Une étudiante en journalisme issue de la grande bourgeoisie blanche de Port-au-Prince fait l'expérience de l'altérité en se penchant sur la mémoire d'un homme surnommé Capitaine, son quartier en désuétude jadis bastion des luttes politiques, ses fantômes et, ce faisant, trouve avec lui et d'autres "échoués" le chemin pour faire de la vie une cause commune. Avec «Ne m'appelle pas Capitaine», Lyonel Trouillot retrouve l'altitude unique et enivrante de «La Belle Amour humaine», aussi littéraire qu'universelle.
Entre le "Kannjawou", un bar où nantis et représentants des forces d'occupation d'Haïti vont faire la fête, et la rue de l'Enterrement, où quelques jeunes gens déshérités se cherchent un destin, Lyonel Trouillot brosse le portrait d'une humanité en proie à ses illusions ou à ses renoncements face à la confiscation séculaire du devenir d'une population haïtienne et de sa culture par le pragmatisme des stratégies internationales.
Dans un petit village côtier d'une île des Caraïbes, une jeune Occidentale est venue, sur les traces de son père, éclaircir l'énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Au fil de récits qu'elle recueille et qui, chacun à leur manière, posent une question essentielle - "Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?" -, se déploie, de la confrontation au partage, une cartographie de la fraternité nécessaire des vivants face aux appétits féroces de ceux qui tiennent pour acquis que le monde leur appartient.
Jeune avocat d'affaires dévoré d'ambition, Mathurin D. Saint-Fort a voulu oublier ses origines pour se tenir désormais du meilleur côté possible de l'existence.
Jusqu'au jour où fait irruption dans sa vie Charlie, un adolescent en cavale après une tentative de braquage, qui vient demander son aide au nom des attachements à leur même village natal. Débusqué, contraint de renouer avec le dehors, avec la douleur du souvenir et la misère d'autrui, l'élégant Mathurin D Saint-Fort embarque, malgré lui, pour une aventure solidaire qui lui fait re-traverser, en compagnie de Charlie et de quelques autres gamins affolés, les cercles de la pauvreté, de la délinquance, de la révolte ou de la haine envers tout ce que lui-même incarne.
Mathurin, Charlie, Nathanaël, Anne : quatre voix se relaient ici pour dire, chacun à son échelle, le tribut qui incombe un jour à chacun de payer au passé, qu'il s'agisse de tirer un trait sur lui afin de contourner l'obstacle, de l'assujettir à une idéologie, ou, plus rarement, et quoi qu'il en coûte, de demeurer fidèle au «yanvalou», ce salut à la terre ancestrale, en retrouvant les liens qui fondent une communauté.
Voyage initiatique au coeur de la désespérance, Yanvalou pour Charlie est sans aucun doute le roman de l'abandon des hommes par les hommes, et le chant qui réaffirme la rédemption d'être ensemble, en Haïti comme ailleurs.
Alors qu'il semble enfin devoir connaître le succès, Pedro, jeune comédien haïtien en tournée à l'étranger, se jette du douzième étage d'un immeuble. Dans son pays natal, deux amis tentent alors de comprendre les raisons qui ont conduit au suicide un homme que le terrifiant mélange du social et de l'intime a transformé en plaie ouverte.
Port-au-Prince, début 2004 - année du bicentenaire de l'indépendance d'Haïti. En cette matinée dominicale, un jeune homme quitte les quartiers pauvres pour rejoindre la manifestation organisée en ville par les étudiants. Au fil de sa marche, Lucien refait en esprit le trajet qui l'a conduit du village de l'enfance vers la ville à l'improbable avenir. Les voix aimées et irréconciliables résonnent dans sa tête : celle de sa mère, paysanne d'une province reculée ; celle de son frère qui a mal tourné au contact de la ville ; celle de "l'Etrangère", une journaliste qu'il aime sans vraiment la connaître ; celles, enfin, de ses camarades étudiants ou de voisins. Le roman est le récit de sa journée - de sa descente vers la ville jusqu'à l'ultime charge de la police...
Né de la nécessité profonde et urgente, pour son auteur, de rendre compte des événements qui ensanglantèrent les célébrations de ce bicentenaire, ce roman incandescent affirme une nouvelle fois que la littérature, transcendant le commentaire, est sans doute l'un des plus puissants antidotes au chaos.
A cinquante ans, un écrivain perd sa maîtrise de la langue au moment où il conviendrait (enfin) de parler d'amour.
A l'inconnue de ses pensées, il parlera donc d'autre chose. Ainsi revisite-t-il le souvenir de palabres crépusculaires conduites sous l'arbre d'une cour de Port-au-Prince avec trois figures demeurées tutélaires : "I'Etranger", "l'Historien" et Raoul, perdants magnifiques, amants menteurs et authentiques hommes blessés à la poursuite ou en deuil de leurs rêves... A travers ces personnages inoubliables qui firent concevoir à celui qu'ils appelaient "l'Ecrivain" le soupçon que l'amour n'a peut-être que faire du langage, Lyonel Trouillot se livre à une bouleversante méditation sur la nécessité de réconcilier le temps réel de nos vies avec les mots qui s'efforcent de dire nos déchirures et nos désirs secrets.
