Au coeur de la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle et en plein essor du capitalisme, Albert Kahn, fils de marchand de bestiaux alsacien, crée sa propre banque et devient immensément riche. Profondément humaniste, il consacre sa vie à une oeuvre pacifiste protéiforme, ponctuée par la création de multiples fondations, de jardins extraordinaires et d'une entreprise de couverture photographique et filmique d'un monde en pleine transformation : les Archives de la Planète. Un héritage patrimoinial inestimable.Situé à Boulogne-Billancourt, aux portes de Paris, le musée abrite ces collections exceptionnelles (Plus de 100 heures de films, 72 000 autochomes en couleurs) dans un écrin de verdure aux multiples paysages créé par Albert Kahn : jardin japonais, jardin à la française, roseraie, forêt vosgienne, jardin anglais, etc. C'est à ce parcours extraordinaire que nous invite cet ouvrage sous la forme d'une promenade dans les pas d'Albert Kahn et dans ses collections.
Ils s'appellent Walker Evans, Dorothea Lange, Henri Cartier-Bresson, Philippe Halsman, Robert Mapplethorpe, Seydou Keyta ou Raymond Depardon. Ils ont conclu le xixe siècle et ont ouvert le xxe en en fixant les couleurs désormais immuables. En saisissant un instant, un moment, un regard, ils ont bouleversé l'art photographique et changé à jamais la vision portée sur le monde et les choses. Leurs clichés, témoins de l'Histoire, des révolutions sociales, de la misère, de la souffrance ou des drames humains, mais aussi de la beauté des êtres et des éléments, sont devenus des icônes.
Retrouvez pour chacun des grands photographes, de Man Ray à Nan Goldin, leur parcours personnel et artistique ainsi que des explications sur une de leurs oeuvres les plus emblématiques et les techniques qu'ils utilisaient. Découvrez leurs combats, leurs audaces, et l'oeil neuf qu'ils posèrent sur les hommes et le paysage pour en renouveler à jamais les images.
Luce Lebart est historienne de la photographie et commissaire d'exposition, auteur de nombreux livres et articles parmi lesquels Les Silences d'Atget et Lady Liberty. Directrice depuis 2016 de l'Institut canadien de la Photographie du Musée des Beaux-Arts du Canada, elle dirigeait auparavant les collections de la Société française de photographie à Paris.
Au fil du xxe siècle, poètes, écrivains, artistes, photographes, collectionneurs, conservateurs et historiens ont contribué à inscrire l'oeuvre d'Eugène Atget (1857-1927) dans l'histoire de l'art. Photographe des petits métiers, des devantures de boutiques, des cours d'immeubles, Atget ne s'est jamais prononcé ou engagé dans aucun mouvement artistique, se retranchant derrière une pratique documentaire.
Alors qu'il a laissé au monde des milliers d'images, il n'a livré aucun écrit sur sa conception de la photographie, son esthétique, son passé ou son avenir.
Ce silence a paradoxalement généré une immense productivité.
Comme annonciateur du surréalisme : il est découvert par Man Ray et dévoilé par Berenice Abbott.
Comme précurseur de la nouvelle objectivité et de la photographie documentaire, assimilé aux avant-gardes, Atget fait parler et alimente de nombreuses questions :
Art versus artisanat, art versus document, oeuvre versus archive. Son oeuvre pose magistralement la question de la notion d'auteur.
Sont réunis pour la première fois une trentaine de textes passionnants, qui tous participent de la reconnaissance atypique parce que posthume du « photographe des photographes ».
