Quatrième livre de Lyn Hejinian, paru initialement sous la forme d'un chapbook chez Tuumba en 1978 et repris, en une version remaniée, dans The Cold of Poetry (Sun & Moon Press, 1994), Gesualdo prend prétexte de la hardiesse harmonique et de la vie tumultueuse du compositeur italien (1566?-?1613) pour élaborer une poétique originale, réinvention singulière d'un « style coupé », où le texte de Lyn Hejinian parvient à intérioriser aussi bien la dimension biographique et musicale que, techniquement, le maniérisme dissonant du maître italien. Avec la grande exactitude qu'on lui connaît, Martin Richet rend compte par sa traduction des enjeux imbriqués du texte :
« Le concept de style comme création personnelle volontaire est conçu pour une exigence nouvelle. Ma conscience est urgente. Contrastent génie et durée. » On notera que si Gesualdo, de Lyn Hejinian, a servi de matrice structurelle et syntaxique au très beau livre de Rosmarie Waldrop intitulé Differences for Four Hands (Différences à quatre mains, trad. Paol Keineg, Spectres familiers, 1989) ; la traduction française de Gesualdo par Martin Richet a initié l'écriture du livre de Marie-louise Chapelle intitulé Tu (maniériste) (Eric Pesty Editeur, 2017).
Le livre que nous publions, composé au plomb, a été imprimé sur les presses de Harpo & à Corbières durant l'été 2009.
45 chapitres de 45 phrases à 45 ans (traduction de l'américain).
« Un moment jaune, tout comme quatre ans plus tard, quand mon père revint du front, le moment de l'accueillir tandis qu'il se tenait au bas de l'escalier, plus jeune, plus mince que lorsqu'il était parti, fut pourpre - mais les moments ne sont plus si colorés. Quelque part dans le fond, les pièces ont toutes le même motif à petites roses. Beauté sans bonté n'est que vanité. Dans certaines familles la compréhension de la nécessité va de pair avec l'anticipation de la nécessité. Les meilleures choses tenaient dans un stylo. » Best-seller de l'avant-garde Language, prodigieuse collection de phrases, autobiographie expérimentale, My Life se compose de 45 chapitres de 45 phrases écrites à 45 ans. On pourra y suivre une enfance californienne dans les années 1950, une méditation sur la mémoire et la langue, une jeunesse dans l'Amérique contestataire des années 1960, une vie à lire (plusieurs livres à la fois, en général trois ; Montaigne en 1979 ; de la théorie en mangeant un plat de carottes...), une réflexion sur le réalisme en littérature, sans oublier des conseils pour manger son pudding « selon un plan ».