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Tout commence par le voyage de son grandpère, en 1926. Celui-ci effectue alors « Le grand tour », expédition contemplative et touristique des ruines du Moyen-Orient par les occidentaux. Il y réalise alors un album photo, souvenir de son parcours. En 2019, Mathieu Pernot part à son tour, sur les traces de son aïeul, suivant le même chemin, presque cent ans plus tard. L'aventure commence donc à Beyrouth, au Liban, à la recherche de l'appartement dans lequel a séjourné son grand-père. La ville est maintenant détruite par la récente explosion du port, mais l'appartement est bel et bien toujours là. Pernot va traverser le Liban, l'Irak et la Syrie, passant par Tripoli, Baalbek, Homs ou encore Mossoul pour photographier ce que sont devenus ces régions qui fascinaient tant. Ce livre est la trace de cette ruine moderne dans laquelle sont désormais plongés les habitants. Les villes, si magnifiques sur l'album familiale, sont maintenant détruites par les conflits ou les catastrophes. Pernot suit les vestiges de ce qu'était cette région, avec son ancienne voie de chemin de fer qui la traversait, et ses monuments démolit. Le livre se termine avec des photographies de famille trouvées dans les ruines de Mossoul, qui constituent l'album moderne, en regard de celui du grand-père, comme une mémoire du présent.
Textes :
- Hala Kodmani, Journaliste spécialiste du Moyen-Orient.
- Entretien entre Mathieu Pernot et Etienne Hatt, journaliste à Artpress.
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Le photographe français Mathieu Pernot tourne ici son objectif vers le camp de Mória, situé sur l'île de Lesbos à quelques kilomètres des côtes turques. Conçu pour accueillir 2000 migrants, il est occupé par plus de 20 000 réfugiés en janvier 2020. L'immense majorité d'entre eux n'ont pas accès aux infrastructures à l'intérieur du camp et sont contraints de s'établir sous des tentes dans l'oliveraie, rebaptisée la "Jungle" de Moria... Mathieu Pernot organise guide notre regard sur ce camp par une progression très structurée, comme celle d'un occupant du camp : "l'arrivée", "ce qui se passe", puis "devoir partir".
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Reliées par leurs motifs, comme les pièces d'un grand puzzle cartographique, elles créent des continuités de paysages et des lignes d'horizon qui permettent un cheminement du regard à travers les régions de France. Une chaîne de montagnes improbable s'est constituée dans laquelle les sommets des Pyrénées cohabitent avec ceux des Alpes et du Massif Central. Le littoral s'est développé par des collages successifs d'images de bords de mer où les côtes Atlantique pouvaient voisiner avec celles de la Manche ou de la Méditerranée. Des ponts de différentes générations traversent la carte, tout comme les routes, voies ferrées ou fleuves.
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Ce livre publie pour la première fois le travail réalisé par Mathieu Pernot en Roumanie en 1998 dans le cadre d'une bourse de la Villa Médicis hors les murs. Ce voyage, qui constitue un épisode singulier dans le travail de l'auteur, révèle avec simplicité la force des lieux et la puissance des visages auxquels il a fait face. Ces photographies offrent un glissement silencieux sur la réalité des communautés tsiganes d'Europe de l'Est.
Les photographies publiées dans ce livre ont été réalisées en 1998 lors d'un voyage en Roumanie. Vingt années se sont écoulées avant que ¡'apprivoise ces images et les exhume du classeur où elles étaient conservées à l'état de négatifs. Un temps long et nécessaire pour me défaire du sentiment de ne pas avoir été au-delà d'un simple effleurement du réel. Il m'est aujourd'hui impossible de nommer les personnes ou d'identifier les endroits qui figurent sur ces pages. Je ne perçois rien d'autre que le souvenir de rencontres éphémères, la force des lieux et la puissance des visages qui m'ont fait face. Ces images ont été faites dans un autre temps de l'histoire de la photographie. À la fin d'un siècle où il fallait développer les clichés en chambre noire pour les voir apparaître. Une époque où le modèle ne voyait pas instantanément l'image qui était faite de lui. Un temps où le photographe pouvait lui-même décider d'attendre des années pour les révéler. M.P.
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En avril 2015, alors que les derniers détenus venaient d'être transférés vers d'autres établissements pénitentiaires, Mathieu Pernot s'est rendu à plusieurs reprises à la maison d'arrêt de La Santé.
