Roland Brival
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Dans son île de la Martinique, Théodore Bougainville, vieux chanteur traditionnel, à la veille de sa mort, décide de partir à la recherche de son passé. Une femme aimée, autrefois, et qui l'a quitté alors qu'elle était enceinte pour s'en aller bâtir à la capitale une nouvelle vie. Dans cet univers bétonné qu'il découvre, rien ne ressemble aux souvenirs de la ville d'antan, et sa quête menace de s'achever en impasse.
Mais sa rencontre avec Djana et Augustin, un jeune couple d'amoureux en détresse, va tout changer. Il les aidera à vivre. Ils l'aideront à mourir..
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Gontran Damas, un jeune Noir originaire de Guyane, épris de littérature et engagé dans le mouvement « Négritude » fondé par ses amis Césaire et Senghor, débarque dans le port de New York pour la première fois. Il est accueilli par sa cousine Élisa, et son mari Anton, qui l'hébergent dans leur petit appartement en sous-sol dans Harlem. Damas, tout à la joie et à l'excitation de découvrir New York et Harlem, n'oublie pas qu'il a une mission : prendre contact avec les membres de la NAACP (National Association for Avancement of Coloured People). Bientôt, il fait la connaissance du poète Langston Hughes à qui il confie être porteur d'une invitation pour les intellectuels noirs de Harlem. Grâce à Langston, Damas fait la connaissance d'Anna, une jeune peintre dont il s'éprend et qui lui ouvre d'autres portes : il pénètre les cercles de l'intelligentsia noire de Harlem, et s'immerge dans la culture de ce quartier - la culture du jazz le bouleverse.Cette plongée dans le Harlem des années 30 est une confrontation à la complexité d'un monde où tout peut arriver, aux relations amoureuses décousues, au sexe dans les bordels tenus par des mégères excentriques, aux dangers de la drogue - Gontran rencontre Billie Holiday, vit une aventure avec elle, mais c'est avec Anna qu'il goûtera à la cocaïne. C'est aussi une immersion dans la violence de la rue.Entre émotions amoureuses et discussions politiques confrontant les intellectuels de la NAACP et leurs adversaires de l'UNIA, Damas s'adresse à Césaire et à Senghor et leur fait le récit de son séjour. Il les interpelle, entremêlant poèmes et réflexions, remémoration de souvenirs communs. De même, il évoque son enfance guyanaise, son déracinement. Ce roman se lit comme un texte initiatique et un journal de bord. Initiation à la musique - le jazz, celui des grandes heures de l'Appollo Théâtre et du Cosmo, celui de Billie Holiday chantant Strange Fruits , celui de Charlie Parker et d'Erroll Garner, celui des boîtes de nuits -, initiation à la politique - le récit expose les différents points de vue des intellectuels noirs des années 30 - et initiation à l'amour. Nègre de personne est un beau roman, plein, riche et extrêmement vivant.
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Simon est né en Martinique où il a vécu la plus grande partie de son enfance et de son adolescence. Choyé par sa mère, ses oncles, tantes et grands- parents, il a aimé cette terre sans réserve. Même si ce lieu est aussi associé à ce qui constitue son drame intime, l'absence d'un père. Les circonstances de sa naissance ont toujours été mystérieuses et il a vécu avec sa mère dans une espèce de relation fusionnelle et possessive, sous l'oeil protecteur d'un grand- père, Pa'Raphaël, figure tutélaire, gardien de la famille et du secret...
Aujourd'hui, écrivain reconnu, Simon décide de retourner en Martinique. Il y retrouve un monde à la fois familier et totalement différent.
Son île aux senteurs paradisiaques ne lui renvoie qu'un sentiment mitigé du bonheur d'autrefois. Désormais vouée au tourisme de masse, la Martinique a bien changé... Sur les traces de son enfance le voici parti à la recherche de ses racines. Il faudra la rencontre avec Evanyse, un amour de jeunesse, pour qu'il se pose enfin la question : « Pourquoi suis-je revenu ? » Hommage et déclaration d'amour à la Martinique, Roland Brival, conteur hors pair nous parle de transmission et de recherche des origines.
