Cet ouvrage propose une analyse inédite de la place et de la fonction de l'histoire, de la politique et de la culture françaises dans la formation et la réflexion d'Antonio Gramsci. Gramsci pense la France, son histoire, sa politique et sa culture, mais son intention vise bien au-delà. La France lui sert à penser l'Italie et sa place dans un « monde grand et terrible », bouleversé par la Grande Guerre, la révolution russe, l'émergence des fascismes, les débuts de l'hégémonie des États-Unis. Constitué d'allers et retours permanents entre la France, point de comparaison plus que modèle, l'Italie et le monde, ce volume examine à partir des textes - au premier rang desquels les Cahiers de prison - certains de ses concepts les plus importants, à l'instar du jacobinisme ou du national-populaire et plusieurs de ses thématiques historiques, des Lumières à la Révolution française. Le livre explore aussi le volet politique et culturel de la pensée de Gramsci, lorsqu'il s'intéresse à l'Action française et à la pensée de Charles Maurras, au coup d'État manqué du général Boulanger ou aux épisodes de l'affaire Dreyfus. Mais en définitive, c'est bien toujours une double perspective, indissociablement européenne et internationaliste, qui est sous-jacente à cette « France de Gramsci ».
En moins d'une décennie, Giovanni Botero publie trois livres qui exerceront une influence majeure: Delle cause della grandezza delle città (1588), Della ragion di Stato (1589), Le Relazioni universali (1591-1596), comme le triptyque d'un miroir des princes renouvelé. A l'échelle de la ville, de l'Etat et enfin de la Terre, il porte son attention sur des objets nouveaux - le territoire, la population, la circulation des biens et des richesses, la géographie des rapports de force - promis au développement des sciences de l'homme. Il ne fonde pas seulement la littérature de la raison d'Etat, il conçoit une théorie de la croissance urbaine et invente bien des aspects de la géographie politique moderne, en redéfinissant la notion même de puissance: la force des Etats est déterminée par les dynamiques démographiques, économiques et géographiques, et l'on perçoit combien, tout en s'en inspirant, il se distingue de Machiavel. Dans ce siècle de fer, il cherche à faire pièce aux doctrines juridico-politiques d'un Bodin, en fondant une pensée politique catholique qui propose des outils de gouvernement efficaces tout en maintenant les Etats sous la dépendance de l'autorité ecclésiastique. A l'âge de la mondialisation catholique, il trace le portrait politique d'un oecoumène qui a atteint les dimensions du globe.
Antonio Gramsci (1891-1937) reste l'un des penseurs majeurs du marxisme, et l'un des plus convoqués.
L'Oeuvre-vie aborde les différentes phases de son action et de sa pensée - des années de formation à Turin jusqu'à sa mort à Rome, en passant par ses activités de militant communiste et ses années d'incarcération - en restituant leurs liens avec les grands événements de son temps : la révolution russe, les prises de position de l'Internationale communiste, la montée au pouvoir du fascisme en Italie, la situation européenne et mondiale de l'entre-deux-guerres. Grâce aux apports de la recherche italienne la plus actuelle, cette démarche historique s'ancre dans une lecture précise des textes - pour partie inédits en France -, qui permet de saisir le sens profond de ses écrits et toute l'originalité de son approche.
Analysant en détail la correspondance, les articles militants, puis les Cahiers de prison du révolutionnaire, cette biographie intellectuelle rend ainsi compte du processus d'élaboration de sa réflexion politique et philosophique, en soulignant les leitmotive et en restituant le rythme de la pensée en développement .
Au fil de l'écriture des Cahiers, Gramsci comprend que la philosophie de la praxis a besoin d'outils conceptuels nouveaux, et les invente : hégémonie , guerre de position , révolution passive , subalternes , etc. Autant de concepts qui demeurent utiles pour penser notre propre monde grand et terrible .
Ce numéro entend se frayer un chemin dans la pensée des xvie et xviie siècles, en essayant de comprendre sous des angles différents de quelles façons se sont développées les relations mutuelles entre géographie et politique. La dimension politique de la géographie et, inversement, l'utilité de l'approche géographique pour mieux rendre compte des réalités politiques, sont aujourd'hui reconnues comme des évidences, notamment par l'entremise des deux champs disciplinaires que sont la « géographie politique » et la « géopolitique ». Par ailleurs, depuis longtemps déjà, les historiens ont intégré les apports spécifiques de la géographie pour expliquer les phénomènes sociopolitiques de longue durée. En revanche, curieusement, historiens de la pensée politique et historiens de la géographie n'ont que rarement approfondi les relations qui pouvaient exister, dès le début de l'époque moderne, entre leurs deux domaines d'investigation. Il n'existe qu'un nombre limité d'analyses monographiques, et pas de synthèse d'ensemble, concernant l'utilisation que les auteurs politiques ont pu faire du savoir géographique de leur époque, ou concernant les aspects politiques des textes géographiques du début de l'époque moderne. Suggérant que l'Italie fut, à des titres divers, un terrain de rencontre privilégié pour ces deux champs, les textes de ce numéro développent un large éventail de sujets : la dimension politique des récits de voyages du début du xvie siècle ; le rôle des métaphores géographiques dans les textes de Machiavel ; la « cartographie de la chrétienté » transmise par les relations des nonces apostoliques ; la « géopolitique spirituelle » déployée dans la Bibliotheca selecta d'Antonio Possevino ; la pensée du monde développée par Campanella ; le schéma de Gian Vincenzo Pinelli pour la description des villes. Des études qui se veulent spécifiques et pointues permettent ainsi de mieux appréhender ce que fut la conscience politique de l'espace chez les contemporains de ce que certains ont appelé la « première mondialisation ».