Des émeutes aux violences de la police, des ZAD aux places occupées, des Black Blocs aux gilets jaunes, de la viralité des réseaux à la rage de la rue, l'espace de la contestation sociale s'est radicalement transformé. Et cela loin des formations politiques et syndicales, de leurs rites et folklores, dans une quête d'indépendance et d'auto-organisation bien fragile face au rouleau compresseur du néo-libéralisme autoritaire.
Ce livre retrace l'histoire de ces mouvements qui débordent le cadre de la politique traditionnelle, de mai 68 à nos jours, l'histoire d'hommes et de femmes qui se soulèvent face aux diverses oppressions qu'ils subissent au quotidien, dressant ainsi cette diagonale de la rage, des quartiers populaires aux gilets jaunes.
Michel Kokoreff est sociologue et professeur des universités.
Jamais depuis un demi-siècle la France n'avait connu une telle escalade de violences des forces de l'ordre. Les dirigeants politiques s'enferment dans le déni.
Ce déni constitue en soi un encouragement tacite à poursuivre les pratiques les plus condamnables et généralise l'impunité.
Michel Kokoreff dresse dans cet ouvrage une généalogie érudite et édifiante des violences policières, qui s'inscrivent dans l'héritage colonial, se prolongent en mai 68 et perdurent aujourd'hui à travers la gestion policière des quartiers populaires.
Michel Kokoreff montre qu'on ne peut comprendre la violence des forces de l'ordre sans la relier à une autre violence, plus structurelle : la violence des inégalités sociales et raciales.
Un spectre nous hante aujourd´hui : non plus le communisme - comme au temps de Marx - ou encore l´anarchisme, mais l´« ultragauche ». De l´affaire dite « de Tarnac » et ses prétendues cellules terroristes invisibles à son fiasco judiciaire majeur, des blacks blocs et « totos » » et autres « antifas » aux zones à défendre, de la radicalisation des « ultra-jaunes » sur les Champs Élysées aux sabotages des radars ou des « islamo-gauchistes » de l´université, elle semble partout une figure de la dangerosité : ennemie devenu menace. Or telle qu´elle est imaginée, l´ultragauche n´existe pas : elle est une pure construction policière et médiatique du pouvoir, une fiction efficace. Ce livre entend ainsi déconstruire le mythe de l´ultragauche, en faire l´histoire. Il vise à restituer un regard plus ethnographique de l´expérience de groupes dont la radicalité semble passer de la fragmentation à la pulvérisation, qui appelle de nouvelles hypothèses politiques à l´ombre des présidentielles.
Depuis l'automne 2005, la société française vit au rythme des émeutes. Dans certains espaces urbains, la situation peut à tout moment dégénérer, et le cycle de drames, de révoltes et de violences reprendre. Que s'est-il donc réellement passé, lorsque des quartiers paupérisés, stigmatisés et racialisés se sont subitement embrasés, provoquant une prise de conscience collective devant le malaise des banlieues populaires " immigrées " et le durcissement des relations entre les jeunes et la police ? Que nous disent ces émeutes et celles qui suivirent des profondes mutations sociales et politiques qui affectent l'ensemble de notre pays ? S'appuyant sur les témoignages d'élus, de policiers, d'émeutiers et de travailleurs sociaux, ainsi que sur les résultats de plusieurs enquêtes de terrain, ce livre revient sur des événements qui ne furent pas les mêmes partout, qui avaient des précédents et qui eurent des suites, dont les manifestations anti-CPE. Ce faisant, il met en perspective les transformations de la France contemporaine, pointant au passage les mensonges d'État en matière de sécurité sur fond d'emballement médiatique. Les émeutes n'étaient pas fatales. Si nous continuons de ne pas comprendre, d'oublier et de refouler ce qui s'est passé et dit, alors, les mêmes causes produisant les mêmes effets, d'autres embrasements auront lieu. En pire.
Comment la vie sociale des toxicomanes et des revendeurs de drogues est-elle organisée ? Quelles ressources mobilisent-ils ? Quelles étapes jalonnent leur carrière dans le monde des drogues ? Quel rôle jouent les politiques publiques en matières pénale, sociale et sanitaire ? Comment ces politiques se déclinentelles localement ? Que peut-on en attendre ? Ce livre s'attache à ces questions, alors qu'on ne parle plus de toxicomanie mais d'addiction, terme plus neutre et large, et que le débat public sur les problèmes des pratiques sociales des drogues illicites et licites s'est éteint en France, ce qui n'est pas le cas à l'étranger, en particulier au Canada et aux États-Unis, où il fait rage autour des questions de l'usage thérapeutique du cannabis ou de la légalisation.
