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Norbert Elias
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Comment se tenait-on à table au Moyen Âge ? Comment se mouchait-on à la Renaissance ? De quelle époque datent les pudeurs associées au comportement sexuel ? Norbert Elias analyse les moeurs de la civilisation occidentale et étudie leur transformation de la fin du Moyen Âge à l'époque contemporaine.
Des exemples amusants et inattendus, des textes peu connus et pleins de surprises émaillent ce livre savoureux. D'une chanson coquine à un manuel de savoir-vivre, d'une tirade de moraliste à un recueil de proverbes, à chaque fois brillamment commentés, Norbert Elias donne au mot " civilisation " un sens nouveau et original, basé sur l'étude concrête des moeurs. Ce livre d'un précurseur est devenu un classique de la réflexion sociologique. -
La société de cour constitue un dispositif central dans la modification des sensibilités et des comportements de l'homme occidental au XVIIe et au XVIIIesiècle. C'est en son sein que s'élaborent les nouvelles relations entre les hommes, partant de nouvelles règles de comportement. Comme dans un laboratoire, s'y expérimentent le contrôle de soi et l'observation d'autrui, la maîtrise des émotions immodestes et des mouvements spontanés, la régulation de l'économie pulsionnelle, une définition plus exigeante de la pudeur. La société de cour, de par ses contraintes et ses règles, façonne une nouvelle structure de l'affectivité individuelle, un nouvel habitus psychique. Sa fonction historique est paradoxalement double. Elle fonde et affirme une distinction, celle qui sépare l'homme de cour du vulgaire. Mais la Cour, tout en préservant la spécificité minoritaire d'un style de vie, est aussi le point d'où se transmettent les nouvelles conduites, qui vont s'étendre aux autres couches de la société. Cette édition comporte pour la première fois l'Introduction, Sociologie et Histoire, inédite en français. Oeuvre majeure de Norbert Élias, La Société de cour retrouve ainsi son intégralité originale.
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Pour Elias, les individus sont liés les uns aux autres par des liens de dépendance réciproques qui constituent la société même. C'est sous l'effet de cette imbrication que les comportements se sont modifiés au fil des siècles. L'idée moderne de l'individu - cet idéal du moi qui veut exister par lui-même - n'est apparue en Occident qu'au terme d'un long processus, qui est indissociable de la domination des forces de la nature par les hommes et de la différenciation progressive des fonctions sociales.
L'individu et la société ne sont donc pas deux entités distinctes, et la dépendance croissante des États les uns à l'égard des autres place les hommes dans un processus d'intégration au niveau planétaire. La création des Nations unies et de la Banque mondiale en a été l'une des premières expressions. Le développement d'une nouvelle éthique universelle et, surtout, les progrès d'une conscience d'appartenance à l'humanité tout entière en sont des signes évidents.
Un recueil de trois articles clés dans l'oeuvre d'Elias, trois étapes majeures de sa réflexion sur le rapport civilisation, individu et sociétés. -
Norbert Elias analyse l'évolution de la civilisation occidentale en mettant en parallèle la logique des pulsions individuelles de chacun, et celle de la formation d'un pouvoir étatique et centralisé. Il y voit la clé du développement politique de notre société, qu'il analyse, dans une première partie historique (du Moyen Âge à nos jours), avant de proposer la théorie de ce mouvement, qui conduit les acteurs sociaux à se montrer de plus en plus rationnels au fur et à mesure d'une évolution qui fait de la violence un monopole de l'État.
