C'est un bruit de fond persistant. Un brouhaha permanent. Une entêtante musique d'ambiance qui semble placer l'information et l'opinion, les raisons et les passions, les connaissances et les expériences sous le signe de l'équivalence. Des chaînes d'information en continu aux réseaux sociaux, la société du commentaire étend son influence dans l'espace public, à coups de polémiques et d'analyses « à chaud ». Son déploiement marque-t-il une avancée de la démocratie qui, selon le philosophe Jacques Rancière, repose sur le pouvoir de « n'importe qui », ou témoigne-t-il au contraire de la puissance despotique de l'individu-roi de dire « n'importe quoi » ?
«?La crise sanitaire a autant affecté notre santé que notre intimité. La présence de la maladie a aussi bien exacerbé nos failles et nos fragilités que révélé certaines ressources cachées et forces insoupçonnées. Le confinement a fragilisé les corps, mais aussi touché les coeurs, suspendu les libertés et bouleversé nos sensibilités. La pandémie a chambardé l'économie, mais elle s'est également immiscée dans les plis de nos vies. C'est pourquoi elle a mis en relief une génération de penseurs qui s'attachent à comprendre les ressorts de notre histoire tout comme les possibilités du présent grâce à l'étude des affects et des émotions, qui ont pris acte du passage de l'histoire des mentalités à celle des sensibilités. Et accentué le tournant émotionnel de la vie intellectuelle. D'où l'envie de rencontrer et de faire découvrir ces penseurs de l'intime au moment où l'histoire universelle affecte chacun au coeur de sa vie personnelle. » Nicolas Truong
L'aventurière Sarah Marquis déclare qu'en marchant, on "se découvre courageux", le sociologue David Le Breton pense que la marche est souvent guérison... Pratique sportive ou spirituelle, touristique ou thérapeutique, la marche retrouve aujourd'hui ses lettres de noblesse. Pourquoi marche-t-on ? Qu'y cherche-t-on ?
Échappatoire au monde de la vitesse et à la modernité, la marche pousse aussi bien à se dépasser physiquement qu'à entreprendre un chemin spirituel. « Puissance réorganisatrice » ou façon de « tenir debout », « interstice » de « liberté » dans un monde privé d'imprévu... Les auteurs de cet ouvrage dirigé par le journaliste du Monde Nicolas Truong nous exposent le sens de « leur » marche.
« Les lucioles symbolisent la joie et le désir qui illuminent amis et amants au coeur de la nuit. Mais auraient-elles disparu ? Pour Pier Paolo Pasolini, leur extinction due à la pollution est la métaphore d'une humanité rongée par la « merdonité » de la modernité. Bien décidé à sauver les lucioles et à témoigner de leur survivance, le «Projet Luciole» donne corps, forme et voix à toutes les histoires possibles de la pensée critique. Parce que l'art, la politique, l'amour et l'amitié peuvent, dans leur radicalité, encore réenchanter notre quotidien. Parce que les lucioles brillent encore au coeur des nuits surveillées. » Nicolas Truong « Ils vont et viennent, sont instables, incertains, désirants, fantasques. Ils sont là pour faire danser les paroles de Baudrillard, Orwell, Adorno, Didi-Huberman, etc. Ils en font une scène d'amour, de ménage, de malentendu, parfois même un vaudeville. Sur scène, quand la lumière baisse, le sol est jonché de feuilles volantes, translucides : lucioles, que l'universel bavardage éteint. C'est un spectacle, en somme, à la bougie. » Philippe Lançon Libération
50 penseurs majeurs pour comprendre le XXIe siècle, 25 entretiens et dialogues pour parler du monde tel qu'il va et ne va pas. Issu du Théâtre des idées, cycle de rencontres intellectuelles du Festival d'Avignon, dont il reprend et développe les principaux moments depuis 2004, cet ouvrage est une introduction vivante et pédagogique à la pensée critique contemporaine. Rapport entre Orient et Occident, crise de la représentation politique, métamorphose du travail, retour du sacré, sociétés en quête d'identité, actualité des résistances... Auteurs confirmés et talents émergents, les intellectuels les plus engagés dans la réflexion sur le temps présent dressent un état des lieux des questions qui taraudent notre modernité.
