Voici l'histoire d'un fabricant de boîtiers de montre qui invente, en pleine Seconde Guerre mondiale, une nouvelle forme d'entreprise... Il n'est pas seulement question de fabriquer des objets et de les vendre, mais aussi de faire vivre une communauté d'hommes et de femmes qui partageront ensemble bien plus que le travail. C'est le début de l'aventure des communautés de travail et de la plus célèbre d'entre elles : la communauté Boimondau. Dans la foulée de celle-ci, de nombreuses autres expériences communautaires verront le jour.
Michel Chaudy a déjà beaucoup ajouté aux études sur la communauté Boimondau et sur le personnage de Marcel Barbu, qui continue à susciter la curiosité. Répondant à un engagement moral, il nous livre ici un travail minutieux sur un personnage, Gustave Coureau, et sur une organisation, les Compagnons de France, dans les étroites limites d'espace - notre département de la Drôme - et de temps - les cinq années de la Seconde Guerre mondiale. L'homme et le mouvement sont indissociables. Le mouvement des Compagnons de France est né dans la France en débris de juin 1940. Pétain et plusieurs de ses ministres l'encouragent. Selon le voeu du Maréchal, les Compagnons devaient être « les pionniers du redressement du pays par leur travail, leur ardeur généreuse, leur passion de servir ». Il s'agit, sur la base du volontariat, de mettre aux jeunes chômeurs « des souliers aux pieds, du pain à la bouche et de l'espoir au coeur », de placer ces « jeunes Français en friche » au service de la nation et de les faire concourir à l'aide aux réfugiés, aux prisonniers, à tous ceux qui sont encore à la ferme, à l'atelier ou au chantier. L'insigne métallique des Compagnons représente un coq stylisé blanc sur fond rouge. C'est le symbole d'une France aux origines paysannes, fière, opiniâtre, courageuse et féconde, il représente une certaine idée de la France dans l'imaginaire collectif.
Le mouvement fonctionne sur un mode militaire.