vers toi son regard esseulé», interrogent Simon et Garfunkel dans la chanson culte «Mrs Robinson». Homme élevé au rang de demi-dieu, acclamé par les foules, DiMaggio a été brisé par la machine qui a fait sa gloire. Mais qui était vraiment Joe «la Châtaigne», légende américaine du baseball, héros trop discret à la personnalité taciturne et époux malheureux de Marilyn Monroe ?
Jerome Charyn donne ici voix à l'Amérique de l'après-guerre, qui a vu naître la culture de masse et l'âge d'or des icônes patronnées par les industries du sport et du cinéma. Il analyse les rouages du rêve américain à travers les portraits croisés de DiMaggio, fils d'immigrés italiens, et de Marilyn, aux origines sociales modestes, tous deux partis côtoyer les étoiles. Par petites touches, il en montre également les fêlures : la ségrégation, le maccarthysme, et l'émergence de la contre-culture. Mêlant travail de recherche, bonheur d'écriture et fulgurances littéraires, il s'affranchit de la frontière entre la biographie et le roman, s'inscrivant ainsi dans la lignée des grands textes de Norman Mailer et de Joyce Carol Oates.
Préface inédite de l'auteur.
Isaac Sidel, personnage emblématique de l'univers de Jerome Charyn, est revenu après une période d'absence romanesque. On l'avait connu inspecteur puis commissaire de police ; une irrésistible ascension l'a propulsé maire de New York, presque malgré lui. Il rêve de sortir les enfants des quartiers pauvres de l'engrenage de la violence et du crack pour les ramener sur les bancs de l'école grâce à « Merlin », un programme de développement éducatif.
Dans l'immédiat, il doit résoudre le problème des Yankees, les joueurs de base-ball du Bronx ; ils se sont mis en grève, ce qui menace de faire exploser le quartier qui n'a pas besoin de ça. En effet, avec la pauvreté grandissante, des gangs et des flics ripoux s'y affrontent. Cette guerre sanglante est chroniquée par Angel, alias Aliocha, un gamin latino qui peint des fresques extraordinaires en hommage à ses potes tombés sur le champ de bataille. Il signe d'un « A » caractéristique, et Isaac, frappé par la beauté de ces oeuvres, voudrait bien mettre la main sur lui pour en faire son joker dans son combat contre la violence et l'illettrisme. Mais même pour l'ancien commissaire, il devient de plus en plus difficile de distinguer amis et ennemis dans la jungle urbaine...
Treize ans après les quatre romans qui ont rendu Jerome Charyn célèbre en France et dont le héros était Isaac Sidel, revoici ce bon flic. Nous sommes toujours à Manhattan dans les mauvais quartiers et chez les mauvais garçons. Isaac fait prisonnier Henry Armstrong Lee, l'homme le plus recherché d'Amérique. Il se prend d'affection pour un orphelin de douze ans, accusé de meurtre. Il a de sérieux conflits avec le maire de la ville - qui est une femme. Surtout il retrouve Anastasia, son grand amour d'enfance, devenue Margaret Tolstoï... Mais on ne raconte pas un roman de Charyn. On s'y laisse entraîner par le rythme endiablé de l'intrigue et par la musique d'une langue qui n'appartient qu'à lui. «Un Pagnol juif de Brooklyn», a-t-on dit, mais aussi un cousin de Mel Brooks, de Woody Allen. Et de Groucho Marx...
«Il y avait une fois un vieil homme avec un ver dans le ventre. Le ver aimait grignoter. Le vieil homme devait s'empoigner, comme s'il voulait s'arracher les entrailles. [...]Le café était mauvais pour son ver, dont les mille petites pinces s'accrochaient aux intestins du vieil homme qui chancelait sur le trottoir en bredouillant Merde, putain, Dieu, ou toutes les insanités qui lui passaient par la tête. Il évitait le café pendant cinq ou six jours. Puis ne pouvait plus s'empêcher.»