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Evadez-vous... Laissez-vous aller... Le chemin qui passe à travers ce livre vous emmènera en voyage dans le temps éternel de l'enfance. Là où vous aurez une chance de revivre la vôtre, ou bien de découvrir celle des autres. C'est aussi l'occasion offerte d'un partage entre générations autour de la chose la plus importante du monde pour apprendre à se construire : jouer...
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Né des amours d'un riche aristocrate français et d'une mère noire antillaise, le chevalier de Saint-Georges débarque en France en 1758. Très vite, l'homme séduit par sa grâce physique et son intelligence. Il fait les beaux jours des fêtes du Palais-Royal et de Versailles. Ses talents de bretteur, ses compositions musicales, ses conquêtes féminines défraient la chronique. Mais quand la Révolution arrive, il ne la reconnaît pas. Rejeté par les siens - la société frivole qu'il fréquente n'a jamais vu en lui qu'un jouet exotique -, il sombre dans la misère et la déchéance.
La vie du chevalier serait aujourd'hui oubliée si elle n'avait eu un témoin : l'esclave, venu avec Saint-Georges de la Guadeloupe, qui ne le quittera qu'à la mort. C'est lui qui raconte cette histoire, qui est aussi celle de deux ennemis. Car, si le maître redoute ce double, rappel constant et insupportable de ses origines, l'esclave ne peut accepter que son frère de race se tienne délibérément à l'écart de la lutte en faveur de l'abolition de la traite et de l'esclavage. -
Toby avait l'air d'un Blanc avec son teint délavé, ses cheveux lisses couleur de paille, et ses yeux clairs aux prunelles d'agate. Toby, si beau, disait la tante Gervaise, qu'il ressemblait aux images pieuses des apôtres dans un missel de catéchisme et qu'on l'aurait cru descendu du ciel comme un ange pour venir partager, au sein de la famille, la déchéance des vies humaines.
Jaran, lui, n'avait hérité de leurs parents que l'encre noire de la peau, la tignasse crépue et ce nez aux allures de patate molle qu'il détestait tant, n'y trouvant ni noblesse ni force de caractère s'il le comparait à la saillie effilée de l'appendice nasal de son frère, sans parler de ces lèvres épaisses qu'il mordillait sans cesse à toute heure du jour comme pour les punir de lui faire honte lorsqu'il les voyait dans un miroir".
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Lors d'un passage dans son île natale, la Martinique, l'écrivain Jérôme Soulanges fait la découverte d'un manuscrit insolite rédigé par un certain Barnabé Morel, ancien esclave exilé à Paris après l'abolition de 1848. Dans ce journal intime adressé à sa soeur, ce dernier raconte l'histoire de son séjour auprès de Richard Wagner, le célèbre compositeur d'opéra, dont il aurait été le valet personnel durant les semaines précédant sa mort à Venise. Se révèle alors, à mille lieues des clichés habituels le concernant, un visage inédit du génie sulfureux à la réputation d'antisémite, adulé par Hitler. Récit authentique, ou imposture littéraire ? Au fil de son enquête pour tenter de percer le mystère, Soulanges se prend d'une véritable passion pour ce texte, dont il décide de s'inspirer pour son prochain roman. Mais, entraîné par le sujet sur les traces des drames de l'esclavage et de la Shoah, pour atteindre son but, il va devoir, pour la première fois de sa vie, se résoudre à affronter les fantômes de son propre passé.
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personnage mystérieux dont nous n'apprendrons jamais le nom, le narrateur est un écrivain en panne d'inspiration.
il vit avec mary, une journaliste de guerre et son fils thomas, un adolescent de dix-sept ans. lorsque mary est envoyée en reportage dans un pays, où l'on reconnaît l'irak, il ne se doute pas encore que le cours de leur destin s'en trouvera à jamais bouleversé. il s'interroge sur sa vocation d'écrivain, sur les raisons qui l'empêchent momentanément d'écrire, sur sa curieuse relation, de plus en plus mutique, avec son éditeur privilégié.
il ne comprendra que peu à peu, alors que lui parviennent par les médias des échos de ce théâtre de guerre, que mary risque de ne pas revenir. son absence la révélant enfin à lui-même en le renvoyant aux sources de sa propre quête d'identité. une quête non dénuée d'un fort sentiment de culpabilité, d'étrangeté à soi-même et aux autres. ce texte fulgurant d'une lucidité rare, nous livre une réflexion sur les guerres modernes et leur médiatisation.
le roman de la maturité de roland brival.