Délinquance, violence, insécurité : les « banlieues » sont devenues le réceptacle de tous les maux de la société française. Comment en est-on arrivé là ? Quels sont les enjeux politiques et idéologiques d'une telle mise en scène des banlieues ? Quels effets engendre-t-elle sur le terrain ? Quelles réalités sociales conduit-elle à dissimuler ?
S'appuyant sur une longue enquête menée dans les Hauts -de-Seine, Michel Kokoreff montre que la vie sociale dans les quartiers « difficiles » ne se résume pas à la délinquance : on « oublie » trop souvent la force des liens, le dynamisme associatif, le fait que beaucoup de jeunes cherchent à sortir de la « galère » tout en se heurtant à de multiples obstacles liés au contexte économique, social et urbain, à l'action policière et aux rigidités institutionnelles. Parce qu'on assiste aujourd'hui à une criminalisation de fait des classes populaires, il était urgent de porter un autre regard sur ces espaces stigmatisés, de donner un aperçu des ressources disponibles, du fourmillement d'initiatives, des solidarités qui y sont à l'oeuvre.
L'ouvrage porte sur la construction de la déviance comme objet.
Il s'agit d'interroger ce domaine de recherche actuellement en plein essor et au coeur du débat public sur la sécurité, à partir d'une triple approche : - socio-historique, revenant sur l'institutionnalisation de la sociologie de la déviance et du crime, ses figures marquantes, ses revues et ses réseaux - thématique, intégrant les politiques publiques et les trajectoires pénales en matière de drogues, mais aussi la prison comme butée de celles-ci ; - épistémologique et méthodologique, réfléchissant sur les enjeux et les techniques de recherche mobilisées.
Cet ouvrage a pour fil conducteur les travaux de Claude Faugeron, directrice de recherche au CNRS à la retraite, auteure de nombreux ouvrages et recherches largement reconnus dans le monde francophone.
« Cités », « banlieues », « quartiers populaires », « zones sensibles », etc. Ces territoires que l'on ne sait plus nommer ont subi bien des transformations depuis trente ans : paupérisation, ségrégation urbaine et ethnique, expansion des économies souterraines, durcissement des rapports avec les institutions. Le repli identitaire et les explosions de violence viennent régulièrement révéler les limites de l'action publique.
Mais derrière l'accumulation de problèmes émergent des dynamiques singulières et des acteurs aspirant à davantage de reconnaissance. Comment sortir de l'impasse actuelle ? Ne faut-il pas inventer une « politique des banlieues » s'appuyant sur la force des quartiers, sur la jeunesse et le dynamisme des acteurs ? Comment réinsérer les cités dans un projet de société digne de ce nom ? Ce livre propose un diagnostic fondé sur vingt ans de recherches de terrain, en même temps que des pistes pour refaire la cité et, de la sorte, repolitiser ce que l'on ne cesse de stigmatiser.
Fruit d'une rencontre entre le sociologue Michel Kokoreff et le voyou Azzeddine Grinbou, Le Vieux est un monologue qui retrace la carrière d'un délinquant. Né dans une famille ouvrière immigrée, «Le Vieux» grandit dans les Hauts-de-Seine. Après avoir quitté l'école à 14 ans, cambriolages, braquages et trafics de drogue lui permettent de rompre provisoirement le cercle de la reproduction sociale et de se hisser au sommet de la voyoucratie, avant d'en chuter. Décrivant l'ordinaire de la criminalité organisée, ses transformations entre 1970 et aujourd'hui, celles du travail, des prisons, des politiques publiques, Le Vieux n'est pas la geste héroïque d'un bandit. Il montre au contraire comment les criminels, mus par un désir mimétique, ont banalement incorporé les normes dominantes de la société de marché, comment l'exception rencontre la norme ; l'illégalisme, la loi ; l'aventure, la routine ; la déviance, le conformisme ; la marginalité, la domination dans une seule et même violence sociale.
