L'enjeu de la mélancolie c'est le rapport de l'âme et du corps, la ligne entre nature et culture. Le mélancolique souffre de ne pas savoir sortir de soi. D'ignorer qu'il faut être deux pour se connaître soi-même, et de penser que la souffrance est sens. Ce qui nous éloigne de la mélancolie comme simple vague à l'âme.
L'éminent helléniste et spécialiste de la médecine ancienne, Jackie Pigeaud, nous livre ici une histoire de la mélancolie, née avec les Grecs, qui tentent de construire une stratégie de vie entre philosophie et médecine.
Cet ouvrage a été couronné du Prix BIGUET 2009 de l'Académie Française.
C'est une fatalité et une chance.
C'est autour de la dualité entre l'intérieur et l'extérieur que s'est constitué ce livre. L'irruption brutale de la « vérité » du corps est vécue comme malaise et oblige à la souffrance de la scission. Narcisse meurt de se reconnaître, de faire coïncider un extérieur où il a tout placé avec une intériorité qu'il ignore ; le mélancolique est incapable de se voir. Y aurait-il une connaissance immédiate du corps, sans passer par l'âme ou ce qui en tient lieu ? L'auteur propose une histoire du corps dans son imaginaire, dans sa force poétique, mais aussi dans sa réalité biologique à travers le temps et les représentations qu'il se donne, la dernière étant le cadavre.
Y avait-il quelque affinité entre l'opiniâtre fidélité de Pénélope, la décision infanticide de Médée, l'exubérance criminelle de Clytemnestre ? Si l'on met à part la moralité, si l'on cherche l'origine, la force originelle de ces femmes qui ne cèdent jamais, ne peut-on pas percevoir quelque chose qui désigne chez les femmes un vouloir fondamental, venu des origines, d'avant même la décision ?
Ce que l'historien et philologue Jackie Pigeaud (grand spécialiste de l'Antiquité) en revenant sur toutes les femmes de la poésie grecque qu'il a tant fréquentées - les bonnes comme Pénélope ou Alceste, les terribles comme Médée ou Clytemnestre - entend par "vouloir" n'est pas les caprices, non pas seulement la décision, mais la force de décider et la capacité de réaliser, d'aller jusqu'au bout. Le terme vouloir couvre quelque chose qui est de l'ordre de la force.
Et surtout la femme aime aimer ; il y a en elle comme une gravité sourde, admirable et redoutable. Elle veut aller jusqu'au bout pour le pire, pour le meilleur.
Religieuse ? sexuelle ? Esthétique ? La question de l'hermaphrodisme permet au médecin, au naturaliste et au philosophe de se rencontrer et de s'éclairer réciproquement. Dans cet essai, Jackie Pigeaud invite à une promenade menant de la pensée médicale à l'esthétique.
Comment parler de praxitèle à partir de chefs-d'oeuvre dont ne subsistent que des copies ? jackie pigeaud relève le pari en proposant un retour à l'antiquité, replaçant ainsi la figure du sculpteur athénien dans le contexte historique d'une tradition très riche - la période classique - allant de polyclète à lysippe.
Grâce à de nombreuses illustrations, il convie le lecteur à une promenade autour de quelques sculptures des plus fameuses attribuées à praxitèle: eros, l'aphrodite de cnide, le satyre, le dyonysos de callistrate ou encore l'apollon sauroctone. il raconte notamment l'histoire de ces statues telles que les auteurs anciens, athénée, plutarque, cicéron ou pline l'ancien, les commentaient, montrant par exemple l'admiration ou la stupeur qu'elles provoquaient sur les contemporains.
L'auteur complète son récit par une réflexion esthétique sur l'art de de praxitèle. car ses chefs-d'oeuvre soulèvent, par leur génie, des questions qui dépassent la seule histoire de l'art : celles de la beauté, de la " proportion ", de la " mollesse ", de la représentation, de l'érotisme. n'est-ce pas finalement, en ce ive siècle avant j. -c. , l'histoire de la passion qui débute ?.
Ce livre est le compagnon inséparable de la Maladie de l'âme.
Il a une finalité : donner, de manière la plus claire possible, ce qui va être pour des siècles l'outillage de la réflexion des médecins sur la folie. L'histoire de la médecine est, pour une grande part, jusqu'à une période assez proche, une histoire des textes et de leur interprétation dans laquelle philologie et médecine collaborent. Le sens de manie est délicat. C'est le terme le plus général pour indiquer la folie.
Mais, au cours du temps, la manie est devenue une maladie bien définie dans l'usage médical ; de telle sorte qu'il faut toujours prendre garde au contexte et à l'époque où l'on se trouve. Parfois le sens large et le sens technique peuvent coexister. L'auteur pense déjà à Philippe Pinel, le fondateur, au tout début du XIXe siècle, de ce qui s'appellera la psychiatrie. On trouvera traduits et analysés les textes fondateurs de la médecine antique, mais aussi, accompagnant inévitablement la réflexion sur la folie, la question de la phantasia, renouvelée à l'époque hellénistique, et celle du traitement qui ne pouvait éviter un examen de la catharsis aristotélicienne.
On présente ici un ensemble de travaux consacrés à une discipline que l'on propose d'appeler histoire de la pensée médicale : par là, nous voulons marquer que notre but est de nous livrer non pas à une histoire de type « positiviste » de la médecine, mais à une reconstitution de l'imaginaire des médecins ; c'est ce que Galien appelait philosophie médicale. On a préféré retenir le titre Poétiques du corps, pour faire droit à tout l'imaginaire que recèle cette visée, car ce qui est décrit ici ce sont les efforts de l'imagination réglée par une pratique, la définition d'une pensée créatrice et qui prétend à l'autonomie.
La seconde partie de l'ouvrage regroupe des travaux qui éclairent la survie des textes médicaux antiques aussi bien dans le courant hippocratique que dans la constitution, au XIXe siècle, de la psychiatrie française.
Prononcer l'éloge. S'agit-il d'un tableau qui aurait "réellement" existé et qui aurait disparu, au grand désespoir des archéologues ? Ou bien plutôt d'une fiction de réalité, d'une image faite de mots, d'un tableau peint avec la technique d'un rhéteur poète ? La question devient vite vertigineuse.
Dans son essai, qui prend la forme d'un dialogue très enlevé, Jackie Pigeaud conduit le lecteur aux lisières de la poésie et de la peinture : dans un espace où règne en maîtresse absolue la phantasia. C'est-à-dire la force des apparitions, l'énergie des images, l'ambiguë faculté d'imaginer qui engendre l'artiste aussi bien que le fou.
Dans ce volume il est question de musique et de poésie, mais aussi de médecine, de biologie, de mathématiques et de politique. On y trouvera les réflexions de philosophes et d'historiens d'art, l'ensemble des textes permettant de donner un aperçu original sur ce thème du rythme.
Ces Entretiens sont attachés à un lieu qui leur donne son nom : La Garenne Lemot, une villa néo-classique, aux bords escarpés de la Sèvre, dans l'évocation de la Toscane. En cet endroit on peut parler de beauté et de grâce, mais aussi, comme nous l'avons fait, de tolérance et d'amitié. Cette année nous avions choisi la limite comme sujet de nos Entretiens, continuant ainsi à proposer des lieux communs à la réflexion.
Ces Entretiens sont attachés à un lieu, qui leur donne son nom : La Garenne Lemot, une villa néo-classique, aux bords escarpés de la Sèvre, dans l'évocation de la Toscane.
En cet endroit l'on peut parler de beauté et de grâce, mais aussi, comme nous l'avons fait, de tolérance et d'amitié. Ces Entretiens sont annuels. Cette année-là il s'agissait de Miroirs : de leurs fonctions philosophique, scientifique et spéculative ; de leurs fonctions picturale, musicale, littéraire et architecturale. Car, de l'antiquité à l'époque contemporaine et dans tous les champs du savoir comme des pratiques, les miroirs sont des instruments de connaissances et de rêves ; de vérité, de beauté et d'illusion ; de splendeur et d'obscurité.
Les vingt-deux études publiées ici explorent, chacune à leur manière et sur un objet singulier, l'ambiguïté des miroirs : à la fois leur dimension critique et leur puissance de fascination ; à la fois la vertu de leur éclat ou de leurs images et la perversion de leurs reflets ou de leurs simulacres.
Ces Entretiens sont attachés à un lieu, qui leur donne son nom : La Garenne Lemot, une villa néo-classique, aux bords escarpés de la Sèvre, dans l'évocation de la Toscane.
En cet endroit l'on peut parler de beauté et de grâce, mais aussi, comme nous l'avons fait, de tolérance et d'amitié. Ces Entretiens sont annuels. Le lieu est essentiel. Il communique un charme et une grâce qui ouvrent à la beauté. Il engage à l'absence de raideur que nous avons rêvée, chacun à travers nos disciplines et nos imaginaires. C'est d'ailleurs ainsi que nous entendons ces Entretiens. Des sujets vagues, dirait-on, des lieux communs, mais affrontés avec rigueur.
Il y a longtemps que nous nous exerçons à ce que j'appelle l'élucidation critique des lieux communs de l'imaginaire. Nous sommes très loin de tout dogmatisme. Nous sommes invités, comme les historiens de l'imaginaire que nous voulons être, à prendre les chemins de nos disciplines, à les regarder se rencontrer, Il est difficile d'organiser une présentation. Chercher une conclusion est impossible. Le lecteur est invité à la table de La Garenne.
Cette année-là il s'agissait de Métamorphoses. Je pense qu'il y aura matière à rêver.
1792 : Philippe Pinel, médecin-chef de l'asile d'aliénés de Bicêtre, libère ses patients, pour la plupart enchaînés depuis trente ou quarante ans. Plus de saignées ni de purges, mais de fréquents entretiens avec les malades, dont le diagnostic s'effectue désormais à l'aide des nouvelles classifications répertoriées par Pinel. Sa pratique et ses avancées théoriques sont les principaux ferments de la rupture qui donne naissance à la psychiatrie et voit la médecine conquérir le domaine des «maladies de l'âme», jusque-là dévolu aux philosophes. Ni biographie intellectuelle ni essai, cet ouvrage explore l'ensemble des tâtonnements et des doctrines dont se nourrit l'oeuvre de Pinel, dans la perspective d'une histoire de la longue durée, attentive à la lente maturation des idées médico-philosophiques depuis l'Antiquité.
aux commis et/deputés du comité/de surté general de/l assemblee nationale/pour remettre a/monsieur danton deputes on payera/le facteur aparis/theroigne.
en mars 1801, théroigne de méricourt adresse cette lettre à danton, mort en avril 1794. lettre folle, donc. au demeurant, " la belle liégeoise ", l'amazone révolutionnaire, a été déclarée officiellement folle en septembre 1794, et enfermée de ce moment jusqu'à la fin de sa vie, en 1817. cependant, dès le premier regard sur l'objet-lettre, deux feuillets écrits recto verso à l'encre sépia sur un papier chiffon bleu, c'est sa beauté qui saisit et immédiatement fascine.
un réseau de mots serrés, sans lisibilité apparente, surchargé, raturé, occupant furieusement tout l'espace disponible, et néanmoins d'une grande sûreté de main, comme on le dit du travail d'un artiste.
théroigne, danton, deux noms accolés qui évoquent plutôt la terreur que la rêverie esthétique. d'ailleurs, le premier fragment que l'on réussit à lire, " et les causes je le dirais au prix de mille vies ", rappelle énergiquement que cette lettre renferme une volonté de sens et s'adresse à un destinataire.
il est mort depuis sept ans, qu'importe ! à la même époque théroigne a sombré dans la folie. alors, où trouver le sens, son sens et la nécessité de sa publication qui, plus tard, s'est imposée aussitôt, comme on enregistre au plus vite un miracle, le miracle de la préservation ? jean-pierre ghersenzon a réussi le tour de force de décrypter le texte et d'en proposer une sorte de transcription juxtalinéaire.
travail précieux qui, tout en déchargeant cette lettre de toute portée historique véritable, la recharge tout aussi bien d'une sorte de magnétisme poétique.
jackie pigeaud, familier de l'histoire de la psychiatrie, la replace ici sous l'éclairage de la prodigieuse anatomie de la mélancolie de burton et, avec bonheur, la nomme : la lettre-mélancolie. sûrement digne d'enrichir la collection prinzhorn, la beauté insensée.
objet d'art mélancolique, concrétion inclassable, vestige d'une glaciation, la glaciation du temps mélancolique.
C'est la coutume, en ces rencontres, de tout suspendre à un thème général.
R chacun de jouer avec ses armes, dans son champ favori, attentif aux variations des autres champions. Tout le contraire d'un sujet technique. Un espace est donné, pour le plaisir. Comme un jeu, mais très sérieux. Jamais sans doute ces Entretiens n'ont été aussi fluides. Est-ce le sujet ? Libre, l'eau. Créer des séquences, c'est construire des digues et des barrages. Ces 10e Entretiens doivent être lus dans le courant qui fut le leur.
c'est la coutume en ces rencontres, de tout suspendre à un thème général.
a chacun de jouer avec ses armes, dans son champ favori, attentif aux variations des autres champions. tout le contraire d'un sujet technique. un espace donné, pour le plaisir. comme un jeu, mais très sérieux. le thème cette année était la couleur. les couleurs dans leur variété et leur variation. on revient toujours au poikilon grec, au miroitement du monde. sujet redoutable, mais qui sollicite l'imagination.
sujet inépuisable, mais le but de ces entretiens est l'invention, l'explication, dans la liberté. la couleur, la lumière, l'éblouissement, l'émerveillement, mais aussi les noirs, les gris ; mais aussi la rencontre de la forme et de la couleur , et naissent les problèmes esthétiques.
Ces Entretiens sont attachés à un lieu, qui leur donne leur nom : La Garenne Lemot, une villa néo-classique, aux bords escarpés de la Sèvre, dans l'évocation de la Toscane. En cet endroit on peut parler de beauté et de grâce, mais aussi, comme nous l'avons fait, de tolérance et d'amitié. Ces Entretiens sont annuels. Le lieu est essentiel. Il communique un charme et une grâce qui ouvrent à la beauté. Il engage à l'absence de raideur que nous avons rêvée, chacun à travers nos disciplines et nos imaginaires. C'est d'ailleurs ainsi que nous entendons ces Entretiens. Des sujets vagues, dirait-on, des lieux communs, mais affrontés avec rigueur. Il y a longtemps que nous nous exerçons à l'élucidation critique des lieux communs de l'imaginaire. Nous sommes très loin de tout dogmatisme. Nous sommes invités, comme les historiens de l'imaginaire que nous voulons être, à prendre tes chemins de nos disciplines, à les regarder se rencontrer, Il est difficile d'organiser une présentation. Chercher une conclusion est impossible. Le lecteur est invité à la table de La Garenne. Cette année-là il s'agissait de la Rencontre entre les Arts.
Ces Entretiens sont attachés à un lieu qui leur donne son nom : La Garenne Lemot, une villa néo-classique, aux bords escarpés de la Sèvre, dans l'évocation de la Toscane. En cet endroit on peut parler de beauté et de grâce, mais aussi, comme nous l'avons fait, de tolérance et d'amitié. Cette année nous avions choisi l'arbre comme sujet de nos Entretiens, continuant ainsi à proposer des lieux communs à la réflexion.
L'Académie des Curieux de Nature est aujourd'hui connue sous le nom de Leopoldina. Elle compte actuellement parmi ses membres 78 prix Nobel.
En 1670, à Leipzig, elle entreprend de publier chaque année des Éphémérides. Cette revue médico-physique, la première au monde, constitue un témoignage extraordinaire d'une rêverie baroque.
Le but est de scruter la Nature dans ses infinies variations.
Des savants de toute l'Europe font part de leurs découvertes. La règle veut que l'on décrive et si possible que l'on dessine l'objet de son observation. La nature est artiste et séduit une époque qui réhabilite le mythe et le merveilleux. Réjouissons-nous de cette exubérance de l'imagination et de la culture, qui nous livre ces belles images qui nous font encore rêver aujourd'hui.
Jackie Pigeaud (1937-2016) était professeur de l'Université de Nantes, membre senior de l'Institut Universitaire de France. Philologue, historien des idées et de la pensée médicale, plus particulièrement de la mélancolie, il a également traduit des textes d'Aristote, de Lucrèce, Longin et Sappho. Il a codirigé Les Épicuriens, ouvrage paru en 2010 dans la collection de la Bibliothèque de la Pléiade (éditions Gallimard).
Très tôt le mystère de la forme du vivant et de l'harmonie qui s'y marque a intrigué l'Occident. Très vite s'est imposée la comparaison du vivant avec l'art, comme s'est posé le problème de l'irruption du monstrueux dans la nature, quand l'art est l'univers du parfait.Pour répondre à ces questions, médecins, poètes, philosophes et artistes, mêlant littérature et anatomie, esthétique et géométrie, botanique et morale, inventèrent un nouveau mode de pensée : la rêverie culturelle. Platon, Pline l'Ancien, Cicéron, Virgile, Longus, Galien, Polyclète rêvèrent hors des catégories arrêtées de l'entendement, au-delà des concepts figés de leurs disciplines ; ils saisirent la fluidité des choses naissantes, la labilité du monde en formation. Entre ce que Valéry appelait «le vide et l'événement pur», dans cette indécision du temps et de l'espace où surgit la forme, déjà discernable et dicible, pas encore fixée, ils pensèrent la création en songeant à la graine et à la plante, au levain et à la pâte, à la présure et au fromage, à la semence et à la greffe.À ces textes jugés peu dignes de son corpus par la tradition philosophique, à cette rêverie culturelle, des Modernes goûtèrent, toujours préoccupés par les mêmes questions du vivant, de l'art : de Piles, Lessing, mais surtout Pinel, Winckelmann, ou bien encore Freud.Ainsi se dévoile un entre-deux de la culture occidentale, zone où, des Grecs à nos jours, la pensée progresse de s'affranchir de la Raison pour découvrir les raisons du vivant et de sa beauté.
La maladie de l'âme. la belle expression platonicienne n'a de cesse d'être d'actualité. Non seulement elle est prompte à revenir d'époque en époque, mais elle semble particulièrement friande de la nôtre. Que cette maladie désigne une vague tristesse, un taedium vitae, ou, plus grave, une dépression, elle implique tout à la fois la souffrance morale et la souffrance physique. L'âme et le corps sont divisés mais se retrouvent dans la douleur si bien que « la maladie de l'âme vient de ce que nous avons un corps ». De ce constat paradoxal Jackie Pigeaud tire une histoire, celle du triomphe du dualisme, du fardeau de l'âme et du corps contraints à être séparés et ensemble à perpétuité. Cette histoire trouve son origine dans le monde grec, et plus exactement dans sa philosophie. La division entre maladies de l'âme et autres maladies, c'est-à-dire maladies du corps, appartient à la philosophie. La médecine aurait été bien soulagée de cette partition. Est-ce à dire qu'elle n'entendait pas être philosophique ? Sans doute : Hippocrate en offre un bon exemple. L'accord, tacite, est le suivant : l'âme appartient au philosophe et le corps au médecin. Cicéron s'occupe des passions et Galien suspend son jugement dès qu'il approche la psyché. Chacun y trouve son compte mais les conséquences sont importantes : la partition du champ des maladies, la place du « malade » dans la société, les traitements à apporter, notamment à la folie, dépendent de ce dualisme initial. Si le legs de la médecine gréco-romaine est riche, il est aussi fort lourd et trouve des développements tout au long de l'histoire de la médecine, jusqu'à la constitution au XVIIIe siècle de la psychiatrie. D'une écriture et d'une pensée personnelles et profondes, ce livre est un essai sur l'histoire de la pensée médicale, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. La Maladie de l'âme a été un succès dès sa parution, et ce succès n'a pas été démenti depuis. L'ouvrage n'était malheureusement plus disponible : « les livres ont leur destin » commentait l'auteur. Avec cette édition revue et augmentée, accompagnée d'une préface nouvelle, le livre connaît enfin le sort qu'il mérite.
quel rapport existe-t-il vraiment entre le malade, le fou, et le génie mélancoliqueoe Pourquoi un même mot, « mélancolie », les désigne l'un et l'autre oe