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Langdon, l'Américain, dont les rêves calcinés voyagent en mer Caraïbe entre Cuba et Haïti, demeure la cible idéale des fantasmes et des rejets.
Au Garlic, petit port de la côte bretonne, pendant les trois mois d'hiver, il ne se passe rien, ou presque. Les marées, les bouteilles rythment les jours. Mais l'arrivée de Langdon, contraint d'y faire escale à cause d'avarie sur son voilier, ne tarde pas à faire basculer la jeune Gwen, serveuse à La « Licorne ».
Qui est Langdon ? Un clochard des mers ? Un Samaritain maudit ? Gwen, pour le savoir, devra briser la dernière coquille qui l'empêchait de venir au monde.
Langdon ne veut rien. Il regrette Milonga, qui l'a eu, qu'il a eue. Sa distance, sa violence, sa mort. Mais à La « Licorne », les regards pèsent. Gwen a la démarche et la jeunesse qui plaisent. Langdon en joue, d'abord. L'homme, habitué aux amours portuaires, vite consommées, vite payées, prend l'amour de la jeune fille comme il est, sauvage. Puis il la découvre, la fait entrer dans ses jeux. Ce périple auquel Langdon l'initie est nourri d'une passion telle que Gwen s'y jette comme on plonge. Jusqu'au bout des souffrances.
Autour d'eux se défont les équilibres entre les clans, resurgissent les jalousies, se déclarent des haines. Langdon, l'Américain, dont les rêves calcinés voyagent en mer Caraïbe entre Cuba et Haïti, demeure la cible idéale des fantasmes et des rejets.
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À Osaka, au Japon, le jeune Sato passe sa vie fourré dans l'atelier de sa mère couturière. Quand les clientes se présentent pour les essayages, il doit s'éclipser... Un jour, sa mère est absente, et c'est lui qui accueille une riche cliente. Il découvre ainsi les vêtements confectionnés par sa mère :
Des corsets joliment travaillés qui mettent en valeur le corps des femmes.
Le jeune homme découvre alors sa vocation. Il sera couturier.
Après avoir convaincu sa mère, il entame un long apprentissage pour maîtriser l'art des couleurs, de la teinture, de la broderie, l'harmonie des coupes et des matières. Formé auprès des meilleurs spécialistes, il sera un élève brillant. Mais ce métier le met en contact permanent avec des femmes presque nues. Pour le jeune homme, la tentation est forte. Plus que l'apprentissage de la broderie millénaire, c'est apprendre à maîtriser ses désirs qui lui coûte le plus. Sa mère trouvera un moyen radical pour qu'il « conserve sa force vitale à l'abri de son corps »...
Avec ce roman, Roland Brival nous transporte dans un Japon aux multiples facettes. Où l'harmonie de la nature et la sérénité des temples zen côtoient la cruauté de la tradition ancestrale.
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Est-ce histoire ? Est-ce légende ? Au XVe siècle, un jeune aventurier de la ville de Toulouse, engagé dans une expédition aux Canaries aux côtés de Béthencourt, rêvant de découvrir le fabuleux royaume du prêtre Jean, gagne un jour Gao, la capital du royaume Songhay, alors établi sur les bords du Niger; il y rencontre la fille du roi, Salou Sacaïs, la prend pour épouse et la ramène à Toulouse, concluant dans l'amour cette première rencontre de l'Europe avec l'Afrique profonde.
Tout en trouvant l'occasion de revenir aux thèmes qui lui sont chers - découverte réciproque de l'homme blanc et de l'homme noir, affrontement et complémentarité des cultures - c'est tout un voyage à travers le Sahel, le Hoggar et le M'zab que nous propose Roland Brival, à une époque où les peuples qui habitaient ces contrées vivaient l'apogée d'une prodigieuse civilisation.
