Enfin je suis morte. Tout ce que je laisse derrière moi, c'est une odeur d'oignon frit. Maintenant que je n'appartiens plus à ton monde, laisse-moi te raconter ce qui n'est plus : ma mère, la courageuse Toi, éternellement soumise à mon père Makenzy, mon frère Orcel et sa passion pour la mer. Je te préviens, il ne reste de mon village, dévasté par les loups, qu'une plaie béante. Même mon ombre a disparu.
Elle est prostituée, il est écrivain de passage. En échange de son corps, elle lui propose un marché : écrire l'histoire d'une jeune consoeur, la petite Shakira, morte après douze jours d'agonie dans les décombres du tremblement de terre de Port au Prince en 2010. La travailleuse de la Grand Rue souhaite faire de sa protégée, ainsi que de ses soeurs de métier que personne ne pleure, des Immortelles.
Le monologue frénétique d'un homme qui glisse dans la folie. On retrouve la langue rythmée et syncopée de Makenzy Orcel, l'auteur très remarqué des« Immortelles» (Zulma, 2012) et «Maître-Minuit» (Zulma, 2018).
Makenzy Orcel retrace en un long poème continu et narratif son itinéraire individuel, de l' enfance à la naissance de l' écrivain. Nourrie de l' histoire contemporaine d' Haïti, c' est une voix qui émerge, se cherche et trouve ses mots.
« Je ne veux pas écrire sur ce que tout le monde voit, et ce que tout le monde aime, ça ne m' intéresse pas. Je veux être dans le sous-bassement des choses. Des lettres, de la société, de tout. Haïti, c' est un pays d' ombre, et je puise dans l' ombre. » M. O.
On pourrait dire que Poto est né sous les tristes tropiques d'une dictature sanguinaire - terre d'apocalypse où la violence est partout - de père inconnu et de Marie Élitha Demosthène Laguerre, sa mère présumée qui erre chaque nuit dans les vapeurs de colle.
On pourrait dire aussi que Poto a un vrai don pour se percher au niveau des étoiles, rêver sa vie, lui qui joue aux petits soldats avec des cafards dans ce qui lui sert de chambre et se raconte le monde, et tous les mondes possibles, à coups de crayon.
Et puis Poto se met en chemin. Ses dessins dans un sac à dos, il mime le fou pour que la faune de la cité le laisse en paix, vivant de larcins et de jongleries, avec pour seule ambition de continuer à vivre et d'être un artiste...
Jusqu'au jour où il se place sous l'étrange protection d'un tueur à gages à la solde du président-à-vie, le boss de la cité, qui tire les ficelles dans ces bas-fonds où tout un peuple joue chaque jour sa survie.
Voici donc l'histoire d'un funambule, d'un arpenteur qui apprend tout de la vie en marchant, incarnation nouvelle de Maître-Minuit, géant haïtien légendaire, « un homme qui reste debout, avance toujours, quoi qu'il arrive ».
«Caverne est une chanson personnelle. Un chant intime.
De tout ce que j'ai fait jusqu'à présent, pour moi, le plus important, ma priorité, c'est ma poésie. Le travail sur la langue. cette quête de sens, de quintessence. D'un langage qui tient autrement au réel.
Il faut écrire de la poésie, écrire vraiment sans se demander pourquoi, parce que c'est comme ça, il n'y a rien à expliquer, rien à comprendre. Pourquoi pas?
Toute littérature est tentative de se maintenir en équilibre.
Cavernes'inscrit dans une démarche formelle visant à nourrir, perpétuer cette quête, dans le courant d'une parole libre, douce-amère, qui se déploie à la manière d'une chanson, d'un geste, histoire de prendre corps, s'arracher de ce corps, se renouveler au-delà de son orbite. Un écho à travers lequel coïncident les miroitements de la langue, de l'existence et ses in nies expansions.
Mais par-dessus tout, Caverne est une descente dans mes cavernes, mes zonesexistentiellesles plus reculées, une exploration de l'intime.