Il a photographié l'ensemble du bâtiment et parcouru l'intégralité des cellules pour y inventorier les graffiti inscrits sur les murs et prélever les images qui y étaient encore accrochées.
À l'automne 2015, le chantier commençait et la démolition de la prison devenait effective. Sur les ruines du bâtiment du XIXe siècle, un nouvel établissement pénitentiaire a été construit.
Il ouvrira ses portes à l'automne 2018.
Ce livre restitue des fragments d'histoires, de mots et d'images de ceux qui se trouvèrent à l'intérieur de ces murs.
Les inscriptions ont été retranscrites en préservant l'orthographe et la syntaxe des textes. Elles voisinent avec les images qui se trouvaient accrochées dans le même espace. Les traces relevées dans les cellules, dont le numéro apparaît en haut des pages, se déploient dans le livre pour restituer un récit du dedans.
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Un camp pour les bohemiens - memoire du camp pour nomades de saliers
Mathieu Pernot
- Actes Sud
- 1 Mai 2001
- 9782742732845
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L'atlas en mouvement
Mathieu Pernot, Roland Recht, Patrick Boucheron
- Textuel
- Photographie
- 6 Juillet 2022
- 9782845979031
Mathieu Pernot livre ici une nouvelle vision de l'exil où des « migrants » retrouvent leur identité et leur humanité. Une partie des oeuvres présentées sont en effet nées d'une collaboration directe avec les exilés eux-mêmes : un astrophysicien syrien reconstitue la voute céleste de son trajet, un botaniste commente les planches de botanique de végétaux du pourtour méditerranéen etc... À la grande diversité des documents (photos, cahiers, vidéos, gravures, dessins) viennent s'ajouter deux textes signés par des plumes de renom : l'historien de l'art Roland Recht et l'historien Patrick Boucheron.
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"J'ai rencontré la famille Gorgan en 1995, lorsque je faisais mes études à l'École de photographie d'Arles. Les parents, Johny et Ninaï, vivaient alors en caravane avec leurs 7 enfants sur un terrain situé entre la gare de transport de marchandises et le Rhône. Je ne connaissais rien de cette communauté et ignorais à ce moment-là qu'il s'agissait d'une famille Rom installée en France depuis plus d'un siècle. " "J'ai réalisé mes premières images en noir et blanc avec le vieux Rolleiflex que mon père m'avait offert. Je voulais les photographier comme on le ferait des membres d'une minorité à laquelle on n'appartient pas. Je gardais une distance, faisais face et essayais de comprendre ce que ce médium pouvait encore nous apprendre d'eux.
C'est en 2013, plus de 10 ans après avoir réalisé les dernières photographies, que j'ai compris que cette aventure n'était sans doute pas terminée. J'ai donc décidé, malgré l'inquiétude qui me tiraillait, d'aller les retrouver un après-midi de Juillet. Ils avaient été prévenus de ma visite quelques jours avant. À peine sorti de la gare d'Arles, je vis arriver Ninaï accompagnée de 2 jeunes filles venues m'accueillir. Il s'agissait de Vanessa et Prisicillia qui tenaient dans les bras leurs enfants. Une nouvelle génération de Gorgan venait de naître. L'évidence que cette histoire devait continuer le plus longtemps possible m'apparut immédiatement. En couleur cette fois.
Ce livre est l'album d'une famille et le récit de l'histoire que nous avons construite ensemble. Face à face. Désormais côte à côte." -
Mathieu Pernot, né en 1970, vit et travaille à Paris et à Barcelone. Que ce soit par son propre travail de prise de vue, ou par l'appropriation d'images préfabriquées, de documents d'archive, voire d'un style emprunté à la photographie appliquée, il interroge le pourvoir coercitif du médium photographique. En abordant des questions comme l'exclusion, l'enfermement, ou l'urbanisme, sa démarche s'inscrit pleinement dans une photographie politique.
"L'état des lieux" est le septième ouvrage de la collection de monographies de photographie contemporaine coéditée avec la Société Française de Photographie. Il présente un ensemble de 7 séries qui retrace son travail depuis ses portraits d'enfants tsiganes (1995) aux images d'implosions d'immeubles de banlieue (2004).
