Lydie Arickx est peintre et sculpteur. Un jour, brusquement, la tête lui tourne. Commence alors une suite d'examens et d'attentes qui révèlent une maladie grave nécessitant une opération délicate près du cerveau.
Récit personnel que Lydie Arickx écrit comme elle peint, avec l'énergie du corps. Elle donne à voir les mots de sa sensibilité aigue qui perçoit et saisit les paysages intérieurs, les histoires fondatrices, les images des angoisses qui étreignent et celles des espoirs du « Nous vivons ». Sa réflexion s'attarde non sans humour sur son regard et sur le regard des autres. Comment les chemins de la création naissent et se logent au coeur même des tremblements de la vie ?
Un premier texte puissant d'une peintre qui vient à l'écriture par la nécessité de dire avec les mots.
« Voir, quelle aventure ! Voir et tout est dit. On a l'illusion que tout le monde voit la même chose, mais c'est toujours à travers nous-même que nous voyons. Si chaque regard est unique, alors le monde est unique. Je suis née peinte, je suis tombée dans la vie les deux pieds dans le seau avec les pinceaux bariolés de nuances arrangées qui sentent bon le miel, l'huile, le médium, ou le fiel de boeuf. » Lydie Arickx ouvre la porte de son atelier et celle de ses perceptions. Elle ouvre aussi les mots, et nous propose de la suivre sur les chemins de sa création, avec à ses côtés son mari Alex et leur fils César. D'encre et d'encore est le livre d'une quête furieuse des mystères de l'organique, des métamorphoses du corps et des énergies originelles. Le livre aussi des turbulences et des rencontres qui jalonnent une vie d'artiste.
Le récit est bien connu : c'est celui du Petit Poucet, il nous vient des Contes de la mère l'Oye de Charles Perrault. C'est le destin et la force des contes que de toujours s'offrir aux conteurs, de génération en génération. Serge Airoldi ne transgresse ni n'édulcore, il ne trahit pas cet art du conte qui suppose, comme le notait Walter Benjamin, de ne rien céder à la psychologie. Simplement il apporte ses propres cailloux sur le chemin, les distribue ou les répand à sa façon. Poétique. Et c'est donc ici affaire de langue, de détails, de citations discrètes venant jeter leur part de saveur, de lumière ou de nuit, de grotesque ou d'accablement sur ce fatum d'une histoire trop humaine.
Mais cette version du Petit Poucet n'existerait pas sans images : celles, vigoureusement et drolatiquement peintes, de Lydie Arickx ne sont pas des illustrations, elles participent de la transmission du conte, nous font spectateurs naïfs, prêts à s'étonner toujours, à s'alarmer souvent, à s'émouvoir pensivement devant les ressources, enfouies en chacun de nous, de l'enfance trahie.
Ce livre, par sa richesse, sa générosité de mots et de couleurs, s'adresse tant aux jeunes lecteurs qu'aux très avertis.
Le regard personnel d'une artiste peintre et sculpteur sur le célèbre conte dans la version originale de Perrault, celle qui s'attache à rendre la dimension cruelle du conte, où le loup finit par dévorer la fillette en toute impunité.
Avec le côté primitif, presque rupestre, des images de Lydie Arickx, c'est la vitalité séculaire, hardie et dramatique du récit qu'on retrouve ici.
Un livre d'artiste singulier, frissonnant, avec quelques dessins sur des pages de calque qui donnent vie aux peintures.