S'appuyant sur une très large masse d'archives, Julian Jackson explore ici toutes les dimensions du mystère de Gaulle, sans chercher à lui donner une excessive cohérence. Personne n'avait décrit ses paradoxes et ses ambiguïtés, son talent politique et son pragmatisme avec autant d'acuité et d'esprit. Des citations éblouissantes d'intelligence, de drôlerie, de méchanceté parfois, restituent la parole de De Gaulle mais aussi les commentaires de tous ceux qui ont appris à le connaître, à se méfier de lui ou à s'exaspérer de son tempérament de feu.
Julian Jackson relit cette existence politique hors norme et son rapport à la France à la lumière des questions du passé et de celles qui nous occupent aujourd'hui - et notamment l'histoire coloniale et l'Europe, la place de la France dans le monde, mais aussi évidemment les institutions de la Ve République.
Une biographie pleine de nuances, qui fait ressortir le caractère extravagant d'un personnage singulier à tout point de vue, extraordinairement romanesque dans ses audaces comme dans ses parts d'ombre, et dont l'héritage ne cesse de hanter la mémoire des Français.
Paris, 1940 : les Allemands, jeunes, beaux et bronzés, portent des appareils photos aussi souvent que des fusils et cèdent volontiers leurs sièges dans le métro. La France est soumise à la répression du régime de Vichy, qui ouvre en moyenne 350 000 lettres par semaine et met les conversations téléphoniques sur écoute. Hostile aux Allemands et plutôt favorable à Pétain, la population risque quelques plaisanteries - « la collaboration, c'est : donne-moi ta montre, je te dirai l'heure » - et se réfugie au cinéma ou à la pêche. Bien peu s'insurgent contre la loi du 3 octobre sur le statut des juifs. Intellectuels et artistes inaugurent quant à eux une période faste de la vie culturelle parisienne.
Puis le régime de Vichy se durcit. L'Occupation dure. Quelles sont alors les réactions des Français ? Le clivage résistants-collaborateurs, affirme l'historien Julian Jackson, déforme une réalité bien plus complexe : difficile d'imaginer aujourd'hui qu'il s'est trouvé des résistants pétainistes, comme des pétainistes pro-britanniques et anti-allemands, et des résistants antisémites...
Le livre-somme de Julian Jackson nous plonge au coeur des « Années noires ». Loin de la survalorisation gaulliste de la résistance comme du dénigrement de la France pétainiste, il dresse une cartographie fine de notre passé.
Nouvelle édition brochée : pour cette biographie en anglais d'un grand homme d'État français des temps modernes. En six semaines au début de l'été 1940, la France est submergée par les troupes allemandes et se rend rapidement. Le gouvernement français du maréchal Pétain a intenté un procès en faveur de la paix et signé un armistice. Un jeune général français peu connu, refusant d'accepter la défaite, s'est rendu en Angleterre. Le 18 juin, il a parlé à ses compatriotes à propos de la BBC, les exhortant à se rassembler à Londres. "Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas être éteinte et ne l'éteindra pas." À ce moment, Charles de Gaulle est entré dans l'histoire. De Gaulle mordit fréquemment la main qui le nourrissait pendant le reste de la guerre. Il insista pour être traité comme la véritable incarnation de la France et se brouilla violemment avec Churchill et Roosevelt. Il était piquant, têtu, distant et autonome.
Arcadie fut le premier mouvement homosexuel en France, le plus important en nombre, en longévité...
Et même un pionnier! Fortement contestée dans les années 1970 avec l'émergence d'une culture radicale du coming out, l'association Arcadie fut dès lors reléguée aux oubliettes. On n'en parlait plus guère ou alors pour s'en moquer, ou pour fustiger une culture du "placard" prude et désuète. On y voyait une préhistoire un peu honteuse de la culture gaie et lesbienne. Cette lecture n'est-elle pas réductrice? En défrichant les archives du mouvement, en recueillant des témoignages et notamment celui du fondateur André Baudry, aujourd'hui "réfugié" en Italie, l'historien travaille à replacer ce combat dans le contexte social de la France de l'après-guerre jusqu'à la dépénalisation de l'homosexualité, au début des années 1980.
Le texte, savoureux et rigoureux, restitue ainsi la vie des homosexuels de cette époque. On y croise, à Paris et en province, des figures étonnantes, intellos ou populaires, anonymes ou célèbres, comme Jean Cocteau ou Michel Foucault. Arcadie défendait la respectabilité des couples "homophiles" et représentait un refuge pour une population semi-clandestine. Elle a constitué une "culture homosexuelle", a inspiré la dépénalisation de l'homosexualité, défendait la vie en couple et l'adoption...
C'est le combat d'une génération qui entre étrangement en résonance avec les combats d'aujourd'hui sur le mariage et l'homoparentalité. Dès lors, ces homosexuels étaient-ils d'affreux conventionnels ou des avant-gardistes méconnus?
À paraître
Les Français croient tout connaître de la vie et de l'oeuvre de Charles de Gaulle. Cet ouvrage montre qu'il reste encore beaucoup à découvrir dans les archives qui s'ouvrent progressivement. Nombre d'épisodes et anecdotes inédits sont ici dévoilés pour la première fois, qui éclairent d'un jour nouveau le fonctionnement du couple Charles/Yvonne, le rapport à Pétain et à la France libre, la traversée du désert, la gestion du dossier algérien, les relations avec divers chefs d'État, et une correspondance bien plus libre qu'on ne l'imaginait avec des personnalités comme l'abbé Pierre, Paul Claudel ou encore Alain Delon...