J'ai vu tant de cadavres dans ma vie, autant que des vivants je crois. Et ceci, dès ma plus petite enfance dans ce quartier violent à Martissant où j'ai grandi avec ma mère. Des cadavres d'amis, d'inconnus, de femmes, d'hommes et d'enfants. Des gens que je n'ai pas eu le temps d'aimer, de connaitre, avec qui j'ai pas eu le temps de discuter.
Et d'autres cadavres internationaux qui ont vécu loin de mon quartier, loin de mon enfance. Je ne sais pas, je suis ravagé par l'idée que j'appartiens à leur monde, que je suis moi-même un cadavre en quête d'une vie, une certaine place dans le monde des vivants, que je suis aussi mort que les morts de mon quartier. Ce poème est une manière de dire que je pense à eux, que je regrette qu'ils soient partis si tôt, avant d'avoir vécu, aimé. S'il faut coucher avec les morts avant de trouver un vers, la poésie sert à ça aussi: à donner vie aux morts.
Comme Caverne, Cadavres est un poème intime, un retour sur les lieux de l'enfance, de l'intérieur.»
Ce n'est la faute de personne si nos rêves sont plus courts que nos bras... De la poésie pour réinventer le monde et les vivants... Il vit à Port-au-Prince. Son métier : poète. Sa foi : l'avenir. Son désir : quelques rêves d'amour et de soleil. Il a une jeunesse insolente et des yeux qui refusent de se fermer, ni de mourir solitaire / sans livrer les méandres de la faille. Il écrit pour ne pas flancher. Pour être debout entre les phrases. Ses mots se font fleurs, barbelés en crue / dans la spirale du rêve, dit testamentaire d'une île où seule l'étreinte / conduit la lumière. Cet ouvrage rassemble les trois premiers receuils de Makenzy Orcel : "A l'aube des traversées", "Sans ailleurs" et "La douleur de l'étreinte". Préface de Rodney Saint-Eloi.
Faudrait-il hélas rappeler que la poésie désarme les certitudes, invite à douter, donne à la langue ce qu'elle ne trouvera nulle part ailleurs, brise les miroirs nous renvoyant des images arrêtées de nous-mêmes, saute les verrous du sacré, rêve ?
« J'ai commencé à fréquenter les bars, donc boire, très tard dans ma vie. Pour une raison très simple, il faut payer après avoir consommé. Aujourd'hui dès que j'arrive dans une ville, la première chose qui me vient à l'esprit, c'est d'aller faire la tournée des bars. Carrefour de toutes les occurrences. Des histoires, aussi banales soient-elles parfois, qui hantent toute une vie. Depuis bientôt une décennie c'est devenu un de mes endroits préférés. Et Dieu sait combien j'en ai fait dans mes voyages. J'ai voulu faire un livre pour habiter, aborder autrement ces vécus.
Tous les poèmes du recueil La nuit des terrasses forment ensemble une seule plongée à travers ces espaces réels ou imaginaires, pour combiner non seulement ces instantanés, ces souvenirs disparates, mais aussi inviter l'autre à sortir sa tête de son verre, à la convivialité. Le verbe «?boire?» ne se conjugue-t-il pas mieux ensemble??
La nuit des terrasses célèbre l'instant, la rencontre des corps et l'amitié. » Makenzy Orcel
L'ouvrage propose toute l'actualité présentée chaque année en mars lors des Journées annuelles de rhumatologie du centre Viggo Petersen et du service de rhumatologie de l'hôpital Bichat. En fin d'ouvrage une partie rend compte des tout-derniers points d'actualité évoqués lors du congrès en matièred'affections inflammatoires et des os.
Après la parution de son premier livre, Les Immortelles, Makenzy Orcel confirme ici la magie d'une écriture violente et généreuse. Nicolas Idier, au rythme de ses écrits et de ses nombreux voyages, poursuit sa quête d'une autre vision de la littérature. La rencontre de ces deux auteurs reconnus bien au-delà des limites hexagonales témoigne d'une sagesse nouvelle, où la beauté et l'amour triomphent du doute et de la peur.