Gao, qui n'est plus aujourd'hui qu'une ville du Mali, revit ici pour nous avec sa splendeur passée, la beauté de ses légendes, grâce à ce qui fut une très belle histoire d'amour.
Né en 1950, Antillais de la Martinique, Rolland Brival publie avec les Tambours de gao son quatrième roman.
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Après le succès de Bô (1998) et de Biguine Blues (1999), Roland Brival délaisse l'horizon de la Caraïbe pour un plongeon dans la jungle urbaine américaine, " paradis " en trompe-l'oeil offert à tous les paumés attirés là par la frime, la misère ou le cafard.
Wichita Falls, Texas. Dans une cellule du pénitencier de l'Etat, un jeune homme se réveille. Il sait que le soir même il mourra sur la chaise électrique. Il s'appelle Brenton Kingsley. Age : 25 ans. Race : noire. Motif de la condamnation : meurtre. Dehors, une fille - sa soeur, son amour - a reçu l'autorisation de le voir et de lui parler avant l'instant ultime. A l'issue d'une journée violentée par le ressac de la mémoire, elle décide de jouer le tout pour le tout...
Un livre placé sous le signe du sang, ce tribut que sont bien souvent requis de verser ceux qui ne sont pas nés du bon côté de la vie. Où la musique bluesy chère à Brival vire au sombre, habitée par une rage qui consent, cette fois, à aller nue.
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C'est à Venise que Fabien, la cinquantaine, natif de la Martinique, se voit tendre pour la première fois sans complaisance le miroir de son passé.
Jeune étudiant rêvant à l'époque de ne cultiver qu'un seul art - celui de l'Etonnement -, il était venu autrefois à Venise en quête du miracle. Au bord des eaux glauques il avait rencontré Silvana, qui l'avait initié à tout, et d'abord au mystère qui réunit dans une même étreinte l'Amour et la Mort. Trente ans plus tard, l'image de Silvana hante encore les eaux de la lagune. Comme pour faire reproche à Fabien d'avoir trahi son rêve d'autrefois.
Rien qui fasse place à l'étonnement, dans sa vie rangée d'aujourd'hui. L'étudiant exilé a vieilli, a cultivé une prudente amnésie (en particulier quant à son métissage). Et voici qu'à contempler les eaux vertes de la vieille cité, un autre passé lui revient, mieux celé encore : il est enfant, dans son île, élevé sans père au milieu d'une petite société de femmes qui le choient d'étrange façon - l'une d'elles, Tatie Solange, dont les mauvaises langues murmurent qu'elle a arrondi son magot en tapinant, vend régulièrement le gamin à un amateur de chair fraîche...
On ne se méfie jamais assez des miroirs troubles, qui font semblant de ne rien réfléchir... et qui gardent en eux, plus fidèles que nous, les images d'un passé que nous sommes impuissants à tuer.
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Thélonious
Roland Brival, Bruno Liance
- Gallimard
- Hors Serie Litterature
- 1 Novembre 2018
- 9782072757440
Thelonious Monk vit ses dernières années reclus et mutique. Un mystérieux mécanisme s'est brisé dans son esprit qui le rend incapable de jouer la moindre note. Lors de ses séjours dans la villa de son amie, la baronne Pannonica de Koenigswarter, il ne quitte plus sa chambre, ne touche plus au magnifique Steinway que celle-ci lui a offert, et communique très rarement avec les autres musiciens.
Le temps d'une nuit, celui qui fut l'un des pianistes de jazz les plus réputés revoit défiler son passé comme un vieux film parsemé d'images en lambeaux. Les tournées à l'autre bout du monde, du Japon au Mexique en passant par la France ou la Scandinavie. Les concerts dans les salles les plus prestigieuses, de la Fenice à la Salle Pleyel. Les souvenirs s'entremêlent et se succèdent pour raconter l'incroyable destin qui fut le sien dans une Amérique raciste et en proie à la ségrégation.
Thelonious, roman richement illustré de dessins réalisés à la craie, rend hommage à celui qui a révolutionné l'histoire du jazz et montré que dans les silences se trouvaient bien plus que des mots.
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