Après le succès du Courage de la nuance, Jean Birnbaum poursuit son enquête sur l'« héroïsme du doute » avec une réflexion personnelle et politique sur l'enfance.
Dans ce nouveau livre, il montre comment la naissance d'un enfant fait vaciller toute certitude. Ce qui l'intéresse, c'est une expérience banale mais qui a peu attiré l'attention des penseurs : devenir le parent d'un enfant, c'est constater ses effets sur notre rapport aux autres et sur notre vision politique des choses. Si, depuis Socrate, le philosophe est celui qui dynamite nos préjugés, alors le bébé s'impose comme le plus subversif des philosophes.
Cette fois encore, Jean Birnbaum mêle réflexions et émotions. Il se tourne vers des auteurs aimés (Hannah Arendt, Georges Bernanos, Roland Barthes, Rosa Luxemburg...) et puise dans sa propre expérience. À l'heure où le mouvement « No kids » dénonce la procréation comme une catastrophe intime et écologique, ce livre proclame la solidarité essentielle entre espoir d'une société meilleure et promesse de la vie donnée, transmise, sauvée ; il n'y a pas d'émancipation sans générations, pas d'avenir sans enfants, pas de fraternité sans bébés.
« Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison », disait Albert Camus. Avec ce livre, Jean Birnbaum veut apporter du réconfort à toutes les femmes, tous les hommes qui refusent la « brutalisation » de notre débat public et qui veulent préserver l'espace d'une discussion aussi franche qu'argumentée. Pour cela, il renoue avec les grandes figures intellectuelles que sont Albert Camus, George Orwell, Hannah Arendt, Raymond Aron, Georges Bernanos, Germaine Tillion ou encore Roland Barthes. Pas seulement pour trouver refuge auprès de figures aimées mais surtout pour recouvrer l'espoir et la capacité de proclamer ceci : dans le brouhaha des évidences, il n'y a pas plus radical que la nuance.
Jean Birnbaum dirige Le Monde des livres. Il est notamment l'auteur, au Seuil, d'Un silence religieux (2016, prix Aujourd'hui), La Religion des faibles (2018, prix Montaigne) et Cet enfant qui me porte (2021).
« Le croyant est le miroir du croyant », affirme le djihadiste. Par ces mots, il adresse à l'Occident un défi. Alors, faisons face. Saisissons le miroir. Observons l'image qu'il nous renvoie, nous qui sommes si réticents à dire « nous », parce que ce serait délimiter une frontière avec « eux ». Mais le djihadiste nous y contraint. Il dévoile l'arrogance qui nous désarme : nous sommes convaincus d'être le centre du monde, le seul avenir possible, l'unique culture désirable.
Or le djihadisme sème le doute. Sa puissance de séduction révèle la fragilité de « notre » universalisme. Nous voici donc obligés d'envisager autrement les rapports de force passés (l'histoire des colonialismes) et présents (depuis l'affaire Rushdie jusqu'à Charlie). Nous voici également contraints de porter un regard neuf sur la conquête des libertés qui distinguent l'Europe comme civilisation.
Au miroir du djihadisme, cette croyance conquérante, nous découvrons ce qu'est devenue la nôtre : la religion des faibles.
La pensée occidentale a longtemps défini l'animal par ce qui lui manque : la raison, la pudeur, le rire. Aujourd'hui, notre imaginaire reste dominé par la conception cartésienne de «l'animal-machine», incapable d'accéder au langage, dépourvu de subjectivité, donc privé de tout droit.
Or l'actualité vient régulièrement nous rappeler l'étrange proximité qui nous lie aux animaux : crise de la «vache folle», grippes «aviaire» ou «porcine»... Surtout, les avancées de la recherche remettent en question la frontière entre l'Homme et l'Animal. Ainsi, les travaux des paléoanthropologues ou des éthologues soumettent la foi humaniste dans le «propre de l'homme» à rude épreuve.
