«Toutes les mythologies parlent, soit d'un centre original du monde, soit d'un arbre sorti de terre et qui gagne le ciel, soit d'un mont sacré, en tout cas d'une possibilité de communication avec l'au-delà. Or, il faut que cette possibilité existe, que l'arbre ou la montagne soit là pour de vrai, au même titre que l'Éverest ou le mont Blanc. C'est ce que pense l'auteur du récit et il réunit une expédition pour découvrir le mont Analogue. La description des membres de l'expédition permet à René Daumal d'exprimer sa fantaisie. La base du mont est finalement découverte : c'est la courbure de l'espace qui empêchait de la voir. Le récit est inachevé, mais il est assuré que l'expédition, qui a disparu à nos regards de lecteurs, poursuit son ascension. Naturellement, les personnages et les circonstances du Mont Analogue sont symboliques : telle est la littérature quand elle se veut utile à l'homme. Dans la circonstance, elle éveille doublement, car toutes les phrases portent. Cela tient à l'intelligence très personnelle de René Daumal et à ce qu'on pourrait appeler son lyrisme de l'ironie.» Roger Nimier.
Pour étancher la soif, qui est une soif d'absolu, deux possibilités se présentent : la boisson et la drogue. Les uns boivent par peur de penser, d'autres par crainte de ne pas trouver plus sot que soi. Mais comment en sortir ? Le mystérieux «personnage de derrière les fagots» pourrait bien détenir la clef de l'issue : un « véritable mode d'emploi de la parole ». Des jeux de langage réjouissants se déversent à flots continus dans ce récit inclassable, entre la pataphysique de Jarry et la Divine Comédie de Dante. De page en page, le lecteur va de surprise en surprise, et l'auteur de dénonciation en dénonciation, celle des faux semblants et du bas matérialisme. Du cercle de la soif, le lecteur plonge dans les paradis artificiels, avant de retrouver « la lumière ordinaire du jour ».
"Toutes les mythologies parlent, soit d'un centre original du monde, soit d'un arbre sorti de terre et qui gagne le ciel, soit d'un mont sacré, en tout cas d'une possibilité de communication avec l'au-delà. Or, il faut que cette possibilité existe, que l'arbre ou la montagne soit là pour de vrai, au même titre que l'Everest ou le mont Blanc. C'est ce que pense l'auteur du récit et il réunit une expédition pour découvrir le mont Analogue.
La description des membres de l'expédition permet à René Daumal d'exprimer sa fantaisie. La base du mont est finalement découverte : c'est la courbure de l'espace qui empêchait de la voir. Le récit est inachevé, mais il est assuré que l'expédition, qui a disparu à nos regards de lecteurs, poursuit son ascension. Naturellement, les personnages et les circonstances du Mont Analogue sont symboliques : telle est la littérature quand elle se veut utile à l'homme.
Dans la circonstance, elle éveille doublement, car toutes les phrases portent. Cela tient à l'intelligence très personnelle de René Daumal et à ce qu'on pourrait appeler son lyrisme de l'ironie".
Roger Nimier
«Je veux vivre toujours d'une vie plus réelle, en rejetant dans le monde tout ce qui me limite, et dont je fais aussitôt une Existence, une Matière, un Objet de connaissance. Comme cette négation s'opère dans la durée irréversible, ce que je rejette hors de moi, je le rejette aussi dans le passé. Ainsi, je ne suis véritablement que dans l'acte de négation et dans l'instant. Ma conscience se cherche éternelle dans chaque instant de la durée, en tuant ses enveloppes successives, qui deviennent matière. Je vais vers un avenir qui n'existe pas, laissant derrière moi à chaque instant un nouveau cadavre.» «La négation pure, loin d'être une simple opération de la logique discursive est, pour Daumal, un ACTE positif qui lui permet à chaque instant de faire le point du chemin parcouru et d'apprécier combien il s'est dégagé, chaque fois par un acte voulu et vécu, de tout ce qui le lie à une réalité épaisse - dépourvue de lumière. Pourtant cette lumière existe et procède d'un Point unique que le poète peut entrevoir et indiquer aux autres comme graine d'un Contre-Monde.» Claudio Rugafiori.
