C'est une famille dans l'est de la France. Le père, originaire de Turquie, est un migrant économique des années 1970. L'histoire commence quand revient Fatma, partie il y a plus de vingt ans pour les États-Unis. À l'heure de Charlie Hebdo, elle retrouve son père, hospitalisé, sa soeur Élif, qui a dû prendre la tête de la famille, et les enfants. Ils vivent dans leur HLM de toujours.
Pour ne pas céder à l'hystérie qui s'empare de sa famille et de tout le pays, Fatma joue avec les mots et se demande comment il est possible de vivre ensemble. Quelle expérience partager, d'une génération à l'autre, d'une langue à l'autre ?
Avec La langue de personne, Sema Kiliçkaya s'interroge avec humour et tendresse sur les origines de ce malaise.
Cet ouvrage permet de réviser le vocabulaire du monde d'aujourd'hui et des grands faits de société tout en donnant accès aux derniers néologismes que l'on trouve dans les médias.
Alep, 1943.
La belle Djémilé vient de perdre Rassime, l'époux que son père lui avait imposé. Alors elle s'en ira, à pied avec ses cinq enfant, comme s'en va le fleuve Asi qui coule depuis les montagnes du Liban, jusqu'au coeur d'Antakya, en Turquie, la ville où elle est née. Elle va recommencer sa vie, puis ses enfants et petits-enfants y feront la leur jusqu'au départ, jusqu'à l'exil final. Le récif foisonnant court sur trois générations de femmes, leurs forces, leurs désirs, leurs libertés.
En filigrane, les questions religieuses, et culturelles, les rapports entre hommes et femmes, la valeur des racines. La qualité et la finesse des évocations, la tendresse manifeste que ces personnages suscitent, ce parfum de nostalgie et de fraîcheur nous entraîneraient sur les sentiers de l'onirique. si l'ultime pirouette ne nous perçait le coeur.
« Parfois, Alèv aurait voulu ne jamais cesser de nager. Tendre les bras, les écarter, repousser l'onde, repousser son chagrin, nager encore et encore. Rester en apnée, ne plus jamais remonter. Filer sous l'eau, à travers le bassin, à travers la terre, l'argile, la craie, rejoindre les ruisseaux, les fleuves, les mers, les océans. Nager jusqu'à l'épuisement, jusqu'au bout du monde, jusqu'au bout des temps. Jusqu'au bout d'elle-même. Oui, ne plus remonter. » Istanbul, place Taksim. Comme un écho lointain des printemps arabes, la jeunesse s'embrase. Dans tout le pays, des voix s'élèvent, brutalement étouffées par le pouvoir. Gueugnon, Saôneet-Loire. À quoi ressemble la nouvelle patrie d'Hassan, père un mois sur douze ? Erzincan, Anatolie. Deux reporters interrogent la mémoire d'une paisible préfecture de province. Que de secrets à percer ! Tant roman de l'éveil politique et amoureux que chronique familiale, Quatrevingt-dix-sept retrace l'histoire d'Alev, jeune alévie dont la parentèle garde les stigmates d'un massacre presque oublié.
Dans ce roman, chronique d'une communauté turque transplantée en Haute-Marne, on sent l'Orient, son soleil, ses coutumes et ses parfums qui s'oppose au faux Eldorado de cette terre d'accueil qu'est la France. Opacité de la langue (difficulté d'entrer dans la langue d'accueil pour la première génération), sentiment d'aliénation de l'individu déraciné ; regret du paradis perdu (la Turquie, qui pourtant n'en était pas un), déception du faux Eldorado d'accueil et quête éperdue de la dignité tant humaine que culturelle sont les lignes de forces qui traversent ce roman et lui donnent une incroyable chaleur humaine.