Des membres humains sont retrouvés dans une friche de Bogotá, mais leur propriétaire est vivant et emprisonné pour avoir tué sa femme. Le procureur Edilson Jutsiñamuy et son équipe sont chargés de l'enquête. La journaliste Julieta et sa secrétaire Johana, une ex-guérillera, vont les rejoindre pour remonter toute une chaîne de crimes atroces qui les amènera à faire la connaissance du romancier Santiago Gamboa, de son oeuvre et de ses personnages qui ont des rapports troublants avec le réel. Cette rencontre leur ouvrira les portes d'une Colombie frustrée et pluvieuse marquée par les exactions des milices paramilitaires. L'intrigue captive le lecteur dans un jeu fascinant de miroirs entre réalité et fiction tout autant qu'entre les diverses représentations de l'auteur lui-même qui joue sa vie dans cette radiographie de la situation colombienne.
Conteur hors pair au sens de l'humour aiguisé, Santiago Gamboa séduit par sa verve et son ironie. Une intrigue passionnante menée de main de maître et une écriture ironique et efficace font de ce roman noir un livre exceptionnel.
Après obtention d'un prix littéraire, un professeur de philologie achète la maison dont il a toujours rêvé. Depuis son enfance, ce lieu le fascine et l'obsède sans qu'il comprenne le pourquoi de cette attraction. Dès le moment où il en devient propriétaire et déménage dans cette vieille maison en plein centre de Bogotá, chaque chambre, chaque coin et chaque objet qu'il déballe donnent lieu au récit fascinant de la vie du narrateur, riche en voyages, lectures, désirs et aventures. D'une jeunesse itinérante à travers le monde jusqu'à sa passion pour les livres et la langue, tout en passant par des incursions dans les bas-fonds des villes, ce roman est un voyage urbain qui oscille entre l'idée de trouver son espace idéal dans le monde et celle de fuir les tragédies du passé. Une image d'un rêve fera éclater son monde. Dans ce roman, Santiago Gamboa évoque des sujets qui lui sont chers, l'errance, le retour et le sens de l'appartenance, mais ce qui reste à la fin, dépourvue de frontières, est sa foi dans la littérature.
Victor Silampa tient la rubrique des faits divers d'un quotidien colombien, il est aussi détective privé et très amoureux. Il enquête sur l'identification d'un cadavre horriblement mutilé, en compagnie d'un petit fonctionnaire doté d'un grand bon sens qui recherche son frère disparu. Couple don quichottesque, les deux hommes fréquentent une communauté naturiste et mettent à jour la corruption ordinaire de toutes les grandes métropoles.
Avec un sens de l'humour et du dialogue incomparable, l'auteur construit un héros mélancolique qui perd méthodiquement sa vie personnelle à lutter contre les puissants.
Au sortir d'une longue maladie, un écrivain est invité à un congrès de biographes à Jérusalem, métaphore d'une ville assiégée par la guerre et sur le point de succomber.
Comme dans un moderne Decameron, les vies extraordinaires des participants laissent perplexe le héros de ce tour de force littéraire et stylistique. Parmi les participants de ce congrès, on croise le libraire bibliophile Edgar Miret Supervielle, l'actrice italienne de cinéma porno Sabina Vedovelli, l'entrepreneur colombien Moises Kaplan et surtout José Maturana, ex-pasteur évangélique, ex-forçat, ex-drogué, qui dans la langue puissante des rues les plus sordides raconte l'itinéraire de son sauveur, le charismatique Messie latino de Miami.
Mais quelque temps après sa communication, José Maturana est retrouvé mort dans sa chambre. Tout semble indiquer un suicide, mais des doutes surgissent : qui était-il vraiment ?
Ce roman débordant d'énergie explore les différentes versions d'une même histoire, qui varie sans cesse et nous incite à écouter, souvent avec stupéfaction, les récits surprenants des autres protagonistes de cette histoire qui veulent témoigner avant la fin du monde.
Esteban arrive à Paris de sa Colombie natale le coeur gonflé d'espoir : le Quartier latin, la bohème, quel paradis pour un futur écrivain ! La réalité est plus douloureuse : la faim et la solitude rythment son quotidien, jusqu'à sa rencontre avec Paula, une compatriote, qui l'entraîne dans le monde interlope des exilés. Il y découvre l'envers de la misère : l'amitié, la sensualité et les rêves partagés.
