À travers son détective Pepe Carvalho, Montalbán se livre à une analyse de la société espagnole au sortir du franquisme. Dès la première enquête, Tatouage, les personnages évoluent dans l'univers de leur auteur : la Barcelone de la fin des années soixante-dix, avec ses bars louches, ses maquereaux, ses prostituées, les séquelles de la police franquiste, les milieux anarchistes et les partis de gauche ( Meurtre au Comité central ), le monde des affaires ( Les Mers du sud ). L'une après l'autre, les enquêtes de Pepe Carvalho reflètent les conflits personnels et sociaux de l'Espagne vus par les yeux d'un alter ego de l'auteur, sceptique et désabusé, hédoniste et jouisseur : Pepe Carvalho, fin gourmet, a pour maîtresse Charo, une prostituée libérée et libérale du Barrio chino et pour secrétaire-cuisinier Biscuter, un ancien détenu de droit commun des geôles franquistes.Mythique, la série constitue une oeuvre incontestablement originale qui redonne vie avec une remarquable intensité à une Barcelone aujourd'hui disparue agitée par les soubresauts d'un monde passant d'un siècle à l'autre.
Les trois enquêtes de ce deuxième volume ont été écrites entre 1977 et 1984, c'est-à-dire pendant les années où l'Espagne se grise de société permissive : movida, cartes de crédits, salons de massage, sexe à gogo, drogue et magouilles, alors que les nouveaux maîtres de la société néo-libérale sont déjà en train de prendre le contrôle des affaires. Ce n'est donc pas un hasard si les meurtres concernent des hommes d'affaires appartenant à des multinationales, des femmes disparues au coeur de la jungle et des bordels thailandais, des marins qui se terrent aux Caraïbes, paysages de tous les fantasmes de l'Occident. Carvalho est là, en justicier et analyste lucide, avec ses recettes de cuisine, sa manie de brûler les livres, sa méfiance envers tous les pouvoirs, son amour de Barcelone et son pessimisme désabusé.
Redécouvrir Montalban à travers son détective et alter ego Pepe Carvalho force l'admiration pour un écrivain qui a révolutionné le genre poplicier.
À la fin des années quatre-vingts et au début des années quatre-vingt dix, Pepe Carvalho, vieilli et fatigué contemple la disparition progressive de la vieille Europe et l'émergence d'un néo-libéralisme incarné dans la transformation de Barcelone en ville olympique. On peut affirmer sans crainte que les trois romans de ce volume sont visionnaires et annoncent le paysage du XXIe siècle tel qu'il se dessine aujourd'hui. Dans l'espace clos des Thermes, métaphore d'une unification européenne vouée à l'échec et où s'agite le monde cosmopolite et individualiste des bourgeoisies en voie de mondialisation, on s'entretue, on meurt beaucoup et on mange peu. En écrivant Hors jeu, Montalbán n'imaginait sans doute pas jusqu'où irait la corruption du monde du football, l'enrichissement de ses clubs ni le drame qu'a entrainé pour l'Espagne une spéculation immobilière encore balbutiante à la veille des Jeux Olympiques de 1992. Et dans Le Labyrinthe grec, Carvalho n'est qu'un simple spectateur de la mort, impuissant à découvrir l'assassin qui n'est plus un individu mais bien le système lui-même. Pourtant, dans ces deux derniers romans, Pepe semble prendre sa revanche sur l'aventure des Thermes et cuisine plus que jamais, les fourneaux étant sans doute la meilleure des consolations lorsque le vieux monde se dérobe.
A la veille de Noël, Julio Matasanz, grand médiéviste et professeur émérite, prononce à l'occasion de son départ à la retraite une conférence sur Erec et Enide, le premier roman de Chrétien de Troyes, réflexion sur l'amour et la mort.
Matasanz est un homme brillant, égoïste, pour qui seule sa carrière a compté. Parallèlement, Madrona, son épouse, une femme généreuse et attentive aux autres, tente d'organiser un Noël heureux car elle sait sa vie gravement menacée. Elle tente de faire revenir son neveu, Pedro, et sa femme, Myriam, volontaires dans une ONG, qui vivent en Amérique centrale les mêmes aventures qu'Erec et Enide au temps de la cour de Bretagne.
Manuel Vazquez Montalban dresse avec émotion le bilan d'une génération passée à côté des choses essentielles de la vie et offre à celle qui suit la possibilité de choisir, s'il en est encore temps, entre le repli sur soi et les relations entre les hommes.
La légende des Borgia est celle d'un monde guidé par la force, le sexe et le sang.
Mais l'histoire de cette famille originaire d'Espagne, qui concentra entre ses mains le pouvoir économique, politique et religieux d'une grande partie de l'Italie de la Renaissance, est aussi celle d'une ambition : bâtir au sud de l'Europe un Etat moderne en combattant l'obscurantisme et l'anarchie féodale et en défendant les valeurs de l'humanisme et la prospérité d'une bourgeoisie naissante.
Alexandre VI, Lucrèce, Joan et Jofré Borgia, Julia Farnèse, Savonarole, Machiavel, Léonard de Vinci, le cardinal Della Rovere, les Orsini, les Sforza, Louis XII sont quelques-uns des personnages qui s'allièrent et s'opposèrent à César, prince et cardinal, homme de guerre et de pouvoir, précurseur d'une modernité que l'Italie se refusa longtemps à reconnaître.
Loin du roman historique traditionnel, Ou César ou rien est une succession de tableaux comme saisis sur le vif, d'actions fracassantes et de scènes intimistes menées au rythme de dialogues virtuoses. C'est une histoire de terreur et de passion, de courage et de lâcheté où la force et la raison luttent sans merci contre le fatalisme de la Providence. En faisant revivre la splendeur sanglante des Borgia, Manuel Vàzquez Montalbàn signe ici un de ses plus grands romans et plonge son lecteur au coeur de la métaphore éternelle du pouvoir.
Eté 1974 : pendant que franco agonise, un groupe de bourgeois barcelonais, avides de connaître la libération des moeurs avant qu'il ne soit trop tard pur eux, passe des vacances à atzavara, non loin de la mer.
Dix ans plus tard, quatre des protagonistes de cet été-là font le récit de ces jours anciens : quatre visions absolument différentes, peut-être aussi vraies les unes que les autres, si tout n'était qu'illusion.