«Les temps étaient sombres et romantiques. Le Bronx était vulnérable, dépourvu d'une digue qui offrît une protection sérieuse contre l'océan Atlantique et, selon la rumeur, des commandos ennemis allaient débarquer d'un sous-marin insidieux dans de petites embarcations en caoutchouc, envahir les égouts, dévorer ma terre natale. Mais jamais je ne vis le moindre nazi au cours de nos promenades. D'ailleurs, quelle chance aurait bien pu laisser au moindre d'entre eux la scintillante silhouette de ma mère dans son manteau de renard argenté ? Elle était née en 1911, comme Ginger Rogers et Jean Harlow, mais elle n'avait rien de leur platine : elle, c'était la belle ténébreuse de Biélorussie.»
Sidney Holden - alias Frog - est un tueur à gages, un «flingueur». Pour le compte d'un styliste en fourrures, il est chargé de s'assurer que les factures sont payées et la concurrence déloyale écartée.Mais malgré tout, sous ses airs désinvoltes et ses élégants costumes, c'est un tendre. Quand sa femme le quitte, il a le coeur brisé. Quand une mystérieuse petite fille est témoin d'un meurtre, il n'hésite pas à la protéger.De Queens à Brooklyn et de Manhattan au Bronx, Frog lutte pour sauver sa peau, déjouer les complots, conquérir la ravissante bru d'un procureur marron et résoudre plus d'une énigme.On retrouve dans ce roman le New York merveilleux de Jerome Charyn, éblouissant chroniqueur d'une ville aux mille mystères...
Marylin la dingue.
Isaac le Pur était un flic coriace, effrayant, qui habitait un petit deux-pièces rabougri de Rivington Street.
Sa femme Kathleen l'avait quitté pour s'occuper de ses propriétés en Floride. Son père avait le nez long comme Gauguin, c'était peut-être pour ça qu'il était parti peindre les jungles autour du Sacré-Coeur. Quant à son frère cadet, il moisissait en prison pour non paiement de pension alimentaire. Quelle famille ! Il lui restait sa fille, Marilyn, la fille la plus dingue de New York, qui semait ses maris aux quatre coins de la ville et qui, pour comble, venait de tomber amoureuse de Manfred Coen dit " Zyeux-Bleus ", le bouffon d'Isaac, son espion, son âme damnée.
Et pendant ce temps, New York était la proie du gang des Sucettes...
Isaac a beau être le Plus Grand Flic du Monde ou quelque chose d'approchant, il n'est pas au bout de ses peines.
Kermesse à Manhattan.
Ancien flic devenu concierge d'une synagogue de Bethune Street, Patrick Silver s'était vu confier la tâche de bonne d'enfant. L'enfant en question avait quarante-cinq ans et c'était un débile à trente carats.
On le soupçonnait d'être un tueur de petits garçons.
Isaac le Brave était bien mal en point. Il était obligé de s'envoyer une dose d'huile de ricin tous les mercredis parce qu'il avait clans les tripes un ver méchant, intelligent, qui faisait deux mètres cinquante de long, doté de crochets et d'un tas de ventouses. Un cadeau des Guzmann, les confiseurs les plus dégoûtants de New York.
Un détail : le protégé de Patrick Silver est un rejeton des Guzmann.
Heureusement que Patrick est à la fois juif et irlandais. Ça ne peut pas nuire.
Zyeux-Bleus.
Coen était le superman du service.
Isaac Sidel l'avait recruté car il avait besoin d'un môme aux yeux bleus pour infiltrer ses réseaux. Mais voilà, le Premier Adjoint était tombé en disgrâce et il avait disparu dans la nature. Zyeux-Bleus se sentait un peu paumé sans l'oncle Isaac. On le chargeait désormais de tâches idiotes comme d'aller à Mexico rechercher les victimes du réseau de traite des Blanches organisé par les Guzmann, une tribu d'affreux débiles qui passaient leur temps à manger des sucres d'orge dans leur confiserie pourrie.