Et c'est ainsi, en écrivain en pleine possession de sors art, qu'il dévoile la nature intime et profonde du rapport singulier qu'il entretient avec la fiction.
Une vieille tenancière de bordel, un intellectuel, un chauffeur de taxi - ils sont trois à raconter "la nuit de l'abomination", nuit mi-fictive, mi-réelle, lors de laquelle l'histoire récente d'haïti revêt des allures d'apocalypse.
S'élevant contre la lutte sans merci que se livrent les derniers représentants de la dictature et les tenants d'un nouveau populisme rivalisant pour exploiter à leur seul profit la "rage" des laissés-pour-compte, lyonel trouillot donne à entendre, à voir, à ressentir - et à comprendre - un pays laminé par l'irresponsabilité criminelle de ceux qui reconduisent sans trêve la logique de la violence. généreuse, libre et sûre, la langue de lyonel trouillot ébranle, surprend et bouleverse par son lyrisme saisissant, seul à même de rendre justice à l'infini de la souffrance.
Un jour, à vingt-six ans, Thérèse se découvre investie par son double : voici l'heure de "l'autre Thérèse", si loin, si proche, qui s'empare du corps de la jeune femme, lui en révèle les désirs, et la contraint, enfin, à ouvrir les yeux - qu'elle a soigneusement tenus fermés jusqu'alors - sur sa vie dans "une ville sans chemin" où "même les rêves ont une heure pour rentrer".
Récit d'une crise, récit d'une insurrection de l'âme, vibrant d'une transe qui pourrait noyer sa narratrice possédée, Thérèse en mille morceaux dit la difficulté de naître à l'individualité dans une île déchirée, vers laquelle, de livre en livre, Lyonel Trouillot trace un brûlant chemin d'écriture.
"Il devait être midi quand nous avons commencé à courir." C'est par ces mots que s'ouvre un récit poignant et vibrant, l'histoire de deux enfants qui n'ont plus de ce nom que l'aspect physique car en eux, tout, déjà, a été brisé. Par la violence de leur père, Corazon, un alcoolique patenté, par le silence de leur mère, Joséphine, "qui adore qu'on la plaigne", par la pauvreté enfin, qui étreint pays et êtres depuis toujours. Colin et Mariéla se sont donc mis à courir, laissant derrière eux la misère du bidonville, fuyant le destin, mettant entre eux et la tête fracassée de Corazon la distance d'un quartier, l'espace de quelques jours. Comme si cela pouvait suffire. Durant les trois jours de leur errance à travers la ville, Colin parle. Il parle pour sa soeur et pour lui, il parle pour justifier l'inexcusable, il parle pour habiller de mots ces existences dont d'habitude on ne dit rien, tant le gouffre qui les habite laisse muet. Il faut bien pourtant le raconter, ce quotidien insupportable, martelé des coups d'un père frustré, déçu par la vie, un boxeur raté qui préféra s'attaquer aux faibles plutôt qu'à de vrais adversaires qu'il n'aurait jamais vaincus. Pauvre Corazon ! Mort d'avoir frappé une fois de trop, d'avoir pensé que les victimes ne se vengent jamais des coupables.
D'une écriture incisive et brûlante, Lyonel Trouillot fouille l'intimité de destins crucifiés, évoquant en filigrane la tragédie de tout un pays. Passant par le regard sans concession d'un enfant, il dresse le tableau alarmant d'une population désorientée et meurtrie, à la recherche d'une échappatoire impossible. Vivant et bouleversant, son récit interpelle, comme un cri lancé au milieu de l'indifférence. Un sentiment d'urgence s'impose alors. Dérangeant.
Pour Lyonel Trouillot, on ne peut connaître de l'autre "que des moments". Délaissant le roman le temps d'un recueil, l'écrivain se fait novelliste et déploie sa prose, superbe et étonnante de maîtrise, pour décrire autant de fragments de vie où, sur quelques pages, saisissant tel événement crucial, il vrille jusqu'au tréfonds d'une âme ou encore, exaltant tel détail, il dévoile brusquement la réalité d'un être.
Lucien, étudiant à Port-au-Prince, part manifester lors du bicentenaire de l'indépendance d'Haïti, ignorant qu'il chemine inexorablement vers la mort.Lyonel Trouillot compose un récit intense et poétique qui révèle les souffrances d'une société meurtrie.Le dossier - Des repères culturels et biographiques - Des pistes de lecture et des exercices - Des sujets types pour l'écrit et pour l'oral du bac