Ces trois textes inédits de René Daumal ont paru respectivement dans les troisième, quatrième, puis huitième (et ultime) livraisons d'un éphémère mensuel de 8 pages nommé La Bête noire (1935-1936), imaginé par Marcel Moré, Roger Vitrac, Michel Leiris, Raymond Queneau et Jacques Baron, et qui a compté Antonin Artaud ou encore Le Corbusier parmi ses contributeurs. La revue, à peine née, est l'objet de vives tensions entre plusieurs grandes figures du milieu littéraire, et cristallise les divisions de l'avant-garde, notamment entre les surréalistes et leurs dissidents. Georges Bataille refuse avec véhémence d'y participer, sans parler de l'ombre menaçante d'un André Breton soucieux de préserver son territoire. Dès le deuxième numéro, Leiris et Queneau eux-mêmes souhaitent la disparition de La Bête Noire qu'ils ont conçue comme une forme d'union sacrée ! Daumal rentre pour sa part d'un séjour aux États-Unis, Le Grand Jeu est derrière lui, il retrouve brièvement Paris et ses amis avec ennui, voire une forme de dégoût. Il s'installe à Genève et ces querelles de chapelles sont loin de ses préoccupations. Mais il ressent la décrépitude du milieu poétique et il se fait l'écho rageur, désenchanté de cette fin de cycle à laquelle il semble adresser un « au-revoir ! » cinglant dans ces textes corrosifs et lucides, qui évoquent une société triste, vide, qui a sombré dans le bavardage et qu'il serait urgent de désinfecter. L'esprit moderne, déchu, consume en 1935 ses restes de truquages et de combines, les déceptions vis-à-vis des promesses qu'il n'a pas su tenir finissent de l'anéantir, et l'époque, de passion et d'action, politiquement tendue vers le pire - dans laquelle les intellectuels se démènent, « contre-attaquent » ou pataugent - accélère cette faillite, la leur.
Quelle est la vocation réelle de la pensée philosophique ? Son étymologie, « l'amour de la sagesse », nous rappelle qu'elle n'a pas sa fin en elle-même. Comment a-t-elle pu s'égarer au point de devenir pour la modernité un discours séparé de la vie ? A travers l'étude des premiers textes indo-européens, sanskrits et grecs, René Daumal cherche à retrouver l'usage et le sens d'une pensée qui accompagne et nourrisse véritablement l'existence humaine : « c'est d'ici que part notre pensée, c'est ici qu'elle doit revenir , mais après quels détours ! » Le sens des textes n'est pas à chercher en eux-mêmes mais dans le quotidien et le concret qu'il éclaire pour les rejoindre et s'y résoudre.
René Daumal (1908-1944), poète (Le Contre-Ciel), conteur (La Grande Beuverie, Le Mont Analogue), a laissé une oeuvre importante d'essayiste, enfin réunie en deux volumes. L'Évidence absurde et Les Pouvoirs de la Parole mettent à la disposition du lecteur, dans un ordre chronologique, l'essentiel des spéculations philosophiques et des réflexions poétiques de cet écrivain d'une richesse de pensée peu commune. Dans Les Pouvoirs de la Parole, le lecteur trouve, avec les textes de la maturité, les approfondissements théoriques et pratiques de ce qui tient le plus à coeur à Daumal et qui est au centre même de sa vision : la pensée traditionnelle hindoue, comprise, vécue, enseignée comme «métaphysique expérimentale» susceptible de fournir à l'individu le moyen de réaliser son véritable «soi». Daumal, en considérant sur les bases traditionnelles, et incontestablement actuelles, ce que, d'après les doctrines hindoues, il appelle les «pouvoirs de la Parole», étudie en philosophe et en poète les phénomènes du langage dans des analyses d'une immense portée.
Ce volume réunit quatre textes courts et méconnus de René Daumal, l'auteur du Mont Analogue et de La Grande Beuverie, qui fut l'un des fondateurs du Grand Jeu et un des premiers 'pataphysiciens.
«Le Catéchisme», publié pour la première fois dans un tiré à part du 'Collège de Pataphysique, dix ans après la mort de Daumal, est un texte d'une drôlerie cruelle où il laisse libre court à son «hérissement» face à la soutane.
«La Guerre sainte» dont parle Daumal n'a rien d'une conversion. Dans sa volonté de rejeter le scientisme, le rationalisme et l'Occident, la quête de Daumal, converti à la philosophie orientale, et en particulier indienne, tend avant tout vers le dépassement du rationnel et de l'irrationnel, pour «tuer les miroirs menteurs», et parvenir à une forme d'éveil.
Dans «Un souvenir déterminant», qui est un texte de la fin de sa vie, Daumal poursuit son expérience métaphysique de lutte intérieure contre l'hommemachine, en se souvenant avec émotion du poète noir qu'il fut dans sa jeunesse, expérimentateur téméraire tentant d'affronter lucidement la mort.