"Les armes, le sang, les larmes. Mais comment, au coeur même du recueillement, tenter de penser l'événement ? Notre pays, comme notre monde, est en effet en proie à une terreur postmoderne, qui mêle individualisme radical et fondamentalisme global.
D'où la difficulté de mener un combat frontal contre un nomadisme djihadiste pratiqué par une jeunesse nihiliste, au moment même où la guerre classique fait place à des états de panique, à des assauts armés destinés à provoquer le chaos et à des opérations de police mondialisées." Nicolas Truong Les contributions d'intellectuels rassemblées dans cet ouvrage proposent une analyse intelligente et précise des événements, de leurs causes et de leurs conséquences, et lancent un appel à l'unité et à la solidarité.
En pleine pandémie mondiale, durant les années 2020 et 2021, le journaliste du quotidien Le Monde Nicolas Truong est parti à la renc ontre d'une nouvelle génération d'auteurs qui, au croisement de la philosophie, de l'écologie et de l'anthropologie, réinventent notre rapport au vivant, renouvellent pratiques et théories pour faire souffler un air rafraîchissant et bienvenu en ces temps plus que troublés.
Entretiens avec ces penseurs qui inventent de nouvelles façons d'habiter la Terre.
Alors que de toute évidence le monde est troublé, que les idéologies s'affrontent - souvent avec violence -, que les lois économiques semblent prévaloir sur les autres, ce livre rassemble trente penseurs en dix-neuf entretiens, qui viennent nous inviter à découvrir leurs Résistances intellectuelles. Nombreux sont les sujets abordés, diverses sont les personnalités (parmi lesquelles Jacques Derrida, Françoise Héritier, Michel Onfray, Jacques Rancière, Jean-Luc Nancy ou encore Edgar Morin) : une lecture passionnante !
En février dernier, soit quelques semaines après les tragiques faits de Cologne, l'écrivain algérien Kamel Daoud publie dans Le Monde une tribune dans laquelle il énonce que l'accueil des réfugiés demande d'admettre que leur donner des papiers ne suffira pas à les guérir du profond sexisme qui sévit dans le monde arabo-musulman. Cette tribune suscitera de violentes réactions de certains universitaires, qui répondent quelques jours plus tard par le même média, l'accusant de véhiculer les clichés islamophobes et culturalistes les plus éculés.
C'est ainsi que démarre la "polémique Daoud", ponctuée d'échanges et de prises de positions, conduisant à ce que l'écrivain annonce se retirer du débat public.
«?La France a toujours eu le goût de la bataille des idées. Longtemps dominé par la figure de l'intellectuel engagé, l'espace public des débats semble se modifier. L'écho médiatique de certaines prises de position polémiques dessine une autre cartographie?: celle d'un basculement idéologique. Le nouveau monde dans lequel la France est entrée depuis les attentats de 2015, la crise des réfugiés ou la déconstruction européenne appellent pourtant une nouvelle responsabilité des intellectuels. La structuration du débat médiatique n'a-t-elle pas transformé la dispute intellectuelle en un match de catch polémique?? Fin de la «bien-pensance» ou tournant «néoréactionnaire»?: la mise en perspective des querelles intellectuelles qui fracturent la vie politique française permet de mieux cerner ce qui arrive au pays de Voltaire.?» Nicolas Truong.
Contributeurs : Stéphane Beaud, Laurent Bouvet, Marc Crépon, François Cusset, Marcel Gauchet, Romain Goupil, Jean-François Kahn, Serge Klarsfeld, Arno Klarsfeld, Daniel Lindenberg, Gérard Mauger, Edgar Morin, Éric Naulleau, Robert O. Paxton, Élisabeth Roudinesco, Danièle Sallenave, Gisèle Sapiro, Jacques Sémelin, Serge Tisseron.
Bruno Latour a souhaité revisiter ses cinquante années de recherches au cours d'un entretien en deux parties avec le grand reporter Nicolas Truong. C'est pour le philosophe l'occasion de reprendre et poursuivre les éléments les plus importants de sa pensée sur notre nouvelle condition terrestre. Il déploie ses réflexions à partir de cette conviction : si l'homme tient à sa survie en tant qu'espèce, il lui faut apprendre à s'émanciper des grands paradigmes qui le guident depuis les Lumières. Un plaidoyer pour la philosophie envisagée comme une tentative magnifique et impossible d'embrasser la totalité.