Contrairement à ce qu'on dit souvent, notre société n'est pas en crise ou sur le déclin, mais elle connaît une mutation profonde et durable. Ce livre - sans doute le seul ouvrage sociologique à proposer une lecture globale de la société française- met en relief les recompositions à l'oeuvre dans les façons de définir nos appartenances, dans les rapports entre les individus et l'État, ou encore dans les sphères de la famille, du travail et de l'école, toujours plus incertaines. Gouverner l'incertitude : tel semble être, en effet, l'enjeu d'une société qui repose moins sur la distribution des bénéfices que sur le partage des risques et des responsabilités. Pour cette édition revue et actualisée, de nouvelles questions ont été traitées : santé, biopolitique des populations, déclassement social, mondialisation, etc
La question des économies criminelles suscite à nouveau bien des débats dans nos sociétés.
Qu'en savons-nous ? qu'en est-il de leurs modes d'organisation sociale, des échelles territoriales sur lesquelles elles se déploient ? que dire de leur implantation dans la ville ? en quoi leur histoire permet-elle de comprendre comment se sont constituées des traditions criminelles et des mémoires urbaines du crime ? cet ouvrage s'efforce de répondre à ces questions à partir de la confrontation des outils d'analyse, des résultats d'enquêtes et des méthodes mis en oeuvre par des chercheurs tant italiens que français provenant de divers horizons disciplinaires.
Il consiste à réinterroger la ville comme scène du crime et les mafias comme moteur de l'action publique à partir de nouvelles perspectives.
Les débats français sur les drogues ont profondément évolué ces dernières années.
Le discours officiel est passé de l'éradication de l'usage des drogues illicites à la réduction des risques. L'utilisation forcenée des outils pénaux laisse de plus en plus souvent la place au médico-social. Le champ s'est aussi élargi à des produits licites (tabac, alcool, médicaments, etc.), et l'utilisation de produits psychotropes n'est plus l'apanage des quartiers défavorisés. Ces évolutions ne se font pas sans à-coups ni sans effets non voulus.
Mais on a pris conscience qu'il pouvait y avoir des usages contrôlés de drogues illicites et des usages non contrôlés de produits licites ou détournés.
Il est encore difficile de parler sans passion ou sans a priori de ces évolutions. C'est pourquoi les auteurs ont choisi de présenter des travaux récents selon trois approches complémentaires. La première partie traite de l'utilisation de produits psychotropes par des populations non stigmatisées comme les lycéens ou les sportifs ainsi que de leur usage " contrôlé " par des populations qui ne se trouvent pas sous le regard de la police et de la justice.
La deuxième partie s'intéresse aux dispositifs d'aide aux usagers de. drogues illicites et de prévention qui se développent partout en Europe, comme le travail de proximité, les points-écoute ou les groupes d'autosupport. Enfin, la troisième partie montre combien il est difficile de renverser les logiques de fonctionnement d'institutions comme la police et la justice, et d'initier de nouvelles pratiques.
Ainsi, cet ouvrage aborde les nouvelles problématiques, catégories, pratiques qui remettent en cause l'idéal normatif d'une société sans drogue.
Mieux appréhender les modèles de consommation dans leur diversité permet d'éclaircir les inflexions et les enjeux des politiques publiques, et de nourrir une réflexion sur la construction d'une politique de santé publique.
Dans quelle société vivons-nous ? Depuis vingt ans, nous assistons à de profondes transformations sociales sans qu'il nous soit toujours possible de leur donner un sens et de les replacer dans une dynamique globale, tant
notre environnement est devenu complexe, fragile, incertain, et par là même difficile à déchiffrer.
L'ambition de ce livre est double : dégager une dynamique générale des mutations sociales et politiques à l'oeuvre à travers les principaux domaines institués (travail, école, famille, etc.) ; et proposer de ces mutations une autre lecture que celle, dominante, qui s'en tient à la « crise » ou au « déclin ».
Il est de bon ton, en effet, d'évoquer « le déclin de la France » ou de prophétiser « la fin de ». Mais obsédés par ce qui se défait, nous passons à côté de ce qui se recompose : la mutation des appartenances collectives et
des inégalités sociales, le nouveau partage des responsabilités et des compétences dans le travail, la diversification des modèles familiaux et des marchés scolaires, les nouvelles dynamiques identitaires, la tension
entre aspiration à l'autonomie et demande de sécurité, les métamorphoses du rôle de l'Etat.
Les Français s'attendent, une fois la crise actuelle surmontée, à évoluer de nouveau dans un monde de certitudes. Michel Kokoreff et Jacques Rodriguez montrent au contraire que ce sont justement l'incertitude et notre faculté à gérer celle-ci qui structurent la « nouvelle » société française. Autrement dit, ce que nous cache la crise, c'est que désormais l'incertitude fait société.