«Les Dernières paroles du poète» traduit une autre obsession de Daumal, la quête du mot suprême, indicible, que le poète cherche à prononcer en vain pour changer le monde in extremis. C'est un constat d'impuissance, doublé d'une critique de la poésie.
Sous leur abord mystique, il ne faut jamais perdre de vue que ces textes sont portés, sous-tendus par un humour implacable et iconoclaste.
1939. René Daumal vient de voir paraître son premier roman, La Grande Beuverie, dans la déjà prestigieuse collection Métamorphoses de la nrf.
De nouveaux projets se dessinent : ce qui a pour l'instant la forme d'un « Traité d'alpinisme analogique » (il revient du Pelvoux, dans les Hautes- Alpes, et ce traité deviendra Le Mont analogue), une Anthologie des poètes français du xxve siècle , des traductions du sanskrit, mais aussi et on le sait moins, cet essai sur l'obscurantisme.
René Daumal ne fut pas seulement l'auteur du Mont analogue et l'un des protagonistes du Grand Jeu, ce mouvement qui fit beaucoup parler de lui vers 1929, il fut aussi un grand connaisseur de la pensée hindoue et un remarquable traducteur. Bharata (mot qui désigne à la fois l'Inde en sanskrit et l'auteur d'un traité classique sur l'origine du théâtre) réunit tous les essais/études que Daumal consacra à la littérature hindoue. Ces études sont accompagnées de traductions du sanskrit, langue qui offre la particularité unique d'avoir été construite (samskrita = fabriqué) et que Daumal considérait à juste titre comme le monument par excellence de l'Inde. Non content d'entreprendre des traductions inédites (c'est le cas du traité sur le théâtre de Bharata et du début d'un hymne du Rig Véda), Daumal s'efforça d'améliorer celles que nous possédons de certaines Upanishads et même de la célèbre Bhagavad-G?t?. Sa mort prématurée ne lui permit pas de mener à bien ces grandes entreprises. Néanmoins, dans les fragments de traductions qu'il a laissés et qui figurent dans Bharata, on décèle, à côté d'une parfaite fidélité, une compréhension exceptionnelle du génie de l'Inde. Par ce livre, comme par certains essais qui parurent dans Chaque fois que l'aube paraît, on s'aperçoit, sans l'ombre d'un doute, que si Daumal avait vécu il serait devenu l'un des maîtres à penser de ce temps.
Les deux textes réunis ici appartiennent à l'ensemble des derniers essais de René Daumal publiés en revues et qui doivent être considérés comme les essais de la maturité. Parmi ceux-là, deux textes hors du commun : La vie des Basiles et L'envers de la tête, en ce qu'ils représentent le souci constant et fondamental de leur auteur, une soif insatiable, voire absolue, de connaissance. En ce sens, exemplaires sont La vie des Basiles et L'envers de la tête puisque s'y mêlent, s'y croisent et s'y recouvrent sans cesse, les diverses voix (ou voies) de René Daumal, incarnant la plus ambitieuse des spéculations poétiques. Autrement dit encore, deux essais tout aussi profonds qu'émouvants, échappant au genre même de l'essai, d'une spiritualité et d'une subtilité sans pareilles, et pour lesquels René Daumal lui-même, si l'on peut en croire sa correspondance, avait une a
En 1932, René Daumal débarque à New York, où il rejoint la troupe du danseur indien Uday Shankar. Aux déceptions de la vie parisienne, surtout liées au Grand Jeu, il réagit par ce voyage, qu'il veut d'espoir. Vite, il connaît de nouvelles déceptions. D'autres expériences l'attendent à son retour en France. La mort de son guide Alexandre de Salzmann le décide à persévérer dans l'enseignement de Gurdjieff - par le contact avec Jeanne de Salzmann, qui ouvre une école de rythme et de danse à Évian. Deux années se passent à Genève, au contact des bibliothèques, qui lui permettront d'affiner sa maîtrise de la langue sanskrite.
Cet ultime ensemble d'inédits offre les clefs pour saisir à la fois René Daumal, la poésie, et la pensée indienne.
« Tu prélèveras ton coeur sur quelque poisson pourri ;
Tu y enfonceras la vrille que te remettra la clef des ascenseurs. Tu jailliras : vers le haut ou vers le bas à ta guise, mais jaillis jusqu'à ce que se ferment les yeux du chat. Constate que tu ne peux plus retomber : sinon, c'est que tu n'as pas brûlé tes cendres.