Makenzy Orcel et Nicolas Idier se sont rencontrés à Pékin en 2012, revus à Paris et, après plusieurs années, se retrouvent à Calcutta. Ils ont mille choses à se raconter : l'amour de leurs mères, la naissance de leurs enfants, leurs projets d'écriture, la révolte contre toutes les injustices, les grandes amitiés qui leur donnent le courage d'écrire. L'un vit entre Port-au-Prince et Paris, l'autre entre Pékin et Delhi, mais ce soir-là, ils sont assis au comptoir d'une boîte de nuit. La musique est si forte qu'elle emporte leurs paroles. C'est alors que l'un se penche vers l'autre et lui propose l'idée d'écrire un livre à deux. Voilà comment est né ce livre qui réunit deux voix de la littérature française et haïtienne. La sincérité absolue et incarnée de leur dialogue est une preuve de confiance et de fraternité comme on en trouve peu dans la littérature contemporaine.
Oscillant entre le roman, la poésie, l'essai, la confidence, sans aucun respect des catégories, Une boîte de nuit à Calcutta traverse toutes les frontières pour atteindre à l'universel.
Un quartier délabré, des latrines et des voix se répondent en écho. Les radoteurs de la place d'Armes refont le monde. Les confidences. Les misères. Les tracasseries. Les amours. Les folies. Les exils. Les voix s'entrecroisent, tantôt graves, tantôt intim
Vingt-quatre jeunes, un à la fois, se sont risqués d'affirmer le coeur de leur foi à partir de la description d'un objet ! Une foi vivante et présente dans le quotidien de chacun... Le credo de cette jeunesse se vit au détour d'une rose, d'une chemise scoute, d'un abonnement de train, d'un peignoir, d'un diamant ou encore d'une paire de skis. Une invitation à regarder ce qui nous entoure... autrement !
Le poète et traducteur Michel Orcel offre dans ce recueil un choix de poèmes s'étendant de la Latinité au romantisme anglais et centré autour de la jeune fille et la mort. Né à Marseille, Michel Orcel a accompli des études de philosophie et de littérature qui l'ont conduit à étudier et traduire les grands auteurs italiens, notamment l'Arioste, Le Tasse, Ugo Foscolo, avec une passion particulière, toutefois, pour Giacomo Leopardi auquel il a également consacré des essais d'une grande pertinence. Son oeuvre d'un « classicisme inventif », selon Pierre Oster, explore presque tous les champs de l'expression littéraire, poésie (Elégie, La Dogana, 1984), roman, essais savants et biographies critiques (Verdi. La vie, le mélodrame, 2001). Il a vécu à Florence, Rome, Naples et s'est récemment installé à Nice après plusieurs années vécues au Maroc. Il est le traducteur du Roland furieux de L'Arioste, au Seuil, et de La Jérusalem libérée du Tasse, chez Gallimard, et il donné des versions exceptionnelles des Poèmes et fragments de Giacomo Leopardi, aujourd'hui republiés chez Garnier-Flammarion. En outre il prépare pour 2016 une traduction radicalement nouvelle de La Divine Comédie aux éditions de La Dogana.
La traduction, aux yeux de ce remarquable poète, ne se distingue guère de la création : selon ses propres termes, « traduire, comme voyager, exige, qu'on soit yeux, tout ouïe, perméable jusqu'à l'illusion de se perdre dans l'objet - mais en allant chercher au fond de soi le visage du poème. » Philippe Jaccottet considère qu'il est l'un des meilleurs traducteurs de ces vingt dernières années.
L'amère philosophie de ces 7 poèmes anciens ne reflète pas la métaphysique actuelle de l'auteur. Ces pièces n'en marquent pas moins une limite incandescente dans ce qu'il considère aujourd'hui comme son long apprentissage de la connais-sance. Ils sont à ses yeux comme une image obscure (ou inverse) de l'humaine "nostalgie de Dieu" . Ce court ensemble est suivi d'un sonnet retrouvé et de deux nouvelles traductions de Léopardi par l'auteur
Orient à portée de main, jardin des lettres et des arts, paradis voluptueux du chant, l'Italie, dotée dans notre imagination de caractères édéniques, ne pouvait qu'engendrer la méprise.