Ils étaient venus en Europe pour échapper au chaos et pouvoir vivre et penser, mais le monde a tourné, les crises et le terrorisme ont changé les gens et les perspectives. Il y a Manuela qui fuit son enfance saccagée dans la poésie et les livres, Tertuliano, le fils du Pape, philosophe messianique, populiste et violent, créateur d'une théologie de l'harmonie des Maîtres Anciens, le prêtre Palacios à l'obscur passé paramilitaire qui aspire au pardon, le consul et Juana l'aventureuse qui se poursuivent, se désirent, liés par des sentiments indéfinis. Parmi eux, l'ombre de Rimbaud, poète précoce et génial qui marche et se cherche dans des voyages sans répit.
Ils se rencontrent, se racontent, décident d'une vengeance et d'un retour vers la Colombie où la paix s'est installée. Vagabonds insatiables, blessés, épuisés, tous cherchent à retourner quelque part, les mondes qu'ils ont quittés ont disparu, tous savent que revenir est impossible, sauf peut-être dans la littérature. Et pourquoi pas à Harar.
Roman polyphonique vital et plein d'énergie, ce retour à l'intrigue haletante et magistralement construite nous fait voyager dans les êtres, les sociétés et au plus profond de nous-mêmes.
Le gamin perché dans son arbre a tout vu. Les trois véhicules aux vitres teintées attaqués à l'arme lourde, la riposte, les hommes qui tombent sous les balles, l'arrivée d'un hélicoptère qui évacue les passagers, deux femmes et un homme en noir. Le lendemain, la route a été nettoyée. Plus de cadavre, aucune trace de balles.
Le récit du gamin est pris au sérieux à Bogotá par Edilson Jutsiñamuy, le procureur d'origine indienne. Il demande de l'aide à une journaliste d'investigation, Julieta, qui part sur place avec son assistante Johana, une ex-guérillera des FARC. Leur enquête va dévoiler une inquiétante histoire entre la Colombie, le Brésil et la Guyane française, au coeur des puissantes Églises évangéliques qui ont envahi l'Amérique latine. La violence qui subsiste encore dans les bas-fonds de la société est prompte à jaillir et les enfants perdus, vestiges des histoires dramatiques que la fin de la guerre civile a révélées, n'ont pas fini de payer les pots cassés.
Sur cette toile de fond, l'auteur construit une intrigue musclée et spirituelle, avec une ironie et un humour dévastateurs, et deux héroïnes fortes, tendres et presque incorruptibles.
Un formidable polar dans les montagnes couvertes de jungle d'un pays magnifique.
Manuel, un étudiant en philosophie colombien, est accusé de trafic de drogue et emprisonné à Bangkok. Il risque la peine de mort s'il ne reconnaît pas sa culpabilité, mais sa préoccupation principale c'est de pouvoir revoir sa soeur, disparue. Touché par son histoire le consul colombien, mélancolique et amateur de cocktails, se lance à la recherche de la jeune femme pour convaincre Manuel de défendre sa vie.
Dans une prose limpide teintée de tristesse, ce roman raconte l'histoire d'une femme prête à tout pour défendre son idée de la justice et permettre à son frère de vivre ses rêves, et d'un étudiant qui n'hésite pas à courir le monde pour rechercher la seule personne qui lui a donné son amour. C'est aussi l'histoire d'une famille immergée dans une société violente, une petite bourgeoisie prisonnière du qu'en dira-t-on et de la fascination pour une richesse inaccessible.
Formidable raconteur d'histoires, Santiago Gamboa nous emmène à travers le monde sur les traces de son héroïne, passionnée et cynique, qui retourne l'instrumentalisation de sa beauté contre ceux qui veulent l'exploiter et fait d'un amour fraternel une raison de vivre.