Mais, alors, comment relativiser l'exception humaine sans sombrer dans la confusion entre tous les vivants? Comment l'homme peut-il prendre ses responsabilités envers l'animal, voire reconnaître avec lui une communauté de destin, sans se comporter lui-même comme une bête?
Alors que la violence exercée au nom de Dieu occupe sans cesse le devant de l'actualité, la gauche semble désarmée pour affronter ce phénomène.
Incapable de prendre la religion au sérieux, comment la gauche comprendrait-elle l'expansion de l'islamisme ? Comment pourrait-elle admettre que le djihadisme constitue aujourd'hui la seule cause pour laquelle un si grand nombre de jeunes Européens sont prêts à aller mourir à des milliers de kilomètres de chez eux ? Et comment accepterait-elle que ces jeunes sont loin d'être tous des déshérités ?
Éclairant quelques épisodes de cet aveuglement (de la guerre d'Algérie à l'offensive de Daech en passant par la révolution islamique d'Iran), ce livre analyse le sens d'un silence qu'il est urgent de briser.
Mai 1968 - mai 2008, de la politique à la religion : parmi les maoïstes français, ils sont quelques-uns à avoir emprunté ce chemin. Qu'ils soient croyants ou athées, ils sont passés d'une scène marxiste à une scène spirituelle : de Mao à saint Paul, pour Alain Badiou, Guy Lardreau ou Christian Jambet ; de Mao à Moïse, pour Benny Lévy, Jean-Claude Milner et leurs camarades. Par-delà les divergences, ils se retrouvent désormais sur ce nouveau front. Mais ils ne se sont pas « rangés ». L'argent ne les intéresse guère, le conformisme bourgeois ne leur inspire que mépris. Pour ces hommes de plume, l'essentiel est ailleurs. Ils connaissent la France, le pouvoir qu'exercent les idées ici. Ils savent que la guerre intellectuelle, la seule qui compte, est une bataille de longue durée. Ainsi, les anciens « maos » n'ont pas cessé de croire. Avec le temps, l'objet de leur foi s'est déplacé, voilà tout. Hier, pour chacun, la Cause se situait à Pékin, au coeur de l'Orient rouge. Aujourd'hui, pour certains, la Cause s'appelle Occident. « L'Ouest », comme dit André Glucksmann. Chez ceux-là, d'une radicalité à l'autre, le glissement a quelques conséquences. Quarante ans après Mai 68, ces anciens gauchistes fustigent les Lumières, les penchants démocratiques et autres naïvetés progressistes : égalitarisme, anti-racisme ou pacifisme. Telle est donc la thèse de ce livre : dans leur style flamboyant, sans nuance ni pitié, les « Maoccidents » se tiennent à l'avant-garde d'une révolution culturelle qui s'appelle néoconservatisme.
Voici une expérience singulière : à quatorze ans, vouloir changer le monde. À quatorze ans, se mouiller pour ses idées, monter à l'assaut du ciel, endurer l'angoisse du militant. À entendre certains « soixante-huitards » revenus de tout, et qui prétendent avoir été les ultimes représentants de la jeunesse révolutionnaire, cette expérience serait désormais impensable : « Après nous, le désert politique », affirment-ils.
À mille lieux de cette nostalgie stérile, Jean Birnbaum a voulu savoir comment l'espérance révolutionnaire se transmet entre les générations. Et si cette « enquête en filiation » est menée au miroir du mouvement trotskiste, c'est que ce courant singulier a maintenu vivante, tout au long du XXe siècle, une tradition minoritaire mais opiniâtre d'émancipation. En France plus qu'ailleurs, les traits spécifiques de cette tradition (l'écoute des aînés, la passion des textes.) en ont fait l'une des plus grandes écoles politiques et intellectuelles.
