Je suis un homme qui a fini. Ainsi commence l'étonnant roman de Serge Airoldi, qui met en scène un personnage ayant bel et bien existé, portant en outre son nom, voué à l'échec permanent mais doté d'une volonté et d'une pugnacité hors pair. Il faut dire que la spécialité de Carlo Airoldi, c'est d'accomplir des marathons... pour aller participer à un marathon! Par le prisme de ce coureur invétéré, l'auteur revisite le monde de l'effort et dresse en arrière-plan le portrait d'une Europe au bord du gouffre. Un récit picaresque, souvent drôle, parfois poignant, par l'auteur de Rose Hanoï et Si maintenant j'oublie mon île, qui montre une fois de plus qu'on peut habiter d'autres vies, même brisées, et leur offrir un... second souffle.
Peu nombreux se souviennent d'une chanson de Mike Brant intitulée Un grand bonheur. C'est un seul vers de cette chanson, "Si maintenant j'oublie mon île", qui a touché Serge Airoldi au point de prendre la plume et de la laisser aller au gré des sentiments que lui inspirait l'histoire personnelle de Moshe Brand, lui qui était enfant au moment du suicide de la star.
Toute une enfance s'est levée. La nécessité s'est alors fait sentir de revenir au parcours meurtri qui va de Moshe Brand, l'enfant du rêve israélien, à Mike Brant, la star de la variété des années 1970, jusqu'au suicide en 1975.
Sous le texte attachant et poétique de Si maintenant j'oublie mon île, Serge Airoldi fait redécouvrir la fragilité d'un homme à qui tout semblait sourire.
" Why India ? C'est la question que pose au narrateur des Roses de Samode un chauffeur de taxi.
Pourquoi l'Inde ; pourquoi tous ces voyages, dont ce livre se fait l'écho, autant d'occasions pour l'auteur de s'interroger sur la nature des liens qui l'unissent au monde, et qui révèlent, entre le présent et son pays d'enfance, de secrètes coïncidences : telles ces roses de Samode que recueille le voyageur en souvenir de celles dont sa grand-mère parsemait sa maison.
Voici un livre auquel le travail de la mémoire confère une douce mélancolie, en même temps qu'il est très fidèle aux charmes de la découverte, à l'étrangeté, à la dureté aussi, à la violence, des villes et des pays traversés.
La langue de Serge Airoldi, souple et enveloppante, sert admirablement le devoir de reconstituer, de mettre de l'ordre dans sa vie fragmentée, tout en témoignant des joies de la rencontre et de la nouveauté. " Jean-Marie Barnaud, directeur de la collection Grands fonds.
A l'instar de Magris, Kauffmann ou Rumiz, Serge Airoldi fait parler un fleuve silenceux. 335 km de ses origines pyrénéennes jusqu'à l'océan Atlantique après une grande boucle à travers les Hautes-Pyrénées, le Gers, les Landes et aux limites du Pays basque : tel est l'Adour, fleuve aux multiples géographies, riche de territoires et de personnages singuliers. Nourri par la sensibilité géopoétique, il déroule un récit très personnel de ce long ruban d'eau, depuis les sources jusqu'à l'embouchure devant Bayonne et Anglet. Par-delà les paysages des eaux changeantes, des berges et des mondes riverains, se sont établies des manières d'être dont le décor des siècles a élaboré la chronique sans fin de la beauté et des drames, de la guerre et des joies, des désastres et du recommencement.
Le dernier carré.
Le dernier carré, c'est le périmètre ultime où la vie s'arrête, s'engloutit, se révèle.
Le dernier carré, c'est la lettre ultime où s'écrit ce qui a été tu jusqu'à cette issue.
Le dernier carré, c'est l'éclosion d'un sentiment, d'un secret, d'une effervescence, d'une révolte.
Le dernier carré, c'est la prémonition d'un apaisement possible. C'est la vie avant la vie, au moment de la vie, après la vie, la bataille.
Le dernier carré, c'est l'instant de vérité.
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Ma route me conduit vers un pays où vivre me déchire est un titre extrait des mots du Veilleur, un texte du poète suisse Edmond-Henri Crisinel né en 1897 et mort en 1948. Né en 1897 comme Gustave Roud.
Cette référence aussi forte à la pensée délicate, désespérée aussi, de Crisinel, poète si peu prolixe, si peu présent dans les mémoires, est une façon de s'insérer dans le paysage, poussé par la force des choses, en quête du silence essentiel, du chemin égaré, des demeures profondes, des ciels clairs, de l'ensemble sensible du monde.