"Longtemps resté à l'ombre des pyramides, le succès iconographique du Sphinx est encouragé par le dessin et la gravure : il prend toute son ampleur avec la photographie. La collection de Wouter Deruytter décline les occurrences imagées de cette sculpture solitaire et monolithique. C'est ainsi que le Sphinx se déploie sous des ciels d'albumine, de collodion ou de gélatine. Témoin de la naissance de l'archéologie et de l'essor du tourisme, le Sphinx assiste, immobile, au défilé des voyageurs. Les photographies monumentales de Wouter offrent du Sphinx une vision inédite. Explorant les abords et l'intérieur du géant à corps de lion, le photographe nous invite au coeur de la plus énigmatique des sculptures. Ce travail et cette collection nous disent combien la conscience patrimoniale se déplace d'objets en objets. Après avoir accompagné et documenté l'admiration pour le Sphinx, c'est au tour de la photographie elle-même d'être conservée et offerte à la contemplation. " Luce Lebart commissaire de l'exposition
A magnificently illustrated showcase of the work of 300 women photographers from all over the world, from the invention of the medium to the dawn of the 21st century.
As in many fields of art history, the work of women photographers has often been overlooked, and few of their names are now widely recognized. However, women were closely involved in all major photography movements of the 19th and 20th centuries, and have used the camera as an extraordinary tool for emancipation and experimentation. These are artists who never stopped documenting, questioning and transforming the world, breaking down social boundaries, challenging gender roles and expressing their imagination and sexuality.
To capture the diversity of this global body of work, Luce Lebart and Marie Robert have invited 160 international women writers to contribute to this volume, which is a bold and beautifully illustrated manifesto as well as an invaluable work of reference.
Le projet Crash Box relève dune expérimentation vidéo qui consiste à filmer des bâtiments démolis par foudroyage intégral depuis un point de vue intérieur, au plus proche des charges explosives. Les images ainsi capturées manifestent, dans le presque rien à voir de leffondrement, léchec du projet social porté par cette architecture de la reconstruction. Linvention dune technique de prise de vue spécifique à ce contexte a priori non investissable par le regard, a, de fait, engendré des formes plastiques inattendues, fondamentalement contemporaines. Les vidéos Crash box ont lambition de sinscrire dans la lignée des premiers films cinématographiques expérimentaux. On pense au film LArrivée dun train en gare de La Ciotat de Louis Lumière, ou comment le film du quotidien ordinaire, prétexte à exploiter un nouvel instrument optique, transforme le « rien à voir » en un moment de saisissement collectif.
IMAGES "Les moisissures sont les ennemies numéro 1 de l'univers de l'archive.
'Facteurs de risques", elles sont des "agents de dégradations" contre lesquelles la lutte est de mise. Dans ce contexte, leur potentiel créatif est injustement négligé. Il est pourtant exploité depuis l'aube des temps par l'homme qui utilise le pouvoir transformant des micro-organismes pour faire son pain quotidien, son vin, sa bière et tous ses fromages.
Dans un texte de 1856 voué à encourager les rechercher sur la stabilité des procédés photographiques, le chimiste Victor Regnault, premier président de la Société française de photographie, insistait sur le fait que seul le temps pourrait juger de la permanence de tel ou tel procédé photographique. De la même façon, c'est avec le temps que se déploie et prend forme l'ouvrage des moisissures.
Merveilles de l'oubli, succès de la négligence et du désintérêt, ces images, abîmées par une inondation ancienne, ont été privées de la lumière du jour pendant des années. La solitude de leur confinement, ajouté au ressources organiques inhérentes à leur procédé (gélatine, fécule de pomme de terre), a fournit un terreau idéal à une prolifération créative aléatoire. Aujourd'hui offertes à la contemplation, ces images bouleversées nous rappellent combien les qualités esthétiques d'une photographie sont décidément indépendante d'une volonté artistique."
Une fabuleuse somme collective, un livre manifeste, un ouvrage de référence : telle est l'ambition de cet ouvrage co-construit par 160 autrices du monde entier qui présentent 300 femmes photographes, de l'invention du médium aux années 2000. Ainsi les portraits de chaque photographe ont été rédigés par des femmes de toute nationalité pour se prémunir de l'écueil d'un regard "occidentalo-centré". Les séquences de portraits alternent avec des portfolios qui font dialoguer les oeuvres entre elles.