Recommence. » Ce livre présente les premiers textes, inédits, de René Daumal (1908-1944), simpliste, mi-génie mi-tête brûlée, futur grand rival d'André Breton et fondateur, avec Roger Gilbert-Lecomte, de la revue Le Grand Jeu. On retrouvera également ici ses autres textes majeurs de la période 1924-28, qui avaient été publiés dans Poésie noire, poésie blanche, Lettres à ses amis, les dossiers H, René Daumal ou le retour à soi et la revue Port-des-Singes. Le tout constitue une édition attendue des textes de jeunesse de l'auteur.
Le volume I de la Correspondance de René Daumal (1915-1928) couvre la première partie de sa vie. Humoristiques ou sérieuses, les lettres éclairent les deux événements qui ont marqué sa jeunesse : le Simplisme et le Grand Jeu, le seul mouvement qui osa tenir tête à André Breton.
1929-1932, années déterminantes pour René Daumal et riches d'événements : triomphe et naufrage du Grand Jeu, querelles avec les surréalistes, nouvelles amitiés et la voie, cherchée longtemps, enfin trouvée. Une lecture superficielle des lettres de jeunesse a pu prêter à confusion, celles des années trente la rend désormais impossible. Le second volume s'achève avec son départ pour New York. Une partie de sa vie est terminée. Il a vingt-quatre ans.
Enfin, le dernier volume couvre les années les plus riches de sa vie. Multiples sont les centres d'intérêt de cette correspondance : son dialogue avec l'Inde ; la poursuite de sa recherche intérieure ; enfin un témoignage impartial et percutant de l'époque, avec la description de la grande crise américaine, l'avènement du nazisme, celui du Front populaire ; puis la guerre. Daumal nous offre quelquechose de plus profond encore : comment faire face à la maladie, à la destruction de son propre moi. Tuberculeux depuis une dizaine d'années, en 1939, à l'âge de trente et un ans, il a été condamné par la médecine qui ne voit aucune issue. Document irremplaçable par leur force, l'esprit d'adaptation, «oeuvre dans l'oeuvre», les lettres de René Daumal, constituent peut-être l'une des plus belles correspondances de ce siècle.
Le volume I de la Correspondance de René Daumal (1915-1928) couvre la première partie de sa vie. Humoristiques ou sérieuses, les lettres éclairent les deux événements qui ont marqué sa jeunesse : le Simplisme et le Grand Jeu, le seul mouvement qui osa tenir tête à André Breton.
1929-1932, années déterminantes pour René Daumal et riches d'événements : triomphe et naufrage du Grand Jeu, querelles avec les surréalistes, nouvelles amitiés et la voie, cherchée longtemps, enfin trouvée. Une lecture superficielle des lettres de jeunesse a pu prêter à confusion, celles des années trente la rend désormais impossible. Le second volume s'achève avec son départ pour New York. Une partie de sa vie est terminée. Il a vingt-quatre ans.
Enfin, le dernier volume couvre les années les plus riches de sa vie. Multiples sont les centres d'intérêt de cette correspondance : son dialogue avec l'Inde ; la poursuite de sa recherche intérieure ; enfin un témoignage impartial et percutant de l'époque, avec la description de la grande crise américaine, l'avènement du nazisme, celui du Front populaire ; puis la guerre. Daumal nous offre quelquechose de plus profond encore : comment faire face à la maladie, à la destruction de son propre moi. Tuberculeux depuis une dizaine d'années, en 1939, à l'âge de trente et un ans, il a été condamné par la médecine qui ne voit aucune issue. Document irremplaçable par leur force, l'esprit d'adaptation, «oeuvre dans l'oeuvre», les lettres de René Daumal, constituent peut-être l'une des plus belles correspondances de ce siècle.
«Ce dernier volume de la Correspondance de René Daumal couvre les années les plus riches de sa vie. Multiples sont les centres d'intérêt de cette correspondance : son dialogue avec l'Inde ; la poursuite de sa recherche intérieure, liée - c'est bien connu - à l'enseignement de Georges Ivanovitch Gurdjieff, par le truchement de Mme de Salzmann ; enfin un témoignage impartial et percutant de l'époque, avec la description de la grande crise américaine (son voyage aux États-Unis en 1933), l'avènement du nazisme (Daumal écrira quelques lettres tout à fait inspirées), celui du Front populaire ; puis la guerre - la "drôle de guerre" comme on l'a qualifiée au début - dont Daumal sera victime, sa compagne Vera Milanova étant israélite. Daumal nous offre quelque chose de plus profond encore : comment faire face à la maladie, à la destruction de son propre moi. Tuberculeux depuis une dizaine d'années, en 1939, à l'âge de trente et un ans, il a été condamné par la médecine qui ne voit aucune issue. Les cinq dernières années de sa vie sont éclairées par des lettres jamais pathétiques mais toujours pleines d'espoir et de bonne humeur. Document irremplaçable par leur force, l'esprit d'adaptation, "oeuvre dans l'oeuvre» (ainsi les a-t-on définies), les lettres de René Daumal, par leur richesse, la rigueur et l'humour dont elles sont nourries, constituent peut-être l'une des plus belles correspondances de ce siècle.» Claudio Rugafiori.