Entre la génération des années 1930, isolée, pourchassée, affrontant à la fois le stalinisme et le fascisme, et celle des années 1960, solidaire des peuples colonisés, la continuité fut tant bien que mal assurée. De cette mémoire fraternelle, entre révolte et mélancolie, que reste-t-il maintenant ? Des jeunesses de jadis et d'hier à celles d'aujourd'hui, inventant, avec l'« altermondialisme », de nouvelles radicalités sans frontières, quelles sont les filiations oe
À partir d'entretiens approfondis avec des militants, actuels ou anciens, célèbres ou inconnus, Jean Birnbaum restitue avec force des figures et des destins hors du commun, mais repère aussi la trace des déceptions et des déchirures intimes : sur la question juive, par exemple, ou encore sur les dérives sectaires. Au fil de ce parcours critique et au coeur de ces propos, n'en vibre pas moins l'exigence qui anime toute « génération » digne de ce nom : celle d'une justice à venir, par-delà le monde présent.
Cette collection rassemble en 20 volumes les écrits des plus grands rebelles de tous les temps : de Victor Hugo à Léon Blum, de Jean Moulin à François Mauriac, en passant par Jaurès, Clemenceau, Voltaire ou encore Charles Péguy... tous sont des hommes d'action, des écrivains, des penseurs ou des artistes, qui ont un jour rompu avec les accommodements, les mensonges ou les préjugés de leur temps pour faire de leur vie un combat. S'ils se sont également battus avec la plume, c'est qu'ils étaient convaincus du formidable pouvoir des mots pour éveiller les consciences, résister à l'oppression et transformer le monde. Leurs écrits n'ont rien perdu de leur force ni de leur justesse, et restent des manuels d'insoumission pour les temps présents.
Éditée par Le Monde, la collection est dirigée par Jean-Noël Jeanneney, historien et homme politique, président du jury du Prix du Sénat du livre d'histoire.
« Mais c'est de la contestation systématique ! », fulmine le principal.
La scène se passe, comme toujours, au conseil de clash. Représentant des parents, je n'ai quand même pas été élu pour dire « amen » à la politique bien souvent contestable du collège, n'en déplaise au principal - ou aux parents béni-oui-oui - qui me freinent !
Au fait, qu'arrive-t-il quand des parents-délégués contestataires affrontent, et la frilosité de l'Éducation Nationale, et l'animosité de leurs pairs ? Quels sont en effet les origines et les enjeux de la zizanie - mais aussi de la complicité cachée - entre acteurs de l'école et parents élus aux conseils ? Comment insuffler au système scolaire français plus d'intérêt pour « le bonheur d'apprendre », sans tomber dans le « lycée light » ?
Seul pamphlet paru sur une association de parents d'élèves, Au conseil de clash répond à ces questions.
L'origine est plus qu'un point de départ, c'est une histoire, un récit sans cesse à refondre. Le 20e forum Le Monde-Le Mans a exploré de nombreuses pistes sur ce thème, qu'il s'agisse de l'histoire de l'univers, des expériences artistiques de la filiation et de l'origine, des polémiques contemporaines sur le « droit à l'origine » pour les enfants nés par insémination artificielle, ou encore des querelles brûlantes autour du facteur « ethnique » dans les violences sociales.
Parmi Les grandes représentations qui fondent notre façon d'organiser le monde, La "différence des sexes" constitue sans doute la plus originelle. Ancrée dans un substrat corporel, la polarité masculin/féminin apparaît comme un alphabet universel, comme un "butoir ultime pour la pensée", selon la formule de l'anthropologue Françoise Héritier. Mais cette évidence "naturelle" n'a jamais cessé d'être contestée. Mieux: depuis quelques années, sa remise en cause revêt une intensité particulière. D'une part, on a vu émerger un champ d'études inédit (études de "genre", théorie "queer"...), dont l'objectif est d'examiner à nouveaux frais cette vieille articulation entre masculin et féminin. D'autre part, on assiste à une politisation croissante des questions sexuelles: pensons seulement aux débats sur "L'homoparentalité" ou les mères porteuses. De cette actualité polémique, de cette urgence théorique, le 19e Forum Le Monde/Le Mans a pleinement témoigné, en donnant La parole à des philosophes, des scientifiques ou des artistes. Les contributions rassemblées dans ce volume en attestent: penser la différence des sexes, ce n'est pas seulement s'interroger sur Le passé et le présent des rapports entre hommes et femmes; c'est aussi et peut-être surtout explorer les conditions de toute démocratie à venir.