Avec Gold and Silver, l'historienne de la photo Luce Lebart offre une relecture contemporaine d'un fonds d'archives inédit sur la ruée vers l'or en Californie, conservé au Musée des Beaux-Arts du Canada. Le photographe de l'époque est intervenu à posteriori sur les clichés tirés sur métal, agrémentant les ruisseaux de poussière d'or ou rehaussant les tamis de chercheurs d'or de pépites. Le design du livre vient souligner les liens entre l'or du grand Ouest et l'argent, deux métaux utilisés dans la photographie.
Le vivant, la nature, l'eau, l'air, la lumière, le feu, quelles percep-tions avons-nous de notre environnement, quel est notre rapport au monde sensible ? Tout est métamorphoses, impermanence. La photographe américaine Terri Weifenbach observe avec acuité les changements perpétuels d'une nature que bien souvent nous négligeons : son objectif capte les infimes variations de lumière, d'humidité, de touffeur. Les nuages s'épaississent, se teintent de nuances mordorées, le monde végétal bruisse, chargé d'humidité, la présence animale se révèle au creux d'un bois : la nature chez Terri Weifenbach se perçoit à la dérobée. Réalisées dans la forêt de Fontainebleau, au jardin du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, au Japon dans les parcs de Nara et de Mishima, dans les Rocheuses et vastes plaines du Montana et du Wyoming ou encore dans les marais salants de Saint-Catherine Island, en Géorgie, ses images donnent à voir une nature immanente, qui laisse percer ses mystères à condition de l'approcher avec attention et curiosité. Le geste photographique se fait perception.
Titulaire d'une bourse de recherche, qui lui a ouvert les portes du prestigieux laboratoire américain de l'ARM (Atmospheric Radiation Measurement Research) où l'on mesure les particules présentes dans l'air, la dimension des nuages, les fractions de ciel couvertes de cirrus, la hauteur du plafond nuageux, le rayonnement solaire à la surface de la Terre ou encore la densité des pluies, Terri Weifenbach oeuvre en contrepoint aux instruments scientifiques qui mesurent l'immatériel. Ses images nous immergent dans une nature fragile et mystérieuse, où seule l'expérience sensorielle et notre perception visuelle et intuitive nous donnent accès au réel.
Des milliers de photographies et de films furent produits en France, entre 1915 et 1938, dans le cadre d'une politique nationale d'encouragement à la recherche scientifique et industrielle. Ces images méconnues sont les témoins visuels de vingt années de recherches et d'inventions qui, d'abord ancrées dans la guerre et la défense nationale, s'orientent ensuite vers la vie civile et domestique. Ces archives argentiques dessinent les contours d'une histoire de l'innovation. Dans une exposition présentée aux Rencontres d'Arles à l'été 2019, la commissaire Luce Lebart raconte cette histoire en construction, celle de l'institutionnalisation de la recherche.
Défi colossal scellant l'union de l'art et de la technique, emblème de l'Amérique, symbole de liberté et de démocratie, la statue de la liberté est l'un des monuments le plus photographié au monde. Pour assurer le suivi de sa construction qui se déroule à Paris, son créateur, le Français Auguste Bartholdi, fait appel à l'expertise de photographes professionnels. C'est ainsi qu'il commande un panorama géant de la ville de New York qui l'aide à figurer les projets d'implantation de sa statue. Dessinant sur les images, les retouchant, il se livre aussi à des photomontages.Outils de travail, les photographies sont aussi et surtout un formidable outil de communication. Car le financement du colosse, cadeau de la France à l'Amérique, connait des aléas que seules des actions innovantes de publicité vont aider à solutionner. L'image, et en particulier la photographie, jouent ici un rôle inédit.Au-delà de leur fonction, ces images oscillent entre réalité et fiction. Elles racontent vingt années d'un projet démesuré et utopique marqué par les plus grands enjeux politiques, sociaux, architecturaux et esthétiques de son temps.