Depuis qu'il est parti, mon papa est partout.
Maman dit qu'il est au ciel désormais, mais pas seulement. C'est pas vrai.
Au début, y'avait que du vide et du chagrin.
Et puis un matin, tout à coup, j'ai compris :
Papa est encore là.
Le jeune héros partage sa peine : son sentiment d'injustice, le grand vide au quotidien, les nuits noires de tristesse puis comprend que son papa, même s'il est décédé, est encore près de lui : par des objets, un gâteau, des odeurs ou picotements... : Papa est encore là. (...) Dans ses chaussures au fond du cagibi, que je garde pour marcher dans ses pas quand j'aurai fini d'être petit. Dans le soleil qui cuit mes joues autant que son menton qui me piquait de bisous. Papa est partout et même que je le vois quand je veux, dans le miroir et le reflet de mes yeux.
Quand il était petit garçon, tout semblait fantastique à Othon. Tout !
Dans le beurre de ses tartines, Othon aimait trouver des grains de sel, il avait l'impression de croquer des diamants directement tombés du ciel.
Mais voilà, le temps l'avait dévoré, comme un ogre affamé. Quand il fut couronné, Othon était revêche et grognon. Et sans répit, il multiplia les interdictions...
Arriva le jour où le roi Othon interdit la musique.
Dans le pays voisin, on se moqua de lui. De colère, Othon leur déclara la guerre. Mais ce fut la débandade et, bien vite, il se retrouva prisonnier.
On l'enferma dans une petite tour perdue dans la campagne. Au début, Othon vociférait. C'est sûr, on le délivrerait ! Mais les mois passaient et personne ne vint le chercher. Le temps s'écoula, Othon ne comprenait pas... Quand le libéreraiton ? Un jour, il entendit son gardien jouer du banjo. Othon se laissa bercer... « Par quelle folie ai-je pu interdire la musique ? » songea-t-il. Il se rappela son enfance, le volcan dans sa purée, les grains de sel dans ses tartines... tout. Il pouvait maintenant rentrer chez lui. Il avait retrouvé son âme d'enfant.