« Je suis le voyant de la nuit l'auditeur du silence car le silence aussi s'habille d'une peau sonore et chaque sens a sa nuit comme moimême je suis ma nuit je suis le penseur du nonêtre et sa splendeur je suis le père de la mort.
Elle en est la mère elle que j'évoque du parfait miroir de la nuit je suis l'homme à l'envers ma parole est un trou dans le silence.
Je connais la désillusion je détruis ce que je deviens, je tue ce que j'aime. » Poète, essayiste, traducteur du sanskrit, auteur de LeContre-Ciel, LaGrande Beuverie et LeMontAnalogue,RenéDaumal fonde en 1928 - avecRogerGilbert-Lecomte,RogerVailland et Josef Sima- LeGrand Jeu : une revue et unmouvement proches du Surréalisme.
René Daumal (1908-1944), poète (Le Contre-Ciel), conteur (La Grande Beuverie, Le Mont Analogue), a laissé une oeuvre importante d'essayiste, enfin réunie en deux volumes. L'Évidence absurde et Les Pouvoirs de la Parole mettent à la disposition du lecteur, dans un ordre chronologique, l'essentiel des spéculations philosophiques et des réflexions poétiques de cet écrivain d'une richesse de pensée peu commune. À travers l'oeuvre de l'essayiste - car ce sont véritablement les études de Daumal qui offrent les clefs de sa création littéraire -, il est possible de mieux approfondir celle du poète et du conteur ainsi que de mieux pénétrer l'époque comprise entre 1925 et la guerre. En effet Daumal, bien que témoin et protagoniste des événements, ne s'est jamais laissé duper par leurs aspects immédiats, en littérature comme en politique, et a su, au-delà de la chronique, en faire toujours le bilan. Dans L'Évidence absurde (évidence définie par Daumal conme «certitude douloureuse cherchant le mot si clairement introuvable»), le lecteur a non senlement les textes fondamentaux dn mouvement du Grand Jeu (1928-1930) - publiés pour la première fois conformes aux originaux -, des études sur Rimbaud, Lautréamont, Jarry, etc., mais aussi, dans des essais et des notes moins connus ou inédits, la synthèse et le dépassement de cette perspective de jeunesse. En fait, ce qui caractérise l'oeuvre de Daumal dès ses dix-huit ans - comme on peut s'en rendre compte avec «La révolte et l' ironie», jusqu ' ici inédit -, c'est ce qu 'on pourrait appeler le «double regard» de son auteur qui participe et en même temps juge avec une rigueur sans égale. Dans Les Pouvoirs de la Parole, le lecteur trouve, avec les textes de la maturité, les approfondissements théoriques et pratiques de ce qui tient le plus à coeur à Daumal et qui est au centre même de sa vision : la pensée traditionnelle hindoue, comprise, vécue, enseignée comme «métaphysique expérimentale» susceptible de fournir à l'individu le moyen de réaliser son véritable «soi». Daumal, en considérant sur des bases traditionnelles, et incontestablement actuelles, ce que, d'après les doctrines hindoues, il appelle les «pouvoirsde la Parole», étudie en philosophe et en poète les phénomènes du langage dans des analyses d'une immense portée.
In 1948 in Paris, a group of writers and thinkers would found the College of Pataphysics, still going strong today. The iconoclastic René Daumal was the first to elaborate upon Alfred Jarrys unique and humorous philosophy. Though Daumal is better known for his unfinished novel Mount Analogue and his refusal to be adopted by the Surrealist movement, this newly translated volume of writings offers a glimpse of often overlooked Daumal: Daumal the pataphysician. Pataphysical Essays collects Daumals overtly pataphysical writings from 1929 to 1941, from his landmark exposition on pataphysics and laughter to his late essay, The Pataphysics of Ghosts. Daumals Treatise on Patagrams offers the reader everything from a recipe for the disintegration of a photographer to instructions on how to drill a fount of knowledge in a public urinal. This volume also includes Daumals column for the Nouvelle Revue Française, Pataphysics This Month.