Conclusion de la réflexion engagée dans La Civilisation des moeurs, ce texte fondamental donne la pleine mesure du talent de Norbert Elias. -
Contre les musicologues qui ont momifié Mozart, Norbert Elias s'efforce de comprendre qui fut cet artiste génial, né dans une société qui ne connaissait pas encore la notion romantique de « génie ». Les tensions qui déchirent l'existence quotidienne de Mozart, ses rapports complexes avec son père, ses relations érotiques et ses tourments sont approchés avec autant de rigueur que de tendresse. Elias analyse également les comportements de ce « clown », son besoin irrépressible de choquer la noblesse de cour en faisant des gestes déplacés, en proférant des mots obscènes. Ces grossièretés scatologiques trouvent ici une explication à la fois psychologique et sociologique lorsque l'auteur décrit les relations tendues qui lient entre eux dominants et dominés, maîtres de la cour et serviteurs. À ce propos, Elias écrit : « Comme beaucoup d'individus occupant une position marginale, Mozart souffrait des humiliations que lui infligeaient les nobles de la cour, et il s'en irritait. Mais ces réactions d'aversion à l'égard de la couche sociale supérieure allaient de pair avec des sentiments intensément positifs : c'est précisément de ces mêmes gens qu'il voulait être reconnu, par eux qu'il voulait être considéré et traité comme un un individu de valeur égale à cause de sa création musicale. » Né en 1897, Norbert Elias est mort en 1990. C'est pour avoir expliqué la civilisation occidentale dans sa longue durée qu'il est aujourd'hui considéré comme l'un des grands sociologues du XXe siècle. Mozart, sociologie d'un génie a été publié en 1991 dans « La Librairie du XXIe siècle ».
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Une histoire universelle du temps et surtout de sa perception et de sa mesure, depuis le temps local et peu contraignant des premières sociétés au temps planétaire d'aujourd'hui.
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La société de cour de Norbert Elias (1897-1990) s'est imposé comme un classique au croisement de l'histoire, de la sociologie et de l'anthropologie. Les trois articles rassemblés ici s'inscrivent dans le sillage de cet ouvrage. Ils prolongent la réflexion d'Elias sur la transformation de la noblesse seigneuriale en aristocratie curiale, en l'élargissant à de nouveaux domaines.
D'un célèbre tableau de Watteau à l'avènement du " style kitsch " en passant par la poésie baroque allemande, Elias déploie ses analyses érudites et sensibles, éclairant les liens entre les configurations politiques et sociales, les structures psychologiques et les formes esthétiques. Chemin faisant, c'est un Elias plus intime qui se découvre, celui qui lisait et écrivait des poèmes, aimait Watteau et Mozart.
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Ce texte, absent de l'édition française de 1975 et qui ouvre le deuxième tome de Sur le processus de civilisation (1939), porte sur l'époque médiévale et décrit les effets généraux du procès de civilisation sur l'histoire occidentale. Norbert Elias esquisse dans cet inédit ce qu'il appelle la « sociogenèse de l'État », une évolution qui repose en grande partie sur la constitution de la cour comme espace social, politique et culturel. Ces pages sont également très précieuses pour en apprendre davantage sur les méthodes de travail d'Elias : comment un intellectuel allemand formé dans les années 1910- 1920 à la psychologie, la philosophie et la sociologie faitil pour écrire sur le Moyen Âge ? À partir de quels outils, et de quelles sources ?
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Norbert Elias (1897-1990), fut l'un des plus grands penseurs de notre temps. Né à Breslau dans une famille juive aisée où il fait l'apprentissage de la culture allemande classique, il délaisse bientôt ses études de philosophie pour se tourner vers la sociologie. En 1930 Karl Mannheim lui propose de le suivre comme assistant à l'université de Francfort. Mais, au printemps 1933, Elias doit fuir l'Allemagne. C'est à Londres qu'il élabore Sur le processus de civilisation (paru en français en deux volumes sous le titre La Civilisation des moeurs et La Dynamique de l'Occident), sans doute l'un des livres les plus importants du XXe siècle.
Le présent ouvrage, constitué de plusieurs articles majeurs et d'un entretien avec Norbert Elias, propose une biographie intellectuelle du penseur, qui d'une part fournit une introduction solide à une oeuvre multiforme, d'autre part explicite les circonstances dans lesquelles lui sont venues ses principales intuitions. Au terme de sa longue vie qui se confond avec le siècle, Elias définissait ainsi son projet : « J'avais l'ambition de développer une image de la société qui ne soit pas idéologique. » -
La théorie des symboles proposée par Norbert Elias est d'une grande ambition synthétique. C'est une théorie du langage, du savoir et de la mémoire. Elle intègre différentes caractéristiques indissociables des êtres humains, en particulier la manière dont ils communiquent les uns avec les autres et leur aptitude à acquérir des connaissances et à s'en souvenir, soit manier des symboles. Pour Elias - et c'est l'aspect le plus radical de sa posture intellectuelle -, elles ne sont pensables sur un mode réaliste qu'à condition de rompre avec la philosophie. Ainsi propose-t-il, notamment, une lecture polémique de la théorie derridienne du langage qu'il propose.
