L'historien analyse la manière dont s'est construite l'autorité préfectorale, un travail institutionnel permanent de la part de ces hauts fonctionnaires pour amener la population à la considérer comme légitime afin d'enraciner le régime et faire accepter l'Etat. Ce charisme de fonction est analysé à partir de terrains originaux tels que le corps physique du préfet ou le bal de la préfecture.
Comment mesurer l'opinion publique ? Comment saisir et comprendre ses évolutionsoe Comment comprendre la distribution des adhésions politiques selon les milieux sociaux, l'appartenance professionnelle, l'environnement rural ou urbainoe En France, ces questions, dont on peut souligner la modernité et l'actualité, se sont posées pour la première fois de manière durable sous la Restauration et la monarchie de Juillet lors de l'avènement du parlementarisme, qui favorise une réflexion approfondie sur " l'art de gouverner " et les relations nouvelles entre État et société après la chute du pouvoir autoritaire et personnel de Napoléon. Le livre de Pierre Karila-Cohen présente et analyse l'invention des premières véritables enquêtes gouvernementales sur l'opinion publique et les opinions politiques. Il les suit de leur conception à leur réception et montre comment les préfets et les autres agents de l'État s'improvisent enquêteurs, collectent des renseignements, au gré de longs voyages, de tournées départementales et de rencontres avec de grands et petits notables, et forment un savoir nouveau sur " l'état des esprits ". Des pratiques et un savoir, dont Stendhal a donné un aperçu dans Lucien Leuwen, et qui se trouvent à la source aussi bien des Renseignements généraux que de la science politique et des sondages.
Cet ouvrage se propose de présenter de manière synthétique et pédagogique, à l'usage des élèves de classes préparatoires, de premier et de deuxième cycles universitaires, mais aussi de tous les lecteurs curieux d'histoire, les acquis récents de la recherche historique et sociologique sur le syndicalisme en france depuis les premières organisations ouvrières du xixe siècle jusqu'à la crise actuelle des grandes confédérations et ses conséquences pour le système social français.
Existe-t-il un modèle spécifique de syndicalisme français ? quelle place les organisations professionnelles ont-elles tenu dans l'histoire de ce siècle ? quelle interprétation peut proposer l'histoire de la crise actuelle du syndicalisme ?.
Aborder les questions de conflits, d'opinions et de politisation sur le temps long, comme le propose cet ouvrage, permet d'ouvrir de nouvelles pistes et de se prémunir tout autant des fausses continuités que des ruptures illusoires. L'émergence de l'opinion publique se produit-elle, comme le pensait Habermas dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, ou bien plus tôt ? De même, la notion de politisation doit être maniée avec précaution, pour éviter toute forme d'évolutionnisme un peu naïf. Ce livre voudrait ainsi sortir de certaines impasses nuisibles à la recherche historique et nourrir un dialogue constructif avec l'ensemble des sciences sociales.
On connaît bien le commissaire de police du XXe siècle, devenu une figure familière grâce à la fiction, dans la littérature d'abord, au cinéma et à la télévision ensuite. On connaît beaucoup moins bien son devancier du XIXe siècle, mal vu par ses contemporains et négligé par les historiens. Il ne correspond pourtant que peu à l'image du froid bureaucrate à laquelle on l'a souvent réduit. Si, contrairement à l'inspecteur ou au " limier " de la Sûreté, il n'a alors guère sollicité l'imaginaire, ce fonctionnaire moderne a constitué à partir de la célèbre loi de février 1800 (28 pluviôse an VIII) un rouage essentiel de la construction de l'Etat. Au contact de citadins de plus en plus nombreux, il a été un agent décisif de l'acculturation à la norme et à l'autorité, gérant au jour le jour les transgressions ordinaires, contribuant à l'édification d'un ordre quotidien. Homme de l'entre-deux -entre pouvoir central et pouvoir local, entre Etat et société, élites sociales et petit peuple urbain, politisation et professionnalisation -, il résume et accompagne bien des contradictions du siècle. Cet ouvrage collectif, dirigé par Dominique Kalifa (Paris 1) et Pierre Karila-Cohen (Rennes 2), est le premier livre entièrement consacré à ce personnage méconnu qu'il étudie en un long XIXe siècle, de la Révolution à la Grande Guerre. Aussi attentif aux origines sociales des commissaires qu'à leurs itinéraires, à leurs pratiques professionnelles ou à leurs conditions de vie, il offre aussi une ample sélection de documents, pour partie inédits, qui témoignent de l'activité quotidienne de ces policiers, appelés à devenir une des figures majeures de notre contemporain.