Car, à forcer le trait de la mesure antique, de l'épicurisme natif, de l'énergie et de la quête du bonheur, on a perdu de vue la pensée italienne, sa démesure, sa désolation, et trop vite oublié, ou ignoré plutôt, que, dans ce laboratoire de l'Europe, était aussi née la noirceur de la modernité.
Cette Italie obscure, que l'homme européen a soigneusement tenue à distance, naît avec la fin du grand rêve renaissant.
L'ironie désacrante de l'Arioste, l'expérience autobiographique de Benvenuto Cellini (la première de l'histoire moderne), la mélancolie du Tasse en sont la preuve, qui, à l'orée du XIXe siècle, s'accompliront en quelque manière dans le prodigieux travail de négation que Leopardi exécutera sur les fondements mêmes de la pensée.
" Je suis à la mort pour toujours ; je fus à vous Une heure seule ; et j'ai porté beauté Avec tant de plaisir, j 'ai laissé tant de pleurs, Qu'il aurait mieux valu que je ne fusse né.
" Les poésies de Michel-Ange sont, dans la littérature européenne, l'image sonore du coup de force que l'artiste imposa à la tradition plastique de la Renaissance. Presque libéré du jugement public, composant son Canzoniere comme une sorte de journal intime, Michel-Ange fait preuve dans ses Rimes d'une passion affective et d'une violence verbale qui font éclater le rassurant schéma néo-platonicien dans lequel on a trop souvent voulu l'enfermer.
Cette poésie pleine d'ombres, de secousses et d'incorrections, mais non moins précieuse et vive dans le baroquisme de ses figures, attendait qu'on renonce au systématisme de l'alexandrin ou à la paisible syntaxe du français classique. A côté des grands sonnets, le présent choix réhabilite des pièces moins connues mais d'une force érotique ou spirituelle où brûle toujours la féconde inquiétude du génie.
Michel Orcel.
" Traduire, comme voyager, exige qu'on soit tout yeux, perméable jusqu'à l'illusion de se perdre dans l'objet - mais en allant chercher au fond de soi le visage fantastique du récit.
" Qui ne se contente pas de courir le monde mais plante sa tente en quelque terre étrangère, fait l'expérience d'un singulier changement de perspective. Journal d'un an de vie au Maroc et du tourment littéraire qui l'accompagne, Les Larmes du traducteur font des menus événements de la vie, des paysages, des lectures, des rencontres réelles ou rêvées, l'occasion de penser autrement notre histoire et le mouvement qui nous conduit vers l'autre.
Conforme au programme du DCG, ce manuel tout-en-un permet une préparation optimale à l'épreuve de droit fiscal : l'essentiel du cours, des exercices corrigés, des annales corrigées et commentées.
Nous vivons tous avec la conviction que nous savons ce qui est bon pour nous. Pourtant, même si nous ne nous en rendons pas toujours compte, nous sommes soumis à des pressions qui influencent notre bien-être. Et ces pressions ne viennent pas que de l'extérieur. La plupart, les plus nocives, les plus toxiques, viennent de notre intériorité et de nos comportements réflexes.
Inconsciemment nous adoptons des postures, portons un jugement sur nous-même et sur les autres alors qu'en même temps nous sommes sujets aux croyances les plus légères, victime de nos idées reçues et esclave d'un orgueil inconscient et destructeur.
Vivre n'est facile pour personne et trouver la paix intérieure est une quête qui s'entreprend en arpentant des chemins adaptés aux nécessités de chacun. Certaines personnes ont fait de cette quête le fondement même de leur existence. Parmi elles, il y a des écrivains, des philosophes, des psychologues, des médecins, des médiums, des artistes, etc. Certains d'entre eux ont accepté de livrer leurs convictions à propos des grandes questions de l'existence. C'est à travers cette multitude de rencontres que l'auteur a pu découvrir le chemin de la sagesse profonde et la joie d'une vie intérieure apaisée.
Cet ouvrage met en lumière les a priori simplistes et les limitations de l'esprit humain pour mieux les conjurer. Notre empreinte est-elle, à elle seule, la meilleure raison de notre passage sur terre ?