Serge Airoldi, nourri par la sensibilité géopoétique déroule un récit très personnel de ce long ruban d'eau, depuis les sources jusqu'à l'embouchure devant Bayonne et Anglet. Par-delà les paysages des eaux changeantes, des berges et des mondes riverains, se sont établies des vies et des manières d'être dont le décor des siècles a élaboré la chronique sans fin de la beauté et des drames, de la guerre et des joies, des désastres et du recommencement.
Ces Landes échappe à toute classification. Mais quelles Landes ? « Celles d'Arnaudin ? Celles de Bernard Manciet ? Celles du Gouf insondable devant Capbreton ? Celles des barthes, des étangs, noir, blanc ? Celles de Chalosse, qui est une île dans les Terres ? Un pays tout réel dans des contrées parfois oniriques. Celles des lagunes, de l'alios, de la garluche, des pignadas, des dunes barkhanes, des sables fauves, des montagnes de Biscarrosse ? Celles des chênaies, des peupleraies, des forêts galeries, des horizons sans fin? Celles qui confient leur cousinage sensible avec le Gers, le Béarn, l'Adour, le Pays basque, la lande et les forêts de Gironde ? Impossible à dire. Je me tais devant elles ».
Serge Airoldi, homme des lointains, estompe ici les frontières des genres, des cultures, des continents et du temps, dans cette poursuite infinie de soi-même qu'est tout voyage... « De cette aventure, je retiens, une fois encore, le plaisir de savoir ici, à deux pas de l'endroit où je vis, sur un territoire que l'on dirait pauvre de tout, les strates et les strates du monde en marche. »
Le photographe Olivier Deck et l'écrivain Serge Airoldi, au souvenir de leurs rencontres avec le poète, célèbrent une oeuvre qu'ils continuent inlassablement de fréquenter et de questionner. Ainsi, ils en perpétuent l'écho et la rendent toujours plus vivante, croisant image et littérature, comme on croise amicalement le fer. L'appareil photo d'Olivier explore la lande, les interstices des paysages et le lieu même où l'homme écrivait - sa maison de Trensacq, en haute lande -, son bureau, son journal manuscrit et inédit... tout ce qui évoque la littérature de celui dont on a autrefois évoqué le nom pour le prix Nobel de littérature. La plume de Serge Airoldi fouille la matière textuelle pouvant faire écho aux images, aux espaces, et questionner enfin l'écrivain comme il n'a jamais osé le faire de son vivant.
Dialogue entre l'intime et l'universel, Laudes aux Landes est un puissant témoignage poétique d'une oeuvre-monde conçue au plus profond de la Gascogne noire.
Cet ouvrage est préfacé par Bernard Marcadé, commissaire d'exposition et historien de l'art, lequel a lui-même très bien connu le Géant de Trensacq.