Comme Durkheim en son temps, Elias considérait que la sociologie ne peut laisser indemne aucune tradition intellectuelle établie, en particulier la tradition philosophique. Mais il alla plus loin en cherchant à construire une nouvelle image de l'humanité et à substituer celle-ci à l'image traditionnelle de l'être humain - de l'« homme » - propre à la philosophie occidentale. C'est ce projet impressionnant que déploie Théorie des symboles : celui d'une réorientation des modes et instruments de pensée et celui d'un nouveau modèle des êtres humains auquel les sciences humaines et sociales pourraient se référer. Les chapitres de ce livre abordent les questions suivantes : « Au-delà de la relation sujet-objet », « Par-delà matérialisme et idéalisme », « L'émancipation par les symboles », « L'imbrication du biologique, de l'individuel et du social », « La «cinquième dimension» ».
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En ce début d'un XXIe siècle marqué par le retour massif de la violence et de la guerre, il est important de publier la traduction d'un texte menant une réflexion profonde sur le rapport de l'humanité à la guerre, d'autant plus que cette réflexion provient d'un penseur si imminent et complexe que Norbert Elias. Longtemps ignoré des milieux intellectuels et universitaires français, la pensée eliasienne s'est forgé ces dernières années sa place en France. Rendu célèbre par des historiens comme Roger Chartier, Elias jouit aujourd'hui d'une reconnaissance incontestée dans l'ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales.
Considéré comme l'un des textes centraux de la pensée éliasienne, Humana conditio condense une réflexion plus large menée dans ses ouvrages monographiques, et lie cette réflexion à deux actualités : celle de la célébration du 40e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et celle de la confrontation Est-Ouest en Europe, et plus largement dans le monde. Elias ne s'arrête pourtant pas à analyser les enjeux de ce conflit mais l'inscrit dans une histoire plus longue, celle de la conflictualité profonde de la vie humaine qui a toujours fait de la violence et de la guerre une partie intégrante du lot de l'humanité, de la conditio humana. Pourquoi, demande-t-il, l'humanité n'arrive-t-elle pas à s'en débarrasser et quelles conditions devraient-elles être réunies, le cas échéant, pour qu'elle puisse enfin y parvenir ?
En prononçant ce discours le 8 mai 1985 à l'université de Bielefeld, Elias indique bien le contexte historique dans lequel se situe sa réflexion. Son discours, de quelques pages seulement dans sa forme plus tard publiée, forme le coeur du texte Humana conditio ; Elias l'a pourtant repris pour la version plus longue traduite ici et qui se retrouve réécrite et complétée par des ajouts conséquents.
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En 1962, l'Université d'Accra, capitale du Ghana, invite le professeur Norbert Elias.
Il dirigera le département de sociologie durant deux années. Il a 65 ans. Il s'y rend en partie par curiosité et en partie espérant y trouver le temps de poursuivre ses recherches. L'Université est une copie réduite d'Oxford et de Cambridge, dit-il.
" L'histoire de ce volume commence par la lecture de l'ouvrage Elias par lui-même dans lequel il explique en détail son expérience africaine et les conséquences que ce séjour aura par la suite sur son travail de sociologue.
C'est à cette époque que je pris la décision de retrouver les traces écrites de ce passage. Après de nombreuses recherches infructueuses pour retrouver ces textes, un nombre impressionnant de tapuscrits de Norbert Elias sur l'Afrique fut enfin retrouvé. Le lecteur attentif à l'oeuvre de Norbert Elias reconnaîtra dans ce livre ce retour constant vers les sociétés anciennes. Mais l'abondance de la production indique qu'autour de ces questions liées à l'évolution des sociétés africaines, Elias y retrouve un écho puissant et un renouvellement décisif des travaux qu'il consacra aux sociétés européennes.
