A la Havane, une petite fille aux cheveux crépus négocie le difficile tournant de l'enfance à l'adolescence, dans une famille condamnée à la cohabitation par les conditions sociales du pays: un père officier de toutes les guerres de la Révolution, une mère argentine droguée au tango, une tante amateur d'opéra, un oncle masseur et une grand-mère gardienne de la morale. L'enfant va peu à peu découvrir que tout le fragile édifice familial ne tient que sur le mensonge, à commencer par ses origines à elle.
Celle qu'on a surnommée P'tit Mec fuit la famille pour les amis de son âge, fréquente les fêtes des années 80, les débats où l'on refait le monde, et goûte à la drogue, loin de l'apocalypse annoncée du système politique. Également étrangère à cet univers, tout aussi faux que celui de sa famille, l'adolescente cherche sa voie dans la solitude et le silence.
Ernesto a 12 ans lorsqu'on lui annonce la mort de son père dans les troupes cubaines envoyées en Angola. Fini les aventures trépidantes avec ses amis Lagardère et la belle capitaine Tempête, lui, le courageux comte de Monte-Cristo, se voit obligé de devenir «le fils du héros», une tâche particulièrement lourde dans un pays socialiste.
Plus tard, obsédé par cette guerre dans laquelle son père a disparu, il étudie avec passion cette période sur laquelle les informations cubaines ne sont pas totalement fiables. Il tente alors de reconstruire l'histoire de la mort de son père et se rend compte que tout ne s'est pas passé comme il l'a imaginé. Faire la guerre est plus compliqué que ce qu'on croit.
Oscillant entre passé et présent, entre douleur et passion, Karla Suárez trace avec ironie et lucidité le portrait d'une génération écrasée par une vision héroïque de l'histoire et qui a dû construire, à travers les mensonges et les silences de l'idéologie étatique, ses propres rêves et ses propres voies vers la conquête de la liberté individuelle.
Cuba, 1993. C'est la crise, on ne trouve plus grand-chose à manger, et faute de carburant tout le monde roule à vélo. Julia, la narratrice, est une jeune prof de maths, qui enseigne dans un lycée technologique. Elle navigue entre trois hommes, trois histoires, toutes différentes, et qui vont se retrouver curieusement mêlées. Euclides, son ancien prof de faculté, ex-amant, est brisé par l'exil de ses enfants. Angel est un bel amoureux qui en outre dispose d'un appartement dans le quartier du Vedado, en plein centre-ville - un luxe rare à l'époque. Leonardo est un écrivain à lunettes, grand amateur de rhum et affabulateur de première.
Tous ces personnages sont fascinés par l'histoire d'un certain Antonio Meucci, un Italien émigré à La Havane qui aurait inventé le téléphone avant Graham Bell. Tous souhaitent récupérer le document original qui permettrait de prouver définitivement l'antériorité de l'invention de Meucci sur celle de Bell. Mais surtout, et c'est le plus important : tous mentent, par jeu, par intérêt, par ennui. Coincée entre les trois hommes, la narratrice cherche à démêler le vrai du faux, tout en pratiquant la survie active et quotidienne dans un pays au bord du gouffre.
Dans cette histoire racontée comme une énigme mathématique, Karla Suárez met en scène avec brio une société épuisée, à court de vivres et de rêves, où chacun s'efforce cependant de garder intact tout ce qui peut rendre la vie supportable - l'amour, l'amitié, l'avenir.
Avec La Havane en toile de fond, les personnages de ces histoires racontent leurs aventures urbaines, oniriques, fantastiques et bien réelles. Des femmes fébriles, abandonnées, seules, furieusement libres ou totalement dépendantes. Des personnages prisonniers de leurs propres rituels ou déterminés à échapper à la routine de leur quotidien. Des hoistoires que racontent une voix sereine et subtilement cynique.
Deux jeunes Cubaines se rencontrent dans l'avion qui les emmène vers le Brésil pour un séjour autorisé d'études. À la fin de leurs visas, elles décident de ne pas revenir et pour des raisons différentes sans aucun rapport avec la politique, de trouver une place ailleurs dans le monde. Lucia se marie à un homme d'affaires italien et s'installe à Rome, Circé cherche "sa" ville, l'endroit où elle sera "chez elle".