Le syndrome d'Ulysse est le nom donné au stress, aux cauchemars, à la dépression dont souffrent les émigrants seuls dans un pays inconnu et ressenti comme hostile. Le narrateur, jeune écrivain colombien, arrive à Paris pour étudier la littérature et y découvre la pauvreté, les chambres de bonne sans eau, le froid, la solitude. Devenu plongeur dans un restaurant coréen, il rencontre d'autres émigrés coréens, marocains, latino-américains, roumains, africains, tous porteurs d'une histoire qu'ils nous racontent à la première personne sur le ton du récit oral ; tous jeunes, désespérés, inventifs et sans le sous, ils trouvent le salut dans leur solidarité, leur amitié, et se raccrochent à l'unique chose qui leur prouve leur humanité : le sexe. A travers lui ils se retrouvent égaux et peuvent croire un instant que tout peut changer. Le personnage principal est un amoureux maladroit, sincère et volage, qui souffre de la jalousie et de l'abandon tout en ayant une vie érotique échevelée et drôle qui le conduira à ce pour quoi il est venu à Paris : l'écriture. Santiago Gamboa est un romancier exceptionnel, capable de nous montrer le monde de la misère et du désespoir avec une tendresse infinie pour ses personnages, et de raconter avec distance et humour ces "jours tranquilles à Paris" dans la lignée directe de ceux de Henry Miller. Peu de lecteurs resteront insensibles à la recherche érotique de Paula (déjà si populaire parmi les jeunes lecteurs latino-américains) sur la voie de la poésie ; peu de lectrices resteront insensibles aux chagrins d'amour du héros, et tous souriront de l'enthousiasme et de la complexité de l'érotisme de groupe, manifestation de l'humour, de la distance et de la vitalité de tous ces jeunes protagonistes. Un roman prenant, vital, juste et magnifiquement écrit.
Bogotá est assiégée depuis des mois. Le gouvernement a fui à Carthagène, la guérilla contrôle le sud de la ville et affronte l'armée et les paramilitaires. Tandis que les obus pleuvent sur la ville, deux journalistes étrangers, la belle Islandaise Bryndis Kiljan et le Maltais Olaf K.
Terribile enquêtent sur une sombre histoire de trafic d'armes entre la guérilla et l'armée, dont les ramifications les guideront à travers une Bogotá clandestine jusqu'aux clés d'un conflit inextricable.
Dans une deuxième histoire un jeune homme facile se laisse séduire par des hôtesses de l'air qui vont faire de sa vie un enfer.
De l'humour à l'érotisme en passant par le suspense, Santiago Gamboa maîtrise les registres les plus divers et montre une fois de plus son originalité irréductible.
On ne peut écrire sur sa vie qu'en racontant celle des autres, constate Esteban qui retrouve à travers la vitre enneigée de son appartement parisien les fantômes de son enfance et de la Colombie des années 60.
Et il nous raconte l'histoire de Tonio, amoureux de Delia mais incapable de résister aux avances de Cory ; celle de Blas, le curé espagnol qui va de révolution en révolution jusqu'à trouver celle qui le change ; celle du garçon qui rejoint la guérilla; celle de Federico, l'expert en suicide; celle de Daperti le joueur, élégant jusqu'à la fin ; toute une série de portraits et de vies qui forment la trame de celle de notre héros.
Puis on quitte la Colombie pour l'Italie et l'Espagne, où le jeu d'échecs et un joueur exceptionnel enseignent à Esteban une leçon fondamentale: gagner une partie, ce n'est pas mal, mais ce qui est indispensable, c'est d'y prendre du plaisir. Santiago Gamboa reprend avec talent la tradition du roman de personnages et des histoires intercalées, pour démontrer brillamment qu'un écrivain ne peut se construire qu'à travers les autres.
Un journaliste colombien résidant à Paris et qui a toujours voulu écrire, un philologue allemand voyageant sur les traces de Pierre Loti, un Péruvien professeur de littérature dans une université texane, assoiffé de reconnaissance, qui rêve d'être un des grands écrivains de l'Amérique du Sud, et un jésuite à la recherche de sa vérité se retrouvent au milieu des chantiers du nouveau Pékin, empêtrés dans une sombre affaire. Tous désirent être ce qu'ils ne sont pas, chacun a un but et ignore que cet objectif leur est commun : un mystérieux manuscrit fondateur de la société du Lys blanc, héritière des Boxers. Une intrigue endiablée et bien construite, pleine d'ironie et d'un humour ravageur, emporte le lecteur ravi et consentant dans les aventures trépidantes de ces quatre héros pris entre la littérature et la vie.
Né en Colombie en 1966, Santiago GAMBOA a étudié la littérature à l'université de Bogotá jusqu'en 1985, puis la philologie hispanique à Madrid. Il est l'auteur d'une thèse de doctorat à la Sorbonne sur la littérature cubaine. Journaliste au service de langue espagnole de RFI, correspondant du quotidien El Tiempo de Bogotá à Paris, il est actuellement attaché culturel de la Colombie à l'Unesco.