" Jean-Bernard Ouédraogo.
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La dynamique sociale de la conscience ; sociologie de la connaissance et des sciences
Norbert Elias
- La Decouverte
- Sciences Humaines
- 17 Novembre 2016
- 9782707176325
Ce livre réunit les articles - inédits en français - les plus importants de Norbert Elias sur les sciences et la connaissance. À partir du point de vue d'une sociologie autonome, il il s'y oppose aussi bien aux historiens des sciences qu'aux présupposés normatifs des philosophes des sciences et prône une authentique révolution copernicienne de la théorie des sciences et de la connaissance qui reste tout entière à découvrir.
C'est à une part largement méconnue du travail de Norbert Elias, et jusque-là inédite en français, que nous convient les textes majeurs qui composent cet ouvrage. Elias y déploie en effet une véritable sociologie de la connaissance et des sciences. En mobilisant une impressionnante culture classique ainsi qu'une large palette de connaissances scientifiques (de la physique à la biologie), il se confronte à la fois à l'" absolutisme philosophique " et au " relativisme " de certains historiens et sociologues.
Au premier, et à travers une discussion extrêmement serrée et sans concession avec Karl Popper et Imre Lakatos, il reproche de prétendre dire ce qu'est la Science, et même ce qu'elle doit être, sans considérer ce que les savants font réellement dans leurs domaines scientifiques respectifs.
Quant au second, il regrette qu'il ne pose pas explicitement la question des conditions historiques dans lesquelles certains savoirs peuvent réellement gagner non seulement en autonomie vis-à-vis des intérêts des groupes qui en sont porteurs, mais aussi en pertinence par rapport à la réalité observable.
Ce faisant, Elias poursuit un double objectif : substituer à l'" homme " de la métaphysique transcendantale, les êtres humains au pluriel, interdépendants par nature et dans des cultures spécifiques ; remplacer les théories de la science au singulier (reposant sur le postulat d'une science universelle et d'une méthode unique) par une théorie des sciences au pluriel - soit les sciences employant différentes méthodes, reliées, en partie, à la diversité de leurs objets respectifs. Le caractère radical de cette authentique révolution copernicienne de la théorie des sciences et de la connaissance reste tout entier à découvrir. -
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Au-delà de Freud ; sociologie, psychologie, psychanalyse
Norbert Elias
- La Decouverte
- Textes A L'appui ; Laboratoire Des Sciences Sociales
- 23 Septembre 2010
- 9782707157607
Norbert Elias, au panthéon des sociologues du XXe siècle, s'est attaché à éclairer sur le long terme le processus de formation de la civilisation européenne, La Civilisation des moeurs et La Dynamique de l'Occident (1939). Il a montré que, parallèlement à la monopolisation de la violence physique par l'Etat, les normes de comportement avaient peu à peu évolué dans le sens d'une autocontrainte, d'une meilleure maîtrise des affects et des pulsions. D'où son intérêt pour la psychologie et sa rencontre avec la psychanalyse freudienne, en plein essor tandis qu'il étudiait la médecine, la philosophie puis la sociologie. Pourtant, son rapport à Freud, central, demeure mal compris. Difficile en effet d'admettre qu'un « sociologue » pût être « freudien » (reprenant à son compte le schéma du développement de l'être humain de l'enfance à l'âge adulte défini par Freud), tout en privilégiant une perspective sociologique autonome, centrée sur l'explication du développement des sociétés sur la longue durée. Elias est resté fidèle à ce choix, ce dont témoignent les cinq textes de ce recueil, inédits en français. Après avoir abordé, dans les quatre premiers textes « Le domaine de la psychologie sociale » (1950) ; « Sociologie et psychiatrie » (1969-1972) ; « La civilisation des parents » (1980) ; « Civilisation et psychosomatique » (1988), des thèmes liés à la psychologie au sens large, dans le cinquième texte, le plus long, « Le concept freudien de société et au-delà », que la mort d'Elias laissa inachevé, la figure de Freud passe au premier plan. Elias y propose une analyse critique de la conception antagoniste des rapports entre l'individu et la société et du mythe du Père primitif. Il montre que le caractère répressif de la société, toujours conséquence des relations de pouvoir entre les groupes sociaux, est susceptible d'évoluer et, avec lui, la structure de la personnalité individuelle, les mécanismes de la régulation psychique. Un optimisme sociologique qu'Elias oppose au pessimisme freudien. Pour Elias, l'erreur fondamentale de Freud est de ne pas avoir inscrit sa théorie dans la théorie biologique de l'évolution, ce qui l'a conduit à élaborer une théorie improbable du fondement de la société. La psychanalyse aurait ainsi trahi à ses yeux sa vocation de science intermédiaire entre sciences naturelles et sciences sociales. A la fin de sa vie, Elias a honoré son rendez-vous avec la psychanalyse, avec ce texte majeur qui peut être considéré comme son testament intellectuel.