Ce paysage désiré, et qui demeure à l'état de désir quoique expérimenté, ne laisse pas intact le promeneur malgré lui qu'est Serge Airoldi, engagé dans une marche périlleuse où la vie se construit et se consume dans le même temps, confrontée au vin céleste qui enivre de joie et qui endort l'espoir dans le même pas accompli. Un peu comme si l'Antiquité commençait seulement jeudi prochain. Un peu comme si le chemin impossible à déterminer, vécu au hasard, conduisait toujours à la maison natale, au désastre et à son territoire.
(.) Je sens un désastre, je sais, parce que je l'ai lu dans les poésies de Pétrarque, que tout ce qui plaît au monde n'est qu'un songe fugace, je sais, parce que je l'ai lu sous la plume de Blanchot que le désastre prend soin de tout, toujours, je vois les enfants qui se nourrissent de terre, abasourdis par cette extravagance, l'inhumanité du geste accompli, du geste lui-même, nourricier par défaut, je dois les voir, je connais l'existence des peuples qui manquent d'eau, j'assiste aux guerres, à l'équarrissage, je subis les mauvaises nouvelles qui courent dans le monde comme les Furies à la poursuite d'Oreste, j'entends le chaos aux usines et j'attends que les rois et les reines soient enfin repus aux fêtes galantes, noyés dans les alcools fins et les mets. (.)
Aussitôt, le zèbre m'a ému. (...). Je voulais être son frère. J'ai posé ma main sur son dos en prenant soin de ne pas l'effrayer et de ne pas provoquer une réaction vive de sa part. Son pelage a frémi et j'ai senti comme de l'électricité dans la paume de ma main. J'ai voulu que ce contact ne cesse jamais. J'ai voulu que ce zèbre et moi ne soyons jamais séparés, qu'il devienne moi, et que je devienne zèbre. Le zèbre avait un air terriblement triste, comme si le terme du voyage ne pouvait être qu'ici, chez moi. Je ne sais pas si vous me comprenez...
Ces Landes échappe à toute classification. Mais quelles Landes ? « Celles d'Arnaudin ? Celles de Bernard Manciet ? Celles du Gouf insondable devant Capbreton ? Celles des barthes, des étangs, noir, blanc ? Celles de Chalosse, qui est une île dans les Terres ? Un pays tout réel dans des contrées parfois oniriques. Celles des lagunes, de l'alios, de la garluche, des pignadas, des dunes barkhanes, des sables fauves, des montagnes de Biscarrosse ? Celles des chênaies, des peupleraies, des forêts galeries, des horizons sans fin? Celles qui confient leur cousinage sensible avec le Gers, le Béarn, l'Adour, le Pays basque, la lande et les forêts de Gironde ? Impossible à dire. Je me tais devant elles ».
Serge Airoldi, homme des lointains, estompe ici les frontières des genres, des cultures, des continents et du temps, dans cette poursuite infinie de soi-même qu'est tout voyage... « De cette aventure, je retiens, une fois encore, le plaisir de savoir ici, à deux pas de l'endroit où je vis, sur un territoire que l'on dirait pauvre de tout, les strates et les strates du monde en marche. »
Les pages de ce livre arpentent des lieux mais c'est surtout une géographie intime que nous donne à lire Serge Airoldi.
Une dérive entre Italie et Afrique en passant par Harlem.
De renommée internationale, le festival Arte flamenco est aussi le plus réputé de France. Les plus grands artistes s'y rendent chaque année en juillet et animent la ville de Mont-de-Marsan. Cet ouvrage bilingue français-espagnol vient croiser les regards de deux écrivains, Serge Airoldi et Juan José Téllez Rubio, qui nous font partager leur passion pour l'art flamenco et leurs rencontres avec les artistes qui le vivent et le transmettent. Comme une balade dans le monde du flamenco, plus d'une centaine de photographies couleur et noir et blanc viennent illustrer ces textes.
Des chevaux est un recueil de proses mais peut être aussi considéré comme un journal intime. Serge Airoldi évoque son désir d'écriture, son rapport à l'Italie des origines et ses nombreux voyages.
La couleur est le lieu où notre cerveau et l'univers se rencontrent, assure Cézanne.
