« Si vis pacem, para vinum » Ces quelques mots figurent dans le Traité d'Arras de 1482. Comment clore une guerre qui met l'Europe à feu et à sang ? En scellant l'amitié nouvelle non pas au fer du tonneau, mais dans un partage civilisé, poétique et puissant. Cadeau fait aux rois et aux reines, transporté en carriole jusqu'à la table des empires réconciliées. Et aujourd'hui en cargo ou par avion... Que l'histoire du vin et de la terre soit aussi puissante que l'histoire des hommes cruels ou malhabiles.
Tel est le projet de Laure Gasparotto, nous conter cette terre de passage, de commerce et de rivalité : la Bourgogne. La région qui a inventé le vin, scientifiquement, artistiquement, dans le secret des monastères cistercien, mêlant influences méditerranéennes et continentales. Car depuis le onzième siècle, c'est bien ici qu'ont été développés tous les savoirs, dont sont nés des grands crus aujourd'hui légendaires... et inaccessibles : Romanée-Conti, Corton Charlemagne, Bâtard Montrachet, Charmes Chambertin, Clos de Vougeot. La Bourgogne est un don de la vigne et ses fruits des trésors, élevés par des artisans de la terre et du végétal, des passionnés discrets, qui perpétuent le geste ancestral du vigneron contre les grandes transformations du monde.
Ce vignoble classé au patrimoine mondial de l'Unesco, tant décrit par la littérature, ouvert et pourtant bien caché, ne vaut que par sa façon de l'aborder : pieds dans la terre, mains à l'oeuvre, palais à l'affût. Laure Gasparotto, bourguignonne d'adoption et passionnée de vin, nous raconte admirablement son horizon, ses histoires, ses grandes figures comme Lalou Bize Leroy ou Aubert de Vilaine. Ces pages sont l'éloge joyeux et vivant d'un rapport avec le monde : ouverte mais consciente de son histoire, jamais rincée ou appauvrie par une mondialisation galopante comme d'autres régions de vin : la Bourgogne c'est la France.
« Je reviens d'un rêve, comme on tombe de son lit, le visage marqué par le pli des événements.... » Ce rêve de toujours, pour Laure Gasparotto, c'est la vigne. Ne plus seulement goûter et analyser les crus, légendaires, oubliés, novateurs, ni même les raconter dans ses livres mais tenter l'aventure, à son tour, les mains dans la terre : devenir vigneronne.
Mère de deux enfants et récemment séparée de leur père, la narratrice décide de tout changer. Epaulée par quelques amis, elle quitte Paris et achète un terrain dans les terrasses du Larzac. Ainsi naît son domaine, Les Gentillières. Au coeur de ces vallées pierreuses et secrètes, où la terre et le ciel luttent et échangent, l'enthousiasme l'emporte. La nature se donne, les jeunes enfants courent et arrachent le raisin rougissant, c'est déjà l'excitation des premières vendanges... Le monde de la vigne, pétri de légendes et de savoir-faire ancestral, est aussi un commerce, où il faut « faire son vin », le nommer, dessiner l'étiquette, le laisser prendre, le faire découvrir. Une aventure totale, entre chais, tracteurs, sécateurs et grêles....
Car le métier est rude, obsédant et dangereux. La vigneronne est seule dans ses champs, isolée face aux raideurs de l'administration et dans un univers masculin. La vigne réclame, la vigne vampirise. Ce n'est pas un métier mais une vie...
Dans ce récit de métamorphoses, Laure Gasparotto se raconte au fil des jours. Elle a changé de vie, et chaque instant fut le laboratoire de recherche et développement personnel, coûteux, passionné. Et si finalement, ce n'est pas notre vie, mais nous-mêmes que nous devions réinventer ?
« Chaque année, je fourmille d'idées et d'envies de partager avec vous mes découvertes, mes espoirs, mes illusions. Le vin est un métier d'ouverture, d'échange, qui vous met face à vous-même tous les jours, dans chaque geste, dans chaque décision. À la fin, on obtient ce liquide précieux, humble, naturel, qui a la capacité de contenir nos existences. C'est cela le vin : une succession d'instants qui circule dans les bouteilles, puis en nous. Une mémoire vive qui devient monument. » O. J.
Journaliste, historienne et spécialiste du monde du vin, Laure Gasparotto a rencontré Olivier Jullien sur les terrasses du Larzac. Ce vigneron célèbre, qui a su refonder et réenchanter le terroir du Languedoc, livre son histoire. Celle de sa famille, des collectivités agricoles, de sa terre et du célébrissime Mas Jullien. Pour ces deux passionnés, le vin est un lien social, un plaisir, une richesse proche de la littérature. Entre correspondances, entretiens et extraits de carnets de dégustation, Olivier Jullien nous raconte son amour de la nature, ses millésimes préférés et ses doutes. Comment s'impose-t-on à dix-neuf ans au sein de cette culture ancestrale ? Comment devient-on le symbole des grands crus languedociens ? Comment, enfin, vit-on de la terre tout en la respectant ?
A l'heure où la presse s'extasie devant de nouveaux chais clinquants à plusieurs millions d'euros, imaginés par de célèbres architectes, la vigne se meurt. Chaque année, son espérance de vie diminue. Autrefois on plantait pour cent ans, demain ce sera à peine pour vingt-cinq. Le coupable ? Le réchauffement climatique bien sûr, mais aussi l'homme et les techniques de culture. Si rien n'est fait, dans cinquante ans, le vin tel que nous le connaissons et l'aimons - avec ses terroirs prestigieux, ses grands crus et ses coteaux qui s'ombrent à l'automne d'un grenat antique - aura disparu...
Lilian Berillon était un pépiniériste comme les autres. Longtemps il a considéré le cep comme une marchandise : rendement et productivité régissaient son travail. Jusqu'au jour où il a compris qu'il risquait de devenir un trader, un « courtier du végétal », performant et à courte vue ....
Aujourd'hui, les plus grands domaines s'arrachent ses conseils et souhaitent lui acheter ses plants. Son secret ? Une métamorphose radicale dans la conception de la vigne. Fini les plants hors-sol, issus du clonage et des éprouvettes, Lilian Berillon parcourt le monde, à la recherche des sarments qui donneront les raisins de demain, taillés pour affronter le temps qui passe et le climat qui change. Il s'agit avant tout de restituer au vignoble son histoire biologique et de revenir à des méthodes de culture fiable. Car le vin n'est pas une affaire de chimistes ou de pépinières au goutte à goutte, mais le fruit du mariage entre l'homme et la nature : le sang de la terre.
Voici le récit d'un combat pour la sauvegarde d'un patrimoine vieux de plusieurs millénaires. Des premiers vignobles gallo-romains aux clos fondés par les moines, des cépages bourguignons aux grands châteaux de Bordeaux et de la Napa Valley, c'est un chapitre entier de notre histoire qui s'effacerait...