Qu'est-ce donc qu'être humain aujourd'hui ? La question, très actuelle, est celle de l'éthique et de ses conditions de possibilité. À quels gestes reconnaît-on une personne qui se comporte de façon humaine, simplement et solidement humaine ? Si «se montrer» humain, c'est offrir cette «épiphanie du visage» que Levinas affirmait être la condition de tout lien et de toute justice, peut-on encore «être humain» quand on doit être masqué ? Voulons-nous d'une humanité démissionnaire et spectatrice d'elle-même, confiant à des algorithmes le soin de maîtriser les aléas de l'existence ? Réussirons-nous à mettre fin à la hiérarchisation sexuée de notre monde commun afin que les femmes deviennent pour de bon les égales des hommes ? Telles sont quelques-unes des questions essentielles auxquelles tentent de répondre les auteurs de ce livre. Textes de Dominique Avon, Étienne Balibar, Étienne Bimbenet, Alain Caillé, Patricia Eichel-Lojkine, Camille Froidevaux-Metterie, Donatien Grau, Sandra Laugier, Andrea Marcolongo, Élisabeth Roudinesco, Marie-Françoise Sales.
Ce Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques couvre deux domaines distincts, la théorie politique (ses concepts, ses méthodes), et la pratique, inscrite dans les institutions politiques et dans l'exercice du pouvoir.
Ce dictionnaire traite en priorité de la France et des pays francophones, tout en s'efforçant d'élargir le champ de la comparaison à la dimension européenne et même mondiale.
Les raisons de l'irruption nationaliste.
Alors que le nationalisme est au coeur de la campagne présidentielle, Pierre Birnbaum livre une analyse éclairée par l'Histoire de ce grand retour en force. La remise en cause de l'État-nation à la française, théorisé par Renan, opère un long mouvement qui démarre avec l'affaire Dreyfus, s'étend jusqu'à Vichy et revient aujourd'hui. Cette vision réactionnaire véhicule un nationalisme ethnique centré sur le refus de l'étranger, de l'autre, de l'Europe. Hostile au nationalisme civique, il remet en cause la dimension universaliste d'un État se tenant à l'écart de la religion.
Pour Pierre Birnbaum, c'est précisément le déclin de l'État à la française qui engendre ce repli vers un nationalisme agressif.
Il démontre comment des facteurs internes et externes viennent miner cet État, qui n'apparaît plus comme le garant de la cohésion nationale mais comme le réceptacle d'intérêts privés au moment où l'Europe semble diluer les frontières de l'Hexagone.
C'est une vive alerte que lance ici Pierre Birnbaum contre le danger nationaliste?: «?Seul l'État, si malheureusement décrié par tous les populismes, peut garantir la paix civile, la concorde entre les citoyens et un espace public de solidarité. (...) S'il perd sa légitimité, le risque est grand de voir surgir une tentation nationaliste.?»