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Les textes réunis ici, inédits en français, ont été initialement publiés au début des années 1980. Différents par leur taille ou la tonalité du propos ; ils se fondent notamment sur un examen rigoureux et original du classique de Thomas More Utopia (1516) et de livres de H.G. Wells parus entre 1895-1901. En les réunissant pour la première fois comme un ensemble cohérent, cet ouvrage montre l'importance de cette thématique de l'utopie pour le grand sociologue, mort en 1990.
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Connu comme l'un des plus grands sociologues du siècle, Norbert Elias est étudié, utilisé et discuté par les historiens, les anthropologues, les politistes, les sociologues... Ces dernières années, plusieurs ouvrages et n° de revue lui ont été consacrés en France, et des traductions ont permis au public français de découvrir son oeuvre. Sa sociologie s'organise autour de l'idée que l'individu a une identité propre, mais qu'il s'inscrit dans un milieu de relations qui va lui transmettre des valeurs, un schéma de comportements, un habitus social.
Les deux textes de ce livre, mettant en oeuvre cette conception de l'individualité, présentent, en peu de pages, une trajectoire de vie et de pensée qui traverse tout le XXe siècle. Dans le premier texte, Elias retrace avec simplicité son parcours : son enfance de jeune juif allemand dans l'empire prussien ; l'expérience traumatisante et fondatrice de la guerre de 1914-1918 ; sa formation intellectuelle dans l'Allemagne de Weimar ; la montée du nazisme ; l'exil et le lent mûrissement de sa théorie, forgée à l'épreuve de l'histoire ; la reconnaissance tardive, les voyages ; son goût pour l'art ou la poésie.
A plusieurs reprises, Elias ponctue son récit d'aperçus théoriques essentiels à la compréhension de son oeuvre. Le second texte est le discours de réception du prix Adorno, prononcé par Elias en 1977. Pour le sociologue, qui a du fuir l'Allemagne 40 ans plus tôt, c'est une consécration. Elias y évoque la figure d'Adorno, mais il saisit l'occasion pour jeter un regard rétrospectif sur son propre itinéraire.
Il parle de son rapport au marxisme, de sa conception de l'humanisme, des processus de dé-civilisation et de violence qui traversent l'histoire contemporaine, singulièrement en Allemagne. Il défend surtout sa propre conception du travail sociologique, et de la recherche intellectuelle en général.
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Ce livre s'inscrit de plain-pied dans les débats qui traversent encore toutes les sciences sociales, en particulier l'histoire. Avec une question centrale: peut-on utiliser les modèles forgés par les sciences exactes pour rendre intelligibles les processus sociaux?
Analysant les difficultés propres à toutes sciences humaines, Elias montre, entre autres, que les configurations sociales ne peuvent être comprises à partir de la représentation atomiste du moi séparé, de l'individu indépendant. Il montre également les dépendances qui lient les savoirs sur la société aux jugements, aux engagements des chercheurs. Ce n'est qu'en objectivant sa propre position que le chercheur est à même de pratiquer le " désenchantement émotionnel " qui sépare le savoir " scientifique " des préjugés.
Elias peut ainsi définir la tâche de la sociologie du savoir: repérer comment les appartenances, les intérêts des uns et des autres déterminent non seulement les prises de position idéologiques, mais aussi les pratiques scientifiques les plus neutres, les décisions les plus techniques. -
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Sport et civilisation : La violence maîtrisée ?