Alors Zyeux-Bleus arpentait les rues, tel un somnambule, et jouait au ping-pong pour se consoler.
Le nouveau livre de Jerome Charyn reconstitue la vie de soldat du jeune Salinger, dit Sonny, nous dévoilant un pan relativement peu connu de la vie du futur grand auteur et jetant un nouvel éclairage sur son oeuvre.
Depuis les cafés et restaurants chics de New York, où il a déjà publié quelques nouvelles et où il tombe amoureux d'une jeune personne irrésistible, la fille du célèbre écrivain Eugène O'Neill - qui lui préférera Charlie Chaplin -, le récit suit Sonny lors de ses premiers pas dans l'armée en Angleterre pour la répétition générale du débarquement en Normandie, lors du débarquement lui-même, puis de l'entrée des alliés dans Paris libéré (il y rencontre Hemingway à l'hôtel Ritz), et jusqu'en Allemagne où il découvre l'horreur des camps de concentration... Engagé dans le contre-espionnage américain à Berlin et à Paris, Sonny est amené à interroger nazis et collaborateurs, et fait la connaissance lors d'un séjour dans un hôpital militaire psychiatrique berlinois de sa première femme allemande qu'il ramène à New York - un mariage qui sera de courte durée.
Pendant tout ce temps, sur les champs de bataille, sur les routes... ses manuscrits l'accompagnent, nourris de ses expériences, et s'esquisse déjà cette thématique de la désaffection existentielle qui habitera beaucoup de ses héros face à un monde factice, superficiel et matérialiste...
C'est en Sicile que nous entraîne cette fois le commissaire Sidel, sur la piste du mystérieux «Homme de Montezuma», seigneur de Palerme et caïd de la mafia, qui se sert de marionnettes pour transporter de la drogue. Ils sont tous là : Di Angelis, Sal Rubino, Anastasia, le cardinal Jim et même Marilyn la Dingue qui s'apprête à convoler pour la dixième fois.Un tourbillon de personnages, d'histoires et de mots.
Le commissaire Sidel vient d'être élu maire de New York, mais un mois reste à courir avant sa prise de fonction. Alors il s'enfonce dans les bas-fonds de la ville, déguisé en clochard, sous le pseudonyme de Geronimo. L'idée, c'est d'aller voir de près quels sales coups peut bien préparer le gang des Knickerbocker Boys. Là-bas resurgit Anastasia, alias Margaret Tolstoï, le grand, le seul amour d'Isaac Sidel, qui a grandi rue du Petit-Ange à Odessa. Elle a fait du chemin depuis.Mais on ne raconte pas un roman de Jerome Charyn. On se laisse emporter, bousculer, charmer, surprendre...
Broadway était à l'origine un vieux sentier indien qui traversait Manhattan de part en part et continuait jusqu'au Bronx. Les Hollandais le nommèrent Heere Straat (Rue Haute) puis Breede Weg (Large Chemin). C'était la route principale de la Nouvelle-Amsterdam, une ville qui tenait presque de l'illusion.
Dans les années folles, gangsters, écrivains, danseuses et aventuriers en tout genre inventent une modernité faite de rythmes endiablés, de lumières criardes et de fureur. Leur territoire : Broadway.
En remontant avec Jerome Charyn la célèbre avenue, on croise Arnold Rothstein, le financier de la pègre new-yorkaise, l'homme qui a littéralement inventé Broadway, Owen Madden, le modèle du Gatsby de Fitzgerald, mais aussi Damon Runyon, chroniqueur inspiré et oublié de la Grande Rue, et « Citizen » Hearst, qui finira par épouser une des plus célèbres Ziegfield Girls. Toute une galerie de personnages insolites reprend vie sous nos yeux à travers cette histoire de Broadway qui est aussi l'histoire d'une ville, New York, et d'un rêve, le rêve américain.