Cent ans après la mort de Marcel Proust, le 18 novembre 1922, on n'en finit pas de dénombrer ses contradictions, ses ambiguïtés et ses équivoques. Proust est catholique - « j'aime le catholicisme et je veux l'aimer » - tout en défendant les Juifs ; il se moque de l'antisémitisme, mais fait parfois sien le vocabulaire de Drumont ; se présente comme un « ardent dreyfusard », mais se métamorphose au cours de l'affaire et après son dénouement en un dreyfusard « désenchanté ». S'il condamne le nationalisme de ses amis antisémites comme Léon Daudet ou Maurice Barrés qui taisent sa judéité, il admire sans réserve ou presque leurs oeuvres littéraires. Conservateur dans l'âme, fasciné par l'aristocratie, hostile au socialisme et à toute forme de bouleversement social, il demeure aussi sensible, par « atavisme » familial, à l'univers yiddish ou à certains rituels de la vie juive tout en faisant siens les codes culturels, les croyances et les manières de vivre des salons de la haute société chrétienne. C'est alors l'image d'un Juif non-juif qui se dessine.
Pierre Birnbaum entreprend de raconter et de déplier ces ambiguïtés, en suivant pour la première fois l'immense correspondance de Proust en la replaçant dans son contexte politique - de l'affaire Dreyfus à la loi de séparation de l'Église et de l'État jusqu'à la Première guerre mondiale. Loin des personnages de la Recherche, c'est Proust qui révèle ses partis pris.
Au début, on pouvait croire à une mode passagère. Et puis la vogue est devenue lame de fond : aujourd'hui, l'amour de la philosophie constitue une passion partagée. Comme si notre société renouait avec une promesse des Lumières, que Diderot résumait ainsi : « Hâtons- nous de rendre la philosophie populaire ! » On lira ici une réflexion critique puisque l'espérance de la « philo pour tous » menace sans cesse de nourrir le marketing démagogique du « développement personnel ».
Une réflexion politique attentive au genre, car bien que la pensée n'ait pas de sexe, le masculine l'emporte dans l'image commune que l'on se fait du « philosophe ».
Une réflexion pédagogique et paradoxale : si philosopher c'est « penser par soi-même », ce geste autonome peut-il s'en remettre à une parole enseignante ? En France, le pays de Voltaire et de Sartre, celui de la philo en terminale aussi, nous sommes nombreux à répondre positivement, et à garder en tête la voix de l'enseignant(e) qui nous a ouvert l'esprit en nous mettant dans les pas d'Aristote ou de Pascal.
Une réflexion historique et culturelle, enfin : alors que maints penseurs classiques ont affirmé que la philosophie ne se rencontre « que chez les Grecs », selon la célèbre formule de Hegel, il faut se demander ce qu'il en est de la philosophie ailleurs qu'en Occident, par exemple en Afrique, en Chine ou en Iran.
La pratique de la philosophie nous amène à défaire nos certitudes et à nous bricoler une éthique en actes, qui nous permet de tenir bon, de nous tenir bien : apprendre à philosopher, c'est apprendre à être libre. En ces temps de désarroi et parfois de terreur, voilà une urgence collective, un impératif pour tous.
Écrire l'histoire du judaïsme, est-ce narrer le récit d'une vallée de larmes?Non répondit longtemps un des plus grands historiens du judaïsme, Salo Baron (1895-1989). Né en Galicie, au sein de l'empire des Habsbourg, invité à enseigner à New York en 1926, il découvrit alors ce qu'il pensait être l'exceptionnalisme américain.Société neuve, les États-Unis n'ont pas connu les Croisades, les affres du Moyen Âge, les malheurs de l'Inquisition, les pogromes de l'Europe de l'Est et de l'empire russe, dont celui de Kichinev en 1903 marqua tous les esprits; ils ont échappé au pire, à l'expulsion des Juifs européens. Baron en est persuadé, les États-Unis démentent à eux seuls ce qu'il appelle «la vision lacrymale de l'histoire», le récit du destin du judaïsme comme la liste ininterrompue des persécutions et des massacres. Tout au plus les Juifs américains se heurtent-ils à des préjugés, à des barrières sociales dans les clubs et les universités, mais jamais à un antisémitisme théorisé en idéologie politique à l'instar de l'Allemagne et de la France.Pourtant, en avril 1913 éclate à Atlanta l'affaire Leo Franck, le lynchage d'un Juif accusé du meurtre rituel d'une jeune fille. Première manifestation d'un antisémitisme de haine qui va éclore jusqu'à nos jours, porté par les suprémacistes blancs. Des centaines de synagogues ont brûlé au cours des décennies, jusqu'au massacre de Pittsburgh en 2018 et aux slogans antisémites lors de la tentative de putsch contre le Capitole en janvier 2021.La romance de l'exceptionnalisme sanctifiée par Salo Baron et à sa suite par les historiens du judaïsme américain se trouve-t-elle ainsi durablement démentie? Est-ce ici aussi le retour de l'histoire lacrymale?
Dans ce portrait passionné et souvent inattendu, Pierre Birnbaum redonne pleinement vie à Léon Blum : le dreyfusard, l'homme de Juin 36 et de ses immenses conquêtes sociales, mais aussi le jeune dandy aux goûts littéraires d'avant-garde, l'homme d'action doté d'un réel courage physique, l'avocat de l'émancipation sexuelle des femmes, l'amoureux aux multiples vies. Il relit aussi ses engagements à la lumière de l'histoire de ces Juifs d'État, « fous de la République », auxquels il a consacré un livre qui a fait date. Figure accomplie de la citoyenneté républicaine, Blum ne renia jamais sa judéité.
Parce qu'on l'associe spontanément, aujourd'hui, à une série d'inquiétudes portant sur la culture, les traditions, les manières de vivre, et parce qu'elle peut nourrir une rhétorique d'exclusion, voire de violente intolérance, la notion d'identité est parfois réduite à ses enjeux les plus périlleux. Or elle dépasse de loin ces seuls débats. Avant même de toucher à la politique, la question de l'identité s'impose à tout individu conscient, sous la forme de ce mystère que Francis Wolff résumait ainsi : « Je suis toujours le même comme une chose et pourtant je suis, comme les événements, cause de certains événements, mes actes. Je change sans cesse et pourtant je suis toujours celui que j'ai toujours été. Mystère de l'identité : qui suis-je ? » Cette interrogation, qui engage la façon dont une vie peut faire continuité, concerne chacune et chacun. Evacuer « l'identité », en faire un mot maudit, un mot moisi, sous prétexte qu'il provoquerait une dérive « essentialiste », ce serait passer à côté de l'essentiel. Ce serait ignorer que, pour déconstruire l'identité, il faut d'abord en affirmer l'épaisseur humaine, et même, peut-être, en revendiquer la puissance émancipatrice.
Pierre Birnbaum, le théoricien de l'État fort à la française dont il a dessiné l'idéal-type, universaliste et protecteur des minorités, est né en juillet 1940, à Lourdes, quelques jours après l'instauration du régime de Vichy, de parents juifs et étrangers, dans une famille persécutée puis traquée par « l'État français » et par l'Occupant. À l'âge de deux ans, il est confié à une famille de fermiers des Hautes-Pyrénées avec sa soeur à peine plus âgée. Enfant caché, il doit sa survie à des Justes alors que les hauts fonctionnaires du régime de Vichy collaborent à la chasse aux Juifs.
Par un étrange déni, il ne s'était jusqu'ici jamais interrogé dans son travail sur cet « État français » qui a mobilisé tous les moyens pour les traquer, lui et sa famille. Il retrace, dans ce livre émouvant, les années de persécution de son enfance à partir d'archives saisissantes, tant locales que nationales, et se fait l'historien de sa propre histoire. Il pose surtout en des termes nouveaux, depuis le coeur de sa théorie, la question de la continuité entre la République et Vichy. L'État devenu « français » sous la houlette des droites extrêmes, est-ce encore l'État ?
Cet ouvrage d'une force singulière ne manquera pas de susciter le débat sur un pan de notre histoire toujours disputé. Car, conclut Pierre Birnbaum, le fait que les hauts fonctionnaires passés au service de Vichy aient été si peu sanctionnés pour leurs responsabilités dans la persécution et la déportation des Juifs de France reste un héritage lourd à porter. Toutes les conséquences de la leçon de Vichy n'ont pas été tirées.