Norbert Elias, Eric Dunning
- Pluriel
- Pluriel : Sociologie
- 29 Mai 2024
- 9782818507759
Le sport ne cesse d'accroître son influence sur nos loisirs et plus largement sur la société. Comment expliquer son rôle ? A-t-il pour fonction de libérer les tensions que créent les contraintes de la société ? À quoi correspondent les violences des supporters et des hooligans ?
Inscrivant le sport dans la théorie des processus de civilisation, Norbert Elias et Eric Dunning montrent, dans ce livre majeur et très discuté, que le sport moderne n'a plus grand-chose à voir avec les affrontements guerriers et rituels de l'Antiquité ou du Moyen Âge. Aujourd'hui, l'évolution du code des comportements a imposé une diminution de la violence autorisée et permet aux individus de relâcher le contrôle de
leurs émotions en écartant les risques excessifs.
Fondamentalement, l'histoire de chaque sport est donc liée à l'apparition de règlements de plus en plus rigoureux qui ont uniformisé les pratiques sportives dans le but de maîtriser le déploiement ou le spectacle de la violence.
Norbert Elias (1897-1990) est l'un des plus grands sociologues du xxe siècle et l'auteur d'un ouvrage majeur de sociologie historique, paru en deux volumes : La Civilisation des moeurs et La Dynamique de l'Occident. Dans la collection « Pluriel » sont parus, entre autres, Norbert Elias par lui-même, Du temps et Logiques de l'exclusion.
Eric Dunning (1936-2019) est un sociologue britannique, disciple de Norbert Elias, spécialiste de la sociologie du sport, en particulier du hooliganisme.
Traduction de l'anglais par Josette Chicheportiche et Fabienne Duvigneau. -
Avec cette enquête sociologique d'une actualité surprenante, les problèmes d'une cité de banlieue des années 1950 éclairent admirablement les débats les plus actuels sur l'exclusion.
Dans cette petite ville d'Angleterre, les tensions sont multiples entre les anciens habitants et les nouveaux venus. Les premiers considèrent les seconds comme des étrangers qui ne partagent pas leurs valeurs et ont le sentiment qu'ils menacent leur mode de vie. Ils les tiennent à distance dans la vie courante, les écartent des lieux de décision, et ce rejet est entretenu par les rumeurs et les commérages. Or tous ont la même couleur de peau, tous parlent la même langue, tous sont ouvriers ou petits bourgeois travaillant dans les mêmes usines et percevant les mêmes revenus.
Ce refus de la relation à l'autre, explique alors Norbert Elias, est à replacer dans un contexte plus large de rapport de pouvoir : le groupe dominant renforce sa cohésion en excluant les « marginaux ». Cette image collective conforte à son tour l'image que chacun se fait de soi à l'intérieur du groupe. Et la domination se perpétue. -
Les Allemands ; barbarie et « dé-civilisation »
Norbert Elias, Roger Charter
- Seuil
- La Librairie Du Xxie Siecle
- 11 Mai 2017
- 9782021117424
Ce livre est le dernier dont Norbert Elias a autorisé et contrôlé la publication avant sa mort, le 1er août 1990 à Amsterdam. Il tentait d'y comprendre l'incompréhensible : pourquoi tant d'Allemands, dans les années 1930 et 1940, ont-ils accepté l'extermination des Juifs et perpétré les plus effroyables cruautés ?
(...) Elias refuse, à la fois, de l'assigner à un invariant psychologique - la propension sadique de certains individus - ou à un antisémitisme atemporel qui serait le propre de la tradition allemande. L'essentiel réside dans les conditions historiques qui ont rendu possible, dans l'Allemagne des années 1930 et 1940, le processus de "dé-civilisation", la levée des autocontrôles qui bridaient les affects de violence, ainsi que l'obéissance, jusqu'au dernier jour, aux maîtres nazis. Exercer une autorité arbitraire, absolue sur des victime haïes et stigmatisées, niées en leur humanité, était pour nombre d'Allemands une manière d'affirmer leur propre identité et de rendre tolérable leur soumission à l'autorité.
C'est là le constat essentiel de ce livre sombre, lucide et poignant.