Porté par une prose nerveuse aux accents cinématographiques, C'était Broadway saisit l'atmosphère d'une rue dont le nom à lui seul est désormais une légende.
«Nous étions installés au comptoir, juchés sur nos tabourets, lorsque Sarah Dove entra, venant de la garenne de pièces, sur l'arrière de l'immeuble, qui tenait lieu d'appartement à Tully. Elle portait un peignoir de couleur foncée avec rien en dessous, hormis la chair voluptueuse qui la caractérisait. L'odeur musquée de son corps faisait de véritables ravages chez les gamins de douze et treize ans que nous étions. Elle se mouvait à la manière d'un serpent musculeux. Elle avait le nez de travers et les prémices d'un double menton. Mais cela ne faisait que rendre Sarah Dove plus désirable encore, même si le mot désir était un terme vague, trop faible pour dire l'étendue et l'intensité de nos éruptions mentales et physiques. Mon esprit à moi, en tout cas, était un volcan de mélancolie. Salut les mômes. Qu'est-ce que vous faites de beau ? Elle retroussa l'une de ses manches, faisant ainsi apparaître les petites boursouflures bleues qu'elle avait sur le bras et qui la transformaient en icône ambulante.»
En cette fin du printemps de l'année 1776, la révolte des colonies de sa Majesté George III d'Angleterre a vraiment une drôle d'allure. À la tête d'une armée dépenaillée, un taciturne fermier de Virgnie, monté sur son cheval blanc, attend l'arrivée des troupes britanniques. Sur l'île de Manhattan transformée en camp retranché, Robinson Street - connue sous le nom de " Terre sainte " à cause de la proximité de la chapelle St. Paul - est une enclave de plaisir. C'est là qu'officient les " nonnes ", qui veillent au bien-être des soldats. Le plus célèbre bordel de la rue est le Jardin de la Reine, domaine de l'influente Gertrude qui traite d'égale à égal avec le shérif et ne refuse rien au général Washington.
Autre familier de la maison de Gertrude, le jeune John Stocking, surnommé Johnny Bel-oeil depuis qu'il a perdu un oeil aux côtés du général Benedict Arnold au Canada. Johnny est devenu le protégé de Gertrude et des nonnes, alors que son père, un faux monnayeur de Leeds, cherchait à se soustraire à la justice anglaise. Depuis, il est une figure locale, étudiant à King's College, espion à la solde des Britanniques, mais indéfectiblement attaché à la personne du général Arnold. Sans parler de la dette qu'il a contractée envers George Washington qui l'a sauvé de justesse de la pendaison.
Mais Johnny ne se contente pas d'être un agent double ou triple (lui-même le sait-il ?) Il poursuit avant tout un objectif : gagner les faveurs de Clara, la pensionnaire préférée de Gertrude. Clara est une superbe octavonne à la flamboyante chevelure, elle fume une pipe à long fourneau et n'a pas froid aux yeux. Johnny est prêt à tout pour Clara, lui qui s'enferme dans le placard à chaussures des nonnes pour toucher, humer, regarder les délicates pantoufles de sa belle. Enfin, l'autre quête de Johnny, tandis qu'il joue les infiltrés et est victime de nombreuses mésaventures, c'est l'identité de son véritable père, qui est peut-être le général Washington lui-même...
Johnny narre son odyssée sur un ton à la fois familier et faussement précieux. Il prend le lecteur à témoin pour mieux l'entortiller dans les rets de son récit où s'entremêlent le vrai et le faux, l'épique et l'anecdotique, l'action et le commentaire, dans la tradition narrative de Tom Jones ou de Tristram Shandy. À travers ce personnage aux multiples facettes, Jerome Charyn fait défiler toute la Révolution américaine, épisode fondateur du pays, dont il réinvente la matière au moyen de scènes hautes en couleur, inscrites dans un quotidien parfois surréaliste.