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L'asile des photographies
Philippe Artières, Mathieu Pernot
- Point Du Jour
- 14 Septembre 2013
- 9782912132758
Le photographe Mathieu Pernot et l'historien Philippe Artières ont travaillé trois ans à l'hôpital psychiatrique de Picauville (Manche). Ce lieu résume toute l'histoire de la psychiatrie. Fondé en 1837 par une aristocrate philanthrope, il fut longtemps administré par des religieuses. Il témoigne, avec son haut mur d'enceinte et ses vastes dortoirs, de l'asile au XIXe siècle. Victime des bombardements de juin 1944 en Normandie, il est en partie reconstruit dans le style caractéristique de l'après-guerre. Dans les années 1970, il applique la politique de « sectorisation » selon laquelle les patients sont suivis dans de petites unités de la région ou en consultation à Picauville ; aujourd'hui, très peu d'entre eux effectuent de longs séjours sur place. Enfin, la Fondation Bon-Sauveur, gestionnaire de l'hôpital, entreprend de l'ouvrir encore davantage, en détruisant le mur d'enceinte devenu inutile et les vieux bâtiments désaffectés.
Quand Philippe Artières et Mathieu Pernot arrivent à Picauville, c'est ce lieu de mémoire stupéfiant qu'ils découvrent, mais surtout des archives exceptionnelles, notamment visuelles. À côté des dossiers médicaux et de divers documents, ils exhument des centaines d'images. Anonymes pour la plupart, celles-ci ont été réalisées par des religieuses, des infirmiers, des photographes locaux, des patients peut-être. Elles montrent l'hôpital, son fonctionnement quotidien autant que les événements festifs et les sorties à la mer. Frappés par la force de ces images, Philippe Artières et Mathieu Pernot décident d'en faire la matière même de leur travail. En écho, le photographe réalise des images des espaces et des objets tandis que l'historien raconte son expérience du lieu à travers un montage d'archives écrites.
L'Asile des photographies est à la fois ce recueil d'images oubliées et une mémoire rendue aux anonymes qui furent les sujets.
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Première monographie de Mathieu Pernot, La Traversée réunit des séries réalisées entre 1997 et 2013. La situation de groupes marginalisés y est toujours appréhendée via des formes qui tiennent du documentaire et de la mise en scène. Celles-ci détournent souvent des genres photographiques établis, du portrait d'identité au reportage d'actualité. Ainsi, ce travail critique n'engage pas simplement à dénoncer des injustices mais bien à s'interroger sur nos propres modes de représentation.
Depuis ses études à l'Ecole de la photographie d'Arles, Pernot n'a cessé de s'intéresser aux tsiganes. Une série de photomatons d'enfants suggère, sous le jeu photographique, le contrôle par l'image. Saliers, enquête sur un camp d'internement créé par Vichy, confronte des portraits de police et ceux des mêmes personnes un demi-siècle plus tard. Enfin, en Roumanie, Pernot photographie des familles devant leur maison, à la manière d'un photographe itinérant.
Le second sujet de La Traversée est l'enfermement carcéral. Les Portes forment un inventaire à l'intérieur des prisons tandis que les Hurleurs montrent des gens qui s'adressent aux détenus depuis l'extérieur en criant : leurs corps tendus sont l'image d'une violence subie comme des difficiles tentatives pour la contrecarrer.
Troisième sujet, l'habitat populaire moderne est abordé dans les séries extraites du Grand ensemble (Le Point du Jour, 2007). Des photographies d'implosions de barres sont suivis de cartes postales de ces mêmes quartiers, au temps de leur splendeur. Mathieu Pernot rapproche là deux représentations médiatiques des « banlieues », successivement porteuses de tous les espoirs et de tous les maux d'une société.
Reliant les sujet du livre, trois séries montrent, envahis par la végétation, des cours de prison désaffectées, des appartements HLM promis à la destruction et des campements clandestins désertés ; à chaque fois, des lieux de relégation dans lesquels une forme ambiguë de vie perdure. Le livre s'achève sur les images les plus récentes : les premières montrent les corps de migrants emmitouflés sous des couvertures dans la rue ; les secondes seront des portraits de Tsiganes, éclairés par une caravane en flammes.
La Traversée suggère peut-être aussi une autre perspective. Dans son texte « Sortir du gris », Georges Didi-Huberman, évoquant Baudelaire, la résume ainsi : « Un siècle et demi plus tard, le photographe de la vie moderne ne doit-il pas, lui aussi, extraire, fût-ce en noir et blanc, toute cette beauté, toute cette mémoire involontaire, toute cette énergie vivante qui a décidé - là est la nouveauté, mais elle date de Goya - de ne pas se plier à l'ordre de l'intolérable ? »