Une coédition avec Arte éditions.
Théoricien de la connaissance et héros de la Résistance, dissident du stalinisme et infatigable promoteur du «principe espérance», anthropologue de la mort et sociologue du temps présent, Edgar Morin est un touche-à-tout universel. Comme l'illustrent les textes et entretiens présentés dans cet ouvrage qui reprend une partie des dialogues menés avec lui dans les colonnes du Monde, Edgar Morin a saisi son époque avec sagacité, su capter l'essence des événements, les inscrire dans la longue durée. Un siècle d'existence passé dans les arcanes de l'histoire et de la connaissance lui a appris cette chose qui, dans notre «océan d'incertitudes», est loin d'être une devise superflue : «Attends-toi à l'inattendu.» » Nicolas Truong
« L'épreuve de la rupture peut nous rendre étrangers à tout ce qui nous était familier, nous disloquer jusqu'à la folie. On pourrait dire que la condition humaine est faite de l'expérience des ruptures tout autant que de la capacité à y répondre en créant des manières de les intégrer à l'existence, en inventant des structures qui protègent et réparent ces ruptures, qui soutiennent ceux qui en souffrent et les secondent. Et, enfin, en gardant l'espoir que des liens résistent à la tentation de la rupture. On ne peut pas se résoudre à l'idée que toutes les relations humaines soient vouées à l'inconstance ou à la disparition. À une époque où tout paraît éphémère et incertain, les liens durables sont d'autant plus précieux ».
« Les chapitres particulièrement consacrés à la pandémie sont ceux qui touchent le plus. Tout ce qu'on a vécu s'éclaire alors d'une lumière intéressante. Un petit livre qui permet de prendre du recul sur une période qui n'en offre guère.» Paul-Joseph Bouladoux, La Croix.
Claire Marin enseigne la philosophie dans les classes préparatoires aux grandes écoles à Paris.Nicolas Truong est grand reporter au service Idées-Débats du quotidien Le Monde.
En développant des exemples tirés de la littérature ou du théâtre, A. Badiou fait l'éloge de l'amour. Celui-ci serait menacé soit par une conception libérale (mariage arrangé par exemple), soit par une négation de l'amour au profit du seul plaisir égoïste. Mais, selon lui, l'amour est une véritable expérience métaphysique de l'éternel, un risque qu'il faut savoir prendre.
Edgar Morin a parcouru tous les domaines du savoir, vécu intimement les extases de - l'histoire. Théoricien de la connaissance et héros de la Résistance, dissident du stalinisme et infatigable promoteur du "principe espérance", anthropo¬logue de la mort et sociologue du temps présent, Edgar Morin est un touche-à-tout universel. Comme l'illustrent les textes et entretiens présentés dans cet ouvrage qui reprend une partie des dialogues menés avec lui dans les colonnes du Monde, Edgar Morin a saisi son époque avec sagacité, su capter l'essence des événements, les inscrire dans la longue durée. Un siècle - d'existence passé dans les arcanes de l'histoire et de la connaissance lui a appris cette chose qui, dans notre "océan d'incertitudes, est loin d'être une devise - superflue?: "Attends-toi à l'inattendu".?» Nicolas Truong
On aurait tort de considérer le xixe siècle comme lointain ou révolu. Sur bien des points, comme l'intense politisation des sociétés européennes, la diversité des pratiques de mobilisation et de contestation, l'inventivité idéologique et culturelle, la réflexion critique sur la modernité et le progrès, cette période est un laboratoire riche d'expériences et d'enseignements.Restituer les grandes dynamiques et tensions politiques qui la traversent permet non seulement de mieuxcomprendre les formes du changement historique, mais aussi de se repérer dans un présent incertain. En replaçant l'expansion impériale de l'Europe dans le contexte de la mondialisation de l'époque et de ses interactions avec l'Amérique, l'Afrique et l'Asie, Nicolas Delalande et Blaise Truong-Loï proposent une histoire du xixe siècle qui n'est ni homogène, ni autocentrée, mais profondément renouvelée par les apports de la recherche la plus récente en histoire et sciences sociales.
Analyse du théâtre à travers sa place dans l'art contemporain, dans le discours, son influence sur les hommes politiques et les spectateurs, ses difficultés à trouver sa place, sa facette philosophique, etc.
Un livre de référence par le plus grand spécialiste du Moyen Âge.