Tout est couleur. Et nous avons chacun les nôtres. Ce livre en est la preuve, fruit de la rencontre multiple avec les couleurs, avec ce qui nous les révèle et nous les fait aimer.
Tout commence par une renoncule dite Rose Hanoï à cause de la subtilité et la tendresse de ses nuances, puis se poursuit par une lecture, un tableau, une scène de l'intime, un film... Tout est prétexte pour que Serge Airoldi nous raconte, par le prisme des couleurs, l'histoire de l'Histoire, qui est aussi l'histoire de nos histoires, de nos errances, de nos passions en passant du détail le plus insolite à la mythologie, ou de l'art culinaire aux poètes grecs.
Fascinantes miscellanées prises dans le tourbillon de la vie tel que le chantait Jeanne Moreau, avec la même gaieté et la même joyeuse mélancolie.
Le photographe Olivier Deck et l'écrivain Serge Airoldi, au souvenir de leurs rencontres avec le poète, célèbrent une oeuvre qu'ils continuent inlassablement de fréquenter et de questionner. Ainsi, ils en perpétuent l'écho et la rendent toujours plus vivante, croisant image et littérature, comme on croise amicalement le fer. L'appareil photo d'Olivier explore la lande, les interstices des paysages et le lieu même où l'homme écrivait - sa maison de Trensacq, en haute lande -, son bureau, son journal manuscrit et inédit... tout ce qui évoque la littérature de celui dont on a autrefois évoqué le nom pour le prix Nobel de littérature. La plume de Serge Airoldi fouille la matière textuelle pouvant faire écho aux images, aux espaces, et questionner enfin l'écrivain comme il n'a jamais osé le faire de son vivant.
Dialogue entre l'intime et l'universel, Laudes aux Landes est un puissant témoignage poétique d'une oeuvre-monde conçue au plus profond de la Gascogne noire.
Cet ouvrage est préfacé par Bernard Marcadé, commissaire d'exposition et historien de l'art, lequel a lui-même très bien connu le Géant de Trensacq.
« Les gens, en général, laissent un patrimoine à leurs enfants. Une maison, une usine, un bien, quelque chose. Nous, au fond, nous ne laissons rien d'autre que des souvenirs, des photographies et bien sûr, les costumes. » En nous racontant l'histoire des costumes du cirque, Serge Airoldi remonte au xviiie siècle où naît, à Londres, le cirque moderne. La belle histoire des écuyers et écuyères, des artistes dans les airs, des dompteurs, dresseurs et belluaires, des clowns qui forment une galaxie à eux seuls, passe par les transformations successives des corps. De ses origines, le cirque a conservé épaulettes et brandebourgs, l'élégance des officiers, mais s'est tour à tour dénudé (le fameux léotard des trapézistes), déguisé (de tenues cosaques, culottes bouffantes de vizirs, slips de Tarzan et autres dolmans), féminisé (amazones, tulle et tutus), déformé (le «sac» dont se vêtent les clowns).
Des paillettes d'un costume de clown signé Vicaire à la défroque hors d'âge d'un enfant de la balle aujourd'hui, ce livre émouvant convoque les figures d'artistes mythiques et nous montre comment le cirque ne cesse de se régénérer pour offrir encore et toujours un spectacle vivant.
Le récit est bien connu : c'est celui du Petit Poucet, il nous vient des Contes de la mère l'Oye de Charles Perrault. C'est le destin et la force des contes que de toujours s'offrir aux conteurs, de génération en génération. Serge Airoldi ne transgresse ni n'édulcore, il ne trahit pas cet art du conte qui suppose, comme le notait Walter Benjamin, de ne rien céder à la psychologie. Simplement il apporte ses propres cailloux sur le chemin, les distribue ou les répand à sa façon. Poétique. Et c'est donc ici affaire de langue, de détails, de citations discrètes venant jeter leur part de saveur, de lumière ou de nuit, de grotesque ou d'accablement sur ce fatum d'une histoire trop humaine.
Mais cette version du Petit Poucet n'existerait pas sans images : celles, vigoureusement et drolatiquement peintes, de Lydie Arickx ne sont pas des illustrations, elles participent de la transmission du conte, nous font spectateurs naïfs, prêts à s'étonner toujours, à s'alarmer souvent, à s'émouvoir pensivement devant les ressources, enfouies en chacun de nous, de l'enfance trahie.
Ce livre, par sa richesse, sa générosité de mots et de couleurs, s'adresse tant aux jeunes lecteurs qu'aux très avertis.