Au moment où le roman commence, Circé arrive chez Lucia et s'installe "à la cubaine" pour un temps indéfini, en compagnie de son petit garçon et d'un bonsaï. Elle donne à lire à Lucia son journal de bord. Au fil de la lecture, Lucia découvre que son amie est plus vulnérable qu'elle ne l'imaginait, et de leurs conversations naissent des changements de point de vue sur les événements qu'elles ont vécus en commun, qui les font évoluer toutes les deux. Plongée subtile dans les méandres de l'amitié féminine, voyages de rencontres en rencontres de Sao Paulo à Mexico, Madrid ou Rome, vision caustique de l'exil et des attentes des autres à l'égard des exilés, en particulier cubains, regard sans inhibition porté sur les sociétés et les mentalités européennes, Karla Suárez écrit ici un roman plein de vitalité et d'ironie, dans lequel les personnages évoluent au conta ct les uns des autres et font par là même évoluer le lecteur. Dans un style direct, nourri de sensations et de musique, voici le roman dynamique et vital d'une jeune romancière cubaine et grande voyageuse pleine de curiosité pour le monde qui l'entoure.
Sept ans après Cuba, les chemins du hasard , Karla Suárez et Francesco Gattoni se retrouvent pour un exercice de « dialogue à l'envers ». Dans le premier titre de la collection Collatéral, il s'agissait pour le photographe italien de raconter en images le Cuba qu'il aimait, tandis que l'auteure cubaine racontait ses souvenirs de jeunesse.
Les voici à Rome, ville natale du premier, bien connue de la seconde. Leurs écritures mêlées invitent à une déambulation dans les rues de la ville où l'on traverse les siècles en quelques mètres.
Tous les chemins mènent à Rome... En réalité, nous rappelle Karla Suárez, cela dépend de celui qui les emprunte. Ils peuvent aussi nous mener beaucoup plus loin, parcourir le temps en tous sens et contribuer à faire de Rome une ville éternelle.
«Oui..., c'est moi, oui, dans ma chambre, avec un vodka martini, ma boisson préférée..., si tout s'est bien passé pour moi ? Ah, ma chère, impeccable, cette ville est accueillante et d'ici on la voit en entier..., non, Fabian n'est pas là, il est parti très tôt faire je ne sais quoi, moi je suis restée, je regarde des vidéos sur le lit, avec la télécommande..., bien sûr que non, il ne pouvait pas y aller,ma chère, il n'y avait pas d'accréditation pour la presse étrangère, mais ça n'a pas d'importance, il a fait presque tout ce qu'il comptait faire..., ah, ma chérie, laisse-moi te raconter ! » les auteurs Karla Suarez est écrivaine, Yvon Lambert est photographe. Tous deux ont connu La Havane au tournant du siècle. Karla a écrit des nouvelles dont les personnages vivent à La Havane. Loin des lieux emblématiques que fréquentent les touristes, Yvon a photographié le petit peuple dans sa vie quotidienne. l'idée Un ouvrage à quatre mains emprunt de respect et d'empathie pour les habitants de cette ville : La Havane.
'Tu es, Havane, les corps de tes gens, la chaleur sur l'épiderme, la caresse d'une main, les regards lascifs. Tu es cette envie de rire tout le temps, même de nous-mêmes. Tu es le type assis au bord du trottoir, attendant qu'une femme passe pour lui lancer : ' Hé ! la fille, on va te faire ta fête ! ' Tu es le sourire de la femme, les déhanchements de son corps. Le vieux qui chante en marchant. La vieille qui fume sous le porche. Les ombres de tes arbres. La musique qui fuse aux fenêtres. Le bruit. Le voisin qui invoque les saints afro-cubains, que Changó nous protège et qu'Elegguá nous ouvre les chemins.'
Sans nostalgie, à travers des chroniques sensibles et autobiographiques, Karla Suárez raconte Cuba et dialogue avec les photos de l'Italien Francesco Gattoni dans un voyage à la fois drôle et imprévisible. Ses souvenirs, racontés avec un détachement joyeux, constituent un prolongement littéraire insolite à la découverte de son pays.