Le corps a trop longtemps été oublié par l'histoire et les historiens. Or, il constitue l'une des dynamiques majeures de l'Occident. De l'abstinence des prêtres aux délices du pays de cocagne, du christianisme au paganisme, du rire au don des larmes dont saint Louis était dépourvu, de la mode vestimentaire aux sports, du célibat à l'amour courtois, d'Héloïse à Abélard jusqu'à saint François, le corps est le siège d'une tension fondamentale. À travers l'étude de la matrice de la modernité qu'est le Moyen Âge, Une histoire du corps au Moyen Âge aide à la compréhension du monde où nous vivons.
Il faut casser cette image de l'amour-passion comme grand embrasement qui retombe en cendres, s'écarter de l'amour comme désir de possession qui, une fois qu'il a atteint sa satisfaction, se transforme fatalement en déception. Voilà ce que nous dit François Jullien, qui plaide pour le concept d'intime. Si l'amour est équivoque, l'intime, lui, est ambigu. Dire je t'aime, c'est faire de l'autre un objet, quand dire je suis intime avec toi, c'est défaire l'isolement des sujets. De ce décalage entre l'image commune et passionnelle et celle à rapprocher de la notion d'intime, quelle pensée de l'amour peut-on dégager?? Une passionnante réflexion sur ce qu'est vivre.
Depuis le traumatisme de janvier 2015, la République n'a cessé d'être invoquée et convoquée, notamment lors des immenses manifestations du 11 janvier. Fondement de notre société, socle de la citoyenneté et rempart de notre laïcité, elle a été aussi décriée. Il lui est reproché, à force de ne pas tenir ses promesses, de favoriser l'entre-soi, le communautarisme, voire l'apartheid social.
Patrick Weil, historien de l'immigration et de la nationalité, directeur de recherche au CNRS, est un des rares chercheurs à pouvoir intervenir dans le débat public sur des sujets aussi délicats par leur complexité que l'intégration, les migrations, la religion, le racisme, l'antisémitisme. Sans prêt-à-penser, sans éviter les sujets de débats violents, comme l'islam ou l'identité nationale, les frontières ou l'héritage colonial, il se nourrit de véritables recherches empiriques et d'une longue pratique des politiques publiques, à la différence de tant d'orateurs qui défilent sur la scène des médias. Il donne ici du sens à la République : une direction et une orientation.
Stéphane Hessel est un résistant célèbre, mais aussi formé à la philosophie auprès de Maurice Merleau-Ponty. Dans ces entretiens avec le journaliste Nicolas Truong, il revient sur sa conception du monde, les figures marquantes de la pensée qui ont orientées sa vie et son action.
Ce titre propose également un dialogue entre Stéphane Hessel et Edgar Morin, deux inllectuels de la même génération qui marquent leur époque et qui échangent sur les hommes et les concepts qui ont contribué à faire d'eux ce qu'ils sont.
Alors que des associations musulmanes se mobilisent contre la réduction de l'islam au djihadisme et que la France s'engage davantage dans la coalition, le politologue et spécialiste de l'islam Olivier Roy dresse un bilan critique de la stratégie choisie par le gouvernement français et donne quelques pistes pour éviter qu'une partie de la jeunesse ne rejoigne le terrorisme. Il dénonce l'attrait du djihad comme un nihilisme générationnel, qui dépasse la sphère musulmane. Nous donnant les clés pour comprendre ce qui pousse cette jeunesse à partir faire le djihad, des pistes de réfl exion pour trouver les solutions afi n d'endiguer ce phénomène tragique, l'intellectuel propose une analyse percutante et inédite.
La philosophie ou, plutôt, la « philo » est désormais partout. Dans les hebdos, les bistrots, les radios. En bande dessinée, en croisière, sur CD ou DVD. Elle vulgarise les classiques et attire de nombreux lecteurs, amateurs et passionnés. La philo est un filon, avec ses vedettes et ses gourous, ses pédagogues cathodiques et ses rhéteurs polémiques.
S'agit-il d'une heureuse démocratisation des concepts ou d'une contestable marchandisation de la sagesse ? Assiste-t-on au triomphe de la pédagogie ou bien à l'avènement d'une nouvelle idéologie ?
C'est à ces questions que veulent répondre Frédéric Worms et Mickaël Foessel.