L'objet a est sans aucun doute le concept le plus original de l'oeuvre de Lacan. Paradoxalement, peu d'ouvrages traitent de manière directe de ce point précis de la théorie et de la pratique lacaniennes. Voici donc l'un des premiers livres consacrés à cette invention lacanienne qui, à certains égards, condense à lui tout seul, tel l'Aleph de Borges, la pensée et l'originalité de Lacan. Le livre que nous allons lire présente de manière progressive les outils conceptuels de l'oeuvre du psychanalyste français, en suivant l'émergence de « l'objet des objets », comme le désigne son inventeur. Cette notion, qui apparaît aussi comme une nécessité théorique, est déjà en germe dans les premiers séminaires du psychanalyste, avec l'hypothèse de la prééminence du symbolique, et on peut en suivre le développement dans les textes qui traitent de la cure analytique, et jusque dans le dernier enseignement de Lacan. Un tel parcours remet en lumière la portée de la révolution freudienne qui depuis plus d'un siècle conduit l'homme moderne dans les méandres de son rapport aliéné au désir, mais aussi lui ouvre les voies de son devenir possible en tant que sujet.
La publication de deux textes quelque peu oubliés d'Alexandre Kojève revêt une importance cruciale en ce qui concerne la compréhension aussi bien de l'oeuvre du philosophe que d'une bonne partie de la philosophie française du XXème siècle. " La métaphysique religieuse de Vladimir Soloviev ", résumé d'une thèse soutenue à Heidelberg, est un texte rédigé en français par Kojève dans les années 30 alors qu'il avait déjà entamé une bonne partie de son cours sur Hegel à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, et de ce fait il en porte la trace.
Le second texte publié ici, " L'origine chrétienne de la science moderne ", écrit en hommage à Alexandre Koyré, a été publié trente ans après le premier et en reprend une des thèses principales, à savoir celle de la coupure introduite par l'avènement du christianisme qui augure d'un autre avènement, celui de la science moderne avec Galilée. Ainsi, la thèse de Koyré ne serait que la conséquence de la thèse kojèvienne du renversement produit par le christianisme, seule religion absolue et totale qui abandonne l'homme et le prive à jamais de la notion ancienne de destinée.
C'est toute la querelle des Anciens et des Modernes qui se trouve ainsi convoquée au travers de ces deux textes qui nouent ainsi le christianisme et la science moderne.