En clôture du précédent forum du Monde au Mans, consacré à la promesse, un ancien ministre souligna un paradoxe. Les femmes et les hommes de pouvoir font sans cesse l'objet d'une demande impossible : tout se passe comme si les citoyens exigeaient d'eux qu'ils fassent des promesses dont tout le monde sait parfaitement qu'elles ne pourront être tenues...D'une certaine manière, le 27e Forum Philo prolongera ce paradoxe d'une exigence à la fois impérieuse et impossible, en posant la question« Où est le pouvoir ? ».
Dans nos démocraties contemporaines, en effet, le pouvoir passe souvent pour être introuvable, et les gouvernants se voient régulièrement soupçonnés de n'être que les pantins des « vrais » puissants, les marionnettes de forces situées en dehors de tout contrôle populaire. En même temps, chacun a plus ou moins conscience que le propre de la démocratie, c'est de faire en sorte que le pouvoir soit partout et nulle part, qu'on ne puisse mettre la main dessus, qu'il n'appartienne à personne, et surtout pas à ceux qui l'exercent - bref qu'il soit un « lieu vide ».
Le philosophe expliquait que la démocratie moderne est le seul régime à signifier l'écart du symbolique et du réel avec la notion d'un pouvoir dont nul, prince ou petit nombre, ne saurait s'emparer. Si le pouvoir est un lieu vide, il n'y a pas de conjonction possible entre le pouvoir, la loi et le savoir; pas de pnarque absolu, de Fuhrer ni de Duce, moins encore de Secrétaire général omniscients.
En sorte que la question du pouvoir donne lieu à un questionnement interminable, sur sa nature, sa source, son efficace.
Parce qu'il n'est jamais là où l'on croit, le pouvoir déçoit forcément. Mais pour demeurer démocratique, il lui faut échapper à tous...Ce paradoxe concentre beaucoup des questions qui enflamment nos débats politiques les plus contemporains.
Il nourrit les réflexions de ce forum.
Contributions de A. Bensa, L. Boltanski, M. Canto-Sperber, D. Dulong, N. Heinich, M. Foeessel, K. Grévain-Lemrcier, B. Latour, J.-C. Monod, M. POtte-Bonneville, M. Revault d'Allones, E. de Turckheim, A. Zeniter.
Innover c'est s'adapter, tel est le credo des professionnels de l'immobilier qui doivent se révéler êrte créatifs et entreprenants dans un secteur de plus en plus incertain et mouvant. La mise en oeuvre d'un véritable management de l'innovation et de « l'imagination » s'impose aux acteurs de l'immobilier, sans laquelle un certain nombre d'entre eux disparaitront.
Les six auteurs de cet ouvrage proposent un tour d'horizon du secteur de l'immobilier dans toutes ses variétés et complexités.
La question du pilotage de la responsabilité sociale des entreprises dans le champ de l'immobilier interroge le management partenarial et la responsabilité sociale des entreprises. Ces mêmes entreprises sont également confrontées de plein fouet à la révolution numérique et aux changements des comportements clients qui deviennent de plus en plus informés et « experts ». C'est la remise en cause progressive du statut des professionnels qui se joue là et qui incite ces derniers à repenser leurs modalités d'intervention et leur formation, fondement de leur légitimité.
Cette dynamique sociétale se retrouve dans l'évolution du logement social contraignant les bailleurs sociaux à repenser leurs investissements, leur management et leur rapport aux locataires qui deviennent des clients dans une société de plus en plus marchande du fait d'un retrait progressif de l'Etat et des collectivités publiques.
Cette dynamique impacte également depuis les dernières lois votées les modalités de gestion des agences immobilières